Toute la vérité sur Ella Black, d'Emily Barr
Ella Black n'est pas toute seule dans sa tête : son double démoniaque (Bad Ella) lui empoisonne l'esprit et la pousse souvent à débrider toute sa rage contenue. Jusqu'alors, la jeune fille avait réussi à sauver les apparences. Ni ses parents ni ses amis proches n'ont conscience de ses troubles de la personnalité.
Mais la situation lui échappe le jour où elle est arrachée brutalement du lycée, mise dans le premier avion pour Rio de Janeiro. Ce projet fou ne masque pas la fébrilité de sa famille. Et les réponses hasardeuses à ses nombreuses interrogations ne dissipent pas non plus le doute qui s'immisce en elle : Ella court un grand danger. Elle le sent, elle le sait. Même communiquer avec ses parents relève de l'impossible.
À l'hôtel, elle croise « le plus beau garçon du monde » et parvient à s'échapper de sa chambre pour filer en cachette à leur rendez-vous. Plage et caïpirinhas étourdissent de bonheur l'adolescente qui en oublie tous ses soucis. Le lendemain matin la rappelle, toutefois, à une cruelle réalité.
Et là, on s'accroche aux pages du livre. Car ce roman va vous étonner, vous balader, vous dérouter : mensonges, non-dits, secrets et révélations coulent en cascade. Il y a une vraie concentration des genres (suspense et crise d'ado, thriller et quête initiatique, romance et espionnage). C'est très excitant.
Comme Flora Banks, Ella Black est une héroïne complexe. Elle est fragile, sensible, difficile à cerner. Elle agit de manière irresponsable, se montre égoïste et vit des aventures assez peu crédibles (ou comment explorer les favelas au mépris des clichés). C'est un peu fort de café, mais on se retient de pester car ça reste une bonne lecture, rythmée et entraînante, riche en émotions et pleine d'exotisme.
Résultat, on applaudit frénétiquement ! Autre lecture, autre ambiance... Le roman d'Emily Barr est franchement confondant et inattendu.
Casterman, 2018 - traduit par Nathalie Bru