06/10/21

S'il fallait se dire adieu, de Madeleine Reiss

S'il fallait se dire adieu Madeleine ReissMon dieu ! Ce roman a encore brisé mon petit cœur fragile. C'était tellement dur, même si je m'en doutais un peu avant de le commencer. L'éditeur ne se trompe pas en évoquant « an unforgettable, heart-warming story of love and letting go, perfect for fans of Jojo Moyes ».

C'est l'histoire d'un garçon de dix-neuf ans qui apprend que sa maladie a gagné du terrain et qu'il lui reste peu de temps pour vivre. Immédiatement, il songe à préserver sa maman qui l'a élevé seule. Il se met en tête de lui trouver un compagnon pour soulager sa peine et met en ligne une vidéo comme alternative de petite annonce. La maman n'est pas au courant et rouspète quand son fils lui propose de rencontrer des inconnus. Elle pense d'abord qu'il veut se débarrasser d'elle (maintenant qu'il est parti à l'université) et ignore que son état de santé s'est aggravé quand elle accepte de jouer le jeu.

Purée. J'étais une loque au moment de tourner la dernière page du livre ! Ne vous méprenez pas. Ce roman est beau mais déchirant. La page 410 est une torture. J'étais - mais alors - en vrac. Comme l'an dernier j'ai perdu ma sœur, et cette année ma fille a quitté la maison pour ses études, je me sens pas loin d'une coquille vide. Ce bouquin a donc tout naturellement trouvé écho en moi. La relation mère-enfant. Le sentiment d'abandon. La force de tout affronter. L'acceptation. Continuer de vivre avec cette douleur.

C'est franchement très, très beau. Poignant mais fort. 💔

Hauteville, 2019 pour la traduction. Traduit par Cédric Degottex

bookshelves: heartbreakingfamily-is-my-cup-of-tea

⭐⭐⭐⭐

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01/04/09

Le remplaçant ~ Agnès Desarthe

remplacant

Ce livre était censé être un portrait d'un pédagogue polonais, mais dès les premières pages « le lapsus a oeuvré ». Et au lieu de lire un livre sur Janusz Korzack, directeur d'un orphelinat du ghetto de Varsovie, on découvre une autre figure humaine, celle de Triple B, pas un type exemplaire, mais « un exemplaire d'homme » !

Triple B, parce qu'il avait trois prénoms, Bouz, Boris et Baruch, était donc le grand-père d'Agnès Desarthe, du moins c'était le deuxième mari de sa grand-mère. Après la guerre, elle s'est retrouvée veuve, lui aussi. Ils se connaissaient, ils ont uni leur destin. Mais Triple B reste une énigme, un homme sans histoires qui pourtant en raconte des tonnes. Alors que dans la famille, on cultive de façon très aristocratique l'art de raconter des histoires drôles, il devient un figurant de second plan. Oh, bien sûr Triple B était cocasse à sa façon, il aimait arrondir les angles, il n'était pas un bon artisan, il avait souvent les poches vides, ou alors il flambait et s'enflammait, prétendait être un héritier des grands tsars de Russie. Il était d'ici et d'ailleurs, la tête dans les étoiles, et pourtant il vit toujours dans un appartement à Paris, il est seul, il a vieilli mais il conserve toute sa lucidité quand il trouve que le bébé de cinq mois n'est pas très bavard, et j'en passe.

Figures libres, collection indépendante et rêveuse, permet à un auteur de laisser sa plume vagabonder. Agnès Desarthe s'y emploie à merveille, elle nous balade d'un bout à l'autre de ses envies, de ses souvenirs, de ses questions, de ses joies et de ses peines, jusqu'à friser l'extase avec le miracle (ou le mirage ?) de l'apfel strudel. « A cause des choses perdues et jamais retrouvées, à cause de l'enfance si lointaine. » Je ne dirai pas de ce texte qu'il est émouvant, juste ou sincère, pudique ou intelligent, il est simplement vrai. C'est un livre très court, de 87 pages, où comme l'auteur le suggère, on a plus d'une fois le sentiment de lire l'histoire d'à côté avec le héros d'à côté, celui qui est devenu le remplaçant. Bref, pour moi ce livre était incontournable parce qu'il est signé d'Agnès Desarthe, un auteur que j'affectionne particulièrement, et j'espère que vous aussi vous l'apprécierez à sa juste valeur.

Bonne lecture !

Editions de l'Olivier, coll. Figures Libres, 2009 - 87 pages - 12,50€