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Chez Clarabel
10 septembre 2014

Le Club De La Pluie (série), de Malika Ferdjoukh

Ces histoires ont préalablement été publiées dans la revue Moi je lis en 2010 et 2011. Elles font aujourd'hui peau neuve avec cette double publication, en s'affichant sous des couvertures signées Cati Baur. Un rendez-vous immanquable, qui me rappelle vaguement le Club des Cinq, mais au ton moderne et pétillant. J'ai adoré !!

Club de la Pluie au pensionnat des mystères  Le Club de la Pluie 2

Nouvellement inscrite au pensionnat des Pierres-Noires, à Saint-Malo, Rose se lie d'amitié avec deux camarades, Nadget et Ambroise, qui partagent comme elle le goût de l'aventure et des mystères à résoudre. Dès son arrivée, Rose reçoit une pluie de boulettes de pain, provenant de la tour de l'internat, avant de capter que ce sont des appels au secours. Dès lors, on ne retient plus notre trio intrépide, qui va errer en pleine nuit dans les couloirs labyrinthiques de l'établissement. bravant les tempêtes et les interdits, déjouant aussi la surveillance rigoureuse de l'adjoint, M. Belloc, lequel remplace la directrice de l'école depuis une semaine. Cette dernière a été appelée au chevet de sa mère malade et a plié bagages en quatrième vitesse.  

On frissonne de peur, mais avec un grand sourire aux lèvres, pour cette série bichonnée avec amour par Malika Ferdjoukh. L'ambiance aux Pierres-Noires est complètement décalée : passages secrets, courants d'air, fantômes et secrets ancestraux hantent les murs de cette vieille bâtisse. Un vrai décor de cinéma, façon Frankenstein. Mais que de réjouissance ! Les quatre histoires mêlent avec brio humour, suspense et un soupçon de fantastique. C'est gentillet, composé à partir d'éléments ordinaires, avec souvent un dénouement expéditif et peu surprenant, mais sans conséquence fâcheuse. ^-^

Après tout, il y a un réel travail d'écriture et ce soin précieux d'instaurer un univers unique, débordant de peps, d'esprit, de fantaisie, qui est la marque de fabrique de Malika Ferdjoukh. On retrouve aussi sa passion pour le cinéma (aaah, La Mélodie du bonheur, ou les souliers rouges de Dorothy ! ) et on s'amuse à pointer toutes les références aux grands classiques des romans policiers ou fantastiques (Rouletabille, Leblanc, Dupin pour Edgar Poe, Dumas, Moriarty, Watson, etc.). Même la détective Pippa Marlotte semble avoir été inspirée d'après le nom du héros de Chandler, Philip Marlowe, incarné par Humphrey Bogart à l'écran. ☺

Je m'emballe, je m'emballe... Une chose est sûre : cette série jeunesse est TOP, distrayante et merveilleusement bien écrite. Et les illustrations de Cati Baur sont un accompagnement, désormais, indispensable !!! 

L'École des Loisirs, coll. Neuf, 2014 ♦ illustration de couverture : Cati Baur

Au sommaire, on trouve : L'énigme de la tour, Le voleur de Saint-Malo, Le fantôme des Pierres-Noires et Le mystère des chaussons rouges

  ❋  ❋  ❋  ❋  ❋ 

Dans la foulée, j'ai également lu  Robin au fond des bois
(texte initialement publié en 2010 dans la collection Voyage en page sous le titre Robin dans les bois).

Robin au fond des bois

Ce court roman de 75 pages propose une lecture au style très différent, à l'atmosphère plus sombre et oppressante. C'est l'histoire de deux frères, Robin et Jules, qui sont envoyés chez leur grand-mère pour le weekend. Ils doivent prendre le train pour couvrir la distance des 32 kilomètres, un trajet simple et sans heurt, ils ont l'habitude et apprécient de pouvoir se gaver en sucreries sans la surveillance des parents. Mais ce soir-là, Robin prend peur lorsqu'il s'aperçoit qu'ils voyagent avec un garçon de sa classe : Brendan Strekfus, une grosse brute sadique, qui passe son temps à terroriser ses camarades. Alors, Robin saute du train et décide de parcourir la distance restante à vélo, à travers la forêt. Les deux frangins n'en mènent pas large, seuls et transis de froid. Ils ne sont pas à l'abri d'une mauvaise rencontre non plus... FRISSONS GARANTIS !!! Malika Ferdjoukh m'a totalement bluffée avec cette intrigue pesante, poignante et qui prend aux tripes. Les jeunes lecteurs vont adorer avoir peur. 

