aRIAne l'aRAIgnée
Ariane l'araignée est triste, malheureuse et déboussolée. Témoin de l'assassinat sauvage de sa famille, elle a longtemps erré pour trouver des solutions à son problème : elle est laide, laide à faire peur, et ceci explique pourquoi on cherche à l'écrabouiller sans état d'âme. Ariane attend beaucoup du professeur Lucanus, l'éminent spécialiste de la métamorphose. Elle espère qu'il la réconcilie avec son image, qu'il la fasse se sentir mieux dans sa peau. Pour cela, elle opte pour une solution radicale : devenir une coccinelle (ravissante bestiole dorlottée par les enfants et qui, paraît-il, porte bonheur !). Mais est-ce si facile de changer d'apparence ? Peut-on tout effacer et prétendre à une vie meilleure, simplement parce qu'on gomme les imperfections extérieures, ou disons celles qui nous empoisonnent l'existence ? ...
Le dicton du roman : Accepte-toi d'abord tel que tu es ! C'est vrai qu'en envisageant pour héroïne de l'histoire une araignée, l'auteur ne faisait pas dans la dentelle ! Comment s'attacher la sympathie des lecteurs avec cette abominable petite chose ? C'était fortiche de sa part d'oser et d'aller à rebrousse-poil des idées reçues ! Aussi, Ariane n'est finalement pas vilaine, elle est touchante et attachante, injustement jugée sur son apparence, alors que souvent les humains oublient l'importante mission qu'accomplissent les araignées dans les maisons ! (Ahem) Dépassant ma peur farouche des arachnides, j'ai donc picoré cette histoire avant de m'y perdre complètement. C'est de plus joliment illustré par Delphine Bournay et cela vous introduit en douceur et avec intelligence dans le petit monde des insectes. Vraiment très TRES joli !
Ariane l'araignée ~ Pascale Chadenat
illustrations de Delphine Bournay
Mouche de l'école des loisirs (2009) - 86 pages / 8,00€
Je me présente : Big Foot, seulement depuis trois jours, parce que jusque-là je m'appelais Odette !
Odette ou les tribulations d'une pigeonne est un roman absolument irrésistible !
Lu d'une traite, témoin de grands éclats de rire et de sourires attendris, ce livre se veut frais, drôle, attachant, sérieux et généreux. C'est beaucoup et pas du tout prétentieux, car la barre est tenue haute, la dragée aussi. Je ne vous raconte pas les nombreux passages qui m'ont donné du baume au coeur, j'étais souvent poilée de suivre les élucubrations de cette pigeonne rebaptisée Big Foot par une fillette qui vient de lui sauver la vie et qui s'imagine qu'elle est de sexe masculin, avant de rectifier et de songer qu'elle est en fait un pigeon homosexuel...
Bref Odette est une pigeonne au rythme de vie plutôt pépère, mais sa rencontre avec Clara va la catapulter vers une brillante carrière de pigeon-voyageur. Sa mission : retrouver la grand-mère de l'enfant. Mamie Pomme séjourne en effet dans un établissement où Clara n'a pas le droit de se rendre. Et pour cause : sa mamie souffre de la maladie de la petite bulle qui, en atteignant son cerveau, lui fait carrément perdre la tête. Clara ne le sait pas encore, Odette le découvre avec des yeux ahuris, notre pigeonne s'est engagée dans une galère, pense-t-elle, mais c'est plus fort qu'elle et elle va s'investir auprès de la grand-mère et de la petite-fille en les aidant à être le trait d'union d'une relation très forte.
Comment trouver les mots qui expliquent sans faire peur ?
Sans le savoir, ce roman a fait tilt. Il répond aussi à une autre question abordée dans le roman d'Agnès de Lestrade, Mon coeur n'oublie jamais. Donc, oui on peut parler de la vérité, de toute la vérité, avec les plus jeunes, aborder les sujets qui fâchent, dire les choses sans peur et sans maladresse car les enfants ne sont pas des demeurés non plus !
Grâce à Odette la pigeonne, qui est la narratrice de l'histoire, tout nous apparaît plus simple, plus vrai, plus poétique et plus drôle, sans dénaturer l'importance de la maladie.
Alzheimer. On dirait le nom d'un général des armées ou un gros mot dans une langue étrangère mais en fait c'est comme un ver dans une pomme, qui grignote tout sur son passage, jusqu'au trognon !
Dans le cas de Mamie Pomme, le ver mange sa mémoire petit à petit et il n'y a rien qui puisse l'arrêter. A en croire papa, un jour elle ne se souviendra de rien, ni de lui, ni de moi... et un jour encore plus loin, elle oubliera même de respirer !
Il dit que c'est très triste de la voir quand elle a des crises d'oubli et que c'est pour cette raison qu'il n'a rien voulu me dire... pour m'éviter d'avoir de la peine.
