18/11/10

Le Blogue de Namasté : La naissance de la Réglisse rouge

Une découverte franchement rigolote ! 

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Le blogue de Namasté est une série québécoise, un peu dans la lignée du Journal d'Aurélie Laflamme. C'est frais, c'est drôle, cela raconte la petite vie rigolote d'une adolescente de treize ans qui se lance dans l'aventure du journal en ligne (et privé) depuis qu'elle a découvert qu'on lisait son journal intime ! Afin de démasquer le coupable, elle va entrer dans des délires pas possibles (des invasions de réglisse rouge, une secte, des petites voix dans la tête, etc.), mais rien, toujours rien. Elle pensait que sa mère était à blâmer, il semblerait qu'elle ait fait fausse route. (Et lorsqu'elle découvrira réellement le fautif, elle ne sera pas la seule à avoir la berlue !!!)

Bref, à l'école c'est la guerre entre les garçons et les filles : les premiers sont  des crétins finis, aussi les deuxièmes ont choisi de se liguer contre leurs âneries et lancent le club des réglisses rouges (attention à ne pas confondre avec la réglisse noire !). La réglisse rouge est pure, noble, défend l'opprimée et dénonce toutes les perfidies lors d'une mise en scène particulièrement saisissante (toutes derrière des masques, le doigt pointé vers le coupable !).

A côté de ça, Namasté est amoureuse - il s'appelle Antoine, il est plus âgé qu'elle et c'est un féru d'échecs et de films d'horreur. Elle plane sur son petit nuage, elle ne rêve que de lui, mais il tarde à l'embrasser et elle se pose des questions. En plus, sa meilleure amie a jeté son dévolu sur Zac, un ancien meilleur copain tombé en disgrâce avant qu'il ne retrouve ses titres de gloire tout récemment, cette relation n'est pas pour la chatouiller un petit peu.

La vie de Namasté va à cent à l'heure, c'est irrésistible et très drôle (la soirée d'Halloween, par exemple, où l'adolescente se pointe avec le costume d'une mascotte puante et ridicule), je pense que ça ne peut que toucher les lecteurs du même âge, cela traite aussi bien de légèreté que de petits drames qui fâchent ou qui blessent, ce genre de choses qui font le quotidien des adolescents (la trahison, la timidité, la jalousie, etc.). J'ai été agréablement surprise, je recommande pour vos filles, allez-y, vous ne le regretterez pas !

Le Blogue de Namasté - Maxime Roussy & Marie-Eve Larivière
Editions Marée Haute (2008) - 200 pages - 11€

A suivre : Le Blogue de Namasté, tome 2 : Comme deux poissons dans l'eau

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03/10/09

Mon journal TOP secret (sur scène aux Etats-Unis) ~ Dee Shulman

Bayard jeunesse, 2009 - 128 pages - 9,90€
traduit de l'anglais par Laurence Bouvard

(Ma fille compte bientôt lâcher les rênes de ce blog, merci à elle pour les nombreuses contributions qui envahissent mon espace... mais je ne me plains pas !)
mon_journal_top_secretEncore un ouvrage dans la lignée des Zoé tout court, Mimi la fouineuse ou Greg Heffley et son Journal d'un dégonflé ! (Ma fille est fan de ce genre de livres.)
La couverture est brillante, d'un gris argenté qui en met plein la vue, et le reste réserve encore de belles surprises. Car il s'agit d'un vrai journal intime, une parfaite imitation avec une écriture manuscrite, des ratures et des dessins à la pelle (l'auteur Dee Shulman est avant tout illustratrice).
C'est vivant, très coloré.
L'histoire ensuite raconte l'expédition folle et échevelée de Polly et sa mère, Arabella Diamonte, comédienne de théâtre. Elles s'envolent pour San Francisco où Arabella doit donner plusieurs représentations de sa pièce. La petite anglaise de douze ans nous confie ce qui lui coûte un tel voyage, avec sa mère qui est excentrique, flamboyante et épuisante à suivre, pour son entourage. Pour ajouter à son cauchemar, Polly doit ^sympathiser^ avec des enfants comédiens, la paire de blondes péroxydées parfaitement imbuvables, mais aussi le gentil Will, blondinet charmant et vrai de vrai gentil.
L'histoire est une suite de péripéties amusantes, où les personnalités des personnages occupent principalement le devant de la scène. Mais l'ingénuosité de ce livre reste son esthétique, qui ravit les jeunes lecteurs (à neuf ans, moi aussi j'aurais adoré !).
Et cela tombe bien, car ce livre se destine aux lecteurs dès 9 ans.
Une suite est déjà envisagée (car déjà publiée en Angleterre) : My Totally Secret Diary: Reality TV Nightmare.