Folio junior, août 2014 ♦ illustrations d'Olivier Balez ♦ couverture : Philippe Munch

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30 juillet 2014

Harry Potter à l'école des sorciers, de J. K. Rowling & Lu par Bernard Giraudeau

Harry Potter à l'école des sorciers de J

Cet été, je pars à Poudlard !
Virtuellement, s'entend. Je viens en effet d'écouter le 1er tome de la saga, qui est intégralement lu par Bernard Giraudeau (la 1ère édition date de 2004). L'acteur prête à chaque personnage une voix propre (au risque, parfois, de surprendre et décontenancer), mais délivre là un magnifique jeu d'interprète pour une lecture enlevée, vivante et chaleureuse des aventures du plus célèbre des apprentis sorciers.
Cela m'a permis, par la même occasion, de découvrir ce tout premier tome que je n'avais jamais lu ! Bien évidemment, j'ai été complètement fascinée. Ce livre pose ses marques, installe un univers, des personnages, une trame romanesque follement captivante... tout ne demande qu'à se développer, mais c'est déjà un véritable enchantement.
J'ai aimé renouer avec les origines de la série, rencontrer les Weasley et adopter leur formidable esprit de famille, me familiariser à la magie en même temps que les jeunes héros, aimer Neville (déjà) et déceler en Hermione une jeune fille vulnérable, se sentant seule et sans ami. Bref, tout un tableau à peindre, un monde à construire, à explorer et fantasmer ! (Au cinéma, Chris Columbus a réalisé un travail titanesque... et époustouflant ! Tout y est.)
Par contre, j'ai failli être déconcertée lorsque j'ai d'abord découvert les voix attribuées à Hagrid ou Ron (un peu débilitantes), mais aussi la lecture linéaire des noms des personnages, Malfoy ou Granger en français dans le texte (entendez [oi] ou [é]... une hérésie !). Ce choix n'a toutefois pas manqué de m'arracher un sourire. ^-^
Cela n'altère en rien le charme dévastateur de cette lecture, que je redécouvre avec enthousiasme et une passion qui ne s'essouffle guère. Je poursuis bien évidemment l'aventure !  ♥

Gallimard jeunesse, coll.  Écoutez lire, rééd. octobre 2013 ♦ texte intégral lu par Bernard Giraudeau (environ 8 heures d'écoute) ♦ traduction de Jean-François Ménard

18 juillet 2014

Comment tomber amoureux... sans tomber, de Susie Morgenstern

Comment tomber amoureux

Samuel est américain, ne parle pas français et doit passer son Bac dans un lycée parisien. Annabelle, brillante élève, se voit proposer de le chaperonner. Une année riche et excitante s'annonce pour notre duo devenu inséparable, mais aussi pour leur famille aux vies bien mouvementées.
Chez Annabelle, son père a mis les voiles car il ne supportait plus que son épouse soit une accro au travail. Pourtant, ces deux-là s'aiment encore et devront trouver un compromis pour recoller leur famille éparse. Marguerite, la grand-mère, est également une boulimique du boulot car elle vise la deuxième étoile pour son restaurant dans le Sud. Fantasque et rêveuse, elle ne réfléchira pas à deux fois lorsque l'amour se présentera sous son nez, en la personne du grand-père de Samuel !
Le garçon, lui, est complètement dingue d'Annabelle, qui le considère comme un véritable ami. Son obsession, c'est sa réussite au Bac. Rester concentrée et butiner quelques grammes de légèreté à dose homéopathique. Sauf que l'amour, c'est une affaire de famille ! Même son jeune frère Anatole va plonger dans la marmite les deux mains devant.
Et qu'est-ce que c'est bon ! Je me suis surprise à bouquiner avec allégresse ce roman léger et charmant, qui papillonne de bonheur à vous parler du sentiment amoureux sous toutes ses coutures, en famille, entre amis ou entre amants. Mais c'est aussi et avant tout une jolie comédie familiale, pétillante et insouciante, avec des personnages attachants, qui sauront vous embarquer dans leur univers.
C'est lisse, quasi parfait et proprement invraisemblable, à réserver donc en lecture idéale pour les vacances. « Je tombe, tu tombes, nous tombons amoureux. C'est bien trouvé ! Il n'y a pas d'amour sans tomber ! Sans planer ! Et c'est tant mieux ! »

