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Chez Clarabel
17 novembre 2010

La douce tranquillité des samedis

mccall_smith

Je n'avais pas encore lu la série avec Isabel Dalhousie alors que j'apprécie beaucoup Alexander McCall Smith (Mma Ramotswe, Les chroniques d'Edimbourg) et le hasard faisant souvent bien les choses ... C'est donc avec La douce tranquillité des samedis que je me suis lancée.

Isabel est une femme d'une quarantaine d'années, fort aisée, qui dirige la très sérieuse Revue d'éthique appliquée. Elle a un enfant, Charlie, et un compagnon, Jamie, de quinze ans son cadet. Il faut vraiment que je me mette à jour concernant cette relation, car ici on découvre une femme amoureuse et sur la réserve, elle ne souhaite pas étouffer son jeune amant, et tremble à l'idée de le perdre. C'est donc une Isabel jalouse et peu sûre d'elle en amour que je rencontre, sauf que ce serait trop réducteur de la qualifier ainsi, aussi j'ai pesté in petto d'avoir loupé les précédents épisodes (mais je me suis promise de ne pas en rester là afin de mieux évaluer les personnalités et connaître les petites histoires de chacun).

En attendant, ce que j'aperçois me plaît beaucoup ! McCall Smith, une fois encore, réussit à nous bercer dans un cocon chaleureux et pratiquement familier. On s'y sent bien, à Edimbourg, dans les quartiers chics, les parcs municipaux, la boutique de Cat ou dans les couloirs du Queen's Hall. C'est confortable, je m'étais d'abord leurrée en m'imaginant à une autre époque que celle proposée par l'auteur (l'époque contemporaine, tout bonnement !), tant Edimbourg donne l'illusion d'appartenir à un autre temps.

Ce n'est bien évidemment pas l'intrigue policière qui retiendra mon attention, l'histoire d'un homme, un médecin, qui répugne d'avoir été mis au pilori suite à un scandale pharmaceutique. L'épouse de cet homme demande l'assistance d'Isabel, mais il est davantage intéressant de la suivre dans sa vie de tous les jours, d'apprendre à connaître Eddie, qui travaille chez Cat (laquelle part en vacances au Sri-Lanka et demande à Isabel de la remplacer), ou de discuter avec Grace, la gouvernante, sans oublier Jamie, pour qui son petit coeur de femme amoureuse bat fort, beaucoup trop fort. Et à raison ! (Jamie est charmant !) Bref, je compte bien rattraper mon retard, et découvrir un peu mieux cette série sympathique, pas révolutionnaire, mais qui possède le gros avantage de nous absorber dans son univers douillet.

La douce tranquillité des samedis - Alexander McCall Smith
10-18 coll. Grands détectives (2010) - 285 pages - 7,90€
Traduit de l'anglais par Martine Skopan

A découvrir (dans l'ordre) :

  • Le Club des philosophes amateurs

  • Amis, amants, chocolat

  • Une question d'attitude

  • Le bon usage des compliments

  • La douce tranquillité des samedis

  • L'importance d'être reconnaissant

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4 septembre 2010

Prends garde à toi !

Prends garde à toi

Très souvent, les intrigues de Patricia Wentworth ne sont pas ébouriffantes et on devine très vite la fin à des kilomètres à la ronde. Or, cette fois, même si le doute était semé, j'ai aussi été plus d'une fois étonnée par les retournements de situation. La dame ne déroge pas à ses principes : jamais de sang, pas de poursuite infernale, aucune scène qui pousse le sensationnalisme sur le devant, les enquêteurs boivent le thé devant un bon feu de cheminée et dissertent, entourés de livres et d'un perroquet bavard. Non, franchement, nous sommes loin des nouvelles modes du genre policier. L'enquête ici se base sur un climat de suspicion, voilà la grande force de l'histoire (en plus de ce que je considère comme l'élégance du style, les personnages charmants et agaçants, le ton guindé et raffiné, le petit côté rétro, mais pas vieillot).

Nous avons en tête Rosalind Denny, veuve depuis dix-huit mois, dont le mari Gilbert a mis fin à ses jours lors d'une sortie en mer. Il était sous-secrétaire au Forein Office, jouissait d'une carrière florissante, avait le tapis rouge à ses pieds, hélas il semblerait qu'un prochain scandale pouvait l'éclabousser et qu'il ne l'aurait pas supporté. Or, Rosalind réfute ces accusations. Selon elle, il aurait été tué ou poussé au crime. Son cousin, le colonel Garrett (déjà croisé dans L'appel du danger), assisté du sémillant BCH Smith, commence à entrevoir l'aube d'un complot. D'autres politiciens ont été récemment acculés à la retraite professionnelle, seulement l'un d'eux, Bernard Mannister, a choisi la méthode tapageuse, en forçant le ton et en brassant l'air de ses bras. De plus, son nouveau secrétaire particulier, Jeremy Ware, travaillait également pour Gilbert.