-) pour consulter quelques pages (en anglais), cliquez ici

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10/06/09

Mon carnet secret (rien qu'à moi !) ~ Natalie Zimmermann

Illustrations : Joëlle Passeron

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C'est typiquement le genre d'ouvrage dont est actuellement friande ma fille de neuf ans. Et il faut dire que le marché est plutôt bien pourvu, pour exemple : Zoé tout court ; Journal d'un dégonflé ; Mon journal grave nul ; Stella etc. ; et j'en passe.

Derrière cette couverture aux couleurs tape-à-l'oeil, nous découvrons le journal d'une fouineuse prénommée Andromaque, surnommée Mimi car elle déteste son prénom. La curiosité est un vilain défaut, et Mimi est une pub vivante pour illustrer cet adage. Elle nous régale de ses plus jolies entourloupes, et réussit à ne pas nous agacer, parce qu'elle est franchement drôle et intelligente. Au fil des mois, on découvre un peu sa vie - à l'école, à la maison, pendant les vacances. Ses petites manies sont passées au crible - Mimi adore le chocolat et fouille les placards de la cuisine pour dévorer des plaquettes entières, mais le résultat ne se fait pas attendre lorsqu'une bonne crise de foie la cloue au lit ! Elle chipe également le journal de sa soeur Roxane et fait des commentaires dans la marge, ou elle farfouille dans les tiroirs de la chambre de ses parents et joue avec les bijoux de sa mère. Elle pourrait passer pour une petite peste,  à lire comme ça, heureusement c'est loin d'être le cas.

Esthétiquement ce carnet trouve grâce aux exigences les plus chichiteuses - illustré, coloré, on trouve même des traces de doigts barbouillés de chocolat, ou des caricatures avec des répliques comiques. Le but est d'imiter au plus près le vrai journal intime et l'impression est parfaite ! Disons que cela plaira vraiment aux jeunes lecteurs.

A noter que les aventures de Mimi la fouineuse ont déjà paru entre 2005 et 2007 dans la collection Nathan poche. Les textes ont été réadaptés et retravaillés pour cette publication plus dans l'air du temps.

Nathan, 2009 - 140 pages - 8€

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01/02/09

These fragile flames for innocence can't be lost *

Un coeur brisé - Jacqueline Wilson

61nf_4S6JnL__SS500_Prudence King, quatorze ans, et sa soeur Grace, onze ans, subissent la loi rigide de leur père qui leur interdit d'aller à l'école. Mais lorsque celui-ci tombe malade et entre à l'hôpital, la vie à la maison va changer. Seule, la maman panique de recevoir une nouvelle lettre menaçante de l'inspecteur et préfère anticiper en inscrivant ses filles à l'école du quartier. Prudence est excitée par cette perspective, même si elle pressent que leur adaptation risque d'être difficile. Sa soeur et elle ne sont pas du tout à la mode, elles portent des tenues excentriques, non pas pour se démarquer mais parce que la famille manque d'argent. Prudence se sent l'âme d'une Jane Eyre, avec son éducation sévère, retirée du monde des autres adolescents. Elle va tomber amoureuse de son M. Rochester en la personne de Rax, le professeur d'arts plastiques. Amour impossible ? Logiquement. Cependant, l'homme se sent attiré par la jeune fille, également douée pour le dessin. Une connivence naît entre eux. Il va devenir son ami et son confident, et elle va être la baby-sitter de ses enfants (car l'homme est marié !). Mais cela ne l'empêche pas de craquer pour l'adolescente, de répondre à ses baisers. C'est franchement déconcertant. Prudence n'a que quatorze ans, elle a vécu dans une bulle et lisait en cachette des magazines de son âge pour en savoir plus sur ce qu'on lui refusait de connaître. La situation dégénère vite, selon moi. Prudence commet des erreurs, par inconscience. Elle a acheté des dessous en satin noir, pensant que c'était couru chez les filles de son âge. Elle découvrira qu'elle est à côté de la plaque. Trop mûre, trop rebelle, trop décalée ? Prudence King est un mystère. Elle a imaginé un monde trop romanesque, la réalité est plus amère. D'ailleurs, la jeune fille ne parviendra pas à s'intégrer dans son école. Elle avait déjà pris conscience qu'elle étouffait sous le joug familial, elle comprend maintenant qu'il faut davantage s'affirmer pour se fondre dans une société ni toute blanche ni toute noire, juste réelle. La fin de l'innocence, en somme.
C'est un roman d'émancipation où flotte un sentiment de malaise. J'ai moyennement aimé.
(A noter que c'est un gros succès chez les ados ! Je peux comprendre pourquoi.)