Grand Format / L'École des Loisirs @ mars 2014

18 juillet 2014

Coup de Meltem de Sigrid Baffert

“ Ballet de fourmis dans mes doigts et mes chevilles. Sensation de marcher sur un paquebot. Saletés de pilules. Je dois avoir l'air d'être tombé d'une nuit blanche. Mes yeux glissent sur ses deux petits seins au garde-à-vous sous son pull. J'essaie de fixer mon attention sur l'abeille joufflue qui rit sur son paquet de céréales. Mais là, soudain, face à ce visage, ces talons de cigogne et ses seins sublimes, je réalise que je ne ressens plus rien.
Black out.
Je cherche mon désir dans ses yeux verts, ses cheveux, sur sur hanches. Plus de tectonique des sens, de molécules en désordre, de promesses folles. Est-ce que les sentiments peuvent claquer comme un vieil élastique ou se vitrifier d'un coup ? Il y a quelques semaines, j'aurais donné mon sang pour un regard de Lilia, et aujourd'hui, je donnerais ce qui reste pour ne pas être là, devant elle. Devant elle, si pleine de vie et de futur, si debout devant, si haut perchée sur ses talons, tendue vers un avenir où je ne me vois plus. D'ailleurs, pourquoi s'encombrerait-elle d'un mec au cœur de verre ? 
Bon sang, que t'arrive-t-il, Virgil ?

Coup de Meltem de Sigrid Baffert

À la suite d'une compétition de natation, Virgil fait un malaise. Trop de stress ou un entraînement trop intensif ? Point du tout. Le garçon souffre de la maladie du cœur de verre. Une insuffisance cardiaque héréditaire. Ce problème révèle alors qu'il est né d'une insémination artificielle, que son père n'est pas son père. Un secret qui dure depuis seize ans. L'adolescent, sous le choc, est en colère contre ses parents. Par défi, il se lance alors à la recherche de son géniteur, coupable d'avoir légué à des milliers d'autres enfants sa triste maladie, mais se heurte aux failles d'un système. Incidemment, cela remet en question son identité, le voilà un parmi tous... dans le flou, dans le brouillard. Une entité inconnue, avec probablement des frères et des sœurs parsemés dans le monde. Cela fragilise son rapport avec les autres, il est refroidi avec les filles, n'ose plus se lancer vers les rencontres, laisser voguer ses sentiments. Il est pétri de doutes. À force d'acharnement, ses recherches seront fructueuses, le garçon va mobiliser les troupes et jouer au Zorro. Un combat admirable ! Car, le sujet est sensible, mais abordé avec délicatesse, et parvient à transcrire les émotions contrastées qui vont naître chez les jeunes héros de cette histoire. Cela se lit vite et bien, sur un rythme agréable et entraînant. Sigrid Baffert a parfaitement maîtrisé son sujet (la PMA et ses conséquences), sans jamais soulever un débordement passionnel dans les interrogations qu'il suscite. C'est un texte intelligent, qui jamais ne juge ou ne sermonne, avec des personnages attachants et une histoire très romancée ! ... Jolie couverture, au passage.

La Joie de Lire, co. Encrage, avril 2014 ♦ couverture illustrée par Séverin Millet

11 juillet 2014

Lorelei en Finistère, par Emmanuelle Caron

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Joachim vient de s'installer chez son grand-père, pendant que sa mère soigne une grave maladie mentale. Le garçon s'inquiète d'avoir hérité des mêmes symptômes, car lui aussi a des hallucinations et perd connaissance sans raison. Ses camarades le considèrent comme un type louche, instable et hystérique. Aussi, un nouveau départ s'offre à lui, dans ce paradis reculé en Finistère.