Et ainsi tourne la roue. Car Jeremy réalise avec stupeur qu'il serait lui aussi visé par ce complot, qu'on chercherait à le tenir responsable de contre-espionnage, et sans l'intervention d'une demoiselle, qui lui apparaît la nuit, tel un fantôme, avant de disparaître dans les couloirs souterrains de la maison de Mannister, Jeremy serait dans de beaux draps. Mais sa cote de crédibilité a cruellement chuté, il se sent seul, raison de plus pour démasquer le coupable et faire éclater la vérité, découvrir l'identité de la jeune fille somnabule, reconquérir la confiance de Rosalind, laquelle est tombée dans les pièges du spiritisme... Bref, l'intrigue nous réserve son lot de surprises, toutes très agréables, le climat d'après-guerre rend l'ensemble captivant, mais jamais pesant. Cela confirme mon sentiment, lire ou relire Patricia Wentworth n'est jamais décevant !

10-18, collection Grands Détectives (2008) - 282 pages
traduit de l'an
glais par Anne-Marie Carrière 

28 mai 2010

Les étranges talents de Flavia de Luce

Perdu au coeur de la campagne anglaise, Buckshaw, l'imposant manoir appartenant à la famille de Luce, est soudainement le théâtre d'un crime inexplicable. Le corps d'un inconnu a été retrouvé dans le potager, parmi les concombres. Et c'est la jeune Flavia, onze ans, qui est tombée nez à nez sur l'individu, recueillant le dernier souffle du rouquin qui s'est exclamé d'un Vale ! avant de rendre l'âme. N'imaginez point que la demoiselle tourne de l'oeil. Portée par son enthousiasme sur les mystères de l'âme humaine, passionnée de chimie, et plus particulièrement adepte des poisons, Flavia Sabina de Luce n'aime pas être prise pour une oie blanche lorsque l'inspecteur Hewitt la convie vers les cuisines de Buckshaw pour servir à son équipe d'enquêteurs une collation. Voyez-vous... Flavia n'en supportera pas davantage.

Se réfugiant dans son laboratoire pour songer avec amerturme qu'elle seule semble avoir reconnu l'invité de son père, avec lequel une discussion animée s'est échangée quelques heures plus tôt, Flavia se laisse doucement persuadée de la possible culpabilité de celui-ci. Haviland de Luce, veuf et ravagé par son chagrin, s'est depuis isolé dans son bureau, où il passe son temps à consulter ses albums de philatélie. Protégé comme le loup blanc par Dogger, leur homme à tout faire, ancien soldat ayant connu des heures difficiles en tant que prisonnier de guerre, les deux hommes entretiennent une relation de confiance jusqu'à l'absolutisme. L'un protégerait-il l'autre ? Flavia n'en est peut-être pas encore là, dans ses conclusions. D'abord, filant à toute vitesse sur sa bicyclette, rebaptisée Gladys, elle se rend à Bishop's Lacey, le village le plus proche, où elle espère trouver des informations dans les archives de la bibliothèque. 

Les_etranges_talents_de_Flavia_de_Luce_lattes

Forte en rencontres atypiques et aux personnalités attachantes et joliment excentriques, la quête de Flavia Sabina de Luce pour découvrir la vérité derrière cette affaire de meurtre se conduit sur un rythme raffiné et agréable. D'autres faits étranges sont auparavant survenus à Buckshaw, comme la dépouille d'un oiseau avec un timbre rare planté sur le bec retrouvée sur le pas de la porte, premier signe qui a suscité une vive émotion chez le père de Flavia, ou l'étrange disparition d'une part de tarte, et pas n'importe laquelle, puisqu'il s'agit de la tarte à la crème de Mme Mullett, la cuisinière, que toute la famille de Luce a en sainte horreur. Et au milieu de ce capharnaüm, règne aussi la sourde vengeance de la cadette envers ses deux soeurs aînées, Ophélia et Daphné, contre lesquelles Flavia a juré d'accomplir les supplices les plus fourbes, en réponse à leurs propres mesquineries. Petits meurtres entre soeurs, dans la stricte tradition britannique, ça se savoure !

