" Que crois-tu que Jules Verne ou Herbert George Wells auraient donné pour être à sa place ? Même cinq petites minutes ? "
Trois adolescents, condamnés à mourir tragiquement, sont finalement sauvés par un type du nom de Foster en devenant des Time Riders. Leur mission consiste à préserver le cours de l'Histoire via des voyages dans le temps pour s'assurer que tout se déroule comme convenu et éventuellement corriger les petites erreurs. Bien vite, il leur faudra contrer les agissements d'un ennemi, un certain Kramer, qui va s'immiscer dans les évènements et faits marquants, notamment en 1941, en aidant l'Allemagne à remporter la guerre.
Liam, le garçon de 16 ans débarqué du Titanic, Maddy, sauvée d'une explosion d'avion en 2010, et Sal, miraculée d'un incendie en 2026, sont donc réunis à New York en 2001 (la veille des attentats !). Ils ont peu de temps pour approfondir leur apprentissage, car Kramer a quelques longueurs d'avance.
Après un démarrage hésitant (premier tome oblige), la lecture nous enthousiasme par son rythme dynamique et son lot d'action. Véritable roman d'espionnage et d'aventure, il parvient à séduire en distillant quelques pointes d'humour et de suspense. L'idée de revoir un peu les bases fondamentales de nos connaissances historiques, et géopolitiques, à travers les voyages dans le temps, n'est pas nouvelle mais elle séduit toujours ! Pour l'instant je suis assez curieuse de connaître la suite, en espérant que la trame romanesque ne se répète pas trop. La série sera déclinée en 9 tomes !
Time Riders, tome 1 par Alex Scarrow
Nathan, 2012 - traduit de l'anglais par Aude Lemoine
Le tome 2 est déjà disponible : Le jour du prédateur (traduit par Anne Lauricella)
Où il est question de dinosaures, d'un petit génie à sauver et d'un jeune héros bloqué à des millions d'années en arrière, en plus d'une révélation choc en toute dernière ligne (laquelle m'a finalement peu surprise, tant ce détail était souvent signalé depuis le tome 1 !)... à suivre cet automne !
« FUGIT IRREPARABLE TEMPUS »
Stressant et tiré par les cheveux, mais qu'est-ce qu'il tient en haleine !
Jackson a dix-neuf ans, une petite copine sérieuse et la particularité de sauter dans le temps. Au départ, avec son copain Adam, c'est sujet à une série d'expériences pour savoir, comprendre, tester. Et puis, tout dérape le jour où deux types font irruption dans la chambre où Jackson se trouve avec Holly et lorsque celle-ci se fait tirer dessus. En réaction, le garçon fait un bond deux ans en arrière et n'a plus moyen de retourner à sa "home base".
C'est le début du schmilblick qui plonge le héros et le lecteur en plein brouillard. Il faut s'accrocher pour saisir les subtilités de l'enquête, à laquelle viennent s'ajouter des secrets de famille. De révélations en déconfitures, la traque infernale vers la vérité est haletante, fichtrement complexe, on croirait un vrai film d'espionnage. C'est bien fichu, mais assez touffu. On en sort essouflé, même si c'est franchement palpitant !
Tempest : Les Ennemis du Temps par Julie Cross
Seuil jeunesse, 2011. Traduit de l'anglais (USA) par Julie Perrin.
Pour le prince Emil ! Pour les Maudits ! Pour la Dame Grenouille !
Suite et fin des aventures d'Eva, adolescente du XXIe siècle qui, au cours d'un voyage scolaire, a fait une mauvaise chute et s'est réveillée au Moyen-Âge. Au lieu de s'apitoyer sur son sort, Eva a pris le parti de venir en aide au jeune prince Emil, dont le fief venait d'être volé par un tyran sanguinaire.