Mais Joachim est un solitaire et préfère se promener dans les landes. C'est comme ça qu'il croise une fille de son collège, Stéphane, complètement bouleversée. Elle tente de balbutier une explication, mais son histoire ne tient pas debout. Le doute n'est plus permis lorsqu'elle disparaît peu de temps après, Joachim s'emballe et se retrouve au cœur d'une aventure étonnante... avec des pirates, des légendes, des cartes aux trésors, des livres à décoder, de la poésie et des secrets ancestraux.

Bref, cette aventure se révèle inattendue, passionnante et palpitante ! Emmanuelle Caron, déjà coupable d'une série insolite mais délirante (Eugénia et la bouche de la vérité suivi d'Eugénia et le crépuscule des fées), aime mélanger les genres et proposer un imaginaire foisonnant, dans un cadre enchanteur (la Bretagne) mais également fantastique, aux limites de la fantasmagorie... Laissez-vous porter par la découverte ! L'effet est saisissant.

L'École des Loisirs (grand format), mai 2014 ♦ photographie de couverture : Carl de Keyzet / Magnum Photos

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24 juin 2014

L'Été où j'ai sauvé le monde en 65 jours, de Michele Weber Hurwitz

L'été où j'ai sauvé le monde en 65 jours

Nina habite un lotissement en forme de croissant comprenant huit habitations. Tout le monde se connaît, mais se replie dans sa routine quotidienne. En ce début d'été, l'adolescente s'ennuie. Ses parents sont accaparés par leur boulot, son frère Matt fuit la maison le plus souvent possible, sans la moindre explication, son amie d'enfance Jorie s'est mise en tête de sortir avec Eli, l'autre pilier de leur trio infernal. Donc, Nina se sent seule. La pensée de sa grand-mère, décédée un an plus tôt, lui file le bourdon. Mais c'est en sa mémoire qu'elle va se retrousser les manches pour accomplir des petits miracles dans la vie de ses proches. Cela commence en voyant sa vieille voisine, Mme Chung, la jambe plâtrée, tenter de planter des œillets d'Inde, avant d'abdiquer pour se reposer chez elle. La nuit, Nina se faufile dans son jardin pour lui venir en aide en toute discrétion. Et comme ça, chaque jour, Nina rend service à ses voisins, dépose un petit chocolat dans leur boîte aux lettres, glisse une bougie parfumée, prépare des cookies, fait des compliments, recoud une cape, etc. Ce sont des petits riens, mais soudainement la vie du quartier se sent chamboulée par ses actes anonymes, pleins de bonté gratuite. Nina, elle, devra aussi se faire entendre par sa famille, la réunir autour d'une discussion à cœur ouvert et ressouder cette unité qui lui manque. En bref, c'est un tout petit livre à déguster au vert, au frais, en vacances. L'héroïne est très attachante, son histoire toute simple mais tout à fait charmante. Elle dégage une belle énergie et un flot de bonnes ondes. Cela fait un bien fou !

Gallimard jeunesse ♦ coll. Scripto, juin 2014 ♦ traduit par Emmanuelle Casse-Castric

24 juin 2014

Les mots bleus de Félicie, par Natalie Lloyd

« Tu vois des mots qui valent la peine d'être gardés ?
- Je vois tout un ciel de mots. »