Ce roman d'Alan Bradley est donc un pur moment de délectation, pas fatalement un grand moment de littérature policière, car l'intrigue, bien cousue, n'est pas non plus un noeud improbable et le coup de théâtre ne nous soulève pas le coeur d'étonnement. L'intérêt de cette lecture a été, pour moi, dans la divine et délicieuse description de la psychologie de Flavia de Luce, donzelle intelligente, futée et brillante, qui sait mettre les pieds dans le plat, se sert de sa malice avec un flegme inébranlable. C'est parfaitement judicieux, un régal sur 350 pages, avec des remarques piquantes, des références littéraires, des hommages à des personnalités féministes trop demeurées dans l'ombre des grands messieurs (par exemple, Marie-Anne Paulze-Lavoisier). Subsistent quelques défauts mineurs, qui ne terniront nullement la très bonne impression laissée par Flavia de Luce, onze ans seulement, et une maturité impressionnante ! L'histoire se passe en 1950. Instinctivement, on pense à Agatha Christie mais aussi à un film de Hitchcock, The trouble with Harry (Mais qui a tué Harry ?), grâce au cynisme et à l'humour de Flavia qui nous font passer un excellent moment. 

La prochaine enquête de Flavia de Luce, The Weed That Strings the Hangman's Bag, sera également traduite en français. 

Les étranges talents de Flavia de Luce ~ Alan Bradley
JC Lattès (2010) - 356 pages - 17€
traduit de l'anglais par Hélène Hiessler

Egalement disponible aux éditions MsK, sous une autre couverture. Les_etranges_talents_de_Flavia_de_Luce_msk

23 avril 2010

Vous savez, une énigme ressemble à une femme qu'on veut séduire...

Arcamonde_tome_4Je ne vais pas me répéter, mais j'aime cette série ! J'ai déjà évoqué les raisons ici, ici et ici. Ce serait rengaine de rappeler ô combien ces livres nous proposent un univers à part, riche et foisonnant. Le maître des lieux est donc l'antiquaire Frans Bogaert, excentrique, érudit et curieux. Son plaisir est de dénicher des objets tous plus incongrus les uns que les autres, d'en dépouiller les couches pour toucher son coeur, trifouiller ses entrailles pour sentir palpiter la veine essentielle. Cette fois, il s'agit donc d'une pendule. Et pas n'importe quelle pendule. Cédée par un collège hollandais, cette pendule a l'étonnante particularité de ne pas afficher la douzième heure, et de ne posséder aucun système pour la remonter. Blablabla. Cette pendule a su éveiller l'intérêt et l'excitation de Bogaert, il a flairé la pièce rare, certains signes ne trompent pas car, peu de temps après, il reçoit un message lourd de menaces, envers lequel notre antiquaire se contente de hausser un sourcil avec un petit sourire narquois.

Encore une passionnante enquête que voilà ! Hervé Picart est l'archéologue des rêves les plus fous, le pirate des trésors enfouis. Il n'est pas nécessaire d'être amateur ou passionné par la brocante ou l'antiquité pour se plonger dans l'Arcamonde, il suffit d'un zest de curiosité pour découvrir que l'auteur est drôle, fin, spirituel, intelligent. Il déborde d'envie et nous communique cette passion. Sa série ne manque ni d'érudition, ni de passion. Et puis les clins d'oeil courent d'un bout à l'autre, pour les cinéphiles notamment. (Je me suis surprise à voir en Laura, l'épouse disparue, une copie de la Laura d'Otto Preminger, incarnée par la divine Gene Tierney. Ne me demandez pas pourquoi. L'influence de Lauren, l'assistante de Bogaert, dont la ressemblance physique rappelle vivement l'actrice Lauren Bacall n'est forcément pas innocente.)

Lauren est un personnage qui ne cesse de me fasciner. De même, l'épouse qui s'est évaporée dans la nature occupe une place très importante dans l'histoire (un peu éclipsée dans le précédent livre, elle revient en douce et en charme pour titiller notre antiquaire qui porte ce mystère autour du cou comme un galérien porte sa croix). L'Arcamonde n'est pas seulement dédié à la recherche ou à la culture, c'est aussi un livre humain, où l'on aperçoit de plus en plus une grande connivence entre l'employée et son patron, où l'on s'amourache de leurs dialogues, qui font mouche et qui font rêver et espérer. Quoi ? C'est là tout le sel de cette série. Le mystère, le doute qui plane, les ombres envahissantes... qu'est-ce que j'aime ça !

