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Chez Clarabel
17 septembre 2009

Les éveilleurs, Livre 1 : Salicande ~ Pauline Alphen

Hachette, 2009 - 520 pages - 14,90€

Les__veilleursOuhlala, encore un très bon roman que voilà ! Encore une nouvelle série aussi, ce n'est pas drôle, et puis ce premier tome frise les 500 pages, mais pardi ça vaut fichtrement le coup ! L'histoire est pleine de mystère et pleine de charme, les personnages ont énormément de charisme, l'action est assez lente pour commencer mais elle se déguste, tout se met en place tranquillement, et pas besoin de rebondissements haletants pour s'y sentir à son aise et pour apprécier suivre ce rythme en apparence débonnaire.

Nous sommes donc à Salicande, une cité créée en 2208 par le grand-père des jumeaux Claris et Jad. Les adolescents ont douze ans, ils ont toujours vécu dans le cocon du château et du village. Pourtant, il y a neuf lunées, leur vie a été bouleversée par la disparition énigmatique de leur mère Sierra. Leur père ne s'est d'ailleurs jamais remis de ce départ et a préféré se réfugier dans le phare, où sont entreposés des milliers de livres. L'éducation des jumeaux a été confié à Blaise, autrement dit le Mandarin, un précepteur hors pair qui manie le cynisme avec brio, c'est un homme très intelligent, avec des capacités aussi extraordinaires que communiquer avec son chat - le Gris - ou avec les chouettes. Et puis, Chandra, leur nourrice, très présente par sa tendresse, apporte aux deux enfants un équilibre quasi parfait. Claris est une jeune fille pleine d'énergie qui rêve d'aventure et de chevalerie, c'est aussi une grande lectrice, féministe et bornée. Jad, son frère, est plus renfermé, sérieux et calme, il est tombé gravement malade la nuit de la disparition de sa mère et depuis il souffre de migraines fréquentes et douloureuses. En fait, Blaise n'en dit mot mais il sent un changement imminent, dans la vie des jumeaux et pour Salicande. Trublion à sa façon, il n'hésite pas à confier des objets interdits, à parler des Temps d'Avant et à évoquer Sierra pour émoustiller nos protagonistes qui s'endormaient sur leurs lauriers.

Car le rythme du roman est indolent, n'attendez pas une explosion de faits nouveaux et insolites, mais admirez la finesse des personnages, leur beauté intérieure et profonde, leur personnalité délicieusement excentrique, la part des mystères et des questions qui fourmillent. Ici, pas besoin d' être retentissant, comme dit Blaise, "la magie n'existe pas, ce n'est qu'une autre façon de se servir de son cerveau". Le roman fait néanmoins place au fabuleux, grâce à son univers typique et prononcé, sa part d'imagination, son romanesque. Pauline Alphen signe là un premier roman débordant d'enthousiasme, où transpire aussi son amour pour la lecture (il suffit de relever les nombreux clins d'oeil aux oeuvres de la littérature jeunesse pour le comprendre !).

-> pour lire un extrait

merci Cécile d'avoir partagé ce coup de coeur !

coup de coeur aussi pour la librairie Rêv'en Pages

 

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15 septembre 2009

Teen Song ~ Claudine Desmarteau

Albin Michel, 2009 - 185 pages - 11,50€

Ce livre de Claudine Desmarteau a été un vrai coup de fouet - largement mieux qu'une sonnerie de réveil vous rappellant qu'il est temps de sortir de votre hibernation ! Wooow, ça fait un bien fou !  

teen_song

TEEN SONG est un carnet, pas un journal et encore moins un journal intime, qui raconte la vie d'une adolescente de troisième dans un collège privé. Sa meilleure amie s'appelle Alice, elle est fan des Stones et du rock en général. La narratrice, elle, qui ne porte pas de prénom et se présente en gribouillant un dessin obscur et pas très défini, est raide dingue de Led Zeppelin. Mais alors, fan de chez fan. Elle surfe sur le net, elle passe au crible la moindre info ou intox, elle bouquine les bios, elle traduit les paroles des chansons, elle écoute à fond tous leurs albums, elle vit, elle respire Led Zep, et croyez-moi, c'est beau ! C'est même ravigotant. (Ce livre vous en apprendra d'ailleurs un paquet sur la vie du groupe, un détail non négligeable.)

