01/06/09

Le monde attend derrière la porte ~ Pascale Maret

le_monde_attendLa famille de Sarah, quatorze ans, appartient à la communauté des chrétiens rigoristes, régie par le Tuteur et des ministres autoproclamés de Dieu. Cette vie totalement fermée au monde extérieur commence à peser sur le moral de l'adolescente. Celle-ci s'interroge sur le fait de se marier à 18 ans et d'avoir obligatoirement six enfants, de porter un foulard sur la tête, des jupes longues et des pulls qui couvrent les bras, de ne pas avoir le droit d'écouter la musique ni de regarder la télé, de ne pas lire, de ne pas parler aux garçons, d'accepter un coca ou un bonbon de la part d'un insensé qui vit dans le monde en oubliant les vraies valeurs. Sarah prend peu à peu conscience des notions comme la liberté et le choix. En elle, gronde une violente rage d'émancipation. Hélas, elle va se cogner contre un mur quasi impossible à escalader, et encore moins à renverser.
J'ai été totalement happée par l'histoire de Sarah et par sa volonté d'affranchissement, sa soif d'indépendance, ses questions pertinentes et ses tâtonnements pour parvenir à savoir ce qu'elle veut, ce qu'elle doit faire, même si cela implique d'autres sacrifices. A un moment, son frère lui donne cette très belle réplique, pleine de sens : « Tu vois, on est comme des loups qui sont pris dans le piège et qui préfèrent s'arracher la patte plutôt que de rester coincés. Ça fait mal, mais après on sera libres. »
C'est un texte intelligent et nécessaire, qu'il faut lire pour ne pas ignorer l'aveuglement et les dogmatismes toujours persistants, qui enferment plutôt qu'ils n'ouvrent au monde. Il existera toujours des portes à ouvrir ou fermer, des seuils à franchir, la liberté est parfois chèrement payée, il est possible de boîter pour la vie ensuite, mais c'est tellement précieux de disposer du libre arbitre, de pouvoir assouvir ses désirs sans aucune emprise, juste selon sa volonté.
Ce roman de Pascale Maret se révèle pratiquement indispensable à découvrir. C'est un sujet tellement fort, tellement captivant qu'il vous laissera plus d'une fois bouche bée.

achevé d'imprimer (sans parjure) pour les éditions thierry magnier, 2009
195 pages /  8.50€

A rapprocher avec :  Trop de chance, le roman écrit par Hélène Vignal (rouergue, 2007)

Pascale Maret est également l'auteur de A vos risques et périls (thierry magnier, 2007)

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09/05/09

Unis pour la vie ~ Guus Kuijer

unis_pour_la_vieUn roman qui vous parle d'amitié, d'amour et de vie. Pauline a onze ans, elle voudrait devenir poète, elle a déjà le talent pour exprimer en quelques mots ce qu'elle ressent, et croyez-moi sa vie n'est pas rose : elle vit seule avec sa maman, une femme de caractère, qui vient de s'enticher de l'instituteur de sa fille. La honte ! A l'école, Pauline vient de rompre avec son amoureux, Mimoun, parce que ses parents l'ont promis à une autre. Une histoire de religion. C'est compliqué, absurde et archaïque. Pauline réfléchit... Chez ses grand-parents, à la ferme, elle apprend la prière mais n'y croit pas du tout. Elle préfère se cacher dans le foin et dormir contre sa vache qui a mis bas un veau qu'on baptise... Pauline. Drôle d'idée. Le papa de la jeune fille, Spiek, est un original. Il a refait sa vie mais n'a pas renié ses vieilles habitudes de junkie et de loser, du coup il se fait la malle, c'est un pauvre type. Il saoûle franchement, il embobine sa petite fille, elle a du mal à tourner le dos à ce papa qu'elle aime bien. Bah oui. C'est aussi un poète mais il est incompris et maudit. Pauvre chou. Sa mère aussi est en pleine crise, elle a des mots avec son cher Walter, qui est prié de prendre la porte. La fin d'une belle aventure ? La suite est à lire dans La vie, ça vaut le coup.
Un livre avec des illustrations et des poèmes, pour les enfants qui savent déjà lire comme des grands.
Au début, c'est drôle et charmant. Les sujets abordés sont multiples, sensibles pour la plupart (séparation, famille recomposée, racisme, drogue, homosexualité, amitié, fugue...), c'est peut-être le point faible de ce petit livre qui s'éparpille trop. Toutefois la légèreté et la gravité nous offrent un joli pas de danse pour dérider les mines fâchées.
Ai bien aimé le ton. Ze poursuis ma belle lancée !