La Pendule endormie (L'Arcarmonde #4) ~ Hervé Picart
Le Castor Astral (2010) - 235 pages - 13€

prochain rendez-vous en novembre 2010 avec La lampe de Providence.

" Bon sang de bois ! rouspète le brocanteur, un peu excédé par tant de cachotteries. Pourquoi diable construire une horloge si magnifique si elle ne peut sonner ni midi ni minuit ? "
Lauren le contemple avec complicité. Elle sait que son patron ne se délecte jamais autant que devant une énigme qui se refuse à lui. Les grognements font partie du rituel. Cela dit, cette pendule qui semble avoir pour tâche de compter faux lui rappelle ses lectures de fillette :
" Franchement, murmure-t-elle, on se croirait dans du Lewis Carroll. "

22 avril 2010

Comme il sied à toute jeune femme bien éduquée...

Enola_Holmes_Tome_5Quel est le point commun entre la guerre de Crimée, Florence Nightingale et Mrs Tupper ? Enola Holmes, bien entendu. Il s'agit déjà de l'avant-dernier tome de la série, ça sent la fin, moi je vous le dis... D'abord c'est un roman plus court que les précédents, seulement 190 pages, avec une intrigue policière intéressante mais un poil moins excitante que dans les dernières aventures. Ceci dit, je demeure incontestablement sous le charme, cette série possède un grand nombre de qualités, elle est bien écrite, de fort bon goût, et même les couvertures françaises, illustrées par Raphaël Gauthey, soulignent le charme et l'élégance de la série d'Enola Holmes !

Nous en sommes donc au cinquième volume, les présentations n'ont plus cure, Enola vit seule à Londres depuis la disparition de sa mère et ne veut pas tomber entre les mains de ses frères, qui souhaitent l'enfermer dans un pensionnat pour jeunes filles de bonne famille. Nous n'avons toujours aucune nouvelle de lady Eudoria, d'où une certaine surprise de ma part car j'imaginais que l'auteur allait procéder à un virage en douceur pour nous ramener vers l'élément déclencheur de la série (disparition de la maman = émancipation de la jeune fille de quinze ans = début de carrière d'apprentie détective). Hélas non. Aucune trace. Toujours rien. Le calme plat. Oh, peut-être un babillage de ladies surpris par le plus grand des hasards, c'en est même trop beau pour être vrai. Mais niet. Même la correspondance par petites annonces en langage codé s'est évaporée depuis belle lurette ! C'est peut-être là mon microscopique sentiment de manque.

Dans L'énigme du message perdu, Enola cherche à aider sa logeuse, la vieille Mrs Tupper. Celle-ci a reçu d'étranges menaces via un billet anonyme. Quelques jours après, Mrs Tupper est kidnappée, sa maison mise à sac. Enola Holmes prend cette affaire criminelle très à coeur, pourquoi s'en prendre à une veuve sans le sou, dont la seule richesse semble être une robe de crinoline en soie bleu de Prusse. D'ailleurs, n'est-ce pas un vêtement trop chic pour une femme comme Mrs Tupper ? Il faut alors fouiller le passé de la dame, chercher à rencontrer la célèbre Florence Nightingale et recroiser Sherlock avant de prendre la fuite. Et tout ça en moins de 200 pages ! (Oui, c'est trop peu. Trop court.) Faible lueur d'espoir dans les dernières pages. Notre grand détective comprendrait-il que le bonheur de sa petite soeur n'est pas à ranger dans une case pour convenir à la tradition de l'époque (Londres, 1889) ? Attendons le dénouement dans The Case of the Gypsy Goodbye (sortie US : mai 2010 - sortie française, dans un an ?).
Argh.

Les enquêtes d'Enola Holmes : L'Enigme du message perdu ~ Nancy Springer
Nathan, 2010 - 190 pages - 14,20€
traduit de l'anglais par Rose-Marie Vassallo
illustration couverture : Raphaël Gauthey

 

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7 avril 2010

Quoi ? Vous la verriez s'établir dans le métier ? Me faire concurrence ?