A partir de 13 ans.

Folio junior, 2008 - 303 pages - 7,50€
traduit de l'anglais par Anne Krief
Illustrations : Anne Simon

Les avis de Francesca et Aurélie (Suspends ton vol)

* lyrics from Innocence maintened, by Jewel

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Combien tu paries ?  -  Pete Johnson

9782070610235Pour tromper leur ennui, Harvey et son ami George aiment se lancer des paris, ou (pour faire moins gamin) « des défis ». Au départ, c'est plutôt bon enfant : des gags lourdingues avec pour cible leurs professeurs. Ce n'est jamais méchant, juste pour rire. Le truc, c'est de ne pas se prendre au sérieux. Et puis généralement les prix à remporter sont aussi commodes (se payer une bonne glace, par exemple). Grisés par leurs succès, Harvey et George fondent une association, « le Club de la Chance », et l'ouvrent à de nouveaux membres. C'est un triomphe. Tout roule à merveille, l'école est prise par la fièvre du jeu. Puis un garçon de l'équipe propose de recevoir de l'argent au lieu des glaces. Harvey est d'accord, mais George se fâche et quitte la direction. Les ennuis s'enchaînent, quand la cagnotte de 180 £ est dérobée dans le casier de l'adolescent. Harvey va encore une fois être mal influencé par Jonny, le jeune espoir de foot et aussi l'élève le plus populaire du collège, en acceptant de mettre en scène un cambriolage chez ses parents. Damned ! Harvey est dans une sacrée galère.

Ecrit sous la forme d'un journal intime, ce roman de Pete Johnson donne la parole à un collègien de 4ème particulièrement doué pour les inventions et les ruses. Ce n'est pas un livre qui encourage les enfants à parier, mais plutôt une pantalonnade. Harvey, le protagoniste, a pour ambition d'améliorer la qualité de la vie au collège. Ni plus, ni moins. Le reste, autour, n'est qu'une farce à prendre sans condescendance. Les péripéties rapportées sont hilarantes, le jeune garçon n'est pas un crétin fini et ses copains sont de bons bougres (comme qu'on aimerait tant voir dans les écoles de nos enfants !). Aucune méchanceté, de l'amitié pour serrer les coudes, et même le voleur fait son mea culpa. Vraiment rien de bien mauvais... à confier sans sourciller à vos loupiots. 

Folio junior, 2009 - 220 pages - 5,90€
traduit de l'anglais par Stéphane Carn
Illustrations de Henri Fellner 

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21/01/09

« moi, je dis que j'aime me toucher pour le plaisir, c'est tout »

Jeu de mains - Adeline Yzac

51ZkmX_2Bp1UL__SS500_Valantin, quinze ans, est un adolescent encombré d'un corps qui a brusquement changé du jour au lendemain. Lui si maigre est devenu grand et costaud, et sous la ceinture aussi c'est le feu d'artifice. Mais tout cela gêne un peu notre garçon, malgré tout timide et maladroit. Il est couvé par ses parents, impossible donc de leur en toucher deux mots, c'est gênant. Parce que Valantin se sent un véritable obsédé. Il aime les filles, il aime les regarder, il aime alimenter ses fantasmes, et patatras... son Pepsi, comme il l'appelle, se met au garde à vous. C'est systématique, mais source de malaise et de pudeur aussi. L'histoire commence avec l'achat d'une paire de ciseaux, mais pourquoi ? Tout au long du roman on attend du garçon qu'il nous explique, assis dans sa chambre, avec ses ciseaux à côté de lui.