Ecole des Loisirs, coll. Neuf, 2003 - 150 pages - 9€
Traduit du néerlandais par Maurice Lomré.
Illustrations de Alice Hoogstad

Illustration de couverture : Anaïs Vaugelade

En savoir plus sur l'auteur

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27/04/09

La fin n'est que le début ~ Katarina Mazetti

 

la_fin

Voici enfin le troisième volet de la saga Linnea Nilsson, lycéenne suédoise, grande asperge d'un mètre quatre-vingt, de l'humour, du répondant, des questions et des doutes dans chaque poche. C'est l'année du bac, après bien des péripéties (sa meilleure amie s'est suicidée, Linnea a sombré puis s'est offerte une escapade à Los Angeles). Au générique, elle nous promet encore un peu de drame, de l'action, de la comédie, des sketchs humoristiques et de l'amour (surtout !).

Tout commence par la rencontre avec l'ange de la mort sur une terrasse, en fait il s'agit de Per, le grand frère de Pia la disparue, et il a suffi d'une paire de sourcils broussailleux pour faire craquer notre adolescente rêveuse, caractérielle et impertinente. L'histoire entre ces deux-là vaut un vrai feu d'artifices, avec étincelles, éclats et exclamations (d'extase, pour démarrer). Coeurs de midinette, bienvenue dans la ronde !

A vrai dire, chez Katarina Mazetti, c'est de l'anti Harlequin en puissance. Il faut que ça se sache. Entendons-nous bien : le ton est hilarant, le souffle ne manque pas, avec romance, élans du coeur à gogo, et pourtant dans le fond on découvre aussi les incompatibilités d'humeur, les tentatives de corruption, les figures sous hypnose... bref, malgré des pages très roses (merci gaïa !), le propos se protège d'être cucul la praline ! En quelque sorte, c'est plutôt le règne des illusions perdues, le temps de l'innocence et la fin annonciatrice d'un début (comprenez, apprendre à tirer un trait, à tourner une nouvelle page, si vous voulez). Cela sonne terriblement amer et sinistre, cette petite histoire, que nenni ! Le livre déborde d'humour, la narratrice et héroïne ne manque ni de charme ni de bagou, et son histoire avec Per sait nous tirer quelques sourires béats (je parle pour moi, chut !).
Avis aux déçus du tome 2 (Entre le chaperon rouge et le loup, c'est fini), celui-ci est bien meilleur ! Il confirme le plaisir simple et efficace de se plonger dans un nouveau roman de Katarina Mazetti, tel un rendez-vous fort attendu (pour ma part) et apprécié jusqu'au bout des ongles !

(Argh ! j'en voudrais encore !!!)

Gaia, 2009 - 192 pages / 16 €
Traduit du suédois par Max Stadler et Lucile Clauss
 

Illustration : Jenny (l'auteur de Pink Diary !).