Nous avions laissé notre couple au terme d'une échappée folle, le moral dans les chaussettes, mais en compagnie de la troupe des Maudits, désormais les nouveaux sujets du prince déchu. Ensemble, ils vont devoir affronter des troupes de soldats surentraînés et suréquipés, qu'à cela ne tienne ! Eva est convaincue de la réussite de ses projets (elle a intérêt, de là dépend son retour auprès de sa famille).
Accessoirement, elle s'est bigrement attachée à Emil, son prince charmant, qui le lui rend bien. Le couple est adorable, pas trop démonstratif, mais juste ce qu'il faut pour scotcher un sourire béat au visage.
Mais nous avons un royaume à sauver ! La bagatelle viendra plus tard (ou entre les lignes, c'est bien aussi). L'arrivée soudaine de Mikusch - que seuls les lecteurs du 1er tome reconnaîtront - plonge Eva dans un désarroi profond. Les aiguilles de l'horloge ont entamé leur ronde infernale, le temps est compté et les ennuis ne font que s'accumuler (entre autres, le fléau de la suette...).
Dans ce deuxième tome, Eva va également chercher à comprendre ses liens avec l'Araignée (pourquoi a-t-elle été choisie, à quoi se limite son rôle, que se passe-t-il si elle décide de ne pas l'écouter), elle continuera aussi à comptabiliser ses erreurs (une vingtaine !) mais à chaque jour suffit sa peine.
L'aventure se poursuit donc, entre les rires et les larmes, et plonge le lecteur dans un ravissement perpétuel. Il y a à peu près tout ce qu'il faut pour enchanter tout le monde dans ce livre : des personnages de divers horizons, des personnalités fortes et attachantes, une nouvelle famille qui se construit et des liens indestructibles que l'héroïne aura bien du mal à défaire le moment venu, des batailles et des chevauchées éprouvantes, des défis et des plans, des actes de bravoure, des éclats de voix, des répliques sarcastiques, des battements de coeur, des déclarations virevoltantes... sans compter le final de l'histoire qui m'est apparu tout à fait satisfaisant. Je remercie l'auteur, Lenia Major, d'avoir su teinter d'espoir et d'angoisse mes heures de lecture ! Définitivement, Le Prince des Maudits aura été une fantastique découverte (en deux tomes, le compte est bon !).
Le Prince des Maudits, tome 2 : Emil le Clairvoyant, par Lenia Major
Editions Balivernes, 2011 - 335 pages - 17€
illustration de couverture : Marc Simonetti
« Tisse sa toile, fille de l'Araignée... »
Quelle très, très bonne surprise ! Ce roman a su me prendre au dépourvu, moi qui pensais qu'il s'agissait d'une énième lecture tout simplement sympathique et divertissante, j'ai été étonnée de la rapidité avec laquelle j'enfilais les chapitres sans vouloir reposer le livre ! Tant mieux.
Cela commence à notre époque, par la visite scolaire d'un vieux château en Allemagne, quand tout à coup Eva, l'intello de la classe, est bousculée par un camarade et fait une chute en se cognant la tête. En revenant à elle, c'est la stupéfaction : la voilà au coeur d'un conflit armé et se voit confier la garde d'un jeune prince dont le père vient d'être assassiné.
Gloups. J'en connais d'autres qui auraient déjà recouru à leurs sels pour moins que ça. Eva, elle, se débat et sauve sa peau. Elle prend sous son aile le dénommé Emil, l'héritier, qui souffre de cécité mais qui n'est pas empoté pour autant. Tous les deux doivent fuir le plus vite possible le pays pour se réfugier outre-Rhin avant de reconquérir les terres volées par l'ennemi. Mais en attendant, le chemin est long, mouvementé et périlleux.
Pour précision, nous sommes en 1490. Heureusement Eva s'adapte vite et bien au changement, elle n'a pas trop le choix non plus. Une mission plus importante l'attend, de même qu'elle doit rester saine et sauve et protéger le prince Emil. Ces deux-là forment une équipe épatante. Ils ont de la répartie, font preuve d'humour, se comprennent instinctivement et ne se jugent pas. On sent bien qu'une attirance est en train de se créer, mais c'est dosé juste ce qu'il faut pour que ça ne paraisse pas mielleux et gonflant, juste cocasse et ravissant.
