Inferno, lu par François d'Aubigny
Robert Langdon se réveille sur un lit d'hôpital à Florence, frappé d'amnésie sur les dernières trente-six heures. Pour échapper à une nouvelle tentative d'assassinat, il s'enfuit avec une jeune femme médecin, Sienna Brooks. Pour seul indice, Langdon possède une capsule avec une image de Botticelli, La Carte de l'Enfer, inspirée par le poème de Dante. C'est le fil rouge, le détail autour duquel il faudra tourner et retourner, comprendre les messages codés, chercher l'explication derrière des rendez-vous loupés, fuir un ennemi invisible, s'en remettre à cette jeune femme blonde, au passé mystérieux.
Tout ce que je peux affirmer, c'est que l'intrigue est drôlement bien ficelée, avec soubresauts, entourloupes, rebondissements et gong fatal. On sursaute à plusieurs reprises, tout en reconnaissant que c'est facile, trop facile. On se laisse entuber comme des andouilles. Par principe, j'ai fermé les yeux et j'ai suivi Langdon dans un dédale infernal, entre Florence, Venise et Istanbul, je l'ai écouté m'expliquer des théories toutes plus dingues les unes que les autres, tout ça pour mettre le doigt sur un problème qui touchera peut-être notre civilisation (surpopulation, planète saturée, etc.).
C'est une lecture spécialement calibrée pour capturer le lecteur et le balader dans des couloirs labyrinthiques où on en prend plein les yeux et la tête. Ou les oreilles. Le format Audiolib offre une perspective intéressante, car on se la coule douce au son de la voix de François d'Aubigny, qui fait tout le boulot, il nous met en situation, fait monter la pression, joue avec le suspense et nous impose un rythme particulièrement stressant. J'ai bien aimé dans l'ensemble, mais je garde à l'esprit que c'est un produit estampillé Dan Brown. Côté divertissement, c'est tout bon.
Inferno, par Dan Brown (Audiolib, août 2013)
Texte intégral lu par François d'Aubigny - traduit de l'anglais par Dominique Defert et Carole Delporte
durée d'écoute : 16 heures
Wiiiiiiiiissssss ! Titiiiiiiiiiii !
Nina Titi - Brigitte Smadja
Nina est une Titi. Elle est haute comme une noix de coco. Elle a le don de l'imagination, du rêve et du chant. Comme tous les Titis. En fait, ce sont ses parents qui souhaiteraient la voir comme ça. Car Nina se sent plus l'âme d'une Wiss, comme son ami Arthur. Elle aime la voltige, grimper dans les arbres, faire des sauts. Au début ses parents ne comprennent pas, sa mère chipote, son père se gratte derrière l'oreille. Tous deux conspirent, préparent une surprise. De son côté, Nina veut s'entraîner pour accomplir l'exploit de grimper jusqu'à la cime du Géantissime et y planter son drapeau. Toute seule, ce ne sera pas facile. En plus Nina a le coeur qui palpite, prêt à exploser. Mais à deux, on est plus fort ? Arthur choisit de lui tendre la main pour aider son amie et devenir les héros de la forêt.
C'est bien mignon, tout ça.
Sur le moment, avec l'histoire des petits peuples qui vivent dans la forêt, j'ai instinctivement pensé à Tobie Lolness. C'est fugace. Car l'histoire de Nina Titi fait plus appel à la solidarité, à l'amitié et à l'entraide. Le seul but pour l'héroïne est de démontrer à ses parents son courage et la possibilité d'être autre chose que ce qu'on attend d'elle.
Absolument charmant. Plein de fraîcheur. De belles illustrations, aussi (d'Alan Mets).
A conseiller pour vos enfants, qui lisent tout seuls. Ou pour la lecture orale.
Ecole des Loisirs, coll. Mouche, 2008 - 62 pages - 7€
Texte de Brigitte Smadja - Illustrations d'Alan Mets.
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Le grand voyage de Minusman - Nathalie Brisac
Dommage pour nous, nous ne savions pas que Minusman était le jeune héros d'aventures à suivre. Nous ne le découvrons qu'avec Le Grand voyage de Minusman, avec le sentiment d'être passées à côté de quelque chose.
A la base, Isaac est un garçon qui rêve la nuit de se transformer en Minusman, « le petit qui gagne contre les grands ». Il vit des histoires palpitantes, incroyables et pleines de rebondissements. Il est déjà venu en aide à Yapa Plujuste, sorcière très laide mais très gentille, et à Kouik Mériadec, l'un de ses camarades issu d'un pays en guerre qui vit en France sans papier. Cette fois-ci, il va partir sur une nouvelle planète, Mask 1, où la population a pour particularité de porter un masque. Les rencontres sur cette planète ne sont pas géniales, au début la princesse lui fait les yeux doux mais très vite les autres enfants se montrent vilains et blessants. Minusman, avec son masque de Zorro, perd de la prestance et l'admiration de sa belle. C'est décevant et triste.