C'est un livre très intelligent, qui traite d'un sujet peu commun et de façon assez explicite, sans toutefois être vulgaire. On peut y percevoir une façon de déculpabiliser l'adolescent et son rapport avec le sexe, ce n'est pas une maladie ou une perversion, c'est juste la vie. La nature. Et également l'histoire montre que ce n'est pas facile non plus d'être un garçon, « On croit toujours que c'est les filles qui sont fragiles. T'es un mec, t'as pas droit au doute. Pas droit de décevoir. Pas droit de te regarder le nombril. Et je parle même pas de te montrer délicat, tu deviens carrément suspect. » Et encore moins évident de faire comprendre aux parents qu'il faut « couper le cordon », laisser grandir, lâcher la grappe.
Un texte qui sonne très juste.

Rouergue, coll. doAdo - 2009 - 110 pages / 7€

l'avis de Vanessa (Eliabar)

 

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Récit intégral (ou presque) de mon premier baiser - Jo Witek

9782020984898Bon, on voit bien que ce n'est pas facile de grandir. Physiquement, ou même dans sa tête. Xavier a 13 ans 1/2 et il vient de tomber amoureux de Mina, une jolie brune à la voix cassée. C'est la fille d'une amie de sa mère, il est fou d'elle, il en rêve la nuit et le jour il plane à dix mètres. Ses résultats à l'école commencent un peu à faiblir, il se rebelle contre sa maman parce qu'elle a commis un crime de lèse-majesté (en lavant le tshirt qui portait l'odeur de Mina). Enfin bref, on assiste à un vrai tourbillon d'émotions, de sentiments et de déclarations enflammées.

Xavier a récupéré un vieux Notebook de couleur jaune qui va lui servir de journal intime. Il y confie son récit intégral (ou presque) de son premier baiser, mais pas seulement. C'est un livre qui montre aussi le souci pour un garçon d'être à la hauteur avec l'objet de son affection. Comment embrasser, faut-il toucher les seins, dit-on je t'aime la première fois... ce n'est pas facile à 13 ans. Heureusement Xavier a un meilleur ami qui le soutient et une grand-mère passionnée de poésie qui lui parle d'amour en termes d'élégance et de sagesse. 

C'est le portrait d'un jeune adolescent impétueux et limite capricieux, fou amoureux surtout et donc excessif en tout. Heureusement c'est drôle, léger, sans prétention. Cela devrait plaire aux garçons et aux filles à partir de 12-13 ans.

Seuil, coll. karactères, 2009 - 116 pages / 8€

Le site de l'auteur : http://www.jolengagne.com/

Jeu de mains, un roman d'Adeline Yzac

Disponible dès le 22 janvier : Récit intégral (ou presque) de mon premier baiser

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01/12/08

Il était une fois un chat assassin

J'ai le syndrome d'Ally McBeal, car en même temps que je lisais les aventures de Tuffy le chat, j'entendais Barry White chanter dans ma tête ! Mais cela colle plutôt bien, surtout quand on a une petite idée de la personnalité de Tuffy.

journalchatassassincouvertureC'est un chat assassin, oui. Son journal raconte sa semaine mortifère. Lundi, c'est l'oiseau qui tombe dans sa gorge. Mercredi, c'est une souris morte qu'il ramène sur le tapis du salon. Et jeudi, c'est Thump. Il s'agit du lapin des voisins, et là Ellie et sa famille n'en peuvent plus. Tuffy est jugé de lapincide par préméditation, et ça va barder pour lui. Pourtant le chat plaide non-coupable et nous l'explique avec flegme et humour dans son journal qui remporte un gros succès auprès du jeune lectorat (et du grand, aussi !!!). C'est raconté avec un tel mauvais esprit, une mauvaise foi évidente, et pourtant ce n'est jamais abominable ou répréhensible. On savoure, on déguste et on plaindrait presque ce pauvre Tuffy, victime malgré lui d'un concours de circonstances qui se dévoile au fil des pages.

Il faut lire les apartés du chat et de ses compagnons, lesquels rapportent les péripéties des humains avec un regard porté sur notre espèce tout à fait grotesque et pathétique. C'est du vrai humour en fine bouche, ça fait friser les poils des moustaches !