Claudine Desmarteau sent la jeunesse d'aujourd'hui, elle sait leur parler, elle sait emprunter leurs codes, elle connaît les sujets qui les touchent et les concernent, enfin bref elle a parfaitement su les décrypter. Ce n'est pas surfait, ce n'est pas style je-fais-comme-si-pour-faire-djeuns, c'est beaucoup plus authentique, à la fois drôle, sincère, effronté, grossier, bref c'est très juste. Et c'est accompagné d'illustrations griffonnées à la va-vite, mais qui donnent un ton très rock'n roll à cette lecture, en plus de nous faire beaucoup rire.

Je l'ai lu d'une traite, et j'ai tout bonnement adoré ! 

 

lu et grandement apprécié par Jean de la Soupe de l'espace & lu aussi par nomie

13 septembre 2009

Les étranges sœurs Wilcox 1. Les Vampires de Londres ~ Fabrice Colin

Gallimard jeunesse, 2009 - 285 pages - 13,50€
illustrations : Erwann Surcouf

Gros coup de cœur pour ce premier tome d'une nouvelle série écrite par Fabrice Colin, qui vous happe du début à la fin et vous lâche avec la sensation d'une lecture exaltante ! C'était génial. 

les_etranges_soeurs_wilcoxL'histoire se passe à Londres, en 1888. Deux sœurs se réveillent d'un lourd sommeil, terrorisées d'être enfermées dans un cercueil, enterrées donc. Amber et sa cadette Luna sont perdues dans les rues de Londres, elles se rendent chez elles et trouvent une maison en ruines, brûlée depuis les fondations jusqu'à la pointe du toit, il ne reste plus rien. Leur père a disparu, tout comme leur belle-mère. Le jour se lève et les demoiselles s'évanouissent.
Secourues par un gentil docteur du nom de Watson et son acolyte Sherlock Holmes, Amber et Luna Wilcox vont très vite rejoindre les rangs d'une société secrète afin de les aider à lutter contre des forces obscures. Tout un programme.
En fait, il se passe beaucoup de choses avant d'en arriver là. Certes, les sœurs Wilcox sont placées sous le patronage de Watson, Holmes et la société des Invisibles. On croise aussi Bram Stoker, un raconteur d'histoires qui aime frayer avec les forces obscures pour échapper au chagrin qui l'assomme. Un certain Jack l'Éventreur, ou son ombre maléfique, s'avère la puissance absolue à combattre, en plus de Dracula et ses comparses. Que de monde, que de monde.
Laissez-vous surprendre, c'est le premier conseil que je puisse vous donner. La suite, c'est du plaisir sur toute la ligne, qui dure près de 300 pages, avec moult rebondissements, mais aussi des clichés rebattus et revisités, enfin surtout dépoussiérés, bref que du bon !
Fabrice Colin signe une nouvelle série (en combien de tomes ?) très, très enthousiasmante. Ce livre nous offre par exemple un prologue et un épilogue à faire frémir d'excitation... et c'est épuisant, oui, épuisant de se lancer dans une nouvelle série, d'en rester là, comme deux ronds de flan, et de n'avoir plus que ses ongles à ronger en attendant la suite.
Aaaaah, je déteste les séries ! Enfin, j'aime les détester... même si je ne suis qu'une flaque d'envie et d'impatience, une boule d'allégresse et d'euphorie. Pour le coup, j'ai adoré me promener dans le Londres de 1888 et d'y rencontrer des figures mythiques du paysage littéraire. C'était bon. J'en veux encore.
Au boulot, monsieur Colin !   

