On s'y fera - Zoyâ Pirzâd
Nouvelle opération menée par le Livre de Poche, avec en proposition : On s'y fera, de Zoyâ Pirzâd (que j'avais déjà lu lors de sa sortie). Je vous encourage à saisir cette opportunité, car c'est l'occasion d'aller au-devant d'un auteur, d'un univers et ce serait dommage de passer à côté.
L'histoire se passe en Iran. Nous suivons Arezou Sarem, 41 ans, divorcée et mère d'une fille de 19 ans, Ayeh. Elle est responsable d'une agence immobilière, qu'elle dirige avec son amie Shirine, laquelle va jouer l'entremetteuse en lui faisant rencontrer un client, lors d'une banale visite d'une maison. Zardjou est un homme sûr de lui, qui va réussir à décrocher une signature et un rendez-vous, au grand dam d'Arezou. Elle ne se sent pas prête pour vivre une histoire sentimentale, elle n'a pas follement envie de se changer les idées. Elle a déjà fort à faire entre sa fille, têtue et soupe au lait, et sa mère, qu'on surnomme la Princesse, bref elle se sent prise en sandwich par ces deux ogresses. Où pourrait-elle trouver de la place pour un homme ?
"On s'y fera" est un roman entier, au nom des femmes. On y découvre des destins croisés, des désirs d'émancipation et ce, malgré les liens de la famille qui étranglent et vous lient pieds et poings. La pression est tapie dans l'ombre, on admet une femme indépendante, qui travaille, divorcée, élevant seule sa fille, et finalement c'est au coeur du foyer qu'on ne pardonne pas cet anti-conformisme. On comprend alors combien il sera difficile pour Arezou de faire accepter l'intrusion de Zardjou dans ce schéma complexe.
A elle, donc, d'invoquer le génie de la lampe pour s'offrir une chance de prendre son avenir à bras le corps, et de réussir à braver celles qui font de sa vie une prison dorée. Car après tout, les rencontres aidant, Arezou s'aperçoit qu'elle n'est pas si mal lotie et que d'autres femmes sont dix fois plus infortunées qu'elle.
Le roman est moins doux et poétique que son recueil de nouvelles, Comme tous les après-midi, toutefois cela reste une lecture grisante, tendre et désespérante. Un léger souffle de révolution fait battre le coeur des femmes iraniennes et ce n'est que plaisir à entendre !
Livre de Poche, septembre 2008 - 316 pages - 6,50€
Kivousavé - Béatrice Hammer
Kivousavé, est-ce le nom d'une princesse japonaise ? Ou est-ce cette mauvaise mère aux moeurs légères qui s'est carapatée en abandonnant son enfant de deux ans ? On ne la nomme plus, on dit d'elle qui-vous-savez... Faites le raccourci, dans la tête de la petite qui a onze ans, c'est une découverte comme un rai de lumière en pleine face.
Tiens donc, les copines de la grand-mère, autour du thé et des petits gâteaux, ont la langue bien pendue et laissent échapper que la mère n'est pas morte mais s'est fait la malle. Pour la gamine, persuadée d'être orpheline, c'est un coup bas. Elle voudrait bien savoir, mais la Vieille et le père se taisent et la tarabustent. Tais-toi, ce sont des choses que tu ne peux pas comprendre. Donc, pour se défouler, la fillette écrit un journal où elle s'adresse à Kivousavé, la mère icône de tant d'espoirs.
La vie n'est pas toute rose pour l'enfant, coincée dans une maison entre un père qui ne dit rien et consent la loi implacable de la grand-mère, laquelle ne montre son affection que pour son chien. Les petites mesquineries volent autour de la table, au cours des repas pris dans le silence. L'enfant ressemble trop à la mère, c'est de la mauvaise graine. Grandir, sous ce regard qui vous rabaisse, est une plaie impossible à cautériser. Impossible aussi de trouver une oreille compatissante auprès de son père, il a des gestes et des paroles qui ne sont pas acceptables... La fillette pousse et devient adolescente, elle prend des formes mais reste bloquée avec son corps et ses émotions qu'elle ne sait pas contenir.
Le réconfort viendra de l'extérieur, une collègue du père, la meilleure amie d'école et la passion pour les mathématiques. Cela rappelle trop un autre parcours, peut-être suivi inconsciemment, mais la jeune fille entre dans le meilleur lycée de la ville et trouve un soutien inconditionnel auprès de son prof de maths. Dans son cahier, elle confie toujours à sa mère son rêve de la retrouver et son entêtement à vouloir savoir et comprendre : pourquoi est-elle partie ? pourquoi a-t-elle laissé son bébé de deux ans ?