20/04/09

Un bonheur insoupçonnable ~ Gila Lustiger

« Tu dois parvenir à trouver ta question. Chacun de nous a sûrement une question qui l'attend. »

un_bonheur

Plus que le texte, c'est l'esthétique du livre qui vaut le coup d'oeil : la couverture ravissante, les illustrations d'Emma Tissier, quasiment à toutes les pages... bref c'est un petit bonheur à feuilleter. L'histoire en elle-même est du tonneau 'roman philosophique' pour enfants sages et parents attentifs.
On y découvre au centre M. Grinberg, cinquante-huit ans, un peu corpulent, le front dégarni. Il vit seul, avec son chien Holstein. Il n'aime pas les enfants, mais les supporte. Tous les jours il se rend au parc pour lire son journal et rencontre un petit gars du quartier, Paul, qui s'est fait la malle. En fait le garçon est fâché, lui qui vénère sa grand-mère, avec qui il passe des heures à jouer au Petit Bac, il vient d'apprendre qu'un jour elle va partir au ciel, et cette fois ce n'est pas un mensonge (la grand-mère est une experte !).
Dans la vie de M. Grinberg, il y a aussi l'amour qui s'ignore, en la personne de Mirabella, sa femme de ménage depuis quatre ans. Un poignet foulé, des vacances en Italie, et les papillons grouillent dans le ventre.
Mais l'homme est lent à la détente, et n'est pas du genre à s'épancher, ni à se dévoiler. Comment la flèche de Cupidon pourra-t-elle atteindre sa cible ?
Doigs croisés, bouche en coeur, on devine l'issue de cette comptine doucereuse, charmante, légère comme une plume, qui plaira aux petits et aux grands. Dans cet ouvrage, les bambins ont également la part belle. En plus de Paul, on trouve aussi Mathilda, Lucas, Simon et Juliette. On l'ignore peut-être, ou on l'oublie trop vite, mais ça tourbillonne vite et souvent dans le ciboulot, d'où l'existence du fameux Livre des Questions ! On se le confie en douce, on se donne du coude, on cligne de l'oeil, on se comprend.
De cette lecture, je n'en retiendrai finalement pas grand-chose, même si j'ai pris grand plaisir à la parcourir. Depuis longtemps, je n'arrive pas à être sensible à la plume de Gila Lustiger. Encore une fois, cela s'est prouvé. Ce n'est pas que ce soit mal écrit, c'est juste que cela ne me touche pas. J'ai trouvé l'idée du roman agréable, l'ensemble original et drôle, mais je ne classe pas ce livre parmi mes favoris.

Stock, 2008 - 190 pages - 17€
traduit de l'allemand par Isabelle Liber
illustrations réalisées par Emma Tissier

J'aime beaucoup ce qu'en dit la quatrième de couverture :

Ce roman philosophique, truffé d'anecdotes, de notes, de maximes, de dogmes et de leurs contraires a pour sujets le bonheur, les oreilles décollées, Dieu, un mystérieux livre, l'éducation des chiens, la gourmandise, la mort, les règles du poker, les étrangers, la force de l'amitié et ce qu'on appelle, à tort ou à raison, « la magie de l'amour ».

Lu (dans mon bain) pour le prix de la révélation littéraire auFeminin.com   logo   

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26/03/09

L'office des vivants ~ Claudie Gallay

office_des_vivantsIl règne dans cette maison en haut de la montagne une atmosphère de vide - vide affectif, vide matériel, vide intellectuel. Le Père est bourru, il travaille quand ça lui chante, s'occupe des bêtes et de la terre, mais ne ramène pas souvent le pain pour nourrir les bouches. La Mère le maudit de l'avoir engrossée une troisième fois, elle se porte mal et doit rester alitée.
Marc et Simone sont deux gosses que rien ne bouleverse, ils roulent leur bosse, jouent dans la cour, ne se lavent pas souvent, ont des poux dans les cheveux, parfois ils se rendent à l'école, quand le temps le permet, la route est longue et le climat sec et glacial.
Pas loin, il y a aussi le grand-père qui passe son temps à sucer ses pastilles et la grand-mère Coche qui est avare comme un rat. Pas facile de lui soutirer une tranche de pain nappée de confiture !
Tout se mérite dans cette vie étriquée.
Un jour, un bébé est déposé sur le pas de la porte. C'est la petite de Mado, qui était fille de ferme et qui a fait perdre la tête au Père. Un matin elle est partie avec les économies de la famille, elle n'est plus jamais revenue. Elle a déposé un cadeau quelques mois après, et c'est comme ça que Manue a fait son entrée.
La gamine n'est pas du tout désirée dans ce foyer. Seul Marc s'est épris de l'enfant, il veille sur elle, coiffe sa chevelure de sauvageonne et s'est juré de la protéger pour l'emmener loin de cette misère quand ils seront grands.