Avant tout, place à l'action ! L'intrigue repose sur un rythme qui ne s'essouffle jamais et qui transporte le lecteur. Des révélations sont encore à venir, d'autres mystères aussi seront à percer, comme cette prophétie sur la fille de l'Araignée, et de belles rencontres viennent compléter le décor. Et puis, c'est très drôle aussi ! Franchement, tous les ingrédients ont été réunis pour satisfaire le jeune amateur d'heroic fantasy. D'ailleurs ce livre figure désormais en bonne place sur les étagères de ma fille.
Au passage, je n'ai pas un avis très favorable sur la couverture, mais c'est une affaire de goût.
Le Prince des Maudits, tome 1 : La fille de l'Araignée par Lenia Major
Balivernes Editions, 2010 - 255 pages - 17€
illustration de couverture : Marc Simonetti

"Porter du vintage, c'est une façon de porter l'histoire, un moyen par lequel on peut transformer le passé en présent."
Quelle jolie couverture ! Et ça ne s'arrête pas là, puisque le livre contient des illustrations de toute beauté, soulignant l'élégance des tenues d'autrefois et apportant un charme fou à l'ensemble. C'est une lecture absolument exquise, peut-être davantage destinée à un lectorat niveau collège.
L'héroïne a douze ans et est passionnée par la mode vintage. En effet, Louise a décrété que le passé était plus passionnant que le présent, elle aime aussi les vieux films classiques, les acteurs de l'époque, elle n'envisage pas de revêtir autre chose que des toilettes griffées, chargées d'histoires personnelles et porteuses d'un souffle de nostalgie.
Un matin, elle reçoit une invitation à une vente privée "pour les fashionistas voyageuses". Etrange, mais excitant. Elle se rend à l'adresse indiquée, fait la rencontre de deux dames exubérantes, fouille dans leurs armoires et met la main sur une magnifique robe rose. Elle l'enfile et tombe dans les pommes.
En se réveillant, elle découvre qu'elle est devenue une actrice célèbre de dix-sept ans, en voyage à bord d'un paquebot qui vient de quitter l'Europe pour New York. Nous sommes en 1912 ... sur le Titanic ! Mais Louise n'a pas encore fait le rapprochement. En premier lieu, elle est perturbée par ce bond dans le temps, une anomalie à laquelle elle refuse de croire, avant de se prêter au jeu, avec joie et insouciance. Car c'est avant tout l'occasion de prendre un bain de foule parmi des personnalités qui vont léguer leurs noms à des musées ou des chaines de magasins, de même qu'elle va s'extasier sur le glamour de l'époque, les belles toilettes qui seront les futures pièces de sa collection, et rencontrer la créatrice lady Duff Gordon, que Louise vénère au même rang que Coco Chanel, Karl Lagerfeld et Viviane Westwood.
Après en avoir pris plein les yeux, Louise va douloureusement revenir à la réalité en comprenant qu'elle est à bord du Titanic ! Changement de cap, le rythme se veut plus trépidant. Louise ne pourra pas changer le cours de l'histoire, mais au moins sa propre histoire ne peut se conclure ainsi.
C'est une fabuleuse réussite de proposer un voyage dans le temps à partir d'une robe qui avait une incroyable histoire à raconter. Et il ne s'agit pas de n'importe quelle épopée... J'ai d'ailleurs cru comprendre que l'auteur n'en resterait pas là, ce qui enchante la jeune lectrice de la maison ! La lecture est en effet adorable et légère, de plus l'esthétisme du roman est une promesse de balade gracieuse et non moins superficielle. A mettre entre les mains des minettes dès 11-12 ans.