Et le succès aidant, il existe une suite : Le chat assassin, le retour. Cette fois-ci, Tuffy est aux prises avec le Pasteur Barnham qui ne l'aime pas du tout et le lui rend bien. La famille d'Ellie est partie en vacances, le chat reste à demeure, pensant se payer une bonne tranche de plaisir (farnienter, commettre des menus délits, être libre). Or, son 'chat-sitter' est un monsieur redoutable et pas très sympa. Il préférerait la délicieuse Mélanie qui aime sa jolie fourure toute douce... mais les choses se compliquent aussi.

41lKdXeCv1L__SS500_Et cerise sur le gâteau, un troisième livre vient de paraître : La vengeance du chat assassin. On n'arrête pas la machine en marche et ce serait bêta de bouder son plaisir à replonger dans les aventures de Tuffy. Quel chat ! Cette fois, l'animal s'en prend à la mère d'Ellie et la flagellerait bien sur place avec son regard noir et son air renfrogné. Mais la dame trouve son minois adorable et prend un cliché qui finira en portrait accroché au mur. Horreur et damnation. Toutes griffes dehors, la tronçonneuse de la rebellion passe à l'action et sabote le portrait. Le massacre ne fait que commencer et la guerre des nerfs est déclarée. A ce petit jeu, on devine Tuffy expert et gagnant. C'est un redoutable adversaire, la mère d'Ellie a la malchance de vouloir exprimer son Art (peinture, poterie, etc.). Cela n'est pas du goût de notre chat assassin ... jusqu'à l'arrivée inopinée d'un autre allié, dans cette bagarre. Les pions sont maintenant chamboulés. Et Tuffy n'apprécie pas du tout, mais alors pas du tout, d'être manipulé par ce grossier personnage. Sa vengeance promet d'être vicieuse, espiègle et hilarante !

Naturellement c'est tellement drôle et décalé, on sourit de bout et bout, on ne gobe pas une miette des propos de Tuffy. Ce chat veut donner l'impression d'être un saint avec l'auréole qui brille au-dessus de la tête. Ce n'est qu'une image polie et arrangée. En vérité, Tuffy est rusé, roublard et menteur. Il agit pour son seul profit, d'où sa belle pirouette en fin de roman. Il en sort comme un grand seigneur, surtout aux yeux d'Elie la nouille (comme il la décrit), mais en fait ça le chiffonne d'avoir accompli ce qu'on attendait de lui. Car ce n'est pas dans ses principes... On s'en doute ! Un autre round serait-il en écriture ?

N'attendez plus de faire la connaissance avec le caustique chat assassin ! Tuffy va vous en conter de toutes les couleurs, c'est désopilant. On apprécie le second degré de son journal, et les illustrations de Véronique Deiss entrent littéralement en communion avec le style mordant d'Anne Fine. Il n'y a pas d'âge pour savourer !

Journal du chat assassin - 1997
Le chat assassin, le retour - 2006
La vengeance du chat assassin - 2008

Ecole des Loisirs - 75 pages - de 7 à 8,50€

 

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20/11/08

Cathy's Book - Stewart / Weisman / Brigg

Today is a winding road that's taking me to places that I didn't want to go
Whoa
Today in the blink of an eye I'm holding on to something and I do not know why
I tried

I tried to read between the lines
I tried to look in your eyes
I want a simple explanation
For what I'm feeling inside
I gotta find a way out
Maybe there's a way out

41Hhy2Z2SuL__SS400_

Ouah ! Voici un projet plus qu'original, pour ne pas dire totalement exaltant ! Oui j'ai beaucoup aimé !!!

Le livre en lui-même est un objet précieux, derrière cette couverture noire cartonnée, fermée par élastique (un vrai carnet intime !) on découvre un assemblage curieux, fait de récit, entrecoupé d'illustrations, avec des documents dans une pochette, lesquels rassemblés donnent des indices pour retrouver Victor, le petit ami de Cathy.