A lire comme ça, on pourrait croire que ce roman est poisseux, écoeurant, limite insoutenable. Mais non ! Claudie Gallay sait soutenir notre regard, elle raconte son histoire sans ambages, son écriture âpre et dépourvue d'artifices donne lieu à un miracle. Elle évoque une misère affective, des personnages cabossés et laids, un environnement qui écarte la tendresse, et encore... l'amour tente de percer, de façon brutale, mal embouchée ou impuissante. Car ce roman reste gris, froid, implacable.
On dit de cette famille qu'elle a le mauvais oeil, et qu'elle récolte ce qu'elle sème. Et pourtant, en tant que lecteur, on se sent incapable de ressentir le moindre accablement, la plus petite compassion ou l'idée de jugement. On n'est pas épargné pour autant, ça cogne, ça fait mal mais c'est si bien écrit qu'on ne décroche pas.
Il s'agit du tout premier roman de Claudie Gallay, publié aux éditions du Rouergue en 2001. Il était indisponible depuis longtemps, cela me trottait de le lire, surtout que Laure m'avait donné envie ... la patience est enfin récompensée : sortie en poche, chez Babel. A ne pas louper !
Et j'aime beaucoup la couverture ! En vrai, elle est encore plus bouleversante.

Babel, 2009 - 224 pages - 7,50€

l'avis de Pagesàpages

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23/03/09

Un soir, j'ai divorcé de mes parents ~ Rachel Hausfater

un_soirSuite au divorce de ses parents, qu'il a beaucoup de mal à digérer, le jeune narrateur prend la décision de divorcer de ses parents. C'est sa façon à lui de manifester son mécontentement, mais aussi d'exprimer son chagrin. Il passe en revue deux parents divorcés qui ne ressemblent plus à la famille d'avant. De dépit en consternation, le garçon comprend qu'il n'a plus sa place, qu'il doit la trouver ailleurs. Il choisit de se réfugier dans la chambre de bonne de ses grand-parents, un week-end sur deux. En secret.
Toutefois cette liberté a aussi un goût amer, c'est un coup pour son moral. Comment passer ces journées sans adultes ? 
Beaucoup de réflexion dans ce court roman qui traite du divorce et des enfants de divorcés, "Un soir, j'ai divorcé de mes parents" raconte le parcours d'un adolescent qui se cherche, qui choisit de s'éloigner pour mieux se trouver. Son histoire est celle d'un enfant qui doit quitter brutalement le nid douillet, qui doit accepter la décision de ses parents et apprendre à vivre avec. Un divorce, ça fait grandir un peu trop vite, ça détruit, c'est une fin et ça tue aussi.
Mais heureusement, après on reconstruit, on recommence, on renaît. On aime ailleurs, et on aime encore. Le message est positif, même si le procédé peut paraître un peu excessif et exubérant (vivre seul dans une chambre de bonne, mener son petit cirque dans le dos des adultes). Disons que souvent cela m'est apparu trop profond dans la bouche d'un adolescent, trop mûri dans la tête d'un môme en détresse. A la fin, par exemple, ses discours avec ses parents sonnent incroyablement consciencieux, tellement adultes, alors qu'il s'agit tout de même d'un lycéen. Je ne sais pas. Il y a comme un fossé entre le fictif et le réel, sur tout ce qui touche le narrateur, sa parole et ses pensées. Cela me semble moyennement crédible.
Au moins cette histoire a pour vertu de faire réfléchir, je ne sais pas si un adolescent s'y retrouvera forcément, et même si j'apprécie personnellement beaucoup le style de Rachel Hausfater, je trouve qu'ici le texte manque parfois d'un léger plus (j'aurais préféré qu'on passe plus de temps avec Madeleine, cette voisine âgée qui recueille le garçon les soirs de blues, lui sèche ses larmes, lui offre du thé et des gâteaux, ou même avec Alma, sa petite fée de liberté).
Quelques frustrations, donc... mais ce n'est pas méchant.
J'attends vos retours avec une certaine curiosité !