Toutes les vérités sont-elles bonnes à dire, est-ce que l'amour fou peut excuser les mensonges et autres omissions sous prétexte de protéger ? L'histoire court sur sept années qui voient évoluer une petite fille triste en une jeune femme qui ôte les couches de peau pour muer en une personne forte, sûre d'elle et déterminée. Son parcours est un peu cahotique, les tergiversations de la demoiselle sont le signe d'un manque de confiance en soi doublé d'une obstination redoutable. Cartésienne mais fragile, la jeune femme va-t-elle abattre toutes les cloisons qui l'entourent et l'étouffent ?
Très bon roman, sur les secrets de famille et l'épanouissement d'une petite fille qui manque d'amour, on retrouve dans l'écriture la "maturation", avec un style qui évolue comme l'héroïne. Le fil rouge est, certes, la quête de la mère mais pas seulement. Le roman soulève des sujets sensibles, comme les attouchements sexuels et le trauma sur le corps. C'est amené de façon sous-jacente, très intelligente, et on partage alors le dégoût de la narratrice, toute sa révolte et sa rage qui veulent exploser. Le temps aidant, elle va réussir à taper du poing sur la table, à louvoyer et tirer les vers du nez pour avoir SA vérité. Excellent.
Kivousavé - Béatrice Hammer
Editions du Rouergue, mars 2008 - 285 pages - 13,50€
Je n'ai pas trouvé que c'était une lecture qui ne s'adressait qu'à la "jeunesse" (dès 15ans), mais pouvait tout aussi bien convenir à un plus large public. D'ailleurs j'apprends que Béatrice Hammer avait déjà publié cette histoire sous le titre "La princesse japonaise" en 1995, pour les adultes, et a choisi de la proposer, dans une version révisée, pour les grands ados en 2008.
Comme une mère - Karine Reysset
Deux femmes se croisent dans une maternité. Emilie est une jeune paumée de dix-huit ans qui va accoucher sous X. Judith est une femme mariée mais meurtrie par les nombreuses fausses couches. Toutes deux vont vivre une expérience bouleversante, à jamais traumatisante.
Donnant tour à tour la voix aux deux protagonistes, le roman permet ainsi de mettre en parallèle leur désespoir, leur détresse et leur part sombre qui ne demande qu'à être enfouie. Ce sont deux portraits de femmes, deux écorchées vives qui se ressemblent au-delà de leurs différences. Elles manifestent, toutes deux, et à leur façon, le même besoin de materner, de cajôler, de s'affranchir des fantômes planqués dans les placards. Emilie a un lourd passé derrière elle, Judith a le corps blessé et vieilli par tant d'espoirs déçus. Le désoeuvrement peut s'expliquer, mais pas se pardonner. Jusqu'où peut-on prétendre agir par amour ? Le sacro saint instinct maternel, ici, est passé à la moulinette de manière à détrousser les idées reçues. Quel est-il ? Enfanter vous donne-t-il un droit ? Et que devient-on lorsqu'on vous refuse cet enfant ?
Un sujet douloureux court à travers les lignes de ce roman, c'est vrai que tout n'est pas drôle et qu'on y lit un puissant désarroi chez ces deux femmes. Comme à son habitude, Karine Reysset écrit une histoire à fleur de peau et d'émotion. Elle nous sert sur plateau toute l'empathie à ressentir pour Emilie et Judith et franchement ça marche. Lecture rapide, touchante mais pas larmoyante, cet ouvrage parle des démons qui vous engloutissent et des étincelles de bonheur pour reprendre du poil de la bête. J'ai trouvé que c'était tout à fait honnête et recommandable !
Comme une mère - Karine Reysset
Editions de l'Olivier, mars 2008 - 180 pages - 18€
D'autres avis : Amanda & Cathulu ; Laure ... toutes trois éblouies et marquées par cette histoire.
