23/04/09

Le rapetissement de Treehorn ~ Florence Parry Heide & Edward Gorey

Le rapetissement de Treehorn est un livre très connu aux Etats-Unis, publié pour le première fois en 1971, enfin remis au goût du jour, car injustement méconnu en France !

treehorn

Treehorn est un petit garçon ordinaire qui découvre un matin qu'il est en train de rapetisser, il se noie dans ses vêtements, montre à peine son bout de nez à table et tombe de son lit devenu trop haut. Autour de lui, ses parents ne font pas attention, sa mère s'occupe du ménage ou du gâteau qui cuit dans le four, son père suppose qu'il veut se faire remarquer, le chauffeur de bus le prend pour son petit frère et la maîtresse d'école l'envoie dans le bureau du directeur.

« Rapetissement ? Ah bon, dit le proviseur. Je suis bien embêté de l'apprendre, Treehorn. Tu as eu raison de venir me voir. C'est pour cela que je suis ici. Pour montrer la voie. Pas pour punir, mais pour montrer la voie. Montrer la voie à tous ceux de mon équipe. Résoudre tous leurs problèmes.
- Mais je n'ai pas de problème, dit Treehorn. C'est juste que je rapetisse.
- Bien, bien, Treehorn, sache que je suis là quand tu as besoin de moi, dit le proviseur. Et je suis heureux d'avoir pu t'aider. Car la valeur d'une équipe se mesure à celle de son entraîneur, n'est-ce pas ?
Le proviseur se leva.
- Au revoir, Treehorn. Si jamais tu as d'autres problèmes, n'hésite pas à venir me voir, et je t'aiderai à nouveau. Car un problème résolu n'est plus un problème, n'est-ce pas ? »

Une édition soignée et impeccable sert ce petit livre, le premier d'une courte série (deux autres titres sont à paraître). L'histoire signée par Florence Parry Heide est un enchantement, une histoire mystérieuse, un brin onirique, étrange et qui se termine par trois petits points de suspension... Le ton est cocasse, farfelu, et montre certaines absurdités de la part des adultes, enfermés dans leur bulle d'indifférence et allergiques au désordre, au changement, à ce qui empêche de tourner rond.

Comptons aussi sur le charme des illustrations d'Edward Gorey pour parfaire la magie de cette rencontre. L'univers singulier d'Edward Gorey est pur, vraiment fascinant. Ce n'est pas un hasard si Tim Burton le revendique comme son maître.

C'est une révélation à découvrir sans attendre !

Editions Attila, 2009 - 11€
Conte de Florence Parry Heide, traduit de l'anglais (USA) par Oskar.
Couverture et illustrations d'Edward Gorey

http://www.edwardgoreyhouse.org/


08/03/09

La dernière enquête du chevalier Dupin - Fabrice Bourland

512338EWG_L__SS500_En seulement 116 pages, cet ouvrage est décrit par l'auteur comme un jeu littéraire et un jeu de l'esprit. C'est dans cette optique que je l'envisage, pas autrement ! Peut-on s'imaginer que la mort mystérieuse de Gérard de Nerval allait trouver sa réponse dans ces quelques feuillets ? Avant d'y répondre, j'aimerais que vous repreniez la lecture des Portes du sommeil du même Fabrice Bourland, où l'on découvre ses détectives de l'étrange, Singleton en tête, de passage à Paris pour une autre affaire criminelle, et qui ambitionnait de résoudre le mystère Nerval. Le poète français a été retrouvé pendu à un soupirail, rue de la Vieille-Lanterne, quatre-vingt ans plus tôt. Ses proches amis sont contre l'hypothèse d'un suicide, l'affaire serait plus confidentielle et dépasserait les limites de l'entendement. 
Bon joueur, Bourland a choisi de griffonner un ouvrage à part pour l'énigme Nerval. Très bon choix de créer une mise en scène fidèle et époustouflante ! Pour faire simple, et sans trop dévoiler, on y trouve un bon ami narrateur, Randolph, et un fin limier qui ne compte plus ses exploits, le chevalier Dupin. A Paris, au milieu du 19ème siècle, nos deux compères vont enquêter sur la disparition du poète Nerval. La théorie rapportée est extravagante, mais l'histoire en elle-même est bien troussée, décrivant fidèlement une ville en pleine évolution, avec des personnages qui ne manquent ni de panache ni d'intelligence. On se laisse gagner par l'entrain, totalement transporté par ce voyage dans le temps. Et jusqu'à la dernière page, les révélations ne manquent pas et soulèvent un gentil sourire sur les lèvres du lecteur.
Agréable divertissement, et un joli hommage à la littérature en général (on y trouve, en plus des références, des clins d'oeil culottés mais pertinents). J'ai beaucoup aimé, bien évidemment.

10-18, 2009 - 116 pages - 6,60€

Du même auteur :

05/03/09

A marée basse - En poche ! #22

Voici un roman enfin disponible en poche et que je vous recommande fortement !

