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Chez Clarabel
thierry magnier
25 octobre 2010

Quelle mouche nous pique ?

Quelle_mouche_nous_pique__de_Herv__GiraudSont-ce réellement des nouvelles ? Ou ne seraient-ce point des petites histoires mises bout à bout, avec toujours le même narrateur, ses potes Joseph et Eyup, Verboten le prof d'allemand, la grand-mère Fernande, les parties de rire, les vacances à la campagne, les premières boums et le trafic clandestin de DVD olé-olé ? Oui, c'est exactement ça. Un condensé d'adolescence en crise, en panique, en délire. C'est drôle, parfois non. Cela vous met face à des situations qui sentent le vécu, qui rappellent des doux souvenirs, qui ne vous inspirent rien du tout ou qui vous donnent le bourdon ou le sourire aux lèvres.
Au choix, j'ai préféré la deuxième option.
Mais, même si les histoires se suivent, elles donnent un sentiment de liberté, d'impertinence et d'impatience. Besoin de passer le cap, de changer de vitesse ou de faire marche arrière. Avec Visnia, l'immigrée roumaine, qui est sapée comme un as de pîque, qui s'exprime mal en français, qui est gaffeuse, brouillonne, la cible des moqueries, notre garçon se rend compte, bien malgré lui, qu'il est tombé fou amoureux d'elle. Qu'il ne sait pas comment lui avouer, qu'il ne sait pas non plus s'il se sent capable de l'assumer, et si enfin ce n'est pas trop tard pour se faire pardonner ses erreurs. "Il n'y a pas que quand on est triste qu'on pleure."
Cette petite phrase m'a fait penser qu'on n'était pas toujours dans la rigolade, qu'on pouvait s'éclater entre copains à manger des frites et à regarder des versions détournées de Tintin et les oranges bleues, il y avait aussi la vie à côté, la vie qui vous tord le ventre parce que, non nous ne sommes plus des enfants, nous ne sommes pas encore des adultes, nous sommes dans l'entre-deux, et c'est drôlement délicat.
"Je suis un ado. Le genre de bestiole toujours à l'affût derrière une porte, en apnée au fond d'une piscine, en équilibre perché sur le toit du garage, vautré à la fenêtre, flasque et étendu sur son lit la tête pendue dans le vide. Je suis l'animal roi d'une jungle qui pue la chaussette."
L'adolescence dans toute sa superbe ! Beaucoup de vérités et quelques nuances plus tard, on a le sentiment de n'avoir pas trouvé le mode d'emploi non plus, mais on s'y rapproche, car "le pire n'est jamais décevant quand on fait l'effort de s'adapter" ou alors "le temps passé est perdu pour toujours".
Qu'on se le dise !

Quelle mouche nous pique ? - Hervé Giraud
Ed. Thierry Magnier (2010) - 185 pages - 9,80€

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23 octobre 2010

Pêle-Mêle Clarabel #11

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3 romans, 3 univers, 3 lectures savoureuses ...

Mathis nous propose un western, un vrai. Au casting, nous avons un shérif, un bandit, un papa appelé à l'aide et une petite fille qui a peur de le perdre, et aussi un maître d'école affreusement sadique et méchant. Lorsque le bandit des grands chemins se présente à Creek Village, les enfants lui sautent aussitôt dessus, prenant les devants sur les adultes, leur plan est redoutable ET efficace. En prime, Jane Smith, dix ans, obtient du shérif d'être entendue et prise au sérieux pour régler le problème de discipline ultra-réglementaire qui sévit dans leur classe. C'est très sympa à lire, et parfaitement dépaysant, cela m'a beaucoup plu. (Les enfants, le shérif et les affreux, par Mathis)

Emmanuel Bourdier met en scène un quartier - le bâtiment E de la cité Marcel-Pagnol. Il est 13 h 23. Un par un, minute après minute, les habitants se souviennent, ont une pensée, réfléchissent, ont le sourire aux lèvres, la boule au ventre, mais partout règne le silence. Car l'heure est grave : on rase un bout de chacun. Il est 14 heures, il n'y aura pas d'autre feu d'artifice et tout le monde peut rentrer dans son nouveau chez-soi. Et manger du cassoulet, pourquoi pas ? Voilà un petit roman basé sur les instantanés d'une vie, de personnages et de leur quartier. Les souvenirs sont autant de poussières qui vont et viennent, sans aucune nostalgie, mais plutôt comme des notes de musique. C'est joli. (Ça s’est passé là, par Emmanuel Bourdier)