(...) Je trouve ça plus que nul, parce que Mamie Pomme et moi, on s'aime tellement fort, que rien que de se voir, on a tous les souvenirs qui nous reviennent en tête ! Mais papa dit que c'est plus compliqué que cela. C'est marrant quand les adultes restent sur leurs positions, ils les légitiment toujours par : "c'est plus compliqué que ça !" comme si j'étais trop débile pour comprendre ! Moi ce que j'en dis, c'est qu'il se trompe et que Mamie Pomme aussi se trompe et que si papa ne veut pas m'emmener la voir, je continuerai à lui écrire parce que mes lettres l'obligent à se souvenir et que ça rend plus difficile le chemin de cette saleté de bestiole qui lui mâchouille le cerveau et que personne, pas même les médecins, ne peut se rendre compte de tout l'amour qu'il y a entre elle et moi ... Et qu'elle m'a toujours dit que c'était une force et qu'avec ce cadeau-là, on pouvait tout affronter...
Cet extrait n'est qu'un petit aperçu, assez vague, il ne rend même pas compte de l'humour qui est très présent dans le récit. Car Odette est une pigeonne qui vous réconcilie avec l'espèce volatile, vous ne regarderez plus les pigeons du même oeil, croyez-moi ... Et les lois de la physique vous apparaîtront également d'une autre extrême nécessité (dans un sens).
Le roman se conclut sur le manifeste des personnages imaginaires - une dernière petite lubie d'Odette qui règle ses comptes avec Mamz'elle Je-sais-tout (l'auteur).
Odette ou les tribulations d'une pigeonne ~ Lili Pissenlit
illustré par Marie-Claire Roux
éditions MiC_MaC (2009) - 138 pages - 7,50€
avait été conseillé par Gawou (merci !)
tRICOT d'AMouR
J'étais impatiente de relire un roman de Karin Serres, et la collection zigZag m'est très, très chère pour y avoir souvent trouvé des pépites et passé de jolis moments de lecture. J'ai donc accueilli Tricot d'amour avec beaucoup d'attente et d'impatience, je n'ai pas été déçue, j'ai adoré ce petit roman, adoré l'histoire, adoré les personnages et adoré les illustrations. (Ouf, il était temps de reprendre ma respiration.)
L'histoire, en quelques phrases, raconte la rencontre providentielle entre deux enfants souvent montrés du doigt par leurs camarades d'école - Kévin, le petit nouveau, porte des pulls tricotés en laine d'un goût douteux et Mira, au fond de la classe, est surnommée la tête à poux, même la maîtresse ne cesse de la gronder en lui collant des lignes à copier en punition. Las, les deux enfants ont pas mal d'atomes crochus mais une réalité saisit notre héroïne : Kévin est fils de boucher et Mira déteste la viande. Elle ne montre pas son aversion, elle n'ose pas, aussi lorsqu'elle est invitée chez lui, la demoiselle a le coeur au bord des lèvres. Va-t-elle oser franchir le seuil de la boutique ? Les visions d'horreur des animaux morts affichés sur les murs ou derrière les vitrines ne vont-elles pas lui faire tourner de l'oeil ? ...
Vite, vite, Mira se réfugie à l'étage supérieur où elle croise la petite grand-mère de Kévin, recroquevillée sur les coussins en train de dormir. Oui, c'est très, très touchant. C'est elle la grande tricoteuse de la maison. Elle qui offre à son petit-fils des pulls bariolés, originaux et éclatants, souvent sujets à la moquerie, mais Kévin assume. Pas seulement par bravoure, mais par amour. Quand le garçon sera porté absent pendant une semaine à l'école, Mira va s'inquiéter et trembler en écoutant les potins qui courent sur le boucher et sa famille. Juger sur l'apparence, dire et médire, bonjour radio potins ! Nous avons tous connu ça - les messes basses, les on-dit-que et les spéculations toutes plus dingues les unes que les autres. Quand on ne sait pas, on se tait. Hélas, dans la vie, même si on ne sait pas, on raconte n'importe quoi !
Et c'est ce que ce petit roman nous montre en soulevant le coin du rideau. Jamais dévoiler, juste suggérer. J'ai trouvé l'histoire belle, touchante et attendrissante. J'ai aimé le petit Kévin, sa famille et sa grand-mère tricoteuse. J'ai ressenti un grand souffle de tendresse à travers les pages de ce livre. Texte et illustrations font forcément bon ménage. J'étais donc sous le charme... et j'aimerais, oui j'aimerais qu'un jour Karin Serres me propose aussi un roman plus long, un roman pour doAdo par exemple car son univers me plaît beaucoup.