Thierry Magnier, 2009 (achevé d'imprimer dans une chambre de bonne) - 115 pages - 7,50€ 

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08/03/09

A quoi ça sert le courage sans amour ?

515XaZzFHUL__SS500_Richard, sans peur et sans reproche, a un coeur de lion et une épée de plastique baptisée Turendor. Richard est un petit garçon qui sème la terreur dans le jardin. C'est lui le plus fort, du moins le pense-t-il jusqu'à sa rencontre avec Marie.

Marie est une demoiselle calme, posée et qui n'aime pas les jeux bruyants. D'accord pour être amie avec Richard, devenu coeur d'artichaut, mais pas d'accord pour jouer au grand chef ou chercher la bagarre. Avec elle, c'est sans l'épée, sinon rien.

Richard obtempère. Il abandonne Turendor et devient doux comme un agneau. Sauf qu'un mini drame éclate au bac à sable lorsqu'un affreux serpent surgit sur l'herbe et fait pousser des cris d'horreur à la demoiselle en détresse. Richard le chevalier servant vient à la rescousse !

C'est un texte très drôle, dans lequel on découvre l'exagération typique des jeunes enfants à amplifier leurs jeux ou leurs hantises. Le serpent, par exemple, est un ver de terre. Les créatures et les esprits de la maison et du jardin ne sont que des insectes ou des crottes de chien du voisin. Richard est un petit garçon qui pousse des cris de sauvage, avec des manières bravaches... mais Marie l'accepte comme il est. Car il lui a « sauvé la vie ».
Dès 3 ans, pour lecture à voix haute.

Petit chevalier sans peur, de Natalie Zimmermann - illustré par Rémi Saillard
Nathan Mes p'tites histoires, 2009 - 5,95€

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51Ssp3JJcfL__SS400_Dans la savane, Toriki le petit lièvre sort de son terrier et croque quelques fruits délicieux dans un buisson. C'est la belle vie !

Kouma la grande girafe tend son long cou vers le sommet d'un baobab pour y cueillir les feuilles tendres. Toriki est fasciné, il trouve que la girafe peut embrasser le ciel. Kouma pense au contraire qu'être petit permet de se cacher.

Les deux amis suggèrent alors d'échanger leur taille et se rendent chez Marabout, l'oiseau sorcier de la savane. Ni une ni deux, il accomplit leurs désirs. Au début, chacun savoure la nouveauté mais les ennuis commencent. Le roi des animaux, le lion, surgit et veut croquer nos deux compères.

Ce n'est vraiment pas facile de changer de peau. Toriki et Kouma s'en aperçoivent, mais ce n'est pas trop tard pour trouver une autre solution, mieux appropriée ! 

Cette histoire a été testée à deux voix par une institutrice et des enfants de CP, le niveau de lecture facile correspond aux acquis de janvier à juin. Nous sommes à mi-chemin entre la BD et le roman. On y trouve un texte d'un narrateur complice et des bulles qui expriment ce que pensent les personnages.

L'histoire est une belle fable sur l'acceptation de soi, avec des héros attachants, et de jolies illustrations.
Dès 5-6 ans.

Que la vie est belle ! de René Gouichoux - illustré par Mylène Rigaudie
Nathan Poche, 2009 / 5,35€

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Et on termine avec un conte, pour les plus grands.