Sous l'irritation, l'humour pointe.
" Elle en serait  bien capable.
- Eh ! faites-lui donc fumer le cigare, tant que vous y êtes ! "
Sherlock rit de bon coeur à présent.
" Ma parole, vous oubliez que notre jeune soeur n'est qu'une enfant. Egarée, certes, mais une enfant. Croyez-moi, vous lui prêtez dix fois trop de suite dans les idées. Vous extravaguez, mon cher Mycroft, vous extravaguez. "

enola_holmes_4Dans ce quatrième volume de la série, Enola Holmes renoue avec une ancienne connaissance, croisée dans L'affaire Lady Alistair, à savoir la jeune Cécily qui avait été enlevée et droguée. Aujourd'hui la demoiselle n'apparaît pas dans de meilleures dispositions puisque, escortée par deux duègnes aux manières peu charitables, la jeune fille est engoncée dans une toilette qui entrave le moindre de ses mouvements. Elle croise, par la grâce du saint esprit, Enola dans les toilettes publiques et parvient à lui communiquer sa détresse. Du moins, faudra-t-il quelques heures de patience et de savante réflexion à notre apprentie détective avant de comprendre le message caché de sa jeune amie. Dans quel guépier Cécily Alistair s'est-elle donc encore fourrée, bien malgré elle ? Pourquoi sa mère, lady Theodora, ne répond à aucun message et ne reçoit aucune visite ? Que cache cette famille qui, pour mieux parader au devant de la bonne société, n'hésiterait pas à compromettre la naïveté d'une jeune fille moralement abîmée car sérieusement secouée par des troubles de la personnalité ?

Ce quatrième tome se lit d'une traite ! J'ai déjà fait l'éloge de ses nombreuses qualités, je le dis, je le répète, cette série de Nancy Springer est une lecture précieuse et quasi indispensable, pas seulement pour les fans de Sherlock Holmes, mais aussi pour les amateurs d'intrigues policières sur toile historique. L'ambiance est, contrairement aux histoires de Conan Doyle, beaucoup plus féminine. Portée par la narration de la petite soeur fictive du grand détective, la série décrit l'injuste condition du sexe dit faible. Depuis la disparition mystérieuse de sa mère, Enola a refusé le tutorat de son aîné, Mycroft, qui pensait l'enfermer dans une école pour jeunes filles de bonne famille où elle y apprendrait les arts domestiques dans l'attente de son prochain mariage. Las, Enola a hérité de sa suffragiste de mère un tempérament rebelle et affirmé. Elle vit de ses propres moyens, travaillant dans un cabinet spécialisé en recherches, se camoufle sous des déguisements et se joue même de ses propres frères en leur passant sous le nez sans qu'ils comprennent le subterfuge. Une nouvelle fois, dans Le secret de l'éventail, Enola se trouve face à Sherlock, avec lequel elle brûle d'envie de tisser un quelconque lien affectif mais la confiance n'est pas de mise chez les Holmes !

Les enquêtes d'Enola Holmes : Le Secret de l'éventail ~ Nancy Springer
Nathan, 2009 - 220 pages - 13,50€
traduit de l'anglais par Rose-Marie Vassallo
illustration couverture : Raphaël Gauthey

Si vous ne connaissiez pas encore, n'hésitez pas à découvrir le premier tome - disponible en format poche - La double disparition.

A paraître (dès le 15 avril) : Tome 5 - L'énigme du message perdu. enola_holmes5
Et aussi : Tome 2 : L'affaire Lady Alistair en format poche.

La série se termine sur un 6° tome - The Case of the Gypsy Goodbye -  qui sort en mai 2010 aux USA.

Pour se consoler de la fin prochaine de cette série, peut-être le lecteur trouvera-t-il un réconfort en apprenant la traduction française de The Agency (Le pendentif de Jade, tome 1) par Y.S. Lee.

The_Agency__A_Spy_in_the_HouseRescued from the gallows in 1850s London, young orphan (and thief) Mary Quinn is surprised to be offered a singular education, instruction in fine manners — and an unusual vocation. Miss Scrimshaw’s Academy for Girls is a cover for an all-female investigative unit called The Agency, and at seventeen, Mary is about to put her training to the test. Assuming the guise of a lady’s companion, she must infiltrate a rich merchant’s home in hopes of tracing his missing cargo ships. But the household is full of dangerous deceptions, and there is no one to trust — or is there? Packed with action and suspense, banter and romance, and evoking the gritty backstreets of Victorian London, this breezy mystery debuts a daring young detective who lives by her wits while uncovering secrets — including those of her own past. 

parution en France : le 12 mai 2010 chez Nathan.

 

7 avril 2010

ceux qui aiment l'étrange et l'extraordinaire doivent les chercher dans la vie

(elle est toujours plus surprenante que l'imagination la plus débridée)

les_aventures_de_sherlock_holmesParce que mes retrouvailles avec Singleton et Trelawnay m'ont quelque part redonné le goût de puiser à la source, et parce que j'aime tout simplement la couverture, la création graphique et la mise en page de cette édition, je me suis donc replongée dans 6 des aventures de Sherlock Holmes.