C'est donc l'histoire d'une jeune fille de 17 ans qui vient de se faire plaquer par son petit ami. Mais elle est convaincue qu'il lui cache quelque chose, elle décide alors de le revoir une dernière fois mais il est mystérieusement porté disparu ! Qui est vraiment Victor ? On se le demande au fil des pages, de plus Cathy se montre drôle, intelligente, butée et imprudente. On a très envie de l'accompagner jusqu'au bout de sa quête, et très vite l'aspect sentimental de l'intrigue s'efface, on s'immisce alors dans un récit inquiétant, plein de charme, bref grisant !

L'esthétique du livre force l'admiration et rend cet ouvrage original et captivant, bien plus que le propos s'il fallait chercher une comparaison. Bientôt la suite, Cathy's Key !

*****

(en savoir plus)

La narratrice s'appelle Cathy Vickers. Elle a dix-sept ans. Et cela ne va pas très fort dans sa vie : son père est décédé, sa mère et elle ne se parlent plus, ses résultats scolaires vont de mal en pis et son petit ami vient de la quitter. C'est cette vie décousue et désabusée qu'elle choisit de raconter dans son journal intime.

Non ! Ce livre n'est pas un mémento qui vous fait glisser doucement dans la dépression. Cathy accepte la rupture, mais elle s'interroge. Après tout, connaissait-elle bien Victor ? Leur histoire a été courte et platonique, mais il y a ces mots :

« Cathy, tu brilles comme une bougie dans la nuit.
Dur de lâcher quelqu'un qui vous a dit ça, ne serait-ce qu'une fois.
»

A ceci s'ajoute la trace de piqûre au creux de son coude.

Mais que lui a fait Victor, ce Chinois d'une vingtaine d'années, qui vit dans une très belle maison appartenant à un oncle fortuné ? Et si cette demeure était en fait celle du jeune homme ?

Malgré les recommandations de sa meilleure amie Emma, Cathy choisit de dépasser les interdits : elle s'introduit chez Victor, fouille son agenda, récupère une pochette de papiers, apprend qui il pourrait être ou suppose qu'il s'est acoquiné à des activités louches.

Victor, un truand ?  Un tueur à gages ?  Un trafiquant de drogue ?

L'enquête nous conduit dans le Chinatown de San Francisco, dans une ambiance où on s'attendrait presque à voir surgir le Docteur Fu Manchu...

« Une clochette en cuivre a tinté quand j'ai poussé la porte. A l'intérieur, l'atmosphère était saturée de fumée d'encens et de tabac à pipe. Je me suis frayé un chemin entre les piles de livres, les meubles en laque et les statues de serpent ou de dragon qui encombraient la boutique. Derrière un paravent en bambou, je me suis retrouvée face à un comptoir vitré où s'entassaient des bagues, des médaillons, des montres de gousset, des broches, des sceaux, des poinçons et toutes sortes d'objets brillants. Un gros chat roux était allongé sur le comptoir ; derrière, une Chinoise à cheveux gris perchée sur un tabouret laqué fumait une pipe en terre à longue tige. »

Et le lecteur n'est pas au bout de ses surprises !

Singulier. Stupéfiant. Bluffant. Voilà les mots qui collent à ce roman, qui se dévore d'une traite.

Le site : http://www.cathysbook.fr/

Bayard jeunesse, Octobre 2008 - 192 pages - 15,90€
traduit de l'anglais par Pascale Jusforgues

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04/11/08

Dracula la rédemption - Kate Cary

Deux années sombres viennent de s'écouler, durant lesquelles Mary Seward a tenté de reprendre le cours de sa vie à Purfleet. Elle ne parvient pas à chasser les souvenirs des événements survenus au château de Tepes, elle qui était si courageuse et déterminée se découvre peureuse et paranoïaque. Elle vit cloitrée, ne sort plus la nuit et se pare de tous les artifices pour chasser les vampires (crucifix, eau bénite, etc.). Son père, malade et affaibli, l'encourage à retrouver goût à la vie.

Infirmière de garde, elle s'est liée d'amitié avec des collègues, Helen, Becky et Stella. De même, elle vient de faire la connaissance de Lord Bathory, un homme intelligent, effacé et très riche, qui commence à la courtiser. Peut-être les beaux jours vont enfin revenir...

