A tout jamais - Nicholas Sparks
Ohlala ! Cette couverture, ce titre, cet auteur américain prolifique... beaucoup de niaiserie droit à l'horizon, et je mords à l'hameçon. Mais pourquoi ? Il a fallu un film découvert et apprécié récemment pour que je m'intéresse à cet auteur américain, Nicholas Sparks. Le film en question est celui de Cassavetes, The Notebook, adapté du roman "Les pages de notre amour". J'ai été purement fascinée, j'ai adoré cette histoire d'amour et je me suis dit qu'une telle adaptation s'est nourrie d'une bonne intrigue, et donc que les livres de l'écrivain ne devaient pas être dénués d'intérêt... Alors j'ai choisi parmi son importante bibliographie ce titre - A tout jamais. De là à croire que j'avais bientôt entre les mains un nouveau Love Story... il n'y a qu'un pas que je ne saurais franchir. Toutefois il ne faut pas s'emballer !
Ce roman réunit tous les ingrédients pour faire chavirer le lecteur, qui est d'ailleurs prévenu au début du roman : vous allez rire et pleurer. Pour ma part, je n'ai été concernée ni par l'un ni par l'autre. N'en concluez pas que j'ai été déçue, car l'histoire est efficace, très rapide et assez exaltante. Cela raconte une rencontre improbable, un garçon riche et soucieux du regard des autres (Landon Carter), une fille de pasteur, qui se promène avec sa bible et s'habille comme l'as de pique (Jamie Sullivan). Cette dernière dégage une humeur placide et confiante, elle semble se moquer des railleries de ses camarades au lycée. Elle est généreuse, atypique, elle agace Landon parce qu'elle est différente. Et puis, elle le choisit comme partenaire dans une pièce de théâtre. C'est important pour elle et son père, que le garçon de 17 ans a toujours eu en horreur. Pourquoi ferait-il plaisir à cette fille ? Et que vont penser ses copains ? Malgré tout, il accepte, s'embarque dans l'aventure, et il va l'inviter comme cavalière à la fête de l'école. De fil en aiguille, les deux jeunes gens passent de plus en plus de temps ensemble, apprennent à se connaître, disons surtout que Landon est surpris par la beauté insoupçonnée de Jamie. Il est séduit, s'amourache, malgré son interdiction. Jamie avait prévenu : "Promets-moi de ne pas tomber amoureux de moi."
Ce qui rend cette histoire poignante et percutante est, sans aucun doute, sa briéveté. En quelques 200 pages, le tableau est dressé. Quarante ans ont passé et Landon est à jamais marqué par ses 17 ans. Il nous raconte son histoire, qui est belle parce qu'elle est éphémère et tragique. C'est du pur mélo, prédisposé pour le grand écran (un film est d'ailleurs sorti en 2002 : Le temps d'un automne). Je n'ai toutefois pas réussi à être pleinement touchée par le récit. C'est très paradoxal car je n'ai pas décroché de ma lecture, que j'ai dévorée en quelques heures. Et ma foi, j'en suis là à me demander ce que j'ai à ce point apprécié pour ne pas m'en détacher... car j'ai été profondément agacée par l'influence judéo-chrétienne qui se glisse entre les lignes, jugeant finalement que ça devenait gnan-gnan à la longue. Ceci me laisse perplexe, parce que j'ai aimé ce petit bouquin (qui est très, très sentimental !). C'est peut-être ça...
Robert Laffont, 2000 / Pocket, 2002 - 214 pages - 5,90€
traduit de l'anglais (USA) par Christine Bouchareine
quand le sentiment... (s'en mêle ou s'emmêle)
Je pense que lorsqu'on n'a pas trop le temps de lire, ou pas trop l'envie non plus de se plonger dans une histoire qui s'éternise sur une centaine de pages, je conseille de piquer du nez dans un recueil de nouvelles, parce que c'est court, c'est bien écrit, c'est le vertige de la chute et c'est aussi indiqué à des jeunes lecteurs, dans un créneau collège et plus.
Les 6 nouvelles de ce recueil de Hubert Ben Kemoun sont centrées sur le sentiment... sujet très large ! On y aborde forcément l'amour, un thème central et porteur, et surtout on trouve qu'on n'est jamais trop sérieux lorsqu'on a dix-sept ans (et avant aussi, et après n'en parlons pas !). C'est la petite moralité à en tirer après lecture de ce livre. Du moins, en ce qui me concerne. J'ai lu avec recul ces histoires mettant généralement en scène des adolescents qui vivent leur première histoire amoureuse et qui mettent un point d'honneur à ne rien bâcler, comme si leur vie en dépendait. A lire comme ça, c'est fichtrement drôle et cocasse. Il faut le prendre ainsi, surtout dans "Mélodie mélodrame", qui raconte la passion naissante et tourbillonnante d'un jeune couple, prêt à tous les sacrifices (piercing ou tatouage, pour ne rien nommer), et la passion s'éteint aussi vite qu'elle a pris feu. Ce n'est heureusement pas la fin du monde, mais je reconnais qu'à treize ou quatorze ans la démesure est souvent chevillée au corps adolescent !