Un pur régal. Prenez par exemple la première histoire : La Ligue des rouquins. Un prêteur sur gages, Jabez Wilson, est récemment devenu membre d'un club privé pour personnes à la chevelure flamboyante. Contre une très bonne rémunération à la semaine, l'homme doit rester dans un bureau à recopier une encyclopédie. Brutalement, tout s'arrête avec la dissolution de la ligue, mais sans aucune explication. Notre homme se sent soudain le dindon d'une farce et désire connaître le fin mot de l'histoire.

Le ton est drôle, classique mais pas fâné. La traduction de Stéphanie Benson a su rester fidèle, tout en apportant un dynamisme appréciable et élégant. C'est bon de retrouver le flegme du détective, couplé à la contemplation naïve et admirative de son acolyte. Il y a de l'humour et un certain cynisme, une arrogance aussi - Sherlock est un homme torturé et perpétuellement insatisfait. Dans l'enquête de L'homme à la lèvre tordue, il avoue à mi-mots être la victime de ses propres faiblesses (la cocaïne et l'opium).

Ce sont les crimes banals et quotidiens qui sont les plus incompréhensibles. Tout comme un visage banal est plus difficile à identifier. Mais dans cette affaire je vais devoir me montrer rapide.
- Qu'allez-vous faire ? demandai-je.
- Fumer, répondit-il. C'est un problème à trois pipes, et je vous demande d'éviter de m'adresser la parole pendant cinquante minutes.
Il s'installa dans son fauteuil, les genoux ramenés sous son menton pointu. Il resta ainsi, les yeux fermés, sa pipe d'argile noire tendue comme le bec d'un oiseau étrange. Je commençais à me dire qu'il s'était endormi, et j'étais sur le point de m'assoupir moi aussi. Soudain, il bondit sur ses pieds avec l'air d'un homme qui vient de prendre une décision. Il posa sa pipe sur la cheminée.
- Sarasate joue au Saint James ' Hall cet après-midi, annonça-t-il. Qu'en dites-vous, Watson ? Vos patients pourront-ils se passer de vous quelques heures ?
- Je n'ai rien à faire aujourd'hui. Ma clientèle n'est jamais très exigeante.
- Alors prenez votre chapeau et suivez-moi.

Conan Doyle a privilégié la logique et la déduction, ce qui ne néglige en rien l'action et les rebondissements. La recette ne tient pas du miracle mais elle a fait ses preuves, pour avoir inspiré d'autres auteurs et fait naître des séries de cet acabit. Les aventures de Sherlock Holmes ne sont pas inédites mais elles sont l'assurance d'une lecture pleine de succès et de plaisir.  Au sommaire : La Ligue des rouquins - L'homme à la lèvre tordue - Le Bandeau moucheté - Le Pouce de l'ingénieur - La Couronne de béryls - L'Interprète grec.

Ma vie est un effort constant pour m'évader de la banalité de l'existence.

A signaler aussi la série tv de 2000 / 2001 : Murder rooms qui met en scène le jeune Conan Doyle (Robin Laing) et son guide, le Pr Bell (Ian Richardson), lequel deviendra son modèle pour écrire le personnage de Sherlock Holmes. Il existe 5 épisodes de 50 minutes .

Les Aventures de Sherlock Holmes ~ Arthur Conan Doyle
Milan, coll. vient (presque) de paraître, 2010 - 220 pages - 9,50€
traduit de l'anglais par Stéphanie Benson

Un dossier de 6 pages accompagne la lecture de cet ouvrage.

6 avril 2010

Cette nuit-là, nous écoutâmes jusqu'au petit matin le Pr Rufus Aloysius Winwood deviser des mystères sublimes et redoutables ...

... de la nature en sirotant des verres de brandy additionnés de quelques gouttes d'eau de Dantzig.

diable_du_crystal_palaceSous le charme d'une jeune beauté éthérée, Andrew Singleton s'engage à retrouver son fiancé disparu - ledit Frederic Beckford, entomologiste au British Museum, aurait montré une grande fébrilité suite à un entrefilet paru dans le journal et relatant l'accident d'un taxi avec un tigre. Depuis, nulle trace de l'animal mais les témoins affirment que la créature ressemblait à un énorme chat aux dents longues. Le célèbre zoologiste, le Professeur Winwood, vient alors en aide à nos deux Détectives de l'Étrange.

Une lecture qui s'inscrit sous le patronage de Conan Doyle, entre Sherlock Holmes et son Monde perdu ("C'était le diable en personne, tel que nous nous le figurions dans notre enfance.") : de quoi envisager un rendez-vous exaltant, plein d'esprit, d'humour et d'aventures insolites !

