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Chez Clarabel
11 février 2008

L'homme du lac - Arnaldur Indridason

homme_du_lacLe commissaire Erlendur est appelé sur une nouvelle enquête après la découverte d'un squelette au fond d'un lac vide. Le corps aurait été ficelé à une vieille radio émetteur, portant des caractères cyrilliques, datant des années 60. En corroborant les avis de disparition signalés à cette époque, Erlendur va entrer en contact avec une femme qui a fait les cent pas devant une crèmerie, attendant un homme qui n'est jamais revenu.

En même temps, et comme il est habituel chez Indridason, l'affaire interpelle le passé tragique d'étudiants islandais partis à Leipzig durant les années rouges. C'était une bande d'idéalistes, des radicaux de gauche qui ont perdu leurs belles illusions en découvrant les agissements du Parti (surveillance rapprochée, incitation à la délation, espionnage intempestif, contrôle des dissidents). Dans ce précieux témoignage, on s'intéressera davantage à l'histoire d'amour entre Tomas et Ilona, une jeune hongroise qui était violemment opposée au régime. Cette histoire, au coeur de l'enquête, pourrait peut-être être la clef de la boîte aux mystères.

Le seul début de piste est l'existence d'une Ford Falcon noire, que conduisait l'homme disparu. Car le reste de l'enquête est plongé dans les oubliettes, le temps a passé, les témoins ont vieilli, l'inspecteur chargé du dossier a baclé ses conclusions. Mais qu'importe ! Erlendur n'est nullement pressé, il n'y a pas le feu au lac autrement dit ! On prend donc son temps, on interroge, on épluche les archives des ambassades, on réfléchit beaucoup. La méthode est précieuse et brillante, un peu nonchalante pour qui recherche de l'action intrépide. Mais conduite lente ne veut pas dire ennuyante !

Cette fois-ci, on se préoccupera de nouveau aux vies personnelles des équipiers et des proches d'Erlendur. Avec bonheur, ou non, chacun y verra son intérêt. Pour ma part, j'ai le sentiment d'avoir quitté trop tôt Bergthora, l'épouse de Sigurdur Oli, j'ai été enchantée par la nouvelle carrière d'Elinborg, surprise de croiser Sindri, mais pas mécontente de moins retrouver Eva Lind, qui m'ennuie. Bref, c'est le petit monde qu'Arnaldur Indridason a su créer, en quatre livres déjà. Et ce n'est pas prêt de se terminer, ni de me lasser !

Editions Métailié - 350 pages - 19 €

Traduit de l'islandais par Eric Boury

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3 décembre 2007

Babylone dream - Nadine Monfils

babylone_dreamDans la ville fictive de Pandore, un tueur fou assassine sauvagement des jeunes mariés. Les scènes de crime sont horribles, les enquêteurs Lynch et Barn sont au bord de la nausée, et Nicki la profileuse puise dans ses visions pour détacher une piste valable dans ce bain de sang.

Les indices sont minces, et chacun des protagonistes nous mène sur des voies qui peuvent éveiller les soupçons, puis s'éteindre aussitôt. La confusion est totale, le suspense immense. Alors oui, c'est clairement macabre, fort en images cauchemardesques. Et pourtant pas une seconde le lecteur n'envisage d'abandonner son livre, totalement soumis à cette fascination du crime, du suspense efficace et bien rodé, où jamais on ne s'ennuie un instant. Et l'ombre du tueur est menaçante, se faufile entre les lignes et les chapitres. C'est cruel, mais brillant.

Et surprise ! L'humour est de mise, assez noir, je le conçois. Mais cela empêche tout sentiment d'étouffement, celui de n'en-plus-pouvoir et qui étreint dès qu'on plonge dans un thriller aussi funeste et implacable. Ici, cela relève du brio de s'y attacher, tant c'est tour à tour culotté, sinistre, sanglant et dégoûtant. Nadine Monfils livre un « Babylone dream » sombre et passionnant, bien écrit, mettant en scène des personnages peu banals (du flic au suspect, tout le monde casse la baraque). Et la fin s'achève comme si on soufflait une bougie ...
On ferme ce livre, mais on se dit qu'on y reviendra très probablement car des points soulevés attendent une suite au prochain numéro ! Du moins, j'espère ...

**********

Recette du rêve babylonien par Jean-Pierre JEUNET
Ingrédients : 300 g de caractères excentriques
un bouquet d’effroi délicieux
une cuillère de perversité revigorante
une poignée de tendresse au cou tordu
20 cl d’essence de surréalisme
une pincée de poésie déjantée
un zeste de réminiscence d’enfance
une once d’érotisme singulier

Bien peler les cadavres, leur arracher bras et têtes et les faire mijoter dans un jus de terreur. Faire revenir le tout à feu doux, ajouter l’humour, l’amour et l’acide, jusqu’à obtention d’une crème de suspense que vous ferez gratiner au four, non sans avoir versé une larme de nostalgie. Servir chaud. Régal assuré !