Et enfin, Frédéric Kessler nous propose une histoire complètement folle et pleine d'imagination. Géraldine et Olivier sont des gosses de fées prépubères, ils ont toujours les poches pleines à craquer, avec des ustensiles pratiques et magiques, des poupées à troquer pour Géraldine, des outils pour Olivier. Et la demoiselle en a ras-le-bol et décide de braver les interdits : ne pas manger ce que cuisine la dame du quatrième, ne pas emprunter le passe-partout du monsieur du cinquième, se rendre dans la mansarde du sixième. L'interdit est excitant ! Au diable l'ogre et la sorcière, Géraldine est fille de fées, elle connaît les formules pour déjouer les plans des vilains. C'est une fable absolument délirante et déjantée, je me moque de savoir quel est le crédit de cette histoire, ce qui m'importe c'est d'avoir été étonnée, ravie, séduite et d'en redemander encore !!! (La fée Tralala, par Frédéric Kessler)

Place au défoulement, (merci Lili Scratchy !)

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Faites de la place dans votre cervelle et immergez-vous dans ce coloriage poétique ! Un univers où se côtoient une biche, des saucisses, des méduses et des citrons, du football et de l'amour...
Un concentré de folie et de bonne humeur pour tous les âges !

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Ne vous jetez pas sur votre feuille de coloriage avec vos feutres sans réfléchir ! Il faut d'abord répondre à quelques questions pour étaler votre talent. On ne dirait pas, mais c'est un livre de coloriage qui vous fait triturer vos méninges. Exemple sur l'illustration de gauche : qui ne boit pas avec une paille ? qui avale de l'air ? qui va aspirer le petit pois ? et où est l'oeuf ? Vous avec quinze minutes !!!

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Et toujours le même fil rouge : l'oeuf, l'avez-vous vu ?!!!!!

Fou-fou Coloriage par Lili Scratchy (éditions Thierry Magnier)

23 septembre 2010

Des étoiles au plafond

des_etoiles_au_plafondC'est un roman qui se défend d'être triste, mais qui l'est dans les dernières lignes, parce que ce sont des pages belles, émouvantes et qui vous prennent à la gorge. C'est comme ça, incontrôlable, et on n'y peut rien. Cela n'efface pas les précédentes pages taillées d'humour et de facétie à croquer le portrait d'une adolescente de treize ans qui se sait moche, terne et plate, totalement fade, et qui se débat contre l'injustice de sa vie. A côté, il y a Péné, la fille la plus glamour de l'école, qui habite juste au-dessus d'elle, la cible parfaite pour Jenna et sa copine Susanna qui déchaînent leur verve. Elles détestent Pénélope-la-salope ! C'est toujours elle que tout le monde regarde, aime, courtise. C'est toujours elle qui organise les soirées les plus folles, les plus courues. C'est toujours elle qui se la pète, qui parle de ses vacances, qui fume, qui boit, qui collectionne les histoires sentimentales. Bref, elle exaspère !

Quand on n'a pas de poitrine, les cheveux ternes, un regard de veau perdu sans sa maman, et qu'on aimerait bien que ça bouge un peu dans sa vie, à trop baver sur Sakki, le beau gosse, celui qui fait tourner la tête de Jenna (et qu'en échange, rien, le vide intersidéral, c'est la loose), bref on espère, on attend un miracle, en regardant les étoiles au plafond de sa chambre. Susanna est gentille, mais un peu pénible aussi. Pourtant, elles se connaissent depuis toujours, elles ont grandi ensemble, fait du cheval toutes les deux, aiguisé leurs dents contre Péné, et puis Susanna connaît le secret de Jenna. Ce secret qui fait que l'adolescente barricade son chez-elle, son sourire, ses élans : sa maman est malade. Un cancer. C'est grave. Elle va mourir (lui serine-t-on).