L'histoire ne manque pas de piquant ni de surprises - comme croiser un ptérodactyle au détour d'un chapitre. Voilà, voilà. Si les romans se suivent et les sujets varient, nuançant parfois mon intérêt, le charme lui demeure indécrottable. Fabrice Bourland a su toucher mon cœur. Ce mélange de péripéties aux rebondissements extraordinaires - déviant sur du fantastique - avec des enquêtes policières est en effet pour moi tout bonnement électrisant. J'aime aussi beaucoup les personnages et leur humour (on peut notamment savourer la description morphologique "tout en rotondité" de l'un d'eux). 

Le diable du Crystal Palace ~ Fabrice Bourland
Grands détectives - 10/18  (2010) - 275 pages - 7,00€

dans la même série : Le fantôme de Baker Street & Les portes du sommeil

 

 

30 janvier 2010

Oscar, Gyles et moi

Je suis en train de lire Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles (Grands détectives, 10/18). Je me régale !  C'est après avoir terminé ma lecture du roman de Martha Grimes avec Henry James que j'ai eu cette envie. Il n'y a pas photo, je suis sensible aux ambiances et cette série me gâte !

Dans la maison, tout était de la meilleure qualité et tout, ou du moins presque tout, était d'une seule couleur : blanc. Dans le salon, les rideaux étaient blancs, les murs étaient blancs. Pareillement, tout était blanc dans la salle à manger, à l'exception d'un lustre couleur cerise. Il pendait au milieu de la pièce, juste au-dessus d'une statuette en terre cuite posée sur une nappe rouge en forme de losange, elle-même placée au milieu d'une table blanche. La composition était parfaite.

Cette description reflète le bon goût de l'appartement raffiné des Wilde, à Tite Street. C'est riche d'une précision qui ne paraît jamais ronflante ou pédante, comme partout dans le texte. Cela sent le travail appliqué et consciencieux, c'est bon comme un pain chaud, et même confondant, on croirait un Oscar Wilde plus vrai que nature, plus authentique que jamais. Il mange, boit, joue de son charme, fait montre d'intelligence et d'esprit, devient suspicieux, mystérieux et peut-être jaloux. C'est une personnalité fascinante, que Brandreth a merveilleusement cernée, sans tomber dans la complaisance ou la caricature.

Elle me prit par la main et, comme un camarade de jeu, me conduisit à travers la maison à la recherche d'Oscar. Nous le trouvâmes dans son fumoir de style mauresque, où rien n'était blanc sinon la mince volute de fumée qui s'élevait de sa cigarette. Il était étendu sur un divan, les yeux mi-clos. Il devait nous avoir entendus dès mon arrivée mais il n'avait pas bougé. Tandis que nous entrions dans la pièce, il leva sa cigarette d'un geste langoureux et, en l'observant, il la fit rouler entre son pouce et son index.
- Fumer une cigarette est l'exemple parfait d'un plaisir parfait, ne trouvez-vous pas ? C'est exquis tout en vous laissant sur votre faim.

Troublant, n'est-ce pas ?

Et puis c'est gourmand. Bavard. Absolument étourdissant.

Cet après-midi-là chez Simpson's, comme nous buvions et mangions, et buvions encore, nous demandant si nous nous autorisions à prendre un dessert et un feuilleté et du stilton (avec les vins assortis), il parla de maintes choses : de chaussures, de bateaux ou encore de cire à cacheter. S'il ne fut pas question de meurtre, sans doute évoqua-t-il la cuisson du chou (l'unique échec culinaire de Simpson's) et l'actualité des têtes couronnées (Oscar se passionnait pour la nouvelle de l'accession au trône d'Alexandre, l' "enfant-roi" de Serbie). Ce qui était remarquable avec la conversation d'Oscar, quelles que fussent les circonstances, c'était sa diversité et son imprédictibilité. Lors de ce repas se succédèrent à toute vitesse l'amour et la littérature, le rêve de William Morris d'une confédération d'Etats socialistes, l'opéra de Chabrier Le Roi malgré lui, son goût pour les marguerites, son horreur de Bayswater (et de la couleur magenta) et les treize étages du Tacoma Building à Chicago, le premier "gratte-ciel" du monde.