A marée basse - Jim Lynch 

51X_2BnNCczcL__SS500_Miles O'Malley, 13 ans, sort souvent de chez lui en secret pour explorer les eaux de la baie de Puget Sound (Washington). Une nuit, à marée basse, il découvre un calmar géant échoué dans la vase, puis, quelques jours plus tard, un ragfish en piteux état. Ces deux découvertes extraordinaires s'accompagnent d'autres phénomènes étranges. Le garçon va avoir bien du mal à gérer sa soudaine popularité. Miles est un gamin banal, qui souffre de sa petite taille et qui dévore les livres parlant de biologie marine. C'est un fan absolu de l'auteur Rachel Carson. Il est aussi fou amoureux de son ancienne babysitter, Angie Stegner, la fille du Juge, qu'il souhaite conquérir grâce à ses histoires. Son meilleur ami s'appelle Phelps, et ensemble il vont vivre un été hors du commun.

Car la presse arrive avec ses gros sabots, mais le garçon a plutôt envie de fuir. Il a d'autres préoccupations en tête, comme le divorce de ses parents, les chutes libres d'Angie, la santé fragile de Florence. Cette dernière est une vieille médium qui perd un peu la boule, elle vit seule dans son bungalow qui sent la mer, elle n'a plus que quelques jours à vivre, et Miles l'aime beaucoup et souhaite l'aider du mieux qu'il peut. Avec son mètre 47 et sa peau rougie par le soleil, Miles aimerait toutefois redevenir un petit garçon anonyme, et non plus ce pseudo Messie qui percevrait les choses et entendrait la mer lui annoncer d'autres faits anormaux. Cet été chargé en événements commence à devenir interminable, c'est trop pour un petit bonhomme !

J'ai adoré ce roman. Dès la première page ouverte, j'ai su, instinctivement, que j'allais aimer et ne plus décrocher. C'est difficile à expliquer, mais il s'est passé un déclic... A marée basse est un roman initiatique, doublé d'une grande profondeur poétique, qui se lit en toute simplicité et avec beaucoup de plaisir. On passe du rire aux larmes tout au long des 360 pages, et on en sort avec un sourire béat tellement la plénitude s'accroche aux mots de Jim Lynch. Ne loupez pas ce beau roman !

(roman lu en mars 2008)

Livre de Poche, 2009 - 350 pages - 6,50€
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Jean Esch

Éditeur d’origine : Editions des Deux Terres 

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02/03/09

La chambre mortuaire - Jean Luc Bizien

51PL8DsiRoL__SS500_Paris, 1888. La réputation de Simon Bloomberg est quelque peu traînée dans la boue car ses méthodes d'aliéniste dérangent. Ses confrères colportent les rumeurs les plus folles sur le propriétaire de l'hôtel particulier de la rue Mazarine. Sarah Englewood, jeune sujette britannique échouée en France, vient d'obtenir une place de gouvernante dans ce lieu austère, décoré de bibelots étranges et de trésors archéologiques. On trouve aussi des chimpanzés dans une cage, des couloirs à n'en plus finir, une architecture pyramidale et des employés fantomatiques, tantôt revêches ou teigneux, mais compatissants. Pourquoi ? Un vrai mystère plane sur cette maison, les gouvernantes défilent et le docteur Bloomberg est évasif sur sa femme Elzbiéta, une égyptologue qui brille par son absence.

Un soir, en lisant le journal, Sarah découvre l'affaire de la rue Dauphine - un homme s'est jeté du toit de son immeuble et s'est écrasé sur la voie publique, offrant un spectacle répugnant. Mais elle ignore que le cadavre, amené à la morgue, a mystérieusement disparu en pleine nuit. Cette anomalie fait perdre toute raison scientifique aux enquêteurs, Léonce Desnoyers et Raoul Mesnard, qui ne sont pas au bout de leurs surprises !

Ce roman tient toutes les promesses. En adoptant un ton feuilletonesque, Jean-Luc Bizien a redonné vie à un Paris très 19ème siècle, très coloré et très étrange par instants. Ambiance :

« Paris est un océan de goudron ce soir.
Au coeur des ténèbres, la Seine s'étire paresseusement, reptile ventru à la formidable musculature. En cette morne soirée, Paris ne vit plus, Paris s'est éteint. Quelques épaves, l'esprit engourdi par l'absinthe ou la drogue, hantent encore ses ruelles. Les plus chanceux atteindront leur domicile sans heurts. Les autres tomberont sous les coups des crocheteurs, ou seront happés par les roues d'un fiacre jaillissant de nulle part. Des chiens trop maigres les regardent passer. Leurs yeux chassieux s'interrogent un instant : faudra-t-il disputer le territoire, défendre les déchets trouvés sur les pavés luisants ? Mais déjà les danseurs de l'aube s'éloignent. Leurs pieds lourds battent le pavé. L'écho va s'amenuisant. Le calme et le silence retombent.
L'ombre est de nouveau maîtresse.
»

Le couple Simon Bloomberg et Sarah Englewood offre également un joli cliché, l'homme paraît un peu rustre, on ne sait pas bien où est passée son épouse, et les nuits du docteur sont hantées par des cauchemars qui réveillent toute la maisonnée. Sarah est une jeune femme de toute beauté, curieuse et vive d'esprit. Elle s'émeut avec raison des faits bouleversants qu'elle découvre auprès de Bloomberg mais elle apprend vite, et elle n'est pas cette jouvencelle aux abois qui tomberait dans les pommes à force de côtoyer la cour des miracles de la rue Mazarine !