Une robe couleur du temps, par Bianca Turetsky
Hachette jeunesse, 2011 - 275 pages - 13,90€
traduit de l'anglais (USA) par Florence Bellot
le site (en anglais) : http://timetravelingfashionista.com/
C'est tellement facile de tout oublier. Quand on écrit quelque chose, ça reste.
Depuis la mystérieuse disparition de leurs parents survenue dix ans plus tôt, trois enfants, Kate, Michael et Emma, étrennent tous les orphelinats avec tristesse et amertume. Ils ignorent tout de leurs origines, ne portent que la lettre P en guise de nom de famille, n'ont aucun souvenir des leurs, à part l'aînée, Kate, qui s'est jurée de toujours prendre soin de son frère et sa soeur.
L'histoire commence alors qu'ils arrivent à Cambridge Falls, dans un orphelinat désert, tenu par un vieux majordome, une gouvernante revêche et celui qui se présente comme étant le docteur Pym. Au hasard de leur exploration des murs, les enfants découvrent un livre avec des pages blanches, lequel les envoie aussitôt dans le passé, grâce à une photographie. Et là, la machine se met en marche, l'aventure peut démarrer, vous n'êtes qu'au début de vos surprises. Car des voyages, Kate va en faire, pour sauver son frère, pour retrouver un livre, pour échapper à une sorcière folle, pour sauver les enfants d'un village, pour comprendre le pouvoir qui prend forme en elle, pour saisir chaque instant d'une prophétie qui se construit, et qui aurait été écrite bien des années plus tôt.
J'ai beaucoup, BEAUCOUP aimé cette lecture ! L'immersion a été quasi immédiate, c'est un univers riche et foisonnant, teinté de magie et de voyages dans le temps, avec des rebondissements, de l'action, des événements tellement liés entre eux que le moindre souffle peut tout faire basculer, c'est passionnant. Les héros sont jeunes (14, 12 et 11 ans), ils ont des caractères bien différents, mais ils sont très attachants (et même parfois agaçants avec leur science, leur excentricité, leurs caprices, leurs doutes et leurs mensonges), paradoxalement c'est ce qui fait qu'on les apprécie autant. Il y a aussi beaucoup d'humour, involontairement de la part du roi Hamish, et essentiellement grâce à Michael qui réalise son rêve en rencontrant des nains ! Quel choc. Je n'ai pas pu m'empêcher de sourire.
Je n'aime pas trop comparer ou poser des étiquettes, mais malgré moi, je ne peux m'empêcher de conseiller ce livre à tous ceux qui se sentent orphelins du monde de Harry Potter & co. Vous y trouverez ce même plaisir de baigner dans un espace hors du temps, de votre bulle et vous ne compterez plus les heures passées le nez dans votre bouquin. C'est dire l'immense plaisir qu'il procure, en plus de cet instinct d'avoir décroché de la réalité pour basculer dans un autre monde. Les éditions Milan ont eu le flair en traduisant ce premier tome alors même qu'il vient de paraître aux USA (par contre, la suite ne sera pas imminente...).
L'Atlas d'Emeraude - John Stephens
Milan, 2011 - 440 pages - 14,90€
traduit de l'anglais (USA) par Nathalie Zimmermann
Ce roman a été gracieusement distribué aux blogueurs, je ne compte plus les liens, aussi voici celui de Bladelor qui ouvre sur d'autres...
Rouge Rubis #1
J'ai trouvé ce premier tome absolument captivant, et dès le départ j'ai été embarquée par son atmosphère délicieusement excentrique et mystérieuse. C'est l'histoire de la famille Montrose, de leur grande demeure de Berkeley Square et de tous leurs petits secrets qui se lèguent à travers les générations et que semble aujourd'hui partager Charlotte, la cousine de Gwendolyn (notre sémillante narratrice). Les deux filles sont en tout point différentes, l'une rousse, consciencieuse et douée pour les études, l'autre brune, étourdie, assez cruche et immature, ne jurant que par la pop culture (elle approfondit ses leçons en visionnant des tonnes de films et de séries tv !).