 

6 septembre 2009

D'Or Que Landes, ou L'étrange aventure d'Harvey Squire ~ Denis Bretin

Syros "Hors Série", 2009 - 224 pages - 14,90€

dor_que_landesCe livre appelle les soirées d'hiver, pas celles qui vous dépriment toute la saison, mais celles qui vous voient blottis sous la couette ou au coin du feu en train de bouquiner au point de ne plus vouloir mettre le nez dehors.
C'est l'histoire d'un fils de barbier, Harvey Squire, il a dix ans et il est forcé de sortir par la glaciale nuit de Noël pour raser le mort du manoir des Fearnwood. Le chemin est long, le gamin doit traverser les landes mystérieuses et inquiétantes de ce bourg écossais, nous sommes en 1862.
Accueilli par le majordome revêche, Harvey pénètre chez les Fearnwood en tremblant comme une feuille. Il accomplit sa tâche, s'apprête à repartir lorsqu'il surprend une conservation entre deux types dans la bibliothèque de la maison. Le mort aurait caché un trésor, mais impossible de trouver le moindre indice. La suite se perd dans un brouhaha, car Harvey doit regagner le foyer où son père est en train de cuver son vin.
Depuis cette nuit de Noël, la vie d'Harvey Squire va changer. Il va faire la connaissance d'un libraire, Boniface Swifft, et d'une charmante et intrépide demoiselle, Amélia Fearnwood, qui lui confiera la suite de la discussion entendue dans le secret.
Inutile de vous en révéler davantage, si ce n'est que l'histoire s'annonce palpitante. Tout se passe dans un cadre fantastique, avec des énigmes à décoder, des vieilles légendes vont revoir le jour pour comprendre le secret du vieux Fearnwood qui est mort, probablement empoisonné, et rendu fou par ses propres découvertes.
Ambiance merveilleuse et fascinante !
De plus, le narrateur est un jeune garçon sympathique, naïf et courageux, malgré les nombreuses embûches sur son chemin. Et puis, il n'a pas la vie facile mais il trouve un formidable appui auprès de son meilleur ami Julius, avec lequel il ambitionne de devenir libraire et éditeur.
A Drisdale, petit village écossais, la lande est sauvage, hantée par des fantômes et le théâtre de scènes hallucinantes, qui vous donneront le frisson. On croirait un roman d'inspiration victorienne, un conte ou une nouvelle fantastique, tout cela ensemble, c'est clair,  l'auteur n'a pas hésité à puiser dans divers registres pour nous servir une lecture savoureuse et tout simplement envoûtante !

 

2 septembre 2009

Eon et Le Douzième Dragon ~ Alison Goodman

édité par Gallimard jeunesse et les éditions de La Table Ronde
2009, pour la traduction française (par Philippe Giraudon)
520 pages -  19€

eon_douzieme_dragonCe roman-phénomène d'Alison Goodman possédait de nombreuses qualités pour séduire et enchanter la lectrice enamourée du Clan des Otori que je suis. Certes, je suis assez perspicace pour m'en détacher, c'est simplement l'époque et l'épopée qui m'interpellent principalement, d'où le rapprochement à trouver entre ces deux lectures. Foin du blabla. En fait, le livre d'Alison Goodman m'a désespérément déçue. La raison principale : sa longueur. Non, non, je ne trépigne pas parce qu'il s'agit d'un roman-fleuve qui dépassent les 300 pages chéries, je connais le bonheur de se noyer dans l'infini. Simplement, l'histoire ici m'est apparue beaucoup trop longue, trop alourdie de détails et de descriptions. Résultat, ça traîne (alors que d'autres y trouveront probablement un placement idéal et inévitable). Je ne sais pas. Lorsque j'ai entre les mains un épais ouvrage de 500 pages, j'en attends un élément incontournable : de suite, il m'embarque ou il me débarque. Et lorsque vous arrivez aux 100 premières pages avec le sentiment d'avoir déjà lu le double, c'est flippant.