Tricot d'amour ~ Karin Serres
illustrations de Mathieu Demore
zigZag du Rouergue, 2010 - 93 pages - 6€
J'aime aussi beaucoup les petites notes à la fin du livre, où l'auteur et l'illustrateur ajoutent leur grain de sel pour expliquer comment ils ont envisagé ce livre. Cette fois, Karin Serres explique ceci :
Quel rapport entre l'amour du tricot et une boucherie ? Comment deux univers si différents peuvent-ils se croiser pour tricoter une histoire ensemble ? C'est le mystère de l'écriture, des histoires inventées. Quand j'écris, je suis comme une éponge, un insecte ou un extraterrestre plein d'antennes : tout ce qui me touche dans la vie, je le capte, je l'absorbe. Et ces milliers de détails se mélangent à l'intérieur de moi pour se recomposer à leur manière et faire naître des histoires qui sont à la fois totalement imaginaires ET reliées par eux à la vraie vie.
Ahlala... qu'est-ce que ça me parle !
La formule magique, c'est pour cacher ma peur.
Ont été engloutis par la Miss, 9 ans 3/4 ...
La maison de Ram est immense, plus grande que ça encore, c’est l’aéroport de Roissy. Depuis qu’il y vit avec sa maman, il en connaît tous les coins, beaucoup de ceux qui y travaillent aussi. Il faut chaque jour faire attention de ressembler aux voyageurs, à ceux qui sont en transit. Ram et sa mère sont des clandestins de l’aéroport, ils ne sont pas les seuls, et se retrouvent autour d’une soupe dans un hangar. La vie dans l’aéroport est aussi rythmée par les nombreux gestes de solidarité qui donnent de la couleur aux jours. (quatrième de couverture)
C'est un très joli texte de Sylvie Deshors, sur un sujet sensible et pas facile à décrire sans tomber dans les écueils. La réalité est pourtant là - la peur, les faux-semblants, les parties de cache-cache et les chiens des vigiles. Une maman et son petit garçon vivent dans un aéroport, ils n'ont pas de papiers. L'histoire ne dit pas pourquoi, comment et après. L'histoire montre surtout un enfant émerveillé par les couleurs, les odeurs, les rencontres, l'espérance et la beauté de la mère, qui retient un sourire crispé et serre souvent son poing à mener cette vie clandestine. Il ressort de cette lecture une bouffée d'espoir, un élan de solidarité ... et le goût d'une bonne soupe aux amandes, qui rend les gens heureux, le temps d'une parenthèse chaleureuse. Une lecture moelleuse, pas du tout mélancolique.
La soupe aux amandes ~ Sylvie Deshors
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C'est un petit roman qui serre le coeur. Qui serre le coeur d'angoisse. C'est l'histoire d'un petit garçon qui accomplit tous les jours les gestes d'un grand. On devine la vie pas facile, les cordons de la bourse trop souvent sanglés, les courses au compte-goutte, les carrés de chocolat avalés entre deux tranches de pain pour le goûter, le ronronnement du ventre qui en voudrait plus, et puis le froid dans l'appartement, avec la serrure grippée à la porte d'entrée. Benjamin se débrouille comme un chef et ne se plaint pas. La mécanique est bien huilée. Après les devoirs, le garçon dresse la table et lit une bande-dessinée en attendant le retour de sa mère. Mais ce soir-là, sa maman Caroline est en retard. Les minutes défilent et tombent comme des pierres dans son estomac creux. C'est l'angoisse, la peur panique d'être abandonné. Et comme Benjamin, nous avons peur et nous attendons Caroline avec une impatience grandissante. Où es-tu, Caroline ? Le suspense s'intensifie. Au fil des pages, la lecture deviendrait presque insupportable car le lecteur a besoin de connaître la vérité. C'est ce qui rend la lecture saisissante, en nous faisant oublier le misérabilisme ambiant. Que d'émotions dans si peu de pages !
Ce soir-là ~ Agnès Lacor
Petite Poche / Thierry Magnier (2010) - 5 € chaque livre de cette collection qui porte bien son nom : pratique pour glisser dans la poche, le livre a la taille d'une paume de la main.
Moi, dans la vie, je crois qu'on peut être vieux dans ses habits et encore tout neuf dans sa tête.
La maman d'Angèle est hospitalisée en urgence car, enceinte de six mois, elle sent son bébé manifester quelques signes de mécontentement. Le papa doit partir au boulot et ne peut pas s'occuper de sa grande fille. Du coup, elle est envoyée en vacances chez Mamia à la campagne. Angèle est folle de joie ! Sa grand-mère a été une brillante comédienne pleine de gaieté et de fantaisie. Désormais, elle coule une retraite paisible dans sa maison entourée de fleurs et d'arbres fruitiers, près d'un lac. Un petit paradis terrestre. Le séjour se déroule à merveille et Angèle oublie d'être tristounette, même si elle pense très souvent à sa maman et à son futur petit frère. Malgré tout, au fil des jours, Mamia n'a pas l'air dans son assiette. Sont-ce les nouveaux cheveux blancs dans sa coiffure ? Ou son air rêveur et égaré ? Angèle se fait du souci. Sa grand-mère souffre d'une maladie des mots qui s'envolent. Une maladie qui lui fait perdre la tête. La petite fille se retient d'être trop inquiète, jusqu'à cette fameuse promenade dans la montagne, à bout de souffle et sans but précis, il est temps d'aider Mamia.