"Sotte en auteur" est l'histoire d'une amitié et d'un secret vieux de quinze ans, quand le destin vient soudain refrapper à la porte, en un constat mi-navrant et mi-burlesque. C'est léger, c'est facile et c'est limpide. On passe à l'histoire suivante, "Cadeau de nuit", qui est plus glaçante. Une animatrice radio reçoit l'appel d'un individu qui lui raconte le départ de sa compagne, et le monologue plonge lentement dans le glauque. Un soupçon de frisson se glisse dans la mécanique ! Et on retrouve nos chers ados, en proie aux feux de leur passion, dans "Malo coeur", un élève aux résultats passables change du tout au tout et passe de longues heures au cdi pour réviser sa grammaire et ses classiques, dans le but d'éblouir la première de la classe, Bettina, qui fait battre son coeur.
Ici, l'amour est associé à la tristesse, à la trahison, à la perte. Les histoires d'amour finissent mal en général, mais d'après Hubert Ben Kemoun il n'est pas utile d'en pleurer, mais juste d'en rire ! Oui, tout à fait. Le ton abordé dans les nouvelles est purement humoristique, il dédramatise les situations tordues (seule exception, peut-être, avec "Cadeau de nuit"). L'ambiance générale est bien d'apaiser et de recoller les coeurs brisés en mille morceaux, la solution proposée serait de sourire, car comme dit Scarlett, demain est un autre jour !
Quand le sentiment - Hubert Ben Kemoun
Ed. thierry magnier, 2008 - 170 pages - 9,50€
(achevé d'imprimer sans guimauve !)
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Mais qui est Hubert Ben Kemoun ? Cet auteur prolixe publie plus d'un livre par an, il s'adresse à tous les âges, brasse tous les genres littéraires, des romans aux pièces de théâtre. Il rédige des scénarios pour la TV, des dramatiques et des feuilletons pour Radio France. Il mélange l'humour au frisson. Le roman policier est le domaine qu'il préfère. Il conçoit ses livres comme des parcours d'apprentissage. Il aime jouer avec les mots et invente des grilles de mots croisés pour la presse. Bref c'est un caméléon ! (Et c'est tant mieux!)
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Voici enfin une très bonne idée cadeau pour vos enfants, Ton livre à écrire par le même Hubert Ben Kemoun. Vos chérubins sont de grands curieux ? Ils posent des questions sur la façon dont naît une histoire, sur comment on écrit un livre, ou sur pourquoi on pense ceci et on écrit cela, et pourquoi on écrit d'abord, comment tous ces ingrédients mélangés donnent une histoire qu'on aime, et pourquoi le livre devient l'élément indispensable dans sa vie de jeune lecteur...
Cet ouvrage se veut donc guide et conseil, il prend la main de l'enfant et l'aide à se lancer dans l'aventure du livre, mais avant tout il parle d'écriture, d'imagination, d'idée et d'astuce. C'est très bien pensé, merveilleusement illustré par Robin, c'est un ensemble instructif et ludique. Ma fille de 8 ans ne jure que par lui !
Présentation de l'éditeur
Attention, ce livre n'est pas comme les autres. Il n'attend que toi, ta plume et ton imagination pour devenir ton œuvre, pour devenir unique... Pour toi, Hubert Ben Kemoun a planté un décor, créé des personnages et imaginé des situations. La suite t'appartient : à toi de faire vivre ces personnages pendant toute une journée. Bienvenue sur la place des Plumes, désormais c'est toi l'auteur !
Par Hubert Ben Kemoun
Illustrations de Robin
Nathan jeunesse, 15,90€
L'oiseau - émoi ressent ce qu'on sent au fond de soi...
On ne l'a jamais vue, mais on sait qu'elle est là, au fond, tout au fond de soi : l'âme.
Et au fond de l'âme, il y a un oiseau perché sur un pied, qui ressent ce qu'on sent au fond de soi : c'est l'oiseau-émoi.
Il se morfond de douleur lorsqu'on nous blesse, il sautille et gambille quand on nous aime. Il se roule en boule, muet de tristesse, quand on nous agresse. Il se déploie et emplit l'espace dès qu'on nous embrasse.
« Au fond,
tout au fond de nous
vit l'âme.
Nul ne l'a jamais vue,
mais chacun sait qu'elle y est.
Jamais
personne ne vint au monde
sans elle.
Elle étincelle
dès qu'on naît
et, comme l'air qu'on respire,
jamais ne nous abandonne,
pas même une seconde...
... tant qu'on est. »
L'oiseau est fait de tiroirs bien verrouillés et l'oiseau seul peut ouvrir ses tiroirs. Un tiroir pour chaque sentiment, donc l'oiseau-émoi a beaucoup, beaucoup de tiroirs !
« Des tiroirs
pour rire, pleurer,
désirer, être comblé,
espérer, désespérer,
patienter, s'impatienter,
et puis un pour haïr
et un pour être aimé...
Il y a même
un tiroir pour la paresse
et un, c'est fou,
pour ne rien faire du tout !
Et aussi un tiroir secret
pour nos secrets les plus secrets
qu'on n'ouvre presque jamais.
Et d'autres, encore et encore,
tous les tiroirs
qu'on peut rêver d'avoir ! »
A présent vous avez compris que chacun est différent parce que vit en lui un oiseau différent.
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Ce petit traité des émotions est adapté du best-seller The Soul Bird écrit par la poète israélienne, Michal Snunit. Dans sa version française, les illustrations délicates et raffinées de Martine Delerm évoquent à merveille la vie intérieure.
Sensible, délicat, subtil et précieux.
Seuil jeunesse, Septembre 2008 - 12€
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