51wDqQaxexL__SS500_Et quelle belle surprise ! C'est l'histoire d'un village gardé par le feu de la petite lanterne, confié depuis des temps anciens avec cette mise en garde : La lumière ne vient pas seulement du ciel, alors entretenez-la. Mais les habitants ont un peu oublié ces mots gravés dans la pierre, et un soir le feu a disparu, dérobé par un dragon qui vit dans les montagnes.

Tina, une orpheline de huit ans, qui vit avec son grand-père, détient la clef pour récupérer le feu de la lanterne. Elle va rencontrer la fée Zélie, puis un mystérieux voyageur de passage... Erin.

« si les coeurs comme les gâteaux étaient fabriqués dans des fours, les leurs viendraient très certainement du même moule. Car ils percevaient tous les deux les mots cachés dans les chuchotis, et leurs regards étincelaient d'une même flamme vive ! »

D'autres péripéties attendent ce garçon courageux et la petite fille qui écoute les vents du ciel... Ce texte se veut une apologie à la sensibilité, il faut écouter son coeur, apprendre aussi à écouter la nature. L'histoire fonctionne par imagerie, comme celle de marteler cette rengaine : il faut toujours entretenir la flamme.

« C'est quand on croit que les choses nous appartiennent que souvent elles nous échappent. La patience, l'amour et l'humilité doivent s'entretenir tous les jours. Ce sont comme des petites pousses. »

Un très beau conte, plein de poésie. Chaudement recommandé !
Dès 7 ans.

Le feu de la toute petite lanterne, de Kochka - illustré par Nicolas Duffaut
Nathan poche contes, 2009 - 4,90€

le blog de nicolas duffaut : http://pendantcetempsailleurs.blogspot.com/

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Pour l'achat de 2 titres de la sélection Nathan Poche*, Fnac.com vous offre un troisième volume choisi par nos soins parmi les 4 titres suivants : Croc-Blanc de Jack London, Calamity Mamie fait du sport de Arnaud Alméras, Nico T7 Maudit Mardi gras de Hubert Ben Kemoun, Les Orphelins Baudelaire T1 Tout commence mal de Lemony Snicket *Un seul par commande, ajouté automatiquement à votre colis, dans la limite des stocks disponibles. 

21/01/09

« moi, je dis que j'aime me toucher pour le plaisir, c'est tout »

Jeu de mains - Adeline Yzac

51ZkmX_2Bp1UL__SS500_Valantin, quinze ans, est un adolescent encombré d'un corps qui a brusquement changé du jour au lendemain. Lui si maigre est devenu grand et costaud, et sous la ceinture aussi c'est le feu d'artifice. Mais tout cela gêne un peu notre garçon, malgré tout timide et maladroit. Il est couvé par ses parents, impossible donc de leur en toucher deux mots, c'est gênant. Parce que Valantin se sent un véritable obsédé. Il aime les filles, il aime les regarder, il aime alimenter ses fantasmes, et patatras... son Pepsi, comme il l'appelle, se met au garde à vous. C'est systématique, mais source de malaise et de pudeur aussi. L'histoire commence avec l'achat d'une paire de ciseaux, mais pourquoi ? Tout au long du roman on attend du garçon qu'il nous explique, assis dans sa chambre, avec ses ciseaux à côté de lui.

C'est un livre très intelligent, qui traite d'un sujet peu commun et de façon assez explicite, sans toutefois être vulgaire. On peut y percevoir une façon de déculpabiliser l'adolescent et son rapport avec le sexe, ce n'est pas une maladie ou une perversion, c'est juste la vie. La nature. Et également l'histoire montre que ce n'est pas facile non plus d'être un garçon, « On croit toujours que c'est les filles qui sont fragiles. T'es un mec, t'as pas droit au doute. Pas droit de décevoir. Pas droit de te regarder le nombril. Et je parle même pas de te montrer délicat, tu deviens carrément suspect. » Et encore moins évident de faire comprendre aux parents qu'il faut « couper le cordon », laisser grandir, lâcher la grappe.
Un texte qui sonne très juste.