Les mots bleus

On raconte qu'à Midnight Gulch, autrefois, les gens vivaient heureux. C'était un endroit magique, “pour être chez soi”. La légende dit que deux frères possédaient cette magie, qu'ils partageaient à travers la musique, la danse, le spectacle. Et puis ils se sont fâchés et ont quitté la ville. Depuis, la magie a également déserté les habitants, qui veulent à leur tour s'en aller. C'est aussi la maladie du “cœur errant”. Félicie la connaît bien, puisque sa maman en est atteinte. Depuis toujours, sa sœur et elle traversent les états, sans jamais se poser nulle part. Cette fois, elles ont trouvé refuge chez leur tante Cléo et entendent profiter un maximum de leur séjour à Midnight Gulch. Il y a dans l'air quelque chose qui fait battre le cœur de la fillette un peu plus fort. Elle y voit des mots partout, flotter, danser, chalouper. Ils lui racontent une histoire qu'elle seule peut saisir et rapporter lors d'une compétition organisée par l'école. Mais parler en public n'est pas le point fort de Félicie. Autant elle capte les mots, s'en empare, les recopie dans son cahier et les assemble pour écrire des histoires fabuleuses, autant à l'oral elle avale tout, elle balbutie, se confond, se morfond. Une catastrophe. Et pourtant, encore une fois, les choses vont changer pour elle. Pour la première fois, Félicie a rencontré un véritable ami. Le Bidole ! Encore un secret jalousement gardé, qui fait partie du folklore de cette incroyable petite ville. L'effet est terriblement intriguant, poétique et fascinant. J'ai beaucoup aimé cette histoire, qui fait aussi la part belle à la générosité, au partage, à l'amitié, l'amour, la magie... et au pouvoir des mots. Vraiment, c'est une lecture enchanteresse !

Seuil jeunesse, juin 2014 ♦ traduit par Cécile Nelson

18 juin 2014

Je m'appelle Mina, par David Almond

✿ en poche ! 

Je m'appelle Mina

Mina, neuf ans, vit seule avec sa mère depuis la mort de son père. Le plus souvent réfugiée dans son arbre à l'abri du monde, elle joue avec les mots, invente des histoires, raconte sa vie de tous les jours, le bonheur de regarder la vie d'en haut, parmi les oiseaux, loin du monde d'en bas, où elle a eu si peur. Son carnet ne ressemble qu'à elle : il est sincère, vrai, touchant, bizarre, très personnel, onirique, poétique et j'en passe. Il fait fi des règles et des conventions (rien que la police de caractères, c'est un vrai festival !), il s'ébroue comme un jeune chien fou, égaré en pleine nature, il souffle, il respire, il est heureux. Et nous aussi. C'est un roman touchant, mais je ne saurai expliquer pourquoi il donne autant le sourire, pourquoi les mots de Mina, en apparence simples et naïfs, renferment autant de subtilité, de vérité et de beauté. C'est certes un méli-mélo de pensées farfelues, de rêves éveillés et de comptes-rendus insolites, qui nous embarque dans un univers enfantin et routinier. Mais peut-être doit-on aussi y voir une façon d'expliquer le pouvoir des mots, de l'imagination et de l'écriture. David Almond est un grand auteur, à découvrir sans attendre !

Folio junior, mai 2014 ♦ traduit par Diane Ménard

4 juin 2014

Anastasia, de Lois Lowry

Anastasia

L'École des Loisirs a de nouveau pioché dans ses séries fétiches pour remettre l'une d'elles au goût du jour en l'éditant sous grand format. Cette compilation d'Anastasia réunit trois titres de la série : Anastasia Krupnik - Anastasia, demande à ton psy ! - Une carrière de rêve pour Anastasia. Si vous ne connaissiez pas encore l'héroïne de Lois Lowry, n'attendez plus. C'est une lecture savoureuse, un poil trempée dans l'humour sarcastique, qui fait aussi la part belle aux relations familiales conviviales. La jeune fille se révèle fantasque et brillante, elle mène une vie tout à fait ordinaire, racontée avec une telle fraîcheur et un humour dévastateur qu'il serait forcément dommage de passer à côté.

Au départ, Anastasia a dix ans, elle est fille unique, son père est professeur d'université et a publié des petits recueils de poèmes, sa mère est peintre. L'arrivée d'un petit frère ne la met pas en joie, aussi décide-t-elle d'étoffer sa liste des j'aime / j'aime pas au fil d'anecdotes délicieusement saugrenues. Puis, on la découvre trois ans plus tard, en pleine crise d'adolescence. Seul un psy pourrait guérir ses troubles émotionnels selon elle, mais ses parents disent niet. À la place, elle n'a qu'à lire Freud ! Elle trouve finalement une sculpture de son buste dans un vide-grenier et l'installe dans sa chambre pour une thérapie en toute intimité. Elle lui confie aussi les petits pépins qu'elle rencontre avec son projet scientifique sur des hamsters qui se sont sauvés de leur cage et se baladent dans la maison en toute impunité.