Un premier tome captivant, le suivant est annoncé pour début juillet.

10-18, 2009 - 430 pages - 8,60€

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A l’occasion de la sortie du livre de Jean-Luc Bizien “La chambre mortuaire” les éditions 10/18 ainsi que les sites Zonelivre et Plume libre vous offrent la possibilité de remporter l’un des 10 livres mis en jeu. Pour remporter l’un des dix livres mis en jeu, il vous suffit de répondre aux questions { Infos ici }  avant le 05/03/2009 à 23:59:59 . Une question subsidiaire départagera les gagnants. 

24/11/08

Le Testament de Stone - Celia Rees

Très, très étrange roman que voilà.
Un coup d'oeil sur l'énigmatique présentation de l'éditeur : Une statue qui pleure, un crucifix qui saigne... Sur tous les continents, d'étranges événements laissent présager la fin du monde. Le compte à rebours a commencé !
Zillah, Adam et Kris. Depuis la nuit des temps, leur destin semble être lié. Aujourd'hui, ils sont les seuls à pouvoir combattre les forces du mal... Sauront-ils survivre en pleine apocalypse pour sauver l'humanité ?
Ceci est bien mystérieux et cela n'éclaire pas tellement notre lanterne. Je vous l'accorde !

51dj3j4PZgL__SS500_

L'histoire nous promène dans les temps anciens et les temps futurs, dans un Londres du début du 20ème siècle et celui de nos jours. On y parle d'Apocalypse, d'enfants capables de sauver notre monde et de bonds dans le passé pour résoudre le présent...

Trois enfants - trois orphelins - sont amenés à se rencontrer, après bien des embûches et des secrets de famille qui peuvent éclater en pleine figure. Ils se croisent dans un hôpital et les galeries souterraines de la capitale anglaise, seront aidés par une Mama Célestine et un clochard prénommé Bram, tout deux ont un passé mystérieux et ne sont pas ce qu'ils prétendent être. Mais des ennemis sont aux trousses des enfants, en plus de la mission qu'ils sont appelés à accomplir.

La suite est déconcertante, tout comme l'ensemble se révèle brillant mais déroutant. Plusieurs fois, il a fallu que je revienne sur les quelques pages déjà lues. Je suis néanmoins venue au bout du roman, pas péniblement, parce que j'avais été gagnée par cette part de mystère judicieusement distillée. Le roman est captivant, dans le fond, un peu construit comme un thriller. Et puis se mêle un parfum de fantasy assez sombre, où on retrouve des vérités reconnues, des fantasmagories populaires et des pures inventions littéraires.

Très original, mais absolument désarmant !
Ce roman pourra être lu par des adolescents (15 ans, au moins) mais sa maturité prouve qu'il mérite d'être lu par le plus grand nombre !

*****

(en savoir plus)

L'histoire s'ouvre sur une introduction opaque et troublante. L'OEil de la Mer, une guerrière prête à tuer et j'en passe. Le chapitre s'achève en nous laissant totalement abasourdi et déjà perplexe. Puis on rencontre une jeune fille - Zillah - seule rescapée d'un massacre au sein de la secte des Enfants de la 6ème Aube. L'Avocat, ce grand manitou, a tout orchestré et pense avoir accompli son contrat en prenant la fuite lorsqu'il se rend compte de l'existence de la survivante. Son but, alors, sera de la retrouver coûte que coûte.

On découvre ensuite Adam, dans une chambre d'hôpital, qui attend son opération alors que la jeune fille arrive dans les locaux, toute la presse à ses trousses. Bien étrange affaire, qui intrigue notre garçon... La rencontre avec la demoiselle sera aussi éphémère qu'un clin d'oeil car Zillah s'échappe de cet endroit. La peur au ventre, mais déterminée, elle se cache dans les galeries souterraines de Londres.

Près de là, se trouve Temple Green, un quartier délaissé où les clochards, comme Bram, ont trouvé refuge. Le vieil homme a à la bonne le jeune Kris, un orphelin qui a été recueilli par sa Mama Célestine, toute fraîchement débarquée de ses îles. Le gamin croise la jolie Zillah devant la gare, au même moment son vieil ami Bram s'époumonne et tombe raide en la pointant du doigt. C'est elle, il faut la retrouver...

Pourquoi ? Que sait exactement le vieux Bram ? Qui est-il finalement ? L'homme aurait un passé mystérieux et il serait détenteur d'un testament révélant l'existence d'une secte maléfique. A l'hôpital, il retrouve Adam et là encore les révélations vont tomber.

 

Seuil, novembre 2008 - 468 pages - 16,95€
Traduit de l'anglais par Jean Esch
titre vo : The Stone testament