Comment j'ai marié ma mère - Coleen Murtagh Paratore
Willa Havisham dévore les classiques littéraires et les chocolats à la cerise ! À chaque anniversaire, elle formule le voeu que sa mère, Stella, organisatrice de mariages, trouve elle-même un mari. Mais, jusqu'à présent, ce souhait ne s'est pas réalisé. Dès que Stella a une aventure un peu sérieuse, elle déménage... En douze ans, elles ont habité dans différentes villes de la côte Est. Aujourd'hui, elles vivent à Cape Cod, et Willa s'y sent vraiment bien : elle voudrait y rester éternellement. Surtout que, ô miracle, sa mère apprécie particulièrement Sam, leur voisin, poète à ses heures, et accessoirement craquant... Cette fois-ci, Willa parviendra-t-elle à convaincre sa mère de se marier ? Auront-elles enfin une vie un peu calme et rangée ?
Voilà un livre à recommander pour les pré-ados, et les lecteurs dès 9-10 ans ! C'est trèèès léger, assez drôle, délicieusement saupoudré de références à la littérature, à la poésie (cf. le tiercé gagnant de Willa, en dernière page). Le scénario est cousu de fil blanc, et ça raconte le défi que se lance une gamine de 13 ans qui n'a jamais connu son père (mort le lendemain de ses noces) et qui fait le voeu, à chaque anniversaire, de trouver chaussure au pied de sa mère. En fait, l'histoire va davantage s'intéresser à la relation particulière et tendue qui existe entre Willa et Stella, pourquoi cette dernière se transforme en statut de pierre dès que les choses prennent un tour sérieux et pourquoi Willa se lève par nuit (et en cachette) pour ajouter le treizième ingrédient, si nécessaire à la bonne tenue des mariages organisés par sa mère. Confiez ce livre à vos filles, elles en seront ravies !
Comment j'ai marié ma mère, par Coleen Murtagh Paratore
Bayard jeunesse, coll. Millezime, 2008 - 216 pages - 10,90 €
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Joëlle Touati.
Ce que je sais de ma maman
Ma maman a les cheveux oranges.
Elle a des bijoux beaux, et d'autres drôles. Elle dit qu'un jour ils seront tous à moi. (Je ne sais pas si je les porterai.)
Elle met toujours des chaussures à talons. Ça lui va très bien.
Elle se maquille tous les jours. (Quand je serai grande, peut-être que je ferai pareil.)
Elle est belle. Mais vraiment belle !
Avec ma maman, on peut tout se dire.
Elle peut tout comprendre. Une fois, je lui ai même dit que je voulais qu'elle marche trois pas devant moi dans la rue. (Parce que je voulais que les gens croient que j'étais seule, comme une grande fille. Elle a bien voulu, elle a juste dit : Et alors quoi, tu as honte de moi ?)
Avec ma maman, ça arrive qu'on ne s'entende pas. Je ne sais pas pourquoi, parfois elle m'énerve.
Ça doit pas être toujours facile pour ma maman, parce que, des fois, je fais des caprices.
A Noël, elle m'offre toujours des surprises en plus des cadeaux que j'ai demandés !
Ma maman, je l'aime tellement que je ne peux pas dire combien.
Extraits de Ce que je sais de ma maman, de Pauline Martin
Albin Michel, 9.90 €
Des histoires qui s'emmêlent et se démêlent ...
Parmi le florilège de jolis livres reçus, je dois dire que Rien à voir m'a tout de suite tapée dans l'oeil. Pourquoi ? Sa couverture, son charme, son esprit coquin, cette promesse de candeur, bref c'était déjà un chouette programme ! Et puis, j'ai ouvert le livre et dès la première page, plaf ! j'ai été ravie ... sourire béat d'une oreille à l'autre ... ça peut paraître bête à dire et à lire, mais j'ai eu le sentiment de voir et retrouver ce que je pense de ma petite fille (ah ! ce sacro saint sentiment maternel qui vous étouffe et vous gonfle béatement de fierté ! ...).
« Elle, c'est comme si un bouquet de papillons multicolores sortait de sa tête à tout heure. Comme un éclat de rire. »
Elle, c'est Sidonie. Une petite fille avec des lunettes rondes, l'esprit ailleurs, un peu rêveur... Elle rencontre dans la cour de récréation Marius, un garçon premier en tout, qui veut tout savoir, tout comprendre, tout connaître. A elle de poser tout le temps les questions, et à lui d'y répondre sans cesse. Ces deux-là sont donc totalement opposés, ils se chamaillent et s'affrontent avec leurs propres théories ... rationnelles contre poétiques.