L'histoire, pour faire court, est celle d'Eon qui a douze ans et se présente pour être choisi comme apprenti par l'un des douze dragons énergétiques de la chance, c'est-à-dire être initié à la Magie du dragon et prétendre au rang d'Oeil du dragon. En fait, Eon possède plusieurs handicaps : il est infirme avec une jambe boîteuse, a seize ans et se révèle être une fille ! Or, les femmes sont exclues du monde de la Magie du dragon et Eon risque la mort si son secret est dévoilé. Le maître de la jeune fille n'est pas idiot ni inconscient, il sent chez Eon(a) une faculté rare et incomparable, qui se vérifiera très certainement lors de la cérémonie au cours de laquelle le dragon Rat va choisir son apprenti. Je n'en dis pas davantage, sauf que les choses ne vont pas se passer comme il était convenu, en mieux ou en pire, c'est à découvrir. Et Eon va tout bonnement hériter d'une importance considérable à la cour impériale, d'où la jalousie, les rivalités et les trahisons vont apparaître et propulser notre héroïne dans des aventures incroyables.

Je ne blâme pas totalement cette lecture non plus, elle n'est pas ultra enthousiasmante mais elle sait être très intéressante aussi. Le contexte est dépaysant, et pour ceux qui apprécient, les descriptions sont importantes et détaillées. Et contrairement au début assez lent et ennuyeux, l'intrigue va se déployer et devenir excitante (pour aboutir à un final à bout de souffle, oui, oui, je vous le confie sans risque). Et là, grosse frustration, puisqu'il faut attendre l'année prochaine, en 2010, pour connaître la suite ! Bref, avec un minimum de recul, j'ai trouvé le roman déconcertant à force d'osciller entre le très bon et le passable - belle palette de personnages, au passage, mais Eon se montre parfaitement agaçante, à plusieurs égards. C'est ainsi, un yoyo perpétuel. Donc, pas un favori mais pas un déchet non plus. Toutefois, cette impatience d'attendre toutes les réponses dans le deuxième volume prouve bien un certain attachement...

A lire, aussi, pour tous les amateurs de Chine impériale et de dragons : Liu et le vieux dragon de Carole Wilkinson (une série en trois tomes). 

Un lien : le site du Théorème de l'escarpin vous propose un concours avec la possibilité de gagner un exemplaire d'Eon le Douzième Dragon !

 

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2 septembre 2009

Etranger à Berlin ~ Paul Dowswell

Naïve, 2009 - 420 pages - 18€
Traduit de l'anglais par Nathalie Peronny
Titre vo : Ausländer

etranger_a_berlinSuite au décès accidentel de ses parents, Piotr a été confié à un orphelinat polonais pendant deux ans. Dans le courant du mois d'août de l'année 1941, des soldats escortant des médecins allemands débarquent pour une procédure de "germanisation". Un par un, les garçons sont mesurés, pesés, étudiés au millimètre près, avant d'être séparés en deux groupes. Avec son physique typiquement aryen, Piotr gagne son ticket pour Berlin et est accueilli chez les Kaltenbach. Ce sont de farouches défenseurs du parti national-socialiste, ils ont trois filles nourries au même sein et comptent bien endoctriner ce jeune garçon de treize ans, très grand, blond aux yeux bleus, très beau aussi.

Piotr devient Peter. Il parle un allemand parfait, il est ébloui par le confort berlinois, adhère à toutes les idéologies de la famille Kaltenbach sans rechigner et intégre les Jeunesses Hitlériennes, où il fait preuve d'un zèle exemplaire. Il n'était pas franchement bien accepté en Pologne, du fait des origines bavaroises de sa mère, et avait essuyé des insultes après l'invasion des troupes ennemies en 1939.

A Berlin, le garçon grandit et apprend à développer son sens du jugement et de la critique, qu'il conserve pour lui, bien évidemment, trop soucieux du climat instable et délateur autour de lui. Il fait la rencontre de la délicieuse Lena Rieter, qui appartient à une famille fort appréciée et respectée au sein du Parti, sauf qu'au-delà des apparences, ce sont des opposants du régime qui n'hésitent pas à venir en aide aux juifs clandestins.

Mais tout ceci ne touche pas encore Peter, ni ne le concerne véritablement. Il mène sa vie sans se poser de questions, il ambitionne d'être pilote dans la Luftwaffen et la compagnie de Lena pimente son quotidien. Ensemble, ils se rendent à des soirées interdites, boivent du gin et écoutent du jazz. Ils se veulent libres et rebelles, à leur façon. Et ils rêvent d'une Allemagne rendue à elle-même, délivrée du fanatisme aveugle.