Alors, c'est la course. Vivre, grandir, se mélanger, confondre, assister à l'intrusion de grand-mère, détester ça mais se taire. Aider maman, toujours. Se consoler de la voir un peu mieux. Trembler face à ses chutes. Être impuissante, muette, mais crier sa colère au fond de soi. Jenna est une jeune fille prise dans un tourbillon, elle doit combattre son chagrin et la panique engendrés par la maladie, mais aussi accuser ce qui change chez elle, dans son corps et dans sa tête. C'est le début de la crise, ce n'est pas facile, surtout quand Péné s'en mêle, oui, l'insupportable Péné, celle qu'elle déteste depuis toujours, et qui se révèle ... différente. Compréhensive. C'est le monde à l'envers. C'est un monde où on perd sa maman trop jeune et où on se sent abandonnée, malheureuse et perdue dans le noir. C'est sûr que c'est triste, vers la fin, mais ça reste une lecture incroyable, belle et attachante. Et ça raconte la jeunesse pas autrement qu'avec leurs mots, leurs émotions et ça ne trompe pas, c'est vif, cinglant, ça fait sourire et soupirer. En bref, c'était bon, très bon même !

de Johanna Tydell (éditions thierry magnier, 2010)
traduit du suédois par Agneta Ségol
336 pages - 17,50€

16 septembre 2010

La surprise

L'adorable mamie gâteau, qui lit des belles histoires, et qui ne vit que pour vous, vous la rangez au placard ! C'est terminé, à l'exemple de la grand-mère du petit narrateur qui s'offre une seconde jeunesse : un nouveau look, des sorties entre copines, des tenues affriolantes, et tous les gadgets à la mode en sa possession, mamie est dans le vent ! Mais que cache son air rêveur ? ...

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Et un album qui casse un peu l'image classique de la grand-mère ... ça fait du bien !!! Aujourd'hui, la mamie est une femme moderne, indépendante, qui n'oublie pas sa féminité aux vestiaires et qui reste toujours présente pour ses enfants et petits-enfants, sans devenir leur esclave !
Et tout ça est raconté avec humour, sous le regard placide et naïf du petit garçon.

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de Nadia Roman (texte) & Jean-Pierre Blanpain (illustrations)
éditions thierry magnier (2010) - 15€

et une chanson que ma fille adore :

 

 

23 juillet 2010

Moi, le loup et les vacances avec pépé

Après Moi le loup et les chocos

moi_le_loup

Moi est un petit garçon qui a pour ami le grand méchant loup, qui non seulement parle mais en plus il n'est pas méchant. Partant de ce principe, non ce n'est pas un loup comme les autres, en plus il est végétarien, il adore les biscuits au choco, et il n'est pas contre une petite tartine de pâté et des sardines.

Ce sont les vacances, le garçon va partir avec son pépé et son loup. Le monsieur y verrait-il un inconvénient ? Non, bien entendu. Le pépé et le loup s'entendent comme larrons en foire, il ne s'offusque même pas de rencontrer Bernard (le loup), c'est vous dire combien cet album est drôle, assez inattendu, riche en petites histoires rigolotes, dans une ambiance très minimaliste, mais c'est ce qui plaît. Un peu comme les aventures de Rita et Machin, on va à l'essentiel et on s'appuie sur les répliques qui font mouche.

Et ça sent bon les vacances ! Mais ici, pas de calvaire pour la route, c'est frais, c'est subtil, ça fait passer le temps, et puis la mer, au bout du chemin, quel régal ! ... Donc n'hésitez plus !!! Et voici un extrait :

moiLoupPepe

En prime, cette affiche dégotée chez Gaëlle la libraire,

moi_le_loup_et_les_vacances

Moi, le loup et les vacances avec pépé - Delphine Perret
Thierry Magnier (2010) - 12€

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28 juin 2010

J'ai quinze ans et je ne l'ai jamais fait

Jai_quinze_ans_et_je_ne_lai_jamais_fait_de_Maud_LethielleuxCapucine et Martin ont quinze ans et sont camarades de classe, souvent assis l'un derrière l'autre, mais ils ne se parlent jamais, tout juste font-ils attention l'un envers l'autre. Capucine, la belle intello, nourrit en fait des fantasmes débridés sur son prof d'histoire, lequel a une liaison avec la mère de Martin. Ce dernier s'ennuie beaucoup en cours, il ne travaille pas beaucoup et il ne pense qu'à sa musique. Récemment, il a eu une révélation grâce au chant : porté pour une soudaine inspiration, il lâche des textes improvisés qui font vriller le coeur de ses auditeurs. Son groupe va d'ailleurs se produire pour la première fois sur scène, mais le stress lui noue l'estomac, il ne pense qu'à ça et il se sent au trente-sixième dessous.