Heureusement il rencontre Père Poubelle, un homme au masque très laid qui vit seul dans une maison isolée. Minusman va lui proposer de l'accompagner et de rentrer sur terre. L'homme hésite, mais l'enfant lui donne ce conseil : « Sur notre Terre, ceux qui s'aiment enlèvent leurs masques, c'est bien mieux comme ça ». Une petite phrase à méditer.
Nous ne connaissons pas bien la série, comme nous la découvrons par hasard, c'est ennuyeux. Mais elle promet monts et merveilles grâce à l'écriture charmeuse de Nathalie Brisac, aux illustrations de Magali Bonniol... mais surtout grâce à son petit héros attachant, fragile et rêveur. Un bon exemple pour les bambins. A conseiller.
Ecole des loisirs, coll. Mouche, 2008 - 48 pages - 6,50€
Texte de Nathalie Brisac - Illustrations de Magali Bonniol
Les autres titres :Minusman (2006) ; Minusman et les 100 papiers (2007)
Le site de l'auteur : http://www.nathaliebrisac.com/
Où en étais-je ? - Philippe Beaussant
Un écrivain, assis à sa table devant la fenêtre, scrute la rue qui s'offre à lui et s'invite dans son activité de noircisseur de pages. En un coup de crayon, sans ternir ni réfléchir, l'homme plonge dans la digression avec une élégance rare et appréciable. Il nous croque des histoires empruntées au précieux 17ème siècle, mouille sa plume dans les pièces de Molière ou redessine les contours flous des créatures croisées ci et là dans la rue. Tout commence par une voiture rouge, non pas une berline classique, d'abord le véhicule est d'un beau rouge coquelicot, mais un rien plus acide, tirant sur le corail, et il s'agit ensuite d'une belle américaine... d'un rêve galbé. Je n'invente rien, je suis, je souris car notre homme est un idolâtre du mot juste. A travers son récit, il nous explique en long, en large et en travers les dessous de son métier, celui d'écrivain. C'est une activité intense, épuisante, excitante aussi. Il soupire d'être incompris, il brûle d'évoquer le roman tel un civet de lapin qui se hume et s'apprécie avant et après... Tout un programme.
Cette lecture est une invitation au voyage littéraire, de façon poétique et juste elle déploie les ailes de la digression. Il est conseillé au lecteur de se prêter au jeu, sous peine d'être recalé, sinon perdu en chemin.
De l'intelligence, de la poésie, de l'imagination, de l'effronterie, de la folie, de l'étrangeté aussi... l'académicien Philippe Beaussant nous en offre comme sur un plateau.
Fayard, 2008 - 202 pages - 17€
Blablas, frou-frous, éclats de rire Comme une volière en délire *
* Paroles de Le Congrès des Chérubins / Juliette
Approchez-vous et voyez ces bambins
Le cheveu frisé et le regard mutin
Malins et coquins chérubins
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C'est la nuit, nous sommes dans un dortoir de garçons. Tout ce petit monde roupille sous la couette. Quand, soudain, un prout retentit. Un oeil s'ouvre, puis un autre. Et d'autres encore. Un garnement est paré à l'attaque, un polochon entre les mains. Et paf ! la bataille a commencé.
Il n'en faut pas davantage pour susciter une réaction en chaîne. Certains bâillent et s'étirent. D'autres pleurnichent ou se camouflent sous les draps. Et clic ! une lampe torche entre en jeu. Un acteur est mis en lumière. Et d'autres rais de lumière pointent et zèbrent la scène.
Oooh, du calme. Une porte vient de s'ouvrir et c'est le surveillant au regard goguenard qui joue à Max-la-menace. Bref instant de répit, avant le prochain round.
Et le petit jour se lève, les teintes s'éclaircissent. Du noir, on passe au bleu marine (tiens, on remarque qu'il y a des filles aussi dans ce dortoir !) La scène du crime est éclatante, mais point de victime à déplorer. Les bambins, bien échauffés, se ruent vers l'extérieur où, d'un blanc irradiant, une piste enneigée les attend !
Aucun texte dans cet album, mais ce n'est pas grave ! A la place, on trouve une multitude de détails qui permet de mettre en ébullition la folle du logis. Il faut observer et créer sa propre histoire. C'est drôle et bourré d'énergie !
Par Vincent Cuvellier
Illustrations de Vincent Mathy
Gallimard jeunesse, coll. Giboulées
12,50€
Dès 3-4 ans
Du même auteur : La première fois que je suis née
Aux yeux de mon lapin nain je parie que je suis... *
* Paroles de Lapin ! / Pascal Parisot
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Dans Guili Lapin, nous faisions connaissance avec la petite Trixie et de son inséparable doudou le lapin. On se rappelle l'histoire de la disparition qui a failli dégénérer en un grand drame dans la laverie du quartier, mais heureusement tout est rentré dans l'ordre.
L'autre Guili lapin raconte une aventure tout aussi cocasse puisque Trixie a maintenant grandi, elle n'arrête pas de parler et ne se sépare toujours pas de son doudou. C'est le grand jour de la rentrée des classes, où elle a traîné son Guili lapin le sans-pareil, selon elle. Or, gros scandale dans la cour de récré : une autre copine commet l'affront de s'afficher avec le même doudou, une copie conforme ! Plus de sans-pareil, plus de sensationnalisme, c'est le clash. Les deux fillettes se chamaillent, la maîtresse consigne les lapins mais les restitue en fin de journée.
