La ferme de grand-père ~ Patricia MacLachlan
Oubliez la famille Ingals et faites désormais connaissance avec les Witting, grâce à cette série commencée avec Sarah la pas belle (publié en 2004) et qui se boucle avec ce cinquième tome.
C'est donc l'histoire d'une famille de pionniers dans la grande prairie américaine, un père veuf vivait seul avec ses deux enfants, grâce à une petite annonce il a rencontré Sarah, la famille s'est agrandie, les petits ont quitté le nid, dans ce dernier tome, par exemple, Anna se marie. C'est l'occasion de faire une grande fête et de réunir tous les oisillons éparpillés.
J'ai trouvé dommage de ne pas avoir respecté le titre original, Grandfather's dance, parce que cela symbolise un passage très important dans l'histoire. Bonpa est réapparu dans la vie des Witting en cours de route (cf. Le Journal de Caleb, tome 3), depuis il occupe une place cruciale, surtout pour le petit Jack, le dernier né. Une vraie complicité s'est créée entre eux.
Quand l'enfant fait pour la première fois une crise de colère, seul Bonpa arrive à le calmer en le grondant sévèrement. L'enfant se tait. Il a compris. Mais grand-père se sent mal d'avoir haussé le ton, alors pour s'excuser, sous un rayon de lune, il danse une gigue exprès pour son petit-fils. Sa façon à lui de dire pardon.
Bref, afin d'éviter de vous raconter toute l'histoire, je vous invite à la découvrir car c'est un bijou de tendresse, c'est même très émouvant, drôle aussi. C'est une série attendrissante, qui mérite d'être davantage connue et conseillée aux enfants dès 8 ans.
Illustrations de Quentin Blake
Folio Cadet, 2009 - 105 pages - 7,90€
traduit de l'anglais (USA) par Anne Krief
La série comporte cinq titres :
- L'histoire de Sarah la pas belle
- Sarah la pas belle se marie
- Le journal de Caleb
- Un cadeau pour Cassie
- La ferme de grand-père
Le remplaçant ~ Agnès Desarthe
Ce livre était censé être un portrait d'un pédagogue polonais, mais dès les premières pages « le lapsus a oeuvré ». Et au lieu de lire un livre sur Janusz Korzack, directeur d'un orphelinat du ghetto de Varsovie, on découvre une autre figure humaine, celle de Triple B, pas un type exemplaire, mais « un exemplaire d'homme » !
Triple B, parce qu'il avait trois prénoms, Bouz, Boris et Baruch, était donc le grand-père d'Agnès Desarthe, du moins c'était le deuxième mari de sa grand-mère. Après la guerre, elle s'est retrouvée veuve, lui aussi. Ils se connaissaient, ils ont uni leur destin. Mais Triple B reste une énigme, un homme sans histoires qui pourtant en raconte des tonnes. Alors que dans la famille, on cultive de façon très aristocratique l'art de raconter des histoires drôles, il devient un figurant de second plan. Oh, bien sûr Triple B était cocasse à sa façon, il aimait arrondir les angles, il n'était pas un bon artisan, il avait souvent les poches vides, ou alors il flambait et s'enflammait, prétendait être un héritier des grands tsars de Russie. Il était d'ici et d'ailleurs, la tête dans les étoiles, et pourtant il vit toujours dans un appartement à Paris, il est seul, il a vieilli mais il conserve toute sa lucidité quand il trouve que le bébé de cinq mois n'est pas très bavard, et j'en passe.
Figures libres, collection indépendante et rêveuse, permet à un auteur de laisser sa plume vagabonder. Agnès Desarthe s'y emploie à merveille, elle nous balade d'un bout à l'autre de ses envies, de ses souvenirs, de ses questions, de ses joies et de ses peines, jusqu'à friser l'extase avec le miracle (ou le mirage ?) de l'apfel strudel. « A cause des choses perdues et jamais retrouvées, à cause de l'enfance si lointaine. » Je ne dirai pas de ce texte qu'il est émouvant, juste ou sincère, pudique ou intelligent, il est simplement vrai. C'est un livre très court, de 87 pages, où comme l'auteur le suggère, on a plus d'une fois le sentiment de lire l'histoire d'à côté avec le héros d'à côté, celui qui est devenu le remplaçant. Bref, pour moi ce livre était incontournable parce qu'il est signé d'Agnès Desarthe, un auteur que j'affectionne particulièrement, et j'espère que vous aussi vous l'apprécierez à sa juste valeur.
Bonne lecture !
Editions de l'Olivier, coll. Figures Libres, 2009 - 87 pages - 12,50€
Et si on essayait un peu De voir notre petit monde d'en haut *
* Paroles d' Olivia Ruiz / Thérapie de groupe
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Titus a neuf ans, c'est le petit dernier d'une famille où on travaille beaucoup. Maman s'absente souvent pour aller en Chine, papa rentre à pas d'heure et les deux soeurs aînées mènent leur petite vie à leur guise. Bref, Titus est tout seul et c'est son grand-père Papyrus qui vient généralement à la rescousse pour jouer les gouvernantes.
Papyrus n'est pas un grand-père comme les autres. C'est un inventeur aux créations assez dingues, un vrai bricolo jamais à court d'idées, mais Titus n'est pas fan de ses excentricités. C'est souvent trop repérable, trop original, trop incontrôlable. Et généralement Titus est grondé par ses parents à la place du grand-père. C'est comme un grand enfant, donc on ne sait jamais qui doit garder qui.
Papyrus porte le kilt et les moustaches bien troussées jusqu'au ciel, il conduit une 4L écolo, a un chien invisible (ou virtuel, ou immatériel, au choix !). Il sait faire voler les tables et les chaises, cuisiner un gratin de pâtes avec de la crème fraîche et du sucre, traverser la Seine sans bouger un orteil. Si Titus ne sait plus où se mettre à force de se sentir mal à l'aise et humilié, ses copains sont fous de son grand-père !
Tout le monde n'a pas la chance d'avoir un Papyrus ! En plus, sous ses dehors fantasques, il vous apprend les tables de multiplication en rigolant, à plonger dans la fosse sans trembler, à comprendre l'utilité de la grammaire et manger ce qu'il vous plaît, sur le tapis persan de papa.
Cette folle semaine avec Papyrus est racontée avec délice, fantaisie et non sans une certaine réserve par un p'tit gars de neuf ans, pas toujours conquis par la folle du logis que son grand-père abrite. Ce dernier a une petite araignée au plafond, il est farfelu mais pas si siphonné que laissent entendre les apparences.
Une lecture pétillante, avec des illustrations aussi doux-dingues que le propos !
D'Isabelle Jarry
Dessins d'Aurore Callias
Ma folle semaine avec Papyrus
Gallimard jeunesse, coll. Giboulées - Octobre 2008 / 105 pages. 14€
Dès 8-9 ans.
(aperçu)