Pardon, Angèle. Mais parfois je m'absente, murmure-t-elle.
Puis elle m'explique que les mots qui s'envolent sont parfois une maladie. Que c'est cruel d'être malade des mots quand on a vécu grâce à eux toute sa vie. Elle me dit qu'elle est fière de m'avoir connue quand elle n'avait pas encore de trous dans la tête et que ce ne serait pas pareil pour mon petit frère. Alors je lui réponds doucement en caressant ses cheveux blancs. Je lui dis que moi, je lui raconterai, au petit frère, la Mamia d'avant. Celle du lac, des pièces de théâtre, des parties de crapette et même de la soupe aux cerises vertes. Je dis aussi que, pour les mots, on l'aidera à les retenir et à les garder longtemps longtemps. Et que pour moi, elle sera toujours Mamia. Qu'elle ressemblera pour toujours aux fleurs qui ne parlent pas mais qui savent tout.
Le câlin de paix a duré jusqu'au coucher du soleil. Je ne voulais plus qu'il s'arrête parce que je savais bien qu'après, plus rien ne serait pareil.
Avant de partir, Mamia m'a entraîné sous un gros noyer :
- Tu vois, ces petites pousses pas mûres, eh bien c'est du muguet. C'est ton grand-père qui l'a planté pour moi. Pour que l'odeur me fasse toujours penser à lui. Tu sais, mon petit chat, je n'ai pas besoin de l'odeur du muguet pour penser à lui.
Du bout des doigts, j'ai caressé les tiges vertes et j'ai compris que l'amour habitait ailleurs que dans la mémoire.
Agnès de Lestrade évoque en douceur la maladie d'Alzheimer avec un regard enfantin, qui respire la fraîcheur mais ne tombe jamais dans la niaiserie. En toute légèreté mais avec sérieux, donc. A aucun moment la maladie et ses conséquences ne sont sous-estimées. Comme Angèle, on s'interroge, on doute et on s'inquiète. En même temps, le bonheur des vacances fait résonner une mélodie rassurante, le confort de vie est éclatant, on se sent bien, on chasse les idées noires. C'est une juste balance entre la drôlerie et la franche inquiétude. Encore un joli roman zigZag.
Mon coeur n'oublie jamais ~ Agnès de Lestrade / illustrations de Violaine Marlange
Rouergue, coll. zigZag, 2010 - 112 pages - 6,50€
Le ramassage de poubelle est un symptôme de béguinite flagrant.
Ce petit roman a été une agréable surprise. Il est drôle et très fin. Il raconte l'histoire d'une fillette de dix ans qui rêve d'apprendre à jouer du piano et se retrouve avec un orgue. Enfin, il s'agit tout de même du Perfectone D-60 ! Pour Zoé qui rêvait de devenir la nouvelle Vladimir Horowitz pour briller au Carnegie Hall, la désillusion est énorme. Toutefois, inutile de baisser les bras. Elle suit avec assiduité les cours de Mabelline Person, un prof particulier qui aime boire du Canada Dry bien frais et qui jure en employant des expressions cocasses comme "Nom du barbier de Beethoven" ou "Sainte mère de Mozart". Là encore, la réalité dépasse ses espoirs les plus fous, car c'est sur un genre de répertoire musical très différent que Zoé va apprendre ses gammes (les vieux génériques d'émission de télé ou les chansons des années soixante-dix). Qu'importe la déconvenue, Zoé a bien l'intention d'être la meilleure et de remporter le premier prix du Concert-O-Rama de Perfectone auquel elle participe.
Pour l'occasion, tout le monde devra se surpasser. Et c'est un peu le leitmotiv du roman, ce ne sont pas les humiliations qui comptent dans la vie, c'est le résultat, c'est l'effort, c'est la volonté de se donner à fond et c'est le plaisir d'avoir atteint son but, c'est l'amour d'une famille, c'est le courage d'affronter ses peurs (le papa de Zoé refuse de sortir de chez lui et d'être parmi la foule), de trouver du temps pour les siens (la maman de la petite fille est accaparée par son job). Bref, c'est drôle, distrayant, tendre et généreux. Un peu émouvant aussi. Cela fait surtout comprendre bien des choses, de plus on s'attache beaucoup à cette famille hors du commun.
Je le recommande. Pour tous.
La Formule du succès ~ Linda Urban
Neuf de l'Ecole des Loisirs, 2009 - 250 pages - 11,50€
traduit de l'anglais par Cyrielle Ayakatsikas
illustration de couverture : Audrey Poussier
On peut feuilleter les premières pages sur le site d'amazon.