Rouergue, coll. doAdo - 2009 - 110 pages / 7€

l'avis de Vanessa (Eliabar)

 

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Récit intégral (ou presque) de mon premier baiser - Jo Witek

9782020984898Bon, on voit bien que ce n'est pas facile de grandir. Physiquement, ou même dans sa tête. Xavier a 13 ans 1/2 et il vient de tomber amoureux de Mina, une jolie brune à la voix cassée. C'est la fille d'une amie de sa mère, il est fou d'elle, il en rêve la nuit et le jour il plane à dix mètres. Ses résultats à l'école commencent un peu à faiblir, il se rebelle contre sa maman parce qu'elle a commis un crime de lèse-majesté (en lavant le tshirt qui portait l'odeur de Mina). Enfin bref, on assiste à un vrai tourbillon d'émotions, de sentiments et de déclarations enflammées.

Xavier a récupéré un vieux Notebook de couleur jaune qui va lui servir de journal intime. Il y confie son récit intégral (ou presque) de son premier baiser, mais pas seulement. C'est un livre qui montre aussi le souci pour un garçon d'être à la hauteur avec l'objet de son affection. Comment embrasser, faut-il toucher les seins, dit-on je t'aime la première fois... ce n'est pas facile à 13 ans. Heureusement Xavier a un meilleur ami qui le soutient et une grand-mère passionnée de poésie qui lui parle d'amour en termes d'élégance et de sagesse. 

C'est le portrait d'un jeune adolescent impétueux et limite capricieux, fou amoureux surtout et donc excessif en tout. Heureusement c'est drôle, léger, sans prétention. Cela devrait plaire aux garçons et aux filles à partir de 12-13 ans.

Seuil, coll. karactères, 2009 - 116 pages / 8€

Le site de l'auteur : http://www.jolengagne.com/

Jeu de mains, un roman d'Adeline Yzac

Disponible dès le 22 janvier : Récit intégral (ou presque) de mon premier baiser

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17/01/09

Êtes-vous passés à côté de... En poche ! #18

Rêve d'amour, de Laurence Tardieu ?

C'est l'un de mes romans préférés de l'année 2008. Ne le loupez pas !

reve_damourPuissant dans son écriture et affolant par son style épuré, sensible comme de la soie, le livre de Laurence Tardieu renferme une quantité de passages que je souligne avec passion !
Tout me parle dans ce livre, notamment cette histoire d'une jeune femme de 30 ans qui a grandi sans maman, sans le souvenir de celle-ci. Vingt-cinq ans plus tôt, elle a été emportée par la maladie mais personne n'a prévenu la petite fille. Plus tard, elle comprendra. Cependant, aucun souvenir, aucune mémoire, aucun culte de la personnalité. Alice Grangé est élevée par son père, silencieux et imperméable, et qui lui soufflera le Grand Secret sur son lit de mort.
Ce court roman, en nombre de pages, est déstabilisant par sa justesse et son flot d'émotions. J'ai été émue aux larmes à maintes reprises, tout en soutenant l'entreprise d'Alice. Celle-ci apparaît fragilisée au début du livre, abrutie et désillusionnée. En fouillant le passé, elle cherche ainsi à redonner des traits au visage de sa mère, à cerner ce qu'est un amour fou. Ce qu'elle comprendra en chemin sera forcément bouleversant, et ne pourra que vous toucher (du moins, moi j'y ai été fort sensible).
« Le bonheur, c'est de se savoir appartenir au royaume des vivants, et d'en éprouver les innombrables frémissements. »
« Il n'y a pas de vérité, ni des êtres, ni du temps. Il n'y a que le présent, son éblouissement. »
C'est dans un cahier bleu qu'Alice Grangé raconte son parcours, et à la fin elle a cette formidable conclusion, que je m'approprie : « (...) j'ai compris que les livres étaient une des expressions les plus fortes, les plus troublantes et les plus vraies de la vie. »

