Rédemption, de Matt Lennox
Leland King est de retour dans sa ville natale, après avoir croupi en prison pendant dix-sept ans. Sa mère se meurt d'un cancer, le mari de sa sœur, un pasteur radical, lui a trouvé un petit logement et un emploi de charpentier sur un chantier. Leland n'a pas le droit à l'erreur, mais de toute façon il entend bien se ranger des voitures et mener une existence saine (il a renoncé à l'alcool) et équilibrée (il aimerait renouer des liens avec ses proches).
Lorsqu'il découvre le corps d'une jeune femme dans une voiture abandonnée, Stan Maitland, flic à la retraite, va à contre-courant des conclusions officielles et mène sa propre enquête. C'est lui qui avait procédé à l'arrestation de Leland et n'avait pu effacer de sa mémoire la violence dont il avait été témoin. Par l'intermédiaire de sa petite-fille Emily, il va rencontrer Pete, le neveu de Leland, un chouette môme âgé de 17 ans, qui a quitté le lycée et travaille dans une station-service en attendant de voir du pays.
Trois hommes, trois destins ravagés, naturellement voués à s'entremêler... Mais dans l'attente d'un dénouement déchirant et implacable (on le devine aisément), le lecteur prend son mal en patience. Tension dramatique, secrets et non-dits, petite ville engoncée dans sa foi religieuse, dérapages incontrôlés, brutalité, mensonges, point de non-retour, bref la lecture est intrigante à souhait et distille une atmosphère sombre et mélancolique particulièrement fascinante. Le roman est maîtrisé, puissant mais dévastateur (j'en suis sortie désarçonnée !).
Albin Michel, février 2014 ♦ traduit par France Camus-Pichon