Mais la morale de cette histoire est très jolie, puisque « A nous deux ... on a les pieds sur terre et la tête dans les étoiles ! »
Cette histoire vise à réconcilier les poètes et les scientifiques et, pour ce faire, deux enfants se renvoient la balle à coup de questions intempestives sur ce qu'est le monde. Pour découvrir, savoir, inventer, il faut savoir rêver et imaginer. Pour rêver, il faut connaître la réalité... Sidonie et Marius ne posent pas les questions de la même façon, mais le fait de les poser reste essentiel ! Sidonie, « toujours à poser des questions, l'air étonnée de tout, et toute gourmande de mots » et Marius, « la regarde et voit le monde autour d'elle et, dans ses yeux, le reflet d'un autre monde. Un monde très beau. »
Oh oui, c'est très beau ! J'ai beaucoup apprécié ce petit livre, mis en lumière par le formidable travail d'illustrations de Stéphane Girel. Hélas ... il me faut admettre que notre Miss C. a été un peu larguée par le flot de questions et n'y comprenait rien du tout !!!! Dommage (pour elle). Ce livre est superbe, mais il faut vraiment faire attention à accompagner l'enfant dans cette lecture !
Rien à voir - de Franck Prévot - Illustrations de Stéphane Girel. Editions du rouergue, coll. Varia. 40 pages. 13.50 €
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C’est la fin de la journée, un petit garçon attend son papa dans la cour de l’école. Mais alors que les autres parents viennent à pied ou en voiture, c’est du ciel que le sien arrive! Et c’est sous son aile qu’il chemine avec lui jusqu’à la maison… un nid douillet niché au coeur d’un arbre touffu, au centre de la ville. Quand sa maman et son petit frère arrivent, c’est la magie des retrouvailles et le bonheur d’être tous réunis. Peu importe les cauchemars, couvé par l’amour parental, l’enfant se rendort paisiblement jusqu’au lendemain matin. Et parce qu’il faut apprendre à devenir grand pour prendre son envol, c’est avec plaisir que le petit garçon prend à nouveau le chemin de l’école sous l’aile de son papa …
En fait, je n'ai rien à dire sur ce livre et le mieux pour lui est de le feuilleter pour le savourer. Parce que c'est une histoire simple, sur la sublimation du quotidien à travers les gestes que font les parents pour leurs enfants et sur la façon dont les tout-petits les perçoivent. Et c'est alors qu'on comprend que le foyer est un cocon, « le nid », et que le papa (oui, ce livre a privilégié le papa, trop souvent absent dans la plupart des histoires, c'est vrai !) donc le papa prend une allure de « héros » avec ses ailes, son rôle de libérateur et de protecteur.
Une histoire qui illustre à merveille l'expression « l'amour donne des ailes » !
Signalons pour finir que David Merveille, illustrateur de cet album, avait déjà retenu notre attention avec le récent Juke-box (nous en parlions ici !). « Le nid » conviendra aux plus jeunes !
Le nid, de Zidrou - illustrations de David Merveille - Ed. du Rouergue, coll. Varia - 32 pages. 12.00 €
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Et un p'tit dernier pour la route, et qui offre la particularité de se présenter dans un coffret contenant un livre et deux doudous en forme de virgule ...
Deux formes colorées se croisent, se mêlent et s’emmêlent. L’une verte, l’autre orange, elles s’approchent, se touchent, s’imbriquent et se mélangent finalement dans un tourbillon de mousse vrombissant. Est-ce une chorégraphie amoureuse ou une dispute ?
L'histoire est étonnante et j'ai volontairement coupé la fin de la présentation de l'éditeur pour ne pas « émousser » le secret !!! Parce que moi, oui môa môa môa, j'ai eu l'esprit un peu mal placé et je me suis imaginée des choses polissonnes ... Mais force a été de me raisonner, puisque ce livre s'adresse à nos chers bambins (les plus jeunes, à mon humble avis). Donc, haem, haem ... l'issue ne manquera pas de vous tirer quelques petits sourires - vous arrachant de l'esprit l'impression furtive d'une « autre chose » ! ... *soupir*
( Mais je maintiens que ce livre est libre de toute interprétation !!!! )
Un câlin - de Jean Gourounas - Ed. du Rouergue. 32 pages - 15 €
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Sidonie !!!! ***
La première fois ...
Tout d'abord, nous adressons un grand merci à Laure et sa Mosquito pour nous avoir guidées vers ce livre que nous avons trouvé absolument charmant !