Cette lecture est pour moi une bonne surprise, car au-delà du classique attendu, c'est un roman policier qui se cache sous ce délire littéraire. Quel plaisir !

oscar_wilde_meurtre_chandellesL'histoire est racontée par Robert Sherard, arrière petit-fils du poète Wordsworth, et grand ami de l'écrivain. Il nous révèle un Oscar Wilde sous un autre jour, un Wilde fasciné par une oeuvre littéraire qui vient de paraître et qui fait grand bruit en 1889. Il s'agit d' Une étude en rouge d'Arthur Conan Doyle, le début d'une série à succès, on connaît l'histoire. D'après Sherard, Wilde se serait piqué d'imiter Sherlock Holmes pour prouver qu'il possédait en premier lieu le sens de l'observation et de la déduction, le célèbre apanage du détective. Holmes n'était qu'imitation et spéculation, voyez-vous.

Le roman s'ouvre alors qu'Oscar découvre le corps du jeune Billy Wood torturé et baignant dans son sang au centre d'un cercle de chandelles. Lorsqu'il décide de partager cette macabre découverte avec ses compagnons, Oscar tombe sur la chambre du 23, Crowley Street parfaitement vierge de tout crime.

L'histoire peut commencer.

 

Bon week-end à tous !

 

Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles ~ Gyles Brandreth
10/18 Grands détectives (2008 Poche grand format) - 385 pages.
traduit de l'anglais (USA) par Jean-Baptiste Dupin

29 janvier 2010

La Maison du Maître ~ Martha Grimes

Presses de la Cité, 2010 - 345 pages - 20,50€
traduit de l'anglais (USA) par Dominique Wattwiller

La_maison_du_ma_tre_de_Martha_GrimesJe suis en veine, en ce moment, avec mes lectures de romans policiers à la crème anglaise. Martha Grimes, qui est en fait américaine mais qui écrit comme une british et nous plante un décor dans la belle Albion sans le moindre souci, nous convie donc dans une nouvelle enquête du commissaire Richard Jury. J'ai déjà fait les présentations, Jury figure parmi les personnages que j'apprécie le plus et que j'aime suivre fidèlement, j'apprécie également toute la palette des personnages qui l'entourent, Melrose Plant pour commencer, les joyeux lurons de Long Piddleton, les voisins envahissants de Jury (Mrs Wasserman, Carole-Anne, le chien Stone), et les collègues de travail, Wiggins, le chat Cyril, Fiona la secrétaire, Racer son supérieur et Phyllis le médecin légiste. Du beau monde, croyez-moi. Ce sont des personnalités bien définies, des vies qui se dessinent au fil des parutions, on s'attache et on aime tout autant les suivre que connaître le dénouement de l'intrigue policière !
Cette fois, un jeune homme aisé, petit-fils d'un héros de la guerre, a été retrouvé assassiné dans une chambre d'hôtel huppé. Billy Maples n'avait pas d'ennemis, c'était un mécène qui contribuait à soutenir des jeunes artistes peintres, il avait aussi une vraie passion pour Henry James, au point d'avoir loué la maison de l'écrivain, Lamb House, à Rye. Jury n'est pas chargé de l'enquête, mais la police d'Islington compte vivement sur sa participation. Serait-ce le vif désir du commissaire Lu Aguilar, au charme volcanique et vénéneux ? C'est une femme directe et très séduisante. Elle a aussitôt envoûté notre Richard au coeur d'artichaut, leur relation ne manque pas de piquant ni de piment ! Mais cette fin, ah mes aïeux, est terrible, cruelle, injuste. C'est quoi, ce supplice ? Martha, tu es une petite chipie !
Dans l'intervalle, l'intrigue s'est bien déroulée, l'enquête policière est impeccable, vraiment bien enveloppée et développée, l'auteur nous donne les indices à la becquée, sans nous gaver, il faudra attendre les dernières pages pour connaître le dénouement.
Et comme souvent, dans les romans de Martha Grimes, l'intrigue est enrichie de références littéraires, cette fois il faut compter sur la présence de Henry James. Les passages où Melrose Plant arrive à Lamb House en tant que nouveau résident temporaire, sont hilarants et excellentissimes ! Melrose, seul et déboussolé dans le Sussex, se surprend à entrer en conversation intime avec l'écrivain, il relit la plupart des ouvrages du Maître, découvre qu'il a même taquiné la Muse du vampirisme, avant de succomber entre les mains des fantômes, probablement en train de hanter les lieux !
Non, ce n'est pas fantasmagorique, c'est tout simplement distrayant, et d'ailleurs Melrose Plant apportera sa propre contribution pour la résolution de l'enquête. Comme d'habitude !
Sur ce, je reste pantoise avec cette fin et je veux la suite !!!

 

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