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Chez Clarabel
marie aude murail
29 octobre 2009

Malo de Lange, fils de voleur ~ Marie-Aude Murail

Neuf de l'Ecole des Loisirs, 2009 - 275 pages - 11,00€
illustration de couverture : Yvan Pommaux

malo_de_langeUn bambin de deux ans, blond aux yeux bleus, orphelin abandonné à l'hospice, est recueilli par deux soeurs, deux vieilles filles qui rêvaient d'une petite fille en parfaite santé, ni trop grande ni trop petite, propre, sage, intelligente, sans croûtes sur la figure. Et c'est comme ça que Malo devient le protégé des demoiselles de Lange. C'est un enfant charmant, intrépide et frondeur, qui n'hésite pas à creuser dans les murs séparant son jardin des voisins pour faire connaissance avec la ravissante Léonie de Bonnechose puis avec La Bouillie, qui n'a pas sa langue dans sa poche et avec laquelle Malo va apprendre l'arguche.
Car malheureusement son bonheur sera de courte durée, un type dénommé Riflard se présente chez les demoiselles de Lange en prétendant être son père. Ni une ni deux il kidnappe le blondinet, le séquestre dans un coffre d'où Malo découvre le sinistre plan de Riflard et sa bande de voleurs. C'est un usurpateur, le chef d'une bande qui pille les riches familles en usant de violence et de vice. Les origines du garçon sont jusqu'alors inconnues, mais elles constituent la pièce maîtresse de toute l'intrigue du roman.
En effet, Malo porte en tatouage dans le dos la marque de la fleur de lys, ou le symbole des criminels. C'est assez pour qu'il se sente impliqué dans un destin à mille lieux de celui offert par les demoiselles de Lange, Malo devient un grinche (= un voleur) et s'entoure de garçonnets aussi perdus que lui. De plus, les rues de Paris renferment d'autres dangers qu'un gamin de son âge aurait tort de sous-estimer, malgré son art pour le déguisement et la comédie, Malo doit prendre gare là où il met les pieds.
Ce délicieux roman, à la mode des feuilletons du 19°siècle, nous fait partager un tourbillon d'émotions et nous plonge au coeur de l'action, aux trousses d'un enfant attachant. Malo de Lange, fils de voleur ? C'est ce que le lecteur brûle de savoir, en attendant la grande révélation dans les toutes dernières pages. 
Ce livre pourra être lu par des lecteurs de la tranche 9-12 ans (et plus). Car c'est un livre qui appartient à la collection Neuf de l'école des loisirs, donc il est parfaitement accessible. L'histoire est essentiellement écrite en argot (ou arguche) qui donne un ton original et bien senti à cette histoire, racontée à la première personne par Malo himself. C'est vraiment bien, drôle et ça ne manque ni de rebondissements ni d'action.

Le mot de l'éditeur : On lit les premières lignes, on s'emballle, et très vite on cavale derrière Malo, ce fils de grinche à la recherche de son daron ! On tremble, on rit, on accepte de bonne grâce les situations rocambolesques et les coincidences en pagaille. On dévore à belles dents un vrai roman d'aventures, trop heureux de le lire d'un trait et pas découpé en feuilleton dans le genre de presse populaire où Malo de Lange aurait eu toute sa place au XIX°siècle.

 

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30 décembre 2008

Miss Charity - Marie Aude Murail

Ce roman est un refuge, 560 pages durant lesquelles une demoiselle prénommée Charity voit jour, grandit, se passionne pour les animaux et la botanique, grandit et s'isole dans son monde, où la peinture et les histoires sont ses principales sources d'intérêt. Nous sommes dans l'Angleterre victorienne, riche et prospère, crispée et hypocrite sur ses arrières. Charity Tiddler n'a pas d'autre choix que parfaire son éducation pour briller dans les hautes sphères de la société, elle fera cependant montre d'un tempérament exceptionnel (pour l'époque) en refusant de se plier aux règles établies et de se fondre dans le moule.

Ce roman est un bel hommage à la littérature, en s'inspirant de Beatrix Potter, Jane Austen, la comtesse de Ségur, Charlotte Brontë et George Sand, de même en citant Shakespeare que Charity apprend par coeur pour réciter à tue-tête, dès son plus jeune âge. C'est un roman épais, près de 600 pages, qui pourtant se lit avec plaisir et grande facilité, les illustrations de Philippe Dumas apportent un raffinement précieux, en pleine osmose avec l'aura de l'histoire. Cette peinture de l'époque est savoureuse, le portrait de Charity est attachant, très beau. Il soulève l'excentricité d'une demoiselle qui s'émancipe avant l'heure, et qui va accomplir de belles choses dans le domaine qui la touche, malgré la désapprobation générale, de même en s'affichant avec un garnement passionné de théâtre, qu'on considérait alors comme un voyou !