C'est progressivement que la situation dégénère. Peter s'oppose à la famille Kaltenbach en critiquant la politique du Führer, il découvre également la nature secrète de son tuteur, dont le travail à l'institut pour l'anthropologie, l'hérédité humaine et l'eugénisme cache des expériences honteuses et ignobles, et dans le même temps la ville de Berlin essuie une pluie de violence avec des bombardements répétitifs et virulents.
Nous sommes à un tournant de la guerre, et Peter décide de choisir son camp.

"Etranger à Berlin" est un roman remarquable, par son sujet et par son ton très entraînant, qui donne une lecture très agréable, fluide et attachante. J'ai beaucoup apprécié suivre le parcours de ce garçon Peter, qui va grandir dans un pays où la population agit comme une armée de robots, hypnotisée par les paroles d'un homme fou dangereux. L'auteur Paul Dowswell a su tirer profit de ses recherches en donnant des détails d'une précision mortifiante, comme les décorations de Noël en forme de croix gammée, et des exercices à consonnance xénophobe tirés des manuels scolaires. Du véridique ! Ce n'est pas un livre de trop sur la guerre, c'est un roman convaincant et passionnant. Et à l'égal de La voleuse de livres, le roman de Markus Zusak , il faut considérer "Etranger à Berlin" comme une lecture qui plaira à tous - jeunes et plus.   

le site de l'auteur : http://www.pauldowswell.co.uk/

 

 

extrait : Peter était soulagé que Segur ne soit pas là. Il se serait mis à rire. En voyant l'expression sincère de ces jeunes filles s'appliquant à chanter les nouvelles paroles, il comprit qu'elles y croyaient corps et âme. D'un coup, il se sentit très seul. Plus il y pensait, plus cela l'angoissait. Fleischer avait raison. Il resterait toujours un étranger - un Ausländer - parmi ces gens. Mais au fond de son coeur, Peter savait qu'il avait raison. Quelque chose en lui refusait d'adhérer à cette adoration totale, à cette foi aveugle et dérangeante que tous les autres semblaient vouer à Hitler et aux nazis.
Il se sentait affreusement déloyal d'avoir de telles pensées en présence de ceux qui l'avaient accueilli comme un des leurs - ou plutôt "réclamé pour la Communauté nationale". Ils l'avaient aidé à oublier le chagrin causé par la mort de ses parents. Son père et sa mère lui avaient toujours donné le sentiment que l'Allemagne était un pays meilleur. Que les Allemands étaient un peuple meilleur. Peter voulait désespérement y croire, malgré le sort des Ostarbeiters qui le hantait toujours dans un coin de sa tête. Et il voulait faire partie de la famille Kaltenbach. Il n'avait jamais vraiment pensé à ce qui lui arriverait s'ils le rejetaient. Serait-il renvoyé en Pologne, ou bien expédié dans l'un de ces camps dont il avait entendu parler ? Il se mit à chanter à pleins poumons, comme pour chasser ces troublantes pensées de son esprit.

 

*-*-*-*-*-*

« Ce blog a décidé de s'associer à un projet ambitieux : chroniquer l'ensemble des romans de la rentrée littéraire !

Vous retrouverez donc aussi cette chronique sur le site Chroniques de la rentrée littéraire qui regroupe l'ensemble des chroniques réalisées dans le cadre de l'opération. Pour en savoir plus c'est ici. »

 