Un extrait :
Nous avons 432 rouleaux de papier toilette dans notre sous-sol. Quatre cent trente-deux. Assez pour tenir jusqu'à mon entrée à l'université, dit ma mère, à condition qu'on l'utilise avec modération. Elle a fait le calcul. Une famille de trois personnes - dont une est au travail presque toute la journée sept jours sur sept et une autre à l'école d'Eastside cinq jours par semaine - consomme environ un rouleau de papier toilette par semaine. Ce qui veut dire qu'on utilisera cinquante-deux rouleaux par un. 52 x 8 (le nombre d'années qu'il me reste avant d'entrer à l'université, à supposer que je ne redouble aucune classe - ce qui est peu probable - ou que je n'en saute aucune - encore moins probable) = 416. Ce qui laisse seize rouleaux supplémentaires pour les éventuelles situations d'urgence.
le site de l'auteur : http://www.lindaurbanbooks.com/index.html
Mine, tu crois que trop ressembler à ses parents, ça rend malheureux ?
Deux récentes lectures viennent se télescoper dans ma tête, avec leurs petites phrases qui cherchent à se brusquer les unes et les autres, des questions d'une part, des réponses de l'autre, c'est un peu le bazar mais ça me force à réfléchir et à discuter longuement avec ma propre demoiselle de fille. Nous parlons de notre relation, de notre lien qui est considéré par beaucoup comme fusionnel, et ce lien entre nous fait peur, moi la première. Je sens qu'il faut qu'entre elle et moi nous devons apprendre à nous détacher, à mieux nous séparer, à nous aimer autrement. Disons, je ne suis pas non plus comme la maman de Marcia, qui étouffe son enfant, qui copie-colle ses goûts, son style et son parfum pour n'être plus qu'une. J'additionne nos différences, certes ma fille est aussi façonnée à mon image, mais comme le souligne Clarika, c'est moi en mieux. Cette bafouille n'a nulle vocation nombriliste, ce sont juste quelques mots qui découlent de mes lectures, donc.
Pour commencer, j'ai terminé le nouveau roman de Marie Chartres, à la jolie couverture rouge, et qui porte le titre facétieux : Les anglaises. En référence aux boucles folles, à cette chevelure sauvage et indomptable qu'a la petite Suzie, presque dix ans. J'ai d'ailleurs aimé y retrouver une petite fille qui avait le même âge que la mienne, c'était comme me dire, alors ça fonctionne comme ça une bestiole de cet âge... Bref. L'histoire de Suzie commence par un terrible constat : on lui a menti. Elle a forcément été adoptée. Pourquoi, comment. On ne le sait pas tout de suite. Et ce sont en tout seize lettres qu'elle adresse à Mine, probablement sa véritable mère, qui l'aurait abandonnée. Tout au long du roman, Suzie se remet en question, se juge dans les miroirs et juge aussi ses parents, elle devient farouche, renfermée, elle fait la tête et veut même se venger sur la vendeuse à la queue de cheval. On n'imagine pas à quel point ça se bouscule dans la caboche d'une fillette de cet âge, pourquoi ses folles anglaises lui mènent la vie dure. C'est dit, la vie n'est décidément qu'une sombre affaire capillaire. Dans le roman, on découvre aussi Marcia, j'en parlais ci-dessus, et c'est la meilleure amie de Suzie. Elle vit seule avec sa maman qui la couve trop. Et lorsque Marcia tombe malade, tout se complique. Suzie elle-même va plonger, elle se sentira plus perdue que jamais, jusqu'à l'arrivée de Tante Odile et son fer à lisser. C'est une merveilleuse petite histoire qui parle d'identité et de personnalité, d'indépendance et de reconnaissance, et aussi de ce que l'on voit avec les yeux ou le coeur, ce qu'on souffre de ne pas dire et ce qu'on entend parfaitement dans les silences... Beaucoup d'intelligence et de sensibilité derrière ce parcours d'une fillette qui ne manque pas d'imagination, mais qui justement va s'en servir pour comprendre ce qu'elle n'arrive pas à expliquer, et permettre ainsi à mieux cerner la vérité qui ne se voit pas toujours dans les miroirs.
Et parce que j'adore ce passage (entre autres) ...
La première fois que je l'ai vue, ce sont ses cheveux qui m'ont sauté au visage. Mine, ça ressemblait à une attaque orange. Elle est rousse, tellement rousse : je suis persuadée que, si les gens dans l'univers entier n'arrivaient plus à connaître la signification des mots, tous au même moment, et devaient tout réapprendre, eh bien, le monsieur chargé d'inventer le dictionnaire mettrait la photo de Marcia face à ce mot de six lettres et tout le monde comprendrait, c'est sûr.
Ce serait lumineux, comme définition.