Livre de Poche, 2009 - 5€

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04/10/08

Dès lors, je peux bien te laisser Dehors, puisqu'au fond j'ai trouvé de l'or tout à l'intérieur *

Nous poursuivons notre petit tour dans les rayons jeunesse, avec un nouvel éditeur : le Rouergue. C'est souvent l'occasion de découvrir des albums étonnants, au graphisme qui sort de l'ordinaire et contant une histoire peu banale. Cela fait appel à notre sensibilité, cela fait réfléchir aussi. Ce n'est pas une lecture qui s'offre à nous dès la première rencontre, cela demande généralement d'y revenir, d'y songer, de traquer des signes ou des indices.

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Je pense forcément à un titre, en avançant tout cela, et effectivement l'album C'est Giorgio de Corinne Lovera-Vitali n'est pas facile à cerner de prime abord. D'abord son look : pâle, épuré, une économie de moyens soulignée par l'utilisation d'un simple stylo bic noir (+ une couleur !). C'est singulier, assez particulier. Pas sûr que ça plaise à tous !

L'histoire est celle d'une petite fille qui décide qu'elle est grande maintenant. Elle peut faire plein de trucs toute seule, mais la solitude, aussi, ça pèse. Au cours d'une promenade, elle fait la découverte d'une peluche abandonnée (oubliée ou perdue), c'est Giorgio - pas bien vaillant, pas très beau. Elle l'emporte, en le camouflant sous sa veste. Chez elle, elle va le nettoyer, lui refaire une beauté. C'est devenu son petit "quelqu'un" avec qui elle va faire plein de trucs maintenant !

Cette histoire aborde l'envie de l'enfant d'être grand, mais confronté à la solitude. C'est finalement auprès d'un doudou, qu'on colle généralement dans les bras des petits, que la fillette va trouver son réconfort et cela lui permettra d'être une grande, à sa manière ! Peut-être un peu trop original pour toucher nos bambins... ?

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Petit comme un poing d'Irène Cohen-Jana est une histoire plus traditionnelle, avec une couverture amusante et très attirante. Le récit est assez moderne, contemporain car il évoque le souci des portables dans le quotidien des gens débordés (ça me fait rire !). Cela montre aussi tout le ridicule que représente une vie accrochée à son portable, mais il s'agit de mon interprétation personnelle ! ;o)

Bref, c'est l'aventure de Mme Piroulet qui promène dans le parc son petit Léon, bien scotché dans sa poussette. De son côté, elle passe coup de fil sur coup de fil pour organiser l'anniversaire de son petit, à tel point qu'elle se rend compte trop tard que Léon a disparu ! La maman paniquée court se renseigner auprès du gardien, de la dame du manège, du directeur du théâtre et du commissaire de police. Elle devient folle d'angoisse, elle répète pourquoi elle n'a rien vu, rien entendu (portable oblige !) et dring dring ! la fin finit bien.

Cela fait un peu théâtre de Guignol, toute cette cacophonie, cette course échevelée et ce discours de dingues. Cela s'appuie sur des effets comiques de répétition et d'accumulation, c'est excellent pour raconter oralement ! Le téléphone portable est donc au coeur de cette histoire, mais l'auteur n'a pas cherché à être critique. Elle se moque avec tendresse, elle met le doigt sur cette invasion - bonne et/ou mauvaise - avec parfois des conséquences qui vont dans les deux sens. Mais c'est un livre qui s'inscrit dans son époque, c'est ainsi. :))

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* paroles de Lola Majeure / Zazie

Editions du Rouergue, septembre 2008 :
* C'est Giorgio, de Corinne Lovera-Vitali / illustrations de Loren Capelli (Coll. Varia, 16€)
* Petit comme un poing, d'Irène Cohen-Janca / illustrations de Candice Hayat (Coll. Varia, 12€)