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Chez Clarabel
6 mars 2008

L'alchimiste assassiné - Fidelis Morgan

alchimiste_assassinePerruque déplumée de guingois, visage barbouillé d'une épaisse couche de fards commençant à dégouliner, lady Anastasia Ashby de la Zouche, baronne Penge, comtesse de Clapham, est en prison pour dettes, et pas pour la première fois. Elle doit à son droguiste la peccadille de six shillings, et le misérable a eu la témérité de l'assigner en justice. Les temps ont changé depuis l'intronisation de Guillaume d'Orange, venu de Hollande instaurer la monarchie parlementaire ; la société anglaise est devenue de plus en plus obsédée par l'argent, le profit et la richesse, même Madame la comtesse, âgée de soixante ans, a dû se lancer sur le marché du travail pour survivre. Après une courte carrière dans l'écriture de tragédies héroïques, sous le nom de plume du Galant Ethéré, lady Ashby a ensuite choisi de se tourner vers le journalisme, glanant des bribes de cancans fielleux ou rédigeant des diatribes contre les charlatans, les dernières modes, les nouvelles pièces. Sa mauvaise fortune voulut que le jour où le recouvreur de dettes vint frapper à sa porte, la comtesse se trouvait entre deux contrats. Sa bourse était par conséquent des plus plates.

Qu'elle n'est pas la surprise de lady Ashby de la Zouche, lorsque dans la prison de Fleet, elle tombe nez à nez avec une drôlesse prénommée Alphiew, son ancienne suivante qui disparut sans prévenir avec son argenterie et Monsieur le comte, bien des années auparavant ! Son sang ne fait qu'un tour, elle bondit sur l'ingrate et demande des comptes, mais Alphiew parvient à s'échapper de Fleet, récupérant le contrat en or promis à la comtesse par Monsieur Cue, responsable de presse. La jeune fille n'est pourtant pas mauvaise, puisqu'elle va parvenir à obtenir la libération de sa bienfaitrice, se disculper des accusations injustifées, proposer une collaboration contre le gîte et le couvert à Anglesey House, l'hôtel particulier de German Street, dans les quartiers chics. La façade est galante, or l'intérieur fait peine à voir. Seul Godfrey, l'ancien palefrenier, un misérable vieux coquin, est resté au service de la dame, même après que le cheval fut vendu, et qu'il n'y eut plus eu d'argent pour les payer !

La liberté étant une chose précieuse, la survie en est une autre. Lady Ashby et Alphiew comprennent que l'argent manque et acceptent avec empressement la proposition d'une femme mystérieuse, bien vêtue et élégante, portant capuche pour dissimuler son identité. Il s'agit en fait d'une dénommée Mme Wilson, qui soupçonne son époux, Beau, de lui être infidèle. Elle embauche la comtesse et sa suivante pour espionner les faits et gestes du mari présumé volage. Malheur ! cette mission, finalement pas si anodine, plonge nos deux donzelles dans un fichu pétrin ! Lady Ashby est prise sur le fait : la cheville foulée d'être tombée sur le corps de Beau Wilson, le bustier et les gants dégoulinants du sang de la victime ! Accusée de meurtre, la comtesse est arrêtée et envoyée en prison. Alphiew se sauve mais n'abandonne pas sa maîtresse, pour elle l'enquête doit continuer !

Quelle aventure truculente ! Fidelis Morgan a lancé une série fort sympathique, surtout portée par son duo de personnages atypiques et attachants, Lady Ashby de la Zouche et Alphiew. L'une est fantasque et un peu folle, l'autre n'a pas de culture mais percute en moins de deux, bref elles n'en perdent pas une miette dans ce Londres puant et mystérieux, à courir à toute berzingue, dans les ruelles sombres et dans le quartier d'Alsatia, où vivent tous les criminels à l'abri des poursuites de la loi, se rendent chez les apothicaires, et rusent auprès d'Isaac Newton en personne pour chercher le moindre indice et démasquer le coupable. Ce sont deux tornades, perruques de traviole, le teint un peu défraîchi, mais fortes en culot, pétillantes et toujours pleines d'allant. Elles nous entraînent dans une foisonnante et palpitante pochade libertine, qui fait revivre toute la trivialité londonienne du XVIIème siècle.

Labyrinthes, 460 pages. Traduit de l'anglais par Denyse Beaulieu.

A aussi été lu par Chimère

  • Existe aussi :  Les reines rivales (Labyrinthes, 2007)

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Commentaires
C
Tiens, c'est marrant comme tout le monde a pu ressentir l'action trépidante dans ce livre, alors qu'objectivement je n'ai pas été saisie par ça, mais plutôt par le portrait truculent des donzelles ! :)
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F
Un livre dans lequel on ne s'ennuie pas à ce que je vois, on doit même le lire en apnée avec tout ce qui s'y passe, très tentant !! ;-)
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C
Michel, très très riche collection ! oui il serait dommage de la négliger (en général) !!!<br /> <br /> <br /> Nath, arrête je vais rougiiiiiir ! ;))<br /> <br /> <br /> Karine, en fait ce sont deux vraies folles qui n'arrêtent pas une minute ! elles sont fort, fort attachantes ! (et poilantes)
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M
LOngtemps que je n'ai lu de livre de cet éditeur pourtant j'ai rarement été deçu... je note cette série<br /> A lire dans l'ordre je suppose
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N
Non seulement je découvre tes titres tous les jours pour lequel je serais sans doute passer largeeeeement à côté mais en plus je découvre un vocabulaire, riche, interressant et très enthousiasmant à croire que je suis à mille lieues sous terre, hihihi ... Clarabel, tu m'épates mais ça je crois que je ne cesserais jamais de te le dire ... Je note ce nouveau titre avec fort inquiétude car au secours mon p'tit carnet, hihihi ... V'la ti pas que maintenant je lui rajoute des pages, hihihi ... Quel bonheur tes billets Clarabel, mais comment fais-tu pour lire autant ???? Bises
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Chez Clarabel
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