Toutes deux ont seize ans, Charlotte a depuis sa naissance été désignée comme étant "porteuse du gène" (celui de voyager dans le passé) et a reçu une éducation stricte et guindée pour "accomplir son destin". De son côté, Gwendolyn observe, commente, se moque avec gentillesse. Elle a bien assez avec ses propres visions (des esprits fantômes) et sa famille ne la prend pas au sérieux. Puis survient ce que personne n'attendait - ce n'est pas Charlotte qui s'évapore dans les airs, mais Gwendolyn ! C'est elle, l'ultime voyageuse, ce qui bouleverse toutes les données.
A partir de là, le lecteur plonge dans les longues explications et nous découvrons les arcanes du cercle privé formé par les Veilleurs. Comme Gwendolyn nous absorbons les révélations, les découvertes, accumulons le plus possible d'informations sur le chronographe, les voyages dans le passé, la motivation du comte de Saint-Germain et pourquoi deux autres voyageurs ont brutalement disparu en volatilisant la machine. Heureusement, ce premier tome ne se contente pas de poser les bases (même s'il est bien obligé de passer par là), il distille aussi les informations précieuses sur l'intrigue qui se tisse avec subtilité.
C'est un monde nouveau, peut-être fascinant et excitant, mais finalement dangereux et hypocrite. Nous le réalisons aux côtés de Gwendolyn, une héroïne charmante, sans retenue, qui prend la mouche dès que son nouveau partenaire de voyage la déconsidère avec hauteur. Gideon de Villiers est l'homologue de sa cousine Charlotte, il est prétentieux et autoritaire, se méfie de Gwendolyn (ce n'est pas de sa faute, sa mère a été complice des agissements du couple qui a disparu, et depuis les Veilleurs mettent en doute l'apparente naïveté de l'adolescente). Fort heureusement, leurs chicaneries apportent du piquant et font de ce couple improbable un duo irrésistible !
Que demander de plus ? Nous avons une ambiance londonienne, une richesse historique, des bonds dans le temps, des personnages attachants et drôles, des méchants et des gentils à n'en plus savoir, une réelle intrigue, généreuse et qui s'étoffe au fil des chapitres, beaucoup de mystères et de l'humour... Cette mise en bouche met véritablement en appétit ! Vivement la suite.
Rouge Rubis - Kerstin Gier
Milan, 2011 - 336 pages - 13,90€
traduit de l'allemand par Nelly Lemaire
Le livre du temps III. Le Cercle d'or - Guillaume Prévost
Premièrement, amis lecteurs, j'ai failli épuiser toutes mes réserves de patience car je n'en pouvais plus d'attendre ce troisième tome du Livre du Temps, une trilogie passionnante commencée en février 2006. Le hic, donc, c'était que ce 3ème volume était annoncé en janvier 2008, puis repoussé à l'automne... j'ai cru défaillir de frustration. C'est mal de faire subir autant d'émotions pour le lecteur ! Ce dernier est une petite chose fragile et délicate. Ses nerfs sont souvent mis à rude épreuve, il faut veiller à soigner un lecteur. Je le répète : c'est fragile !
Bref, je suis bien embêtée maintenant car je ne peux pas vous parler du tome 3 car ce serait déflorer la série pour ceux qui ne la connaissent pas encore ! Hé hé hé. C'est cruel, je sais. Mais faites-moi confiance, c'est excellent ! Au début, j'ai cru que j'avais un peu oublié des détails (à ce propos, cher Guillaume Prévost, cela aurait été bien accueilli de proposer un résumé en prologue, histoire de rafraîchir nos mémoires qui sont pas mal encombrées avec des centaines d'autres lectures ! (Note pour moi-même).