Ce livre nous raconte la naissance d'une petite Charlotte accueillie dans les larmes et nichée entre deux montagnes de lait ... Bébé béni des dieux, adoration de ses parents, etc ... Et la petite pousse, vit ses "premières fois" qui correspondent à des moments à la fois désopilants, cocasses, émouvants et touchants. Les petits pots avalés en crachant, les premiers pas suivis des premiers bobos, les câlins, le vélo sans les petites roues, les petits pois dans le ventre et sur la tête de Quentin Pommier ...
Puis Charlotte a 13 ans. Tout change. Vont venir les premiers baisers, les premières ruptures sentimentales, LA rencontre du Chéri et puis ... Tout recommence. Le cycle de la vie, la boucle est bouclée, et patati et patata.
En attendant cette deuxième partie (sincèrement moi je faisais des grimaces en feuilletant les pages, tentant de répondre aux questions, mais c'est quoi, ça veut dire quoi, et c'est qui son mari, arggghhh !) - donc, j'étais enchantée par les premières pages, que je trouvais joyeuses et enlevées, avec de belles illustrations, et qui concentrent ces instants précieux qui rappellent à TOUS de bons souvenirs.
Mais parfois, c'est triste aussi...
“ Surtout voyez ce livre comme un gage de tendresse, une belle marque d'amour et une déclaration, une timide et (parfois) maladroite façon d'expliquer à l'enfant la vie qui passe, qui vous donne toutes ces expériences de la première fois et en lisant ce livre, par exemple, on s'aperçoit que c'est très, très important de prendre le temps d'y repenser et réfléchir. ”
Magnifique album !
La première fois que je suis née - Vincent Cuvellier & Charles Dutertre (Gallimard jeunesse, coll. Giboulées)
Parce qu'il est écrit à un moment : La première fois que je me suis déguisée, c'était en princesse. La deuxième fois que je me suis déguisée, c'était en princesse. La troisième fois que je me suis déguisée, c'était en princesse. D'ailleurs je suis une princesse.
La vie bercée - Hélène Dorion & Janice Nadeau
Depuis l'instant où "la petite graine" est semée, le ventre se gonfle et l'enfant s'y niche et se nourrit de "La vie bercée".
En quelques pages, Hélène Dorion raconte ce parcours en poésie et langage imagé, aidée des illustrations aussi fantasmatiques de Janice Nadeau. Le cycle de la vie est scruté, analysé avec minutie, beaucoup de sous-entendus, annonçant une couleur douce, morose ou mélancolique, mais pleine de promesses et de rêves !
J'avoue avoir été plutôt perplexe en présentant ce livre à ma fille, je m'attendais à ce qu'elle n'y comprenne goutte, qu'elle ne ressente aucun attrait. Je me suis complètement trompée ! Elle s'est aussitôt prise de curiosité pour cette histoire qui sortait de "son ordinaire" (nous baignons pas mal dans le lexique des fées, princesses, etc.). Elle a su cerner qu'il s'agissait de la vie et de l'enfant qui grandissait (l'image du corps qui s'ouvre et s'agrandit comme un arbre a été impressionnante), d'une initiation en rêveries et images subliminales tout à fait percutantes et plaisantes.
Personnellement j'ai plutôt savouré le texte et certains passages pour expliquer "quand tu ouvriras un livre pour la première fois" et quand "tu voudras toi aussi sentir les vagues secouer ton corps" ! Le bonheur, le goût de la lecture avec ceci : "Entre les murs de ta chambre, un Petit Prince souffle sur les déserts, te montre des étoiles invisibles pour les yeux, t'offre des roses, des astéroïdes et des allumeurs de réverbères qui veillent sur tes nuits. Maintenant tu sais que le monde est rempli de roses dans les pages de tes livres." Joli, non ?
C'est en fait pour résumer plus simplement un livre illustré et poétique sur les "premières fois" : la naissance, l'enfance, l'adolescence, les émois, la crise et les portes qui claquent, les fâcheries, les larmes, les remords, la réconciliation. Puis "tu auras grandi sans percer le mystère de grandir, aimé sans trop comprendre, et pas davantage détesté. Tu seras adulte, comme on dit" ! Ah ! le grand Mystère de la vie ! Hélène Dorion a notamment réussi à employer des mots faciles et qui "parlent" aux enfants pour aborder ce thème pas aisé, ainsi le pari est réussi et parvient à toucher l'enfant et sa maman !
PS : N'hésitez pas à offrir ce livre à une future ou jeune maman !
Les 400 Coups
- extrait sur Poezibao