Neuf de l'Ecole des Loisirs, 2010 - 100 pages - 8,50€
illustration de couverture : Gwen le Gac
L'autre roman est le coup de coeur du moment de mademoiselle ma fille, nous l'avons lu ensemble, tandis qu'elle s'extasiait et s'emballait en tournant les pages comme une folle, j'avais un avis plus réservé. J'ai bien aimé ce livre, mais je pense que c'est davantage pour l'enthousiasme qu'il a su susciter chez ma jeune lectrice.
Ma mère est une étoile, roman de Marie Leymarie, raconte une autre relation très fusionnelle entre une mère et sa fille. Allons donc. Laurie vit seule avec sa maman qui est danseuse à l'Opéra. C'est une femme précieuse, raffinée, qui consacre l'essentiel de sa vie et de son temps à sa passion, et à sa fille. Celle-ci est éperdue d'admiration, tout ce que dit, pense ou vit sa mère est le modèle absolu. Laurie calque sa propre existence sur celle de sa mère, le cerclé est fermé, on parle même d'un père qui serait parti aux Etats-Unis en ne voulant jamais connaître sa fille. Aucune place pour un élément extérieur, c'est vif et tranchant. Or, Laurie voit d'un très mauvais oeil la nouvelle liaison de sa mère avec le père d'un copain. D'abord elle n'y croit pas, puis elle se fâche, elle fait un tas de reproches (muets) à sa mère, elle trouve le couple mal assorti, elle ne cesse de critiquer cet homme, refuse de partir en vacances avec lui ou de manger au restaurant s'il s'y trouve. L'attitude de Laurie relève du pur égoïsme, jusqu'à ce qu'on comprenne que ce n'est pas totalement sa faute non plus. Elle a été élevée dans l'ombre d'une mère qui elle-même s'est façonnée une image de faïence et qui s'est entourée de barricades lorsque cela l'arrangeait. L'histoire de Laurie nous raconte la difficulté de grandir et de voler de ses propres ailes, de s'accepter telle qu'on est, sans se référer à quelqu'un d'autre. Laurie comprend qu'elle doit cesser de protéger sa mère et oser mener enfin une vie qui soit vraiment la sienne. En réussissant ce pari, elle se sentira mieux dans sa peau et acceptera aussi l'amour des autres. La fin est ouverte, mais il a fallu que je l'explique à ma demoiselle de fille.
Ce fut intéressant de voir qu'à travers cette lecture, deux regards se sont penchés. Et une discussion a suivi...
Tempo, coll. de Syros, 2009 - 128 pages - 5,90€
illustration : Ilya Green
dès 9-10 ans !
Aggie ou Maggie ? Bramberry Hall, nous voilà !
Bouche en coeur, le retour !
J'ai adoré ce roman de Malika Ferdjoukh, il est même beaucoup trop court, j'aurais aimé que l'histoire n'en finisse pas et s'étire pour continuer de nous raconter l'histoire d'Aggie. C'est une gamine de la rue, une orpheline de quatorze ans, qui dort chez les anciens patrons de sa défunte mère, mais les Hume sont des Thénardier en puissance et Aggie passe plus son temps à traîner avec son copain Orin et faire les poches des nantis. Un soir, elle rencontre Pemberton Rushworth, détective privé sans le sou, qui est frappé par le physique d'Aggie tant elle ressemble à une fillette portée disparue quelques années plus tôt. Sans réfléchir, Aggie accepte d'être métamorphée en Margaret Selwyn et fait son entrée dans le beau monde !
Le roman est pétillant, le plaisir de lecture très grand, il y a beaucoup d'humour, un peu de malice, de la tendresse et un soupçon d'émotion. Tout sonne incroyablement beau, merveilleux, proche du conte de fées, l'illusion est parfaite, la providence peut prêter à sourire, mais ce roman, idéalement réservé aux lecteurs dès 9 ans, est une sucrerie qui ne fait pas mal aux dents !
C'est juste regrettable que tout se finisse si vite, si bien, sans répondre à quelques questions sur d'autres personnages, sur l'avenir d'Aggie... Parce que j'ai tellement aimé que j'aurais souhaité ne pas quitter Aggie Barrie !
Aggie Barrie doit son nom à Aggie Mack (le personnage d'une bande dessinée des années 50) + JM Barrie, le créateur de Peter Pan. Une façon pour Malika Ferdjoukh d'adresser un clin d'oeil à ses lectures d'enfance.
C'est bon de trouver des ouvrages de cette qualité pour nos petites lectrices !!!
Aggie change de vie ~ Malika Ferdjoukh
Neuf de l'Ecole des Loisirs, 2009 - 95 pages - 8,50€
illustration de couverture : Cati Baur
Kalimba de Luna
Kalimba de luna Envoûte-moi Fais claquer tes doigts Sur des bouts de bois Hé, oh, hoo, ah
C'est la chanson qui me trotte dans la tête, après la lecture de ce petit roman d'Anne Percin (à réserver pour la tranche d'âge des 9 / 12 ans !).
