L'amour comme par hasard, d'Eva Rice - En poche ! #20
L'amour comme par hasard, Eva Rice
Angleterre, 1954. Un après-midi à Londres, Penelope Wallace rencontre Charlotte Ferris à l'arrêt de bus. C'est une vraie tornade, affublée d'un manteau vert. Ni une ni deux, Charlotte convie Penelope à prendre un taxi avec elle pour se rendre chez sa tante Clare avaler thé et scones moelleux, nappés de confiture. Penelope la suit, sans réfléchir. Elle va rencontrer Harry, le fils de la fameuse tante Clare. Le jeune homme est mélancolique, il se morfond d'avoir perdu son amoureuse, une riche américaine du nom de Marina Hamilton, qui vient d'annoncer ses fiançailles avec un prétendant beaucoup plus aisé que le pauvre Harry (qui aspire à devenir magicien). Il n'a pas dit son dernier mot et élabore un plan de prestidigitation pour duper son ancienne petite amie en affichant la candide Penelope à son bras, lors de la réception des fiançailles de la Miss Hamilton !
Penelope Wallace, 18 ans, est une rêveuse et une romantique, elle est mordue du chanteur Johnnie Ray, et aime feuilletter les magazines féminins. Elle vit avec sa mère veuve depuis la fin de la guerre et Inigo, son frère passionné de musique pop américaine, dans la grande demeure familiale, Milton Magna, une somptueuse maison qui tombe en ruines car les Wallace sont endettés.
Grand best-seller dans son pays, le roman de l'anglaise Eva Rice est un monument de lecture romanesque, mais écrit avec beaucoup d'esprit et d'humour. C'est plus enlevé que de la chick-lit, mais je pense que l'histoire de "L'amour comme par hasard" puise dans le même registre : des personnages attachants, une ambiance délicieusement kitsch et des histoires d'amour qui s'amorcent, se brisent avant de se redonner une chance. En somme, c'est très plaisant.
Un petit bonheur de lecture sans prétention, et qui fait plaisir !
(roman lu en juin 2007)
Flammarion, 2007 / Livre de Poche, 2009 - 6,95€
traduit de l'anglais par Martine Leroy-Battistelli
Êtes-vous passés à côté de... En poche ! #16
Snobs, de Julian Fellowes ?
Ce livre raconte les hauts et bas d'une ravissante roturière sans vergogne, dont le vrai crime n'est pas d'avoir épousé un homme sans l'aimer, mais de l'avoir quitté par amour pour un autre.
Edith Lavery, standardiste dans une agence immobilière de Chelsea, fait connaissance de Charles Broughton lors d'une visite au château et parvient à le séduire pour mieux se faire épouser. Las ! son entrée dans la gentry britannique est accueillie par des bouches pincées, à la manière de Lady Uckfield, sa belle-mère qu'on surnomme Googie. Edith est une jolie fille, blonde aux grands yeux, avec de bonnes manières, pourtant son arrivisme ne trompe personne, mis à part Charles. Le mariage est conclu, mais très vite Edith s'ennuie et s'amourache d'un acteur, Simon Russel.
Ce 1er roman de Julian Fellowes, scénariste de Gosford Park, est acide, drôle, tendre et grincheux. Il décrit une société décalée, plantée dans notre époque, mais aux coutumes encore tournées vers le passé. Les mentalités n'ont pas changé, on ne supporte pas cette petite dinde arriviste qu'est Edith Lavery, sorte d'Emma Bovary perdue chez les rosbifs. Elle a cherché à s'affranchir, elle a dérangé les codes rigides de la gentry, tenté de jouer de son charme entre salons de thé et rendez-vous à Ascot. Elle a joué, elle a perdu. S'en mordant les doigts, elle fait profil bas mais peine à regrimper au sommet de l'échelle. Sous d'épaisses couches d'hypocrisie, bien meringuée, se révèle ainsi une délicieuse satire que n'auraient pas renié ses prédécesseurs (Evelyn Waugh ou Jane Austen).
Livre de poche, 2008 - 407 pages - 6,95€
traduit de l'anglais par Dominique Edouard