Quel titre ! J'ai quinze ans et je ne l'ai jamais fait, aussitôt on s'imagine... on pense... on conclut que... On a tout faux ! Ce titre se veut coquin et espiègle mais il est aussi joliment trompeur. Car il n'est pas seulement question de sexualité, mais d'amour au sens large (amour de la musique ou amour de soi, pour commencer). Chapitre après chapitre, on se glisse dans la tête de deux adolescents, on vit leurs espérances, on ressent leurs forces, leurs faiblesses, on partage leurs soucis. C'est immédiat, vif, revigorant. C'est comme revivre ses quinze ans, se rappeler cette période trouble où on ne sait pas, on aimerait bien, on cherche, on doute, on se plante et on recommence. C'est bon tout ça ! Et puis, ce n'est jamais trop tôt ni trop tard, c'est du plaisir sur toute la ligne, la gouaille de Maud Lethielleux combinée à une compréhension nette, précise et complice de cet âge ingrat, franchement je trouve que c'est un livre tout public, qu'il parle à tout le monde, qui fait rire et pleurer, et qui fait du bien, avec sa façon d'épiloguer sur un air de ne-pas-y-toucher. Je m'attendais à un bouquin plutôt girly, je me suis gourrée et c'est tant mieux !

J'ai quinze ans et je ne l'ai jamais fait ~ Maud Lethielleux
Editions Thierry Magnier (2010) - 200 pages - 9€
illustration de couverture de Anne Bordenave

8 juin 2010

Il ne fait jamais noir en ville

C'est court, mais c'est tellement beau. En 105 pages, Marie-Sabine Roger danse avec les émotions, avec les chutes, avec les messages, avec la petite mélodie qui touche ou qui donne le sourire. D'une histoire à l'autre, ce n'est jamais de tout repos.

On se surprend à trouver cocasse l'aventure de Sylviane, la bonne cruche à qui on fait tout voir au boulot ou dans la vie de tous les jours, et qui enfin va se surprendre à dire crotte, parce qu'il a suffi d'une rencontre pour que tout change chez elle. Et même l'histoire avec monsieur Mesnard, ce voisin inquiétant, secret, silencieux, trop bon pour être honnête, serviable mais étouffant, qui sait ? La narratrice nous fait vivre cette montée d'angoisse, ce climat lourd, qui nous laisse mi-figue, mi-raisin, on ne saurait dire mais on devine le malaise, et à l'instar de la narratrice, on a très envie de se barricader, d'y aller à reculons, de ne plus savoir s'il faut avoir peur ou faire confiance. Flippant, mais savoureux.

il_ne_fait_jamais_noir_en_ville

Néanmoins, tout le monde n'est pas à la fête dans ce recueil composé de dix nouvelles. C'est aussi sensible et très émouvant, le drame d'un père qui se sépare de son enfant, la mort à petits feux d'une femme qui se sent corvéable à merci, l'adieu au père (dans Tout va bien), ohlala, ce texte est d'ailleurs une perle. Il m'a fallu le lire plusieurs fois, l'émotion m'a surprise à chaque fois, j'avais la gorge nouée, je relisais des passages, je me le murmurais à moi-même et j'avais des frissons partout. Ce texte figure très haut parmi mes préférés, avec Sans blessure apparente, un autre instant scotchant, bluffant et brut de décoffrage. 

Comment vit-on sa vie quand la vie n'est plus là ?
L'allée de gravier me semblera plus étroite et mal entretenue. Est-ce que le sac tirera sur l'épaule, est-ce que le ventre fera mal ? Qu'y a-t-il donc, après l'irréparable ? Après la lâcheté, la peur et le déni. La perte refusée mais pourtant consentie.
Et la mutilation, sans blessure apparente.