A quoi servent les clowns ? est une histoire sympathique, attachante, un peu plombante pour commencer car une mère et ses deux filles perdent le peu qu'elles possédaient dans l'incendie de leur appartement. En attendant un relogement, elles trouvent refuge dans leur vieille caravane qui ne roule plus, installée sur un terrain vague, à côté de leur baraque à frites. Ambiance très misérable, de prime abord, mais l'impression est vite chassée par la narration de la petite Mélinda, qui nous raconte cette sordide aventure en y mettant tout son coeur, et ceci implique l'innocence, la jovialité, les désirs, les rêves et aussi les petites questions qu'elle se pose du haut de ses 5-6 ans (elle est élève en CP, elle apprend à lire). D'ailleurs, cela fait quinze ans jours qu'elle ne va plus à l'école. Sa maman est débordée, elle pense qu'elles rattraperont le retard plus tard.
Et puis, arrive le cirque avec sa longue procession de caravanes flamboyantes, et ses cages de tigres. Un bébé tigre va d'ailleurs se faire la malle et c'est la petite Mélinda qui va le retrouver. A partir de là, l'histoire prend un tour enchanteur et magique, plus doux, plus chaleureux. L'espoir est également en train de scintiller. Des indices nous le prouvent, et on devine que l'histoire va s'embellir (sans tomber dans le niais), apporter des solutions et des réponses qui vont rassurer la petite Mélinda.
C'est un texte parfaitement accessible pour les lecteurs qui ne veulent plus lire des livres "de bébés" (ça sent le vécu !) et qui ne se sentent pas toujours à l'aise avec des romans de 200-300 pages. Le thème du cirque est également très motivant, il donne aussitôt des couleurs débordantes d'optimisme dans l'histoire. J'avais craint un décorum plutôt sombre et déprimant, ce qui n'enchante pas forcément les plus jeunes, encore dans l'attente de rêver grâce à la lecture, finalement les clichés sont dépassés et cela sert de toile de fond pour raconter une belle histoire qui se finit bien !
C'est un roman jaune ! Parfaitement jaune ! C'est moi qui vous le dis.
A quoi servent les clowns ? ~ Anne Percin
Rouergue, coll. DacOdac, 2010 - 160 pages - 8,50€
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Dans la foulée, j'ai lu le roman de Cécile Chartre, Poil au Nez, également publié au Rouergue dans la collection DoAdo. (Gaelle, cache ce sourire ! Je t'ai vue.) Cela a été une très bonne surprise, une lecture très touchante aussi. L'histoire se passe le soir du réveillon du 31 décembre 2009. Angel a rendez-vous avec son père, qui est décédé. A minuit pile, il a l'autorisation d'ouvrir la boîte à trésor qui lui a été confiée dix ans auparavant, alors que son père était malade. C'est une soirée particulière, qu'il passe avec ses meilleurs amis, dans une ambiance bouffonne et extravertie. En même temps, reviennent par vagues les souvenirs d'autrefois, et c'est là que l'émotion est très forte. Mais heureusement, le roman n'est pas que serrement de coeur et trémolo dans la voix, puisqu'il y a surtout et avant tout beaucoup d'humour. Pour preuve, cet extrait qui m'a beaucoup fait rire :
Séverine a passé la porte ensuite, affublée de deux drôles de trucs perchés très haut sur le sommet de sa tête. Elle nous a précisé au passage, bande d'ignares que nous sommes, que ça s'appelle des macarons, et que c'est très mode, les macarons. Ceci étant clarifié, elle a annoncé qu'elle se payait un mal de crâne à décorner un boeuf, alors qu'il fallait pas trop la titiller. Elle s'est mise alors à trifouiller dans son sac comme une sauvage en marmonnant " Un Doliprane, il me faut un Doliprane, t'as pas un Doliprane ? ". Thomas lui a suggéré de lâcher un peu ses cheveux, parce qu'à son avis, ça doit pas vraiment faire du bien d'avoir deux gros machins aussi emberlificotés au-dessus du ciboulot. Mais Thomas ne sait pas que lorsqu'on a passé trois heures et demie à se faire une coiffure d'enfer, on ne va pas tout saccager pour un simple mal de tête. C'est pénible à la fin, faut tout nous expliquer, à nous, les mecs. Et puis de toute façon, demain, macarons ou pas, tout le monde aura la tête comme une pastèque. Séverine prend juste un peu d'avance sur nous, c'est tout.
Poil au Nez ~ Cécile Chartre
Rouergue, coll. doAdo, 2010 - 96 pages - 6,50€
=) Gaelle : La vie peut être bousculée en 1 jour, c'est ce qui se passe ici.