Marie-Aude Murail réussit à partager avec son lecteur son amour pour la lecture et sa reconnaissance pour cette littérature d'antan qui continue d'influencer les oeuvres romanesques de nos jours ! Ce serait merveilleux d'en trouver davantage.

9782211089258

(en savoir plus)

Ce roman est un refuge, dans lequel les 560 pages ne sont pas de trop pour nous couver, nous dorlotter, nous emporter. On ne se lasse pas une minute, on plonge, on adore et on décolle pour une autre dimension, on vit à l'heure victorienne dans cette Angleterre riche et prospère, un peu crispée et hypocrite sur ses arrières. C'est aussi l'histoire d'une jeune demoiselle, sensible et cultivée, intelligente et originale. Miss Charity Tiddler, née en 1870, est l'unique rejeton d'un couple guindé, qui appartient à la bonne société. C'est une enfant solitaire, elle aime trouver refuge au troisième étage de la demeure familiale, dans sa nursery où elle cache sa petite ménagerie. Car Charity s'entoure de petits animaux (des souris, des grenouilles, des lapins, des canards etc.) et passe son temps à les observer pour les dessiner, les peindre à l'aquarelle.

Son goût des sciences naturelles, ses longues promenades dans la campagne du Kent, ses discussions en aparté avec ses compagnons animaux et ses lectures de Shakespeare qu'elle apprend par coeur ne font pas d'elle une jeune lady appliquée. Et c'est justement parce que Charity Tiddler ne convient pas à l'image moulée et à l'archétype attendu qu'on s'attache à elle, en reconnaissant implicitement un parcours à la Beatrix Potter... Mais c'est de manière générale un hymne à la littérature, à travers Jane Austen, la comtesse de Ségur, Charlotte Brontë et George Sand, pour ne pas en nommer davantage, que cet épais ouvrage nous convie. C'est un véritable enchantement. Un remarquable travail de finesse, d'humour, de délicatesse. Et les illustrations de Philippe Dumas sont un atout inestimable dans cet ensemble raffiné.

J'ai tout bonnement adoré, c'est simple, je ne voulais plus en sortir. J'ai aimé les mille petits détails qui fourmillent à chaque page, la belle description de l'éducation anglaise, la volonté encore balbutiante de l'émancipation de Charity, son tempérament teinté de discrétion et de modestie, ses bonnes manières, sa gentillesse, son amitié pour sa gouvernante française et pour sa bonne, une écossaise à la chevelure rousse, Tabitha, qui raconte des histoires folles parce qu'elle-même est ravagée. Et Charity, à l'aube des manifestations d'indépendance pour la femme, apparaît davantage excentrique et incomprise. C'est une originale, certes, mais surtout elle est différente, rêveuse et douée. Elle chante faux, joue mal du piano, fuit la broderie mais elle se révèle dans le dessin et l'aquarelle. Elle comprend très vite une chose, 

« Autant les fleurs et les champignons trouvaient facilement leur nom et leur définition au clair soleil de ma raison, autant les choses humaines se déposaient au fond de moi, toutes grises et indécises. »

Miss Charity ne se mêle pas aux sorties mondaines, noue des relations profondes avec des personnages jugés inconvenables, comme Kenneth Ashley, un ami d'enfance de ses cousins, un fils de fermier qui s'est lancé dans le théâtre. Quelle belle rencontre, d'ailleurs. Ce jeune homme est remarquable, effronté et coquin pour l'apparat, mais sa fantaisie est attirante ; et on ressent presque des petits papillons dans le ventre lorsqu'il fait son entrée et taquine la timide Charity.

En bref, j'ai plus qu'aimé. Je me suis noyée avec bonheur dans ce roman-pavé de près de 600 pages. Impossible de l'abandonner. C'est en outre regrettable de tourner la dernière page et de lâcher la main de Miss Charity. Marie-Aude Murail a su brillamment nous enchaîner... encore, des lectures de la sorte !

Ecole des Loisirs, coll. Medium Grand Format - 2008 - 562 pages - 24,80€
Illustrations de Philippe Dumas

--) les avis de Marie , Alice et Emjy

 

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