31 août 2009

Je ne sais plus pourquoi je t'aime ~ Gabrielle Zevin

Albin Michel, coll. Wiz, 2009 - 315 pages - 14€
traduit de l'anglais (USA) par Valérie Le Plouhinec

je_ne_sais_plus_pourquoiUne chute dans les escaliers, un beau plongeon sur la tête et Naomi Porter, hospitalisée en urgence, se réveille amnésique des quatre dernières années de sa vie. Un cas étrange, auquel la médecine consacre peu d'intérêt, jugeant que l'adolescente de seize ans est en fait victime d'un trauma refoulé. C'est plutôt stressant pour elle, qui se demande alors quel genre de vie elle menait et quel genre de fille elle était ! ?
Aidée des listes de son père et des compilations musicales de son meilleur ami, Naomi tente de remodeler cette fille qui lui paraît de plus en plus étrangère : jolie, intelligente, sportive, superficielle. Elle a pour petit ami un joueur de tennis qui a un petit pois dans la tête, elle est adepte des soirées de beuverie sans lendemain, elle mange tous les midis avec une bande de m'as-tu-vu.
En fait, elle n'adhère plus du tout à cette image.
Elle découvre également qu'elle est fâchée avec sa mère, remariée avec une fillette de trois ans, et qu'elle accepte difficilement la liaison de son père avec une ancienne danseuse qui porte une fleur dans les cheveux.
Pas facile, cette vie nouvelle. Toutefois c'est l'occasion de redessiner un profil qui partait en sucette, Naomi s'en rend compte et fait son petit ménage.
Depuis le jour de sa chute, elle est aussi totalement obsédée par ce garçon, James Larkin, qui a été le premier à lui venir en aide. A l'accompagner à l'hôpital, sous prétexte qu'il était son petit ami. Un mensonge, bien évidemment.
Ce béguin aura un prix à payer, dont son amitié avec Will Landsman, un type charmant et vieux jeu, avec qui elle collabore pour réaliser l'album du lycée.
Bref, vous l'aviez déjà compris, cette histoire est avant tout une histoire d'amour. Et également une histoire d'identité, de quête, de hasard et de perte. 
J'ai aimé à un point que je n'ai pas pu fermer l'oeil de la nuit avant d'avoir tourné la dernière page ! Car c'est un roman attachant et captivant, où le ton  est tour à tour drôle, triste, sensé, sincère, léger, rempli de doutes et d'interrogations. D'une justesse appréciable et appréciée, malgré quelques caricatures et une intrigue prévisible. Néanmoins l'auteur parvient à nous attirer vers d'autres chemins, où elle traite des issues possibles et inattendues. C'est une vraie réussite. La possibilité de réfléchir à notre vie, s'il était possible de la changer et/ou de corriger certains chapitres.
Un roman qui se rapproche du coup de coeur, avec beaucoup d'émotion et d'humour au tournant.
Une lecture pleine de peps, qui donne foi en la vie !

28 août 2009

Les mille ruses du renard volant ~ Jean-François Chabas

Casterman Feeling, 2009 - 83 pages - 7,00€
illustré par David Sala

les_mille_rusesJ'attribue le prix d'excellence à ce roman, rien que pour sa couverture. Et comme l'a fait remarquer ma fille, cette rouquine me rappelle quelqu'un... Mais poussons plus loin le bouchon, dépassons le bout de notre nez pour plonger dans l'histoire que nous raconte Jean-François Chabas.
J'étais très excitée de lire ce roman, en fait. Je suis tombée en amour avec les Monts de l'Eléphant, c'est dire combien j'espère être enchantée par la prose de cet auteur, livre après livre.
Bon, cette fois, l'émotion sera moins forte. Moins d'emballement au programme, trop d'attente aussi, probablement.
Pourtant cette histoire d'amour qui lie un père à sa fille a tout pour me plaire, elle ne m'a d'ailleurs pas laissée insensible.
Présentation : Waldo a divorcé de son épouse américaine, Dorothy, et est retourné vivre dans son pays, au Canada, en abandonnant malgré lui sa petite fille, Lillian. A vingt ans, cette dernière s'engage dans le corps des US Marines pour financer ses études. Peu de temps après, elle est envoyée en Irak. Vous imaginez l'angoisse ET la colère du papa... Tout va s'amplifier lorsque Lillian est blessée par une roquette, le cerveau endommagé, elle est rapatriée d'urgence, limite cantonnée légume vivant dans un hôpital militaire.
Lillian a perdu la mémoire, elle se comporte comme une petite fille qui réapprend toute la vie, avec une spontanéité effarante. Sa mère choisira de la placer dans une institution spécialisée, au grand dam de Waldo qui vitupère, cogne, explose de colère et se voit expulsé du territoire américain pour sa conduite !
Ce roman très court se lit facilement, il possède de nombreuses qualités et il dénonce des vérités qui ont besoin d'être répétées, cela n'empêchera pas le monde de tourner, et la bêtise humaine sera toujours aussi flagrante !
Ce qui demeure très beau et touchant dans cette histoire concerne l'amour du papa - Waldo est prêt à tout perdre, à renverser des montagnes, à boire des tasses d'eau pour sauver son enfant. Il s'en veut d'avoir été écarté de son éducation lorsqu'elle était enfant, le fait de la retrouver avec sa peau neuve lui offre une seconde chance. C'est sûr que c'est dur, Lillian ne réfléchit pas aux conséquences et n'a pas la notion du danger. Et puis il n'est pas idiot non plus, il ne saute pas de joie de savoir sa fille blessée à vie, traumatisée par cette fichue guerre-bidon et c'est effroyable d'en arriver là.
Voilà en gros tout ce que nous propose ce roman... des instants de douceur, de patience, d'injustice et de fureur. Et au bout du tunnel, l'espoir. Le regard rempli d'étoiles. Le sourire aux lèvres. La joie sur le visage.
Bah si c'est pas beau tout ça...