Cependant, j'ai très vite retrouvé mes marques et mes habitudes et mon plaisir et mon sourire. J'avais comme l'impression d'avoir quitté Sam Faulkner la veille, j'ai tout de suite replongé à ses côtés dans ses voyages dans le temps. Je vois d'ici les lecteurs froncer les sourcils, là je sais que j'ai affaire à des lecteurs qui ne suivent pas ! Ce n'est pas bien. J'ai dernièrement évoqué le tome 1 : La pierre sculptée car ce livre est disponible en format poche (folio junior).
Reprenons, donc : Samuel Faulkner, un adolescent tout ce qu'il y a de plus ordinaire, vit chez ses grand-parents depuis la mort de sa mère, survenue trois ans auparavant. Son père Allan, désigné “le prototype de l'original”, est libraire, spécialisé dans les ouvrages anciens mais n'a plus donné signe de vie depuis plusieurs jours. Le garçon est inquiet et se rend à la librairie, où il va découvrir une statuette avec des jetons autour. De là, il va plonger dans la quatrième dimension (!). En fait, non. Il va débarquer sur l'île d'Iona chez une communauté de moines, mais en l'an 800 !
Pourquoi, comment ? C'est un peu ce que va expliquer le premier livre. Une fois les choses en place, l'histoire va être encore plus palpitante. Déjà, je trouvais que c'était une formidable épopée, le fait de se balader dans le temps, à des époques différentes, de l'Egypte ancienne au Moyen-Âge, en passant par Bruges au XVe siècle et la Transylvanie de Vlad Tepes. Les rencontres sont étonnantes, sans cesse dirigées vers un but précis : retrouver Allan Faulkner.
Une fois ce dernier localisé, il incombe à Sam de le ramener dans son époque et de comprendre pourquoi son père a agi de la sorte. Il faut innocenter les accusations contre lui, celle de vol notamment. Mais dans le même temps, Samuel a une vie d'adolescent qui rencontre des difficultés avec son entourage, il a un secret à préserver (celui de la pierre sculptée), des relations houleuses avec sa tante et son nouveau petit ami (un type sans-gêne qui n'inspire aucune sympathie) et il faut composer avec ses activités scolaires (ses compétitions de judo) et ses rapports difficiles avec ses camarades (il refuse tout contact avec Alicia, son ex-meilleure amie).
La lecture mêle l'avnture, l'action, les voyages, l'intelligence, la patience, l'angoisse, le suspense et l'amour. C'est un ensemble harmonieux et entraînant. On pourrait craindre une quelconque redondance à force de suivre Samuel, qui cherche son père et voyage par le biais de la pierre sculptée, un procédé également capricieux et imparfait. Or, cela devient vite une addiction, les pages se tournent à vitesse folle, l'impatience scotchée sur le bout de l'index. On brûle de connaître la suite, de savoir la prochaine destination de Sam.
D'énigmes en rencontres extraordinaires (l'archéologue Chamberlain ou le premier empereur de Chine, pour ne citer qu'eux) Samuel Faulkner a double mission dans ce tome 3, aider son père, comprendre sa motivation folle ET déjouer le plan machiavélique de l'individu surnommé le Tatoué (il fait son apparition dans le tome 2). Cet inconnu a longtemps l'avantage sur Sam, en tant qu'ennemi invisible, et redouble de forces maléfiques pour le manipuler. Mais tout va changer lorsque l'adolescent découvre qui il est réellement ! Du moins, c'est ce qu'on aimerait conclure... le Tatoué reste un adversaire doublé d'une personnalité cupide, fourbe et démoniaque.
Ainsi s'achève une saga passionnante, riche en rebondissements et pleine d'élégance et de détails historiques qui apportent un intérêt pédagogique à cette lecture. Je suis conquise depuis le premier livre, j'en sors ravie en vous souhaitant le même enthousiasme !
PS : à noter une superbe jaquette de couverture qui s’ouvre comme un poster. Un plus pour l’ambiance.
Gallimard jeunesse, 374 pages - 18,50€
L'anneau de Moebius - Franck Thilliez
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Comment parler du nouveau roman de Franck Thilliez ?