C'est un livre arc-en-ciel. Il possède le charme des sensations changeantes, il nous surprend, il nous séduit, il nous bouleverse. Je ne m'y attendais pas, j'ai été sur le carreau.  Car souvent, Marie-Sabine Roger ne se contente pas d'être aimable ou serviable. Pas du genre à nous offrir ce qu'on attend. C'est ce qui ressort de la lecture, le sentiment d'un bel accomplissement, d'un certain étourdissement, entre rires et larmes, et un désir de sincérité, sans forcer. C'était beau, c'était bien.

- Ils laissent tout le temps brûler les lumières, ici ? Ils n'éteignent jamais ?
Pascal sourit :
- Eh non, maman ! Il ne fait jamais noir, en ville.
 

Il ne fait jamais noir en ville ~ Marie-Sabine Roger
éditions Thierry Magnier (2010) - 105 pages - 16€

Un très beau recueil qui paraît au moment où le roman de Marie-Sabine Roger, La tête en friche, est adapté à l’écran par Jean Becker avec Gérard Depardieu et Gisèle Casadesus.

ma tête en friche, août 2008

29 avril 2010

Si tu la respectes, la mer, elle te soulèvera pour t'emmener où tu voudras.

Letranger_sur_le_sable_de_Anna_MackenzieL'île de Dunnett. Quelque part entre ici et ailleurs, à notre époque ou pas, on ne sait pas dire. Sur cette île, la communauté vit recluse. Elle se ferme à tout ce qui provient de l'extérieur, et notamment tout ce qui arrive de la mer. Il y a quelques années, la mer empoisonnait les gens, tout ce qui vient d'elle est désormais interdit. Ness et son frère Ty ont ainsi perdu leurs parents, ils vivent chez Tilda et Marn, sans aucune perspective d'avenir, si ce n'est cultiver la terre et se marier. Ness est une jeune rebelle à sa façon, depuis toute petite la mer n'a cessé de la fasciner. Elle refuse le destin qu'on lui offre et n'hésite pas à se réfugier sur la plage pour rêver. C'est comme ça qu'elle découvre le corps d'un homme. Cadeau de la mer. Avec la complicité de Ty et leur cousine Sophie, Ness le cache dans une grotte. A force de patience et de ruse, elle parvient à le guérir et apprend à le connaître. Grâce à lui, c'est un autre monde qui s'offre à elle.

Ness a l'étoffe d'une héroïne farouche et décidée, comme Mary dans la Forêt des damnés. Ici, l'apocalypse aussi a frappé (la faute à la pollution.) Pour mieux se préserver, les insulaires ont coupé tout contact avec le continent. Ils vivent selon les règles du grand Conseil, qui entretient avec habileté un climat de peur pour maintenir cette société dans l'asservissement ou l'absence de réaction. Dehors, c'est mal. Chez nous, entre nous, c'est se protéger. Depuis sa rencontre avec Dev, le rescapé, Ness comprend qu'elle ne peut plus vivre sous ce joug, que la seule perspective d'épouser Jed la rend malade. Il faut qu'elle parte.

En voilà une lecture où règne une ambiance étouffante et sous tension constante. Inutile de trop en dire, si ce n'est qu'il est question de survie, de crise environnementale, d'autarcie et d'affirmation de soi. C'est un roman que j'ai trouvé étrangement captivant, sombre mais poignant.

L'étranger sur le sable ~ Anna Mackenzie
éditions Thierry Magnier (2010) - 236 pages - 11,50€
traduit de l'anglais (Nouvelle Zélande) par Elodie Leplat

A la brocante du coeur a aimé, mais se sent frustrée pour la fin.

 

 

10 avril 2010

Mon immeuble avait toujours été très calme.

IMGP7346Un immeuble trop calme voit arriver un énorme camion de déménagement avec son lot de petits, gros et grands cartons. Puis le nouveau voisin fait son entrée : c'est un chien ! Très vite, les parents de la narratrice font la fine bouche. Ils n'apprécient pas cet intrus et lui trouvent tous les défauts de la terre. Heureusement, la petite fille le trouve charmant. Les jours passent et ne cessent d'accueillir des nouveaux arrivants dans cet immeuble qui se repeuple d'étonnantes personnalités. Mais les parents font toujours la grimace. Les éléphants sont trop bizarres, le crocodile trop mielleux et souriant ... cela cache forcément quelque chose. Aussi suspicieux se montrent ses parents, aussi compatissante se révèle la fillette. Un jour, prenant conscience du comportement de sa famille, elle n'hésite pas à poser la question à ses voisins.