Mais Quincey Harker est de retour, échappé d'un monastère où il avait songé expurger le Mal en lui. Il prétend chercher la rédemption et implore l'aide de Mary. Peut-elle lui faire confiance, alors qu'il pratique toute sa séduction pour lui faire perdre la tête ? Dans le même temps, il y a une hécatombe de victimes à l'hôpital où elle travaille, et pas des cas anodins puisque les corps sont vidés de leur sang. Mary sait qu'il s'agit de la signature d'un vampire, bien que le personnel médical évoque un virus et pointe le doigt vers la jeune femme, tenue pour responsable d'avoir introduit le mal dans l'établissement.

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Beaucoup de passion encore au programme dans cette suite de Dracula, l'héritier.
On suit désormais principalement Mary Seward, pour les raisons que l'on sait et qui sont survenues à la fin du Livre I. La tension est toujours présente, avec son soupçon d'angoisse et de mystère. On frémit, comme Mary, au moindre signe suspect, à l'apparition d'une ombre menaçante et lorsque la nuit tombe. On partage ses doutes, on s'associe à sa prudence, on se laisse séduire puis tromper. C'est une parfaite combinaison pour nous faire chavirer.
Dans ce livre, on en apprend aussi davantage sur Quincey Harker qui revient sur son initiation et sa transformation. Son personnage reste flou pendant les 3/4 du roman et on peut juste déplorer la fin précipitée de l'histoire, à la fois excitante et décevante.
J'espère qu'il y aura encore un troisième livre (rien ne l'indique), pourtant la fin est ouverte !
Une série à lire, de 14 à 110 ans !

Milan, septembre 2008 - 314 pages - 9,50€
traduit de l'américain par Emmanuelle Pingault
titre vo : Bloodline Book 2 : Reckoning

Mon avis sur Dracula, l'héritier

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30/10/08

Dracula l'héritier - Kate Cary

Septembre 1916. Un lieutenant blessé et complètement délirant arrive à l'hôpital de Purfleet. L'infirmière Mary Seward reconnaît aussitôt John Shaw. Elle se souvient de lui et sa jeune soeur Lily arrivant à Carfax Hall, quelques années auparavant, avec leur gouvernante d'origine roumaine, Antanasia, après la disparition de leurs parents.
Inquiète pour sa santé, Mary s'enhardit à lire le journal intime de John où elle découvre son supplice au coeur des tranchées françaises. Il était sous le commandement du Capitaine Quincey Harker, un type admiré et redouté à la fois. Cet homme errait souvent seul la nuit, pouvait se révéler intraitable mais c'est grâce à son dévouement si John Shaw est aujourd'hui en vie.
Toutefois, Mary éprouve une vive répulsion pour ce capitaine décrit en des termes monstrueux. Lorsqu'elle le rencontre pour la première fois, elle a pour instinct de protéger John et sa soeur. Celle-ci, totalement naïve et innocente, est tombée sous le charme ténébreux de Harker, rentré de France et résidant à Carfax Hall sous l'invitation de la jeune fille.
Avec John, enfin rétabli, Mary va vouloir repousser les fiançailles entre Lily et Quincey. Quand soudain, le couple disparaît...

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A l'instar de la couverture, l'histoire est véritablement opaque et oppressante. C'est effrayant, passionnel, sanguinolent et dramatique.  C'est dans la lignée de Bram Stoker, dont Kate Carry prétend revisiter le grand classique en imaginant une suite... originale et respectueuse. Quincey Harker, le personnage-clef, serait donc l'héritier de Dracula. Il a un plan, de séduction et d'accomplissement de lignée. On le découvre petit à petit, en s'enfonçant dans les couloirs glacials du château de Tepes en Transylvanie.
Et fidèle à sa source d'inspiration, ce récit est raconté par le biais de lettres et d'extraits de journaux.
J'ai beaucoup aimé. L'ambiance est fascinante, elle commence par le côté obscur et dans le paysage cauchemardesque de la guerre, la personnalité ambivalente de Quincey Harker apparaît en filigrane. Et puis, une espèce d'accalmie surgit en la figure de Lily, au charme évanescent. Elle est jeune, pure et candide. La présence de Harker à ses côtés réveille des torrents de désir, elle se sent prisonnière de cette attirance et n'hésite pas à le suivre jusqu'au bout de son aventure. Mais elle ne soupçonne pas un instant la facette cachée de son âme torturée, et à ce propos, j'admire la tournure des événéments lorsque les barricades s'élèvent de toutes parts et étouffent la belle ingénue.
En fait, le sentiment de menace plane de long en large, au cours de ces 300 pages. Et d'un autre côté, c'est incroyablement sensuel et sulfureux. La sexualité est inhérente au rapport d'haine et de fascination. Et plus précisément, l'érotisme. Avec le sang et la mort, ce sont les trois pôles fondateurs du vampirisme, qu'on retrouve dans ce roman (Dracula, L'héritier) publié en jeunesse mais ceci ne doit pas freiner les élans de n'importe quel lecteur au-delà de 14 ans.   
Une suite vient de paraître : Dracula, La rédemption. Faites comme moi : n'attendez plus !

