Audrey retrouvée, de Sophie Kinsella
Victime de harcèlement au collège, Audrey vit maintenant cloîtrée chez elle et ne quitte plus ses lunettes noires. Elle tente de gérer au mieux ses émotions, suit une thérapie auprès du docteur Sarah et s'enferme à la maison où elle trouve une tranquillité d'esprit qui l'apaise et la rassure, même si le quotidien est loin d'être de tout repos chez les Turner !
En effet, sa mère a décrété l'état d'urgence pour son aîné, Frank, qu'elle juge dépendant des jeux en ligne. Le garçon a beau se défendre de s'entraîner pour le prochain tournoi international de Lord Of Conquerors, Mme Turner campe sur ses positions. Qu'il varie ses centres d'intérêt ou l'ordinateur vole à travers la fenêtre.
Caméra au poing, Audrey n'en loupe pas une miette. Sa psychiatre lui a en effet demandé de tourner un film sur sa famille pour l'obliger, à travers cet exercice, d'aller vers les autres et sortir de sa bulle. Résultat, elle rencontre Linus qui va accomplir l'exploit de percer la solide carapace de la jeune fille, rien qu'en communiquant par petits messages sur papier.
Une révolution est en cours. Et c'est royal. Car il y a une formidable énergie qui se dégage de l'histoire et une ambiance fofolle qui fait grandement plaisir. La touche Sophie Kinsella se retrouve dans l'enchaînement des situations cocasses et dans le ton positif pour traiter des troubles paranoïaques de l'adolescente (Audrey souffre de phobie sociale, anxiété généralisée et épisodes dépressifs). Au fond, la maladie est présente, avec sa courbe tordue, ses hauts et ses bas, mais elle n'est pas envahissante, ni considérée avec commisération. L'équilibre est tout bon (au départ, je craignais que sa guérison dépende de sa relation amoureuse, mais au final on va dire que le garçon arrive juste au bon moment dans sa vie car elle est enfin prête à reprendre le train en marche).
J'ai apprécié qu'on distille de l'humour dans un sujet a priori sensible. On dévore la lecture et on sourit tout du long. Cela fait un bien fou ! C'est sensible, comique, touchant, attachant. Vraiment un très bon roman de l'auteur qui s'adresse pour la première fois à un public jeunesse ! Une réussite... une expérience à renouveler. ☺
PKJ (2016) - Trad. Juliette Lê