"Ne pensons plus au passé que lorsqu'il nous apporte du plaisir, et contemplons l'avenir avec confiance et espoir."
L'histoire se passe quelques années après le mariage des filles Bennet, en 1803. Nous sommes sur le domaine de Pemberley, où Darcy et Elizabeth coulent des jours heureux. Leur seule préoccupation consiste à organiser, dans la plus stricte tradition familiale, le bal de Lady Anne, avec peut-être l'annonce des fiançailles de Georgiana, qui semble entourée de deux prétendants. Et puis c'est le drame, un corps est découvert dans les bois, le couple Wickham fait une entrée fracassante et l'on comprend vite que le mari de Lydia est désormais le suspect idéal. La famille Bennet est effondrée, Liz et Jane se serrent les coudes, leurs époux font également preuve de patience, mais tout ce petit monde est clairement abattu. Plus on avance dans la lecture, plus on plonge dans un profond désarroi. L'ambiance devient sinistre, lourde, déprimante.
Il ne faut donc pas s'attendre à beaucoup d'action dans cette histoire, essentiellement alimentée de bavardages et composée d'introspection. P.D. James a privilégié une étude des sentiments et une analyse psychologique de la situation, revenant sans cesse sur des événements connus par les lecteurs de Jane Austen. Celle-ci était réputée pour sa finesse et son bon esprit, mais n'est pas Jane Austen qui veut ! Le style de Mrs James est plus classique, nettement peu mordant ou espiègle. C'est même parfois répétitif, on a l'impression de tourner en rond quand les mêmes faits et pensées sont rappelés d'une façon puis d'une autre. J'ai toutefois savouré cette ambiance, Pemberley occupe une place de choix dans le livre, mais aussi dans le cœur de ses occupants. Même les domestiques lui vouent un sens du devoir et du sacrifice qui peut paraître sidérant ! Et puis c'est toujours un plaisir de retrouver des personnages aussi chers, les sœurs Bennet ont fait du chemin et sont globalement heureuses, seul le couple Wickham fait preuve de sottise et d'inconséquence, comme d'habitude, ces deux-là n'ont vraiment pas changé. Quelle plaie ! Le petit clin d'œil à Emma a été également très fin, très délicat, je n'ai pas manqué de sourire à la fin.
Lecture hivernale par excellence, ce livre aura été un moment agréable et peu conséquent. Prévoir un peu plus de 10 heures d'écoute en Audiolib. Texte intégral lu par Guila Clara Kessous.
La mort s'invite à Pemberley, par P.D. James
Fayard, 2012 / Audiolib, 2013 - traduit par Odile Demange