Milan, mars 2008 - 318 pages - 9,50 €
traduit de l'anglais par Emmanuelle Pingault
dès 14 ans

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19/09/08

Twist - Delphine Bertholon

Une fillette de onze ans est enlevée sur le chemin de l'école. Pendant cinq ans, la petite Madison Etchart ne donnera aucun signe de vie. Elle s'est évaporée. Une Volvo noire a croisé son chemin, et zou. Plus rien. Les enquêteurs ignorent tout des circonstances, une cellule de crise est créée mais les maigres pistes aboutissent à des désillusions. A la longue, les parents de Madi se renferment mais ne veulent pas perdre espoir. Pour sauver sa peau, la mère écrit de longues lettres à l'absente, qu'elle ponctue d'un "N'oublie jamais que je t'aime", et se promet de les brûler le jour où sa fille rentrera.

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L'attente commence, terrible et épuisante. Frustrante, aussi. Les proches veulent se serrer les coudes, mais les nerfs sont à fleur de peau. On se heurte et se blesse pour une pécadille. On se reproche les manques, les loupés et tout le tintouim. On se raccroche aux quelques branches existantes. Stanislas, le petit voisin de dix ans son aîné, était le béguin de Madi et son prof de tennis. Ce samedi du kidnapping, il avait rendez-vous avec la jeune fille mais a annulé pour une histoire de coeur sans lendemain. Pour lui aussi, le temps va compter. Exilé à Paris pour ses études, il va rencontrer la fille au tee-shirt trop grand (Louison), aussi fascinante qu'agaçante. Il tombe éperdument amoureux d'elle, tandis qu'elle le mène par le bout du nez. Il pense mourir d'amour quand Madison refait la une des journaux.

Cette gamine intelligente et futée a croupi dans un terrier chez R., celui qu'on ne nomme pas. Il est son bourreau, son trait d'union pour la survie, il incarne la haine et l'affection, de manière ambiguë (cher syndrome de Stockholm!). On connaît son calvaire par les livres qu'elle griffonne avec rage et désespoir. Ce sont ses béquilles, qu'elle cache du regard de l'homme qui la séquestre.

L'écriture est ce qui sauve nos trois personnages, un instinct de survie pour compenser l'impuissance et éloigner la détresse. Ne jamais baisser les bras, à aucun moment. Madison a prouvé que lire et écrire avaient été ses deux planches de salut, même si l'incertitude et l'effroi ont aussi été ses compagnons d'infortune. Cette histoire, inspirée d'un fait divers, sait admirablement échapper au témoignage délirant et larmoyant du cauchemar qui frappe une famille par la disparition d'un enfant. On ne lâche aucune larme, c'est formidable !

J'avais personnellement peur de tomber dans une emphase déplacée, un climat malsain et éprouvant - en tant que jeune maman. J'ai eu l'agréable surprise de lire une histoire passionnante, écrite avec justesse et élégance. Le récit de la petite Madison, notamment, se révèle étonnant, charmant, plein d'humour et d'ironie. On côtoie ses heures de captivité, pas toujours drôles non plus, mais on échappe à toute névrose, toute affliction. C'est une lecture que je conseille, pour sa vitalité et son message d'espoir. Cela parle d'attente et d'amour, à un sens très large !

 

Twist

JC Lattès, août 2008 - 428 pages - 18€

L'avis de Solenn, enthousiaste aussi


Michel Field / Delphine Bertholon : Twist
envoyé par hachette-livre

Posté par clarabel76 à 07:00:00 - - Commentaires [18] - Permalien [#]
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