=) Mel, de la Soupe de l'Espace : Ce roman nous montre qu’un évènement tragique peut bouleverser une vie… mais également qu’un objet, un mot peut apaiser et accomplir cette même vie en une fraction de seconde…
=) Marie : nous saisirons alors d'autant plus la portée du message contenu dans cette fameuse boîte et comprendrons en même temps le choix adéquat du titre plein d'humour pour ce roman sur le deuil finalement pas si triste que ça !
A nous. Pour être aussi fa-bu-leu-ses. Sans moi !
Ne cherchez pas à comprendre la signification du titre. Je n'étais pas sous l'influence d'une substance qui aspire les neurones, j'étais tout simplement et pompeusement agacée parce que je venais de découvrir. Pfiou, il était temps de tourner la dernière page !
Rendons justice au roman de Jennifer Lynn Barnes, il saura parfaitement séduire les lectrices de 12-14 ans, pour ma part j'ai dépassé la limite (et au-delà mon ticket n'est plus valide). Débarrassez le plancher, madame la lectrice de 30 ans. Tattoo n'est pas pour vous.
Le roman raconte l'histoire de quatre super copines, qui ont pour passe-temps, chaque vendredi après-midi, de se rendre au centre commercial pour faire du shopping. Ce jour-là, elles rencontrent une vendeuse aux yeux bleus envoûtants qui leur propose des bijoux et des tatouages à chacune d'entre elles. Ces babioles vont se révéler magiques, particulièrement les tatouages qui vont donner aux jeunes filles, selon leur personnalité, un don caché, comme la télépathie, la pyrokinésie, la capacité de changer la forme ou la couleur des objets, le pouvoir de lire l'avenir. Au début, c'est très drôle. Les filles s'amusent et exploitent leurs nouveaux pouvoirs magiques, mais la réalité reprend vite ses droits car en contrepartie elles vont devoir assumer une mission de très haute importance.
Magie, amitié, suspense sur fond fantastique, mythologie ancienne sont autant d'éléments brassés joyeusement dans ce roman. Tout est basique et très cliché, les personnages sont stéréotypés comme ce n'est pas permis (la pétillante, la timide, le garçon manqué, la maladroite), cela participe au charme de la lecture (pour moins de quinze ans !), l'intrigue est gentille, elle mousse juste ce qu'il faut au moment attendu, aucune grosse émotion n'est à prévoir et l'amitié est sauve, ouf !
L'histoire a d'ailleurs le bon goût de se conclure ainsi, sur cette belle et douce euphorie :
- Au tatouage de Bailey, déclare-t-elle. Faites que sa mère ne le découvre jamais !
- A la disparition d'Alecca, dit Annabelle.
- A nous, complète Delia. Pour être aussi fa-bu-leu-ses.
Je réprime un sourire, et nous trinquons dans l'air en dansant. Certaines choses ne changeront jamais.
Ce livre fait maintenant le bonheur de ma fille, qui sourit béatement face à de telles réparties :
A l'instant où mon regard plonge dans le sien, ma langue semble frappée de paralysie... Ce qui n'est pas plus mal, étant donné que mon cerveau vient de subir un black-out total.
Kane Lawson, beau à croquer. Beau à tomber. Beau à hurler.
- Merci, bredouillé-je en tentant d'émettre des syllabes intelligibles, l'esprit pétrifié par tant de beauté masculine.
Urgence, urgence, résonne mon alarme interne. Doit former phrase cohérente.
- Qu'est-ce que vous faites là, les garçons ? demande Delia avec son talent légendaire pour trouver les mots justes, surtout en présence de membres du sexe opposé.
" Les garçons "... Pourquoi ce pluriel ? Un peu surprise, je regarde derrière l'épaule de Kane et aperçois deux de ses copains. Beaux à tomber, puissance 3.
- On se balade, lui répond Kane, sa main toujours posée sur la mienne. Tu te sens bien ? me demande-t-il.
Moi ? Non, pas vraiment. Conduisez-moi plutôt aux urgences, section "moments de honte fatale".
- Je...
En l'absence d'un cerveau en état de marche, difficile de trouver le mot juste.
- "Vais bien" ? me souffle Zo.
- Je vais bien, dis-je platement.
Je hoche vigoureusement la tête, histoire de faire bonne mesure, comme si ce simple geste suffisait à atténuer mon image de débile profonde.
Contrairement à Delia, qui tombe amoureuse environ toutes les semaines, je n'ai connu que deux grandes passions dans ma vie. La première, c'était ce garçon aux boucles châtaines quand j'étais au jardin d'enfants. La seconde, c'est Kane.
Tattoo ~ Jennifer Lynn Barnes
Albin Michel , coll. Wiz, 2010 - 288 pages - 13,50€
traduit de l'anglais (USA) par Nathalie Peronny
Un deuxième livre a déjà paru aux USA, sous le titre de Fate.