Je pourrais vous présenter les personnages : Vic Marchal, le flic, et Stéphane Kismer, un créateur de monstres pour le cinéma. Ils sont tous les deux mariés à des femmes charmantes, mais leur couple est en perte de vitesse. On comprendra vite pourquoi...
Ou je pourrais évoquer l'enquête criminelle qui s'ouvre avec la découverte du corps d'une ancienne actrice de porno reconvertie dans la prostitution de luxe (et pas seulement). Je vous épargne les détails, mais l'affaire est une bombe à retardement.
L'allusion au début du roman à Brad Pitt et Seven n'est pas anodine. Vic Marchal est un bleu, comme on dit, il a choisi la criminelle et a quitté son Sud natal pour rejoindre Paris. Son baptème de feu le conduit directement dans un milieu dégoûtant et pervers. On touche à l'acrotomophilie, au Freaks show, à l'éventail des classiques du cinéma de l'horreur. Un cocktail décapant !
Mais ce qui devient complètement délirant c'est lorsque les rêves effrayants de Stéphane (où il apparaît amoché, les mains en sang, en train d'écrire à la craie sur un mur ou psalmodiant des phrases insensées) empiètent sur la vie réelle. Un doute grandissant voit jour car l'homme se sent coupable du meurtre d'une petite fille qui a été ou va être accompli. C'est le flou, mais Stéphane veut à tout prix conjurer le sort et modifier le destin.
Mais éviter le futur suffit à le créer.
Ce n'est pas une phrase quelconque, mais une logique folle. Une curiosité mathématique, qui porte le nom d'Anneau de Moebius. Au tour de votre imagination de faire le reste...
La lecture de ce roman prend très vite l'allure d'une course à bout de souffle. Deux hommes deviennent traqueurs, leurs chemins sont appelés à se croiser et on attend ce moment avec impatience.
Et puis le rythme s'accélère et les rêves incroyables de Stéphane continuent de s'amplifier.
La fin frise l'absolue incompréhension, si on ne prête pas attention aux indications temporelles présentes à chaque début de chapitre.
Douze jours et douze nuits à traverser. Un aller simple pour l'enfer.
C'est l'invitation au voyage de Franck Thilliez.
Et personnellement j'ai été captivée du début à la fin et n'ai rien vu venir !
Ce roman n'a plus rien de similaire avec les précédents romans de l'auteur, certes le suspense est toujours haletant, les meurtres bien sanglants mais il y a une touche de fantastique en plus.
En bref, c'est habile. Glauque. Bluffant. Les personnages sont justes et attachants. On ne saute pas une seule ligne !
Deux mots pour conclure : intense et troublant.
Bonne lecture !
Editions du Passage, octobre 2008 - 540 pages - 22,50€
Série : Le livre du temps, de Guillaume Prévost
Vient de paraître en poche (folio junior) :
Ce tome 1 d'une saga absolument passionnante ("Le livre des temps") est une introduction habile et pleine de promesses. On y fait la rencontre d'un adolescent taciturne qui deviendra le héros d'aventures incroyables. Samuel Faulkner, intrépide et futé, découvre l'étrange disparition de son père et l'existence d'une statuette qui permet de voyager à travers le temps. On passe du Moyen-Age à l'Egypte ancienne, on suit le garçon à la recherche d'indices, on trépigne d'en vouloir davantage, de connaître la prochaine destination et on se sentirait presque frustré d'être de retour dans le présent, où Samuel est confronté à des considérations de son âge.
Cette série est vraiment passionnante, riche en rebondissements, très bien écrite (l'auteur est prof d'histoire, donc il en connaît un rayon et nous balade à travers le passé en saupoudrant son récit d'informations précieuses et enrichissantes). A découvrir sans attendre !
Pour un billet plus complet, cliquez ici.
Gallimard jeunesse, coll. Folio junior / 6,40€