Le lecteur a aussitôt vu l'effroyable méprise qui se déroule sous nos yeux, mais pas la petite Trixie. Elle rentre chez elle, va se coucher et se réveille en pleine nuit en hurlant car son Guili lapin n'est pas le sien, mais celui de ladite Sonia. Impossible de finir la nuit sur un tel subterfuge, il faut réparer l'erreur et ... Point étonnant, alors, de recevoir un coup de fil du papa de l'autre enfant, de courir les rues en pyjamas et de faire l'échange en bonne et due forme. Le Guili Lapin est unique !
Du moins, le croit-on. Car nos deux chipies savent être intraitables mais sont aussi les premières à partager leur Guili Lapin. Pourquoi pas un petit échange, le lendemain à l'école ? (Sous le regard atterré des papas, encore groggy de sommeil.)
Ce qui est vraiment sympathique à parcourir chez Mo Willems, c'est sa technique particulière de combiner les dessins à la plume et les photos numériques. Le fond est en sépia, les dessins sont en couleurs. Le rendu est très agréable, rend cette histoire pratiquement vivante, mi-réelle, mi-fictive. C'est un joyeux fourre-tout. Et puis l'histoire est attachante, qui n'a jamais connu ce calvaire du doudou... qui perd son chemin, mais ouvre aussi la voie vers une autre amitié.
L'autre Guili Lapin, ou comment Trixie rencontra sa première meilleure amie.
Kaleidoscope / 12,50€
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En matière de pâtes, nous nous étions arrêtées à celles de Francesca mais c'était avant de connaître la recette bien spéciale d'Arturo ! C'est un bonhomme de six ans, qui n'aime pas les légumes verts. Mais alors, pas du tout. Il se voit bien réviser toutes les recettes du livre de cuisine de sa maman, inventer des recettes à sa sauce, où il ne serait jamais question de légumes.
Exemple : les spaghettis aux brocolis vont devenir des spaghettis aux délices du désert !
Remplacez les brocolis par une queue d'iguane, les gousses d'ail pour des fleurs de cactus et saupoudrez le tout de sel, poivre et crottes de nez ! C'est très fin, cela met en appétit.
Haem.
La chasse à l'iguane est ouverte, elle est même éreintante. Le cahier de maman se verra raturé, taché, et ne ressemblera plus à rien, mais on ne s'ennuie pas un seul instant. Et cela ouvre une belle vocation, et l'imagination sans égale. Demain, ce sera des raviolis à la crème de lune !
Fantasque et pleine de divagations, cette histoire est aussi rigolote et ne se prend pas au sérieux. Tous les boudeurs des légumes dans les assiettes verront peut-être un déclic quelconque pour se lancer dans l'aventure !?
Une recette élaborée par Laura Riccioli et François Soutif
d'après une idée de Flora Farina
Kaleidoscope / 12,50€
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Dès 3 ans.
Affirmer le pouvoir de l'imagination !
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Tous les enfants connaissent la Foire aux nains. Elle a lieu les deuxième et quatrième mercredis de chaque mois sur une île. C'est un endroit épouvantable, qui sert aux parents désireux d'échanger leurs enfants pas sages.
La foire est tenue par le redoutable monsieur Braillard, qui est assisté par les Cousines Pinces et le Bec Perroquet. Ils peuvent vous déchiqueter les doigts si les enfants hurlent à la mort au départ de leurs proches et s'ils se cramponnent aux barreaux de leur prison.
Notre petite héroïne a été souvent avertie du risque et cette fois-ci ses parents passent à l'action. Elle ne se lave pas les mains, ne range pas son cartable et insulte son petit frère. Il est temps de la conduire à la Foire, c'est dommage, car ils s'entendaient plutôt bien avec elle et ne lui demandaient pas grand-chose... Il faut croire qu'elle se plaira mieux chez d'autres parents !
La gorge nouée et les larmes aux yeux, notre demoiselle est conduite devant monsieur Braillard et le Bec Perroquet, mais la petite hurle et supplie... Je vous promets que je serai dorénavant sage comme une image, que je...
Inutile de crier à la mort ! Ceci n'était qu'un mauvais rêve. La vie n'est-elle pas trop injuste ?
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Une couverture qui accroche, une histoire qui dérange et qui ose, un monde sombre et démoniaque, des idées effrontées et une morale qui n'en est strictement pas une, voilà le programme !
Premier album jeunesse pour Vincent Ravalec, totalement allergique au doux et au lisse, il impose une héroïne insolente, pas contente et énervée de sortir de son cauchemar, et qui s'emporte contre sa famille. C'est culotté, ça décoiffe et ça n'est pas à prescrire aux enfants sages !
Illustrations de Sergio Mora
Ed. du Rouergue, coll. Varia - Octobre 2008 - 15€
La note de Benjamin Lacombe (gros coup de coeur pour lui!)