" Vous ne trouvez pas ça bizarre que mes parents vous trouvent bizarres ? "

"C'est tes parents qui sont bizarres !"

" Ils nous regardent de haut en bas ", s'est plaint le chien.

" Toujours avec un air supérieur ", ont dit les éléphants.

" Et ils n'ont même pas dit merci pour les cadeaux ", a ajouté le crocodile blessé.

N'est finalement pas meilleur voisinage celui qu'on pensait !

L'album traite de la tolérance avec un ton joyeux et plein d'humour, soutenu par des illustrations aux teintes colorées de rouge, de rose et de bleu. Très joli ! C'est vrai, je m'attendais à autre chose, au vu du titre et de la couverture, mais je n'ai pas été mécontente de la surprise non plus.

Mon voisin est un chien ~ Isabelle Minhos, Madalena Matoso
éditions thierry magnier, 2010 - 13€

9 avril 2010

Les bonnes maisons sont celles qui absorbent les joies, les peines, les disputes, les réconciliations, les souvenirs ...

si_on_rentraitLa maison, lieu de rêverie, de fantasme, de jalousie, refuge, port ou tempête, la maison parle de ses habitants, ce qu'ils sont ou qu'ils aimeraient être. Objet de convoitises, il s'y tisse bien des amours et bien des haines.
Un Noël particulier, une invitée encombrante, un voisin impossible, des héritiers cupides, des propriétaires branchés déco, voici une série de nouvelles nostalgique, féroce, drôle, dont le point commun est d'avoir pour pivot une maison.
Si on rentrait... à la maison, ce recueil évoque, avec humour, des situations bien connues de chacun d'entre nous : héritage, partage, souvenirs d'enfance, secret de famille... (quatrième de couverture)

Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu de nouvelles et cela me fait toujours plaisir de *tomber* sur un recueil dont la qualité m'enchante du début à la fin.  Ici, place à des histoires courtes, saissantes, drôles ou dramatiques. Place à des histoires où la maison occupe une place importante - une maison familiale, remplie de souvenirs, une maison anonyme ou un gîte de bienvenue. Autour, s'orchestrent des vies avec des personnages qui nous sont proches, qui nous ressemblent. Souvent j'ai été surprise, j'ai éclaté de rire ou j'ai eu la petite boule au ventre (très peu, j'avoue). Le propre de ce recueil est plus de nous séduire, de nous toucher. L'une des plus belles histoires s'intitule Maison de famille. Elle raconte le poids des secrets et du passé, la sensation d'étouffement d'une femme, une allemande mariée à un français. Longtemps elle a fait peu de cas de ses origines, mais un Noël en famille a tout bouleversé, a renvoyé les uns et les autres vers le miroir de la vérité - bonne ou pas bonne à dire. Comment confronter les idées de certains avec la réalité des autres, comment assumer des héritages qui pèsent trois fois le poids d'un homme ? ... De belles idées sont donc suggérées, un beau portrait de femme aussi est mis à jour. Cette nouvelle termine le recueil et c'est un bonheur de tourner la dernière page sur ce sentiment de félicité.

Ceci ne doit pas vous enfermer dans l'illusion que la gravité règne en force dans ces histoires, bien au contraire. On trouve aussi de la légèreté, de l'humour et de la cocasserie. De l'exagération aussi. Toutes les nouvelles ne sont pas égales, j'ai été plus sensible à certaines qu'à d'autres. Mais je garde un beau souvenir de bien-être et de qualité de ce recueil. Un instant partagé avec pudeur et douceur. Pas facile à partager, je le conçois, et j'ai fait du mieux que je pouvais... Ma lecture a été une affaire d'émotions intimes, c'est tellement bon quand ça vous arrive. Cela ne se raconte pas.

Si on rentrait ~ Véronique M. Le Normand
éditions thierry magnier, 2010 - 107 pages - 16€

 

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