Le Roi Maléfique, de Holly Black ಥ_ಥ
Cette lecture me laisse encore et toujours une sensation grisante. Entre dégoût et incompréhension. Fascination et désolation. C'est un étrange cocktail qui me laisse un goût amer en bouche tout en créant une vilaine dépendance parce que j'ai été complètement obsédée par cette histoire !
Cette suite au Prince Cruel reprend en plein chaos. Cinq mois ont passé. Pour Jude, notre mortelle plus ambitieuse que jamais, le poids des actes est sans commune mesure. Elle a trahi. Manipulé. Œuvré en coulisses. Elle a obtenu ce qu'elle n'aurait pu imaginer. Mais à quel prix ! C'est une jeune femme isolée, craintive et méfiante qu'on retrouve. Avec son cerveau en surchauffe toutes les cinq minutes tellement elle a besoin d'anticiper et de projeter chaque interaction. Pfiou. C'est étourdissant. Depuis le début, j'ai du mal à m'attacher à elle. Tout comme son histoire avec Cardan. Ce qu'on nous vend comme une idylle impossible. Or, ces deux-là se détestent. Ne se font pas confiance. Et je n'arrive pas à m'enlever cette image de couple qui avoue détester les sentiments qu'ils s'inspirent.
Tu es la punition que je préfère.
La position est délicate car il n'y a rien de romantique, de doux, de tendre ou de désirable. Par quelle pirouette va-t-on nous retourner cet exercice de défiance ? Hmm. Hmm. Désabusée, je suis. Ceci dit, je suis aussi extrêmement attentive à cette mise en scène en trompe-l'œil. Tout est dans le détail. Et dans le manque de perspective. L'histoire est racontée du point de vue de Jude, après tout. La demoiselle est loin d'être la plus clairvoyante dans certains domaines. Espionne. Main armée. Sénéchale. Elle sait faire, mais décoder les émotions, percer les sentiments. No way José.
De toute façon, elle a d'autres chats à fouetter. Autour d'elle, ça se bouscule pour lui donner un coup de poignard dans le dos. Les courtisans. Les ex rancuniers. Sa famille ! La ronde des tromperies a repris son tour infernal. L'action n'est pas explosive mais n'empêche pas de penser que le danger est bien là. Les intrigues politiques ont d'ailleurs beau jeu et tissent un décor ombrageux. C'est ce que j'aime dans cette saga, chaque moment compte. Chaque mot a son importance. Tout est imprévisible. Les sens sont en alerte. J'ai beau m'énerver après les personnages, m'agacer et soupirer à n'en plus pouvoir. J'ai quand même des griffes à la place des mains tellement je suis accrochée aux pages que je tourne avec fébrilité (et dans l'attente de la prochaine traîtrise). C'est comme ça, on devient des horribles lecteurs avides de coups fourrés. Et ça ne manque pas ! Par contre, je sors de cette lecture avec le moral en berne.
Je voudrais ressentir quelque chose. Je voudrais trembler, avoir la nausée. Être celle qui craque et pleure. Je voudrais être n'importe qui sauf celle que je suis ; celle qui vérifie qu'il n'y a pas eu de témoin ; celle qui essuie son couteau dans la terre, ses mains sur les vêtements du cadavre; et quitte les lieux avant l'arrivée des gardes.
Purée, ça craint...
Rageot, 2021 pour la traduction. Traduit par Leslie Damant-Jeandel
⭐⭐⭐⭐.5