-> à lire aussi, l'avis de Gaelle

 

27 août 2009

Bleu de Rose ~ Marie Chartres

Médium de l'Ecole des Loisirs, 2009 - 125 pages - 8,50€

bleu_de_roseAttention, coup de coeur.
Ce roman est une pépite de douceur, de sensibilité, de tendresse, de silence, de fantaisie, de larmes, de questions, de doutes, de sursis, de maladresse, de bêtises, d'émotions, de poésie, de colère, d'impuissance, de mort qui plane, d'injustice, de rires, de mouchoirs, de bleu et de Rose.

Rose est une narratrice attachante, douée, accablée de chagrin parce que son frère Nathan est malade, atteint de mucoviscidose. La mort est là, toute proche. C'est triste, c'est sûr. Cela fait peur, c'est vrai. Mais surtout, ça gronde de rage et de désespoir.
Malgré tout, Rose se montre touchante de fragilité, elle a dans le coeur et dans la tête des réflexions qui font d'elle une personne remarquable. Il faut lire les sous-titres de son récit, c'est drôle, spirituel, plein de bon sens :
Le mot placé entre esplanade et esprit dans le dictionnaire est interdit de séjour chez nous - Les pantalons de maman sont la cause de tous nos problèmes - La vie est si rapide que ma tête en reste vide - Les adolescents ont trop de mains et parfois trop de boutons - Sous mes paupières existe un monde magique.
Et j'en passe.
Ce livre, en fait, est truffé de bons mots, de mots justes, de phrases qui font schebam pow blop wizz. Et tant mieux, cela permet d'éviter le pathos inutile. Ce n'est pas parce que le sujet est triste qu'il faut rendre l'histoire pesante et au bord du gouffre.
Tout ceci tient du prodige, ou du miracle. Vous sentez les araignées sur les poumons, vous les voyez tisser leur vilaine toile, mais vous apercevez aussi la touche de bleu en plein milieu du coeur.
J'ai beaucoup aimé ce roman, j'ai du mal à trouver les mots qui seraient à la hauteur de son talent. J'ai aimé sa touche de fantaisie, sa note de sensibilité. Les deux, ensemble. Je me suis sentie aussi tellement proche de Rose, une jeune fille toute emmêlée avec ses noeuds partout dans le corps. La Miss France des filles bizarres, avec l'écharpe en soie bleue sur laquelle est brodé en lettres d'or Folle à lier - Ne pas toucher.
Il s'agit du tout premier roman de Marie Chartres et j'ai hâte de lire les prochains ! Gros, gros potentiel droit devant. Ça fait du bien !

 

Un roman « avec de la camomille et une petite molécule qui fera tout briller. »

 

 

*-*-*-*-*-*

Ce roman figure parmi la sélection du prix des lecteurs 2010 organisé par la Médiathèque Louis Aragon , la Bibliothèque départementale de la Sarthe, l’Association "La 25e Heure du Livre", en savoir plus en cliquant ici.