Dans la dernière histoire, Anastasia doit rédiger un texte sur sa carrière de rêve, elle hésite entre libraire ... ou mannequin. Elle a choisi de suivre un stage, mais seulement dans le but d'acquérir assurance et confiance. À Boston, elle se fait une nouvelle amie, retrouve un ancien camarade d'école primaire, pénètre dans une librairie de rêve, bref l'aventure est joyeuse, insouciante, toujours ponctuée de détails facétieux. Vous l'avez compris, c'est une lecture débordante de charme, d'humour et d'enthousiasme. À adopter sans retenue.

École des Loisirs, juin 2014 ♦ traduit par Agnès Desarthe ♦ illustration de couvertur : Iris de Moüy

3 juin 2014

Yankov, par Rachel Hausfater

« J'ai tant de haine à jeter au monde, tant de chagrin à étouffer, tant de vengeances à commencer ! »

Yankov

Yankov est un enfant rescapé du camp de Buchenwald. Libéré par des soldats noirs américains, il est envoyé, avec l'uniforme des jeunesses Hitlériennes sur le dos (quelle ironie !), dans un château où se trouvent d'autres orphelins désabusés et vindicatifs. Tous sont des enfants brisés, devenus « des bêtes, des brutes, des bandits ». Ils se tapent dessus, se volent entre eux, ils ne savent plus communiquer, n'ont plus d'identité, ils se jettent sur la nourriture, dévorent tout ce qu'ils peuvent, mais ne se sentent jamais rassasiés, et bien évidemment ils ne croient plus en rien, ni personne. Et puis, l'arrivée d'une nouvelle directrice va enfin bousculer leur vie, à force de patience elle va réussir à les apprivoiser et leur rendre ce qu'ils ont perdu : leur enfance. Car ce tout petit roman d'à peine 150 pages ne paie pas de mine, mais il est extrêmement bouleversant ! Rachel Hausfater nous raconte l'histoire authentique de ces enfants à qui on a volé cette enfance sacrée et qui doivent réapprendre à redevenir eux-mêmes, libres et insouciants, après avoir vécu l'horreur. L'écriture est de toute beauté. Cela cogne dur et fort, ça vous noue parfois l'estomac. C'est un texte admirable, poignant, à recommander aux enfants, petits et grands, c'est une lecture indispensable !

éditions Thierry Magnier ♦ avril 2014 ♦ illustration de couverture : Séverin Millet

Quelques extraits, pour vous convaincre : 

« - Comment tu t'appelles ? me demande-t-elle doucement dans son yiddish hésitant.
Je ne lui réponds pas, je lui montre juste mon bras.
Mon numéro, c'est moi.
Alors elle tend la main et me touche la peau. Ça brûle ! Je me lève brusquement et me sauve en courant, regrimpe l'escalier et me jette dans mon lit. Mon cœur est tout battant et j'ai envie de pleurer.
Je veux pas ses caresses !
Car la tendresse, ça ment.
Ça fait croire aux mamans... »

« Toute ma vie, il y aura en moi un trou là où ma mère m'aimait. »

« Je veux repartir en enfance, réapprendre l'insouciance. Ne pas rester les yeux vitreux à regarder le vide avec envie de m'y jeter. Ne pas me cacher tout seul dans le noir à espérer qu'il va m'avaler. Ne pas penser sans cesse au cauchemar qui a duré presque toute ma vie.
Je ne sais pas si c'est possible, redevenir enfant après avoir été vieux, rattraper le temps volé, revivre, après une si longue mort. Mais je vais essayer.
Après mille ans de désespoir, je veux enfin avoir onze ans. »

« J'ai vu les pères tomber, les mères s'en aller et les enfants brûler. J'ai vu la fin du monde. Comment oublier ? »

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