Sélection du PRIX DES LECTEURS 2010

BLONDEL Jean-Philippe – Au rebond / Actes Sud Junior
BONDOUX Anne-Laure - Le temps des miracles / Bayard jeunesse (Millézime)
BORDAGE Pierre – Ceux qui sauront / Flammarion (Ukronie)
CHABAS Jean-François – Saia / Ecole des loisirs (Médium)
CHARTRES Marie – Bleu de Rose / Ecole des loisirs (Médium)
COLEMAN Michael – Barjo / Ed. du Rouergue (DoAdo noir)
FONTENAILLE Elise – Chasseur d’orages / Ed. du Rouergue (DoAdo)
HONAKER Michel - Le département du diable / Flammarion (Tribal)
MAZARD Claire – De chaque côté des cimes / Seuil (Karactère(s))
PERCIN Anne – L’âge d’ange / Ecole des loisirs (Médium)

Un simple coup d'oeil et je peux vous affirmer que cette sélection est excellente ! (J'en ai lu quelques-uns, tous de très bons souvenirs !)

Le prix des lecteurs 2009 avait été attribué au roman Be Safe de Xavier-Laurent Petit.  (cf la lecture de Laure)

 

27 août 2009

Moi sauvage ~ Isabelle Rossignol

Médium de L'école des Loisirs, 2009 - 150 pages - 9,00€

moi_sauvageLéa a loupé sa dernière année scolaire, ses parents ont adopté la mesure d'urgence en l'inscrivant dans une école privée et huppée. C'est la catastrophe pour l'adolescente, issue de la banlieue populaire, et la rentrée lui confirme toutes ses craintes. Des bourges, que des bourges. Jugement implacable. En tête, le beau gosse qui n'arrête pas de relever sa mèche en regardant la plèbe autour de lui, d'un air tellement frimeur. Sur lui, ce sont mille euros de fringues qui suffiraient à nourrir un village africain.

Et la mauvaise foi, elle connaît ? Léa se plante en agressant mentalement ce garçon, car Vincent est charmant. Il tente de l'intégrer auprès de ses camarades, il est gentil, à l'écoute, il cherche à la sortir de son désarroi et la mettre à l'aise dans ses baskets. De son côté, la demoiselle fait sa mauvaise tête, remontée par sa copine Rania, experte en discours antisocial-tu-perds-ton-sang-froid. Léa ne sait plus dans quel camp elle se situe. Comble de tout, en rentrant chez elle le vendredi soir, elle a horriblement honte de son père, qu'elle trouve subitement moche et plouc. C'est la crise !

Le roman n'est pas mauvais, il est même trèsintéressant, le problème c'est que la narratrice est particulièrement imbuvable. Léa est une pauvre fille paumée, on lui offre le monde sur un plateau, ou disons une chance de s'en sortir, et la nana choisit de casser la baraque. En clair, elle va fuguer. Tout au long du roman elle ne cesse d'avoir une attitude capricieuse et agaçante, je n'en pouvais plus de la supporter, mais oui, je sais, j'ai passé l'âge, je suis une ^adulte responsable^ maintenant, et j'oublie de me mettre dans la peau de cette fille, car tout est là : les sautes d'humeur, la haine crachée à la face du monde, l'ennui et l'envie de mourir, la peur collée au ventre, les jugements à l'emporte-pièce, la révolte à deux sous, la vérité qu'on n'affronte pas, la honte à admettre, car derrière tout ceci se cache le besoin de redevenir une petite fille à protéger.
Il en aura fallu du temps pour qu'elle comprenne ! Mais que vous voulez-vous, c'est compliqué de grandir...

(A me voir aussi exaspérée, c'est dire le potentiel du livre : il est très, très bien écrit et il a parfaitement su cerner les tourments de l'âge ingrat !)

 

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Calpurnia et Travis
L'homme idéal... ou presque
Trop beau pour être vrai
Tout sauf le grand amour
Amours et autres enchantements
Ps I Love You


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