PRIX POLAR 2007 DECERNE LORS DU 12ème « SALON POLAR & Co » À COGNAC

Editions Belfond - 288 pages - 18 €

11 octobre 2007

Phryne et les anarchistes - Kerry Greenwood

phryne_et_les_anarchistesPhryne Fisher a toujours le don de se trouver là où elle ne devrait pas, et ainsi d'être au coeur des événements souvent sanglants, très certainement déplaisants ! Ce soir-là, au volant de son Hispano-Suiza, Phryne est prise pour cible et voit son pare-brise exploser. Puis, elle trouve un beau jeune homme blond, mortellement blessé, qui s'éteint dans ses bras !
Le sang de la belle ne fait qu'un tour, il lui faut les coupables, et de suite ! Ce qu'elle ignore encore, c'est que son chemin va emprunter celui du milieu malfamé des anarchistes, où l'on découvre une communauté de Lettons mettant au point un complot pour assassiner Staline !
D'un autre côté, Phryne est contactée par un gentilhomme de la bonne société de Melbourne pour retrouver sa fille de 14 ans, Alice Waddington-Forsythe, mystérieusement disparue. Cette dernière avait le désir d'être religieuse, mais son père s'y était opposé. Aujourd'hui, la Mère Supérieure du couvent prétend n'avoir jamais vu la demoiselle.
Phryne Fisher va une nouvelle fois user de ses charmes, de ses costumes et de sa bravoure pour déjouer tous ces vilains plans qu'on dresse autour d'elle. Pas de grands coups de théâtre, comme à l'ordinaire.
Ce titre est le quatrième de la série - dont les qualités majeures reposent sur la personnalité de la détective futile et fantaisiste. J'ai bien aimé, mais sans plus.

10 - 18 / 222 pages / Octobre 2007.  Traduit de l'anglais par Pascale Haas.

Les autres titres de la série

9 octobre 2007

Mise à mort - Benoît Luciani

Mise_a_mortParce que la mise en place de ce roman est pernicieuse, parce qu'il est presque délicat d'en parler pour ne pas trop en dévoiler, parce qu'il est bon aussi de laisser au lecteur toute la surprise de l'intrigue, je vais tâcher d'être succincte.

« Mise à Mort » est un roman à tiroirs sur une incroyable orchestration réglée par Franck, cet ami qui vous veut du bien ... ? Qui est-il ? Ou qui était-il ? Car Franck est mort, d'une maladie foudroyante. Il a laissé en héritage une lettre à son ami Philippe, dans laquelle il invite celui-ci à « terminer un travail ». Franck et Philippe s'étaient rencontrés un soir dans un bar, l'homme vêtu de noir avait initié son acolyte au poker et aux parties interminables entre amateurs, professionnels, requins et redoutables « killers ». Franck était également un puissant « hacker », on le découvre aussi amoureux fou de la femme de son ami d'enfance, puis finissant seul ses jours dans un hôpital.

Autour de Philippe, de trois pirates de l'informatique et de la sublime Carla, une partie commandée depuis l'au-delà va se jouer contre Richard, présenté un peu comme le grand manitou dans ce roman, celui qu'il faut abattre, parce qu'il est trop empoisonné par sa passion du jeu ! ? Laissons les rouages s'engraisser et se mettre en branle ! Le lecteur va ainsi découvrir qu'il existe une nouvelle sorte de polar psychologique où l'intrigue, haletante, voit son action régler ses comptes sur le tapis vert des joueurs de poker.

Ce qu'il y a d'extraordinaire chez Benoît Luciani, c'est son style entraînant. Celui qui fait que le lecteur est aussitôt embarqué ! Pourtant, ce n'est pas gagné quand on découvre que le poker est la pièce maîtresse de cette trame (et qu'on n'y connaît strictement rien !), que les personnages sont assez ambivalents, cernés de zones troubles, qu'ils n'ont pas un charisme acquis d'avance. Blablabla. Malgré tout, le roman se dévore ! Dès qu'on commence la lecture, on ne lâche plus le livre et on jubile ! Quelle machination perspicace et diablement efficace ! Merci Monsieur Luciani, j'ai beaucoup aimé !

Hugo roman - 210 pages - Octobre 2007.  13.50 €

  • Du même auteur, j'ai lu et beaucoup aimé "Au bar de l'Univers"  (l'auteur fait quelques clins d'oeil à celui-ci dans son nouveau roman ! )

Il existe un blog pour une mise en bouche de cette ... Mise à Mort : http://bruitdeshommes.typepad.com/miseamort/

8 octobre 2007

Macao, enfer du jeu - Maurice Dekobra

macao_enfer_du_jeuPrenant le large pour renflouer ses caisses, à bord de son yacht l'Amouna, le baron Werner von Krall s'apprête à rejoindre Macao, célèbre pour ses tripots. Il laisse derrière lui sa secrétaire (et petite amie) la russe Tamara Ivanowa, chargée de boucler une affaire houleuse avec un général chinois, car notre homme est accessoirement un trafiquant d'armes !
A Macao, von Krall gagne une petite richesse à l'Eldorado, la plus célèbre maison de jeux tenue par monsieur Yasuda, et devient au même titre la bête noire du propriétaire. Il est de notorité publique que ceux qui font sauter la banque de l'Eldorado finissent « portés disparus » du jour au lendemain.
Parce qu'une petite bricole fâche nos deux hommes, von Krall va s'ingénier à séduire la fille chérie de Yasuda, mademoiselle Kasuko, fraîchement sortie d'un pensionnat très sélect de Hong Kong.
A ce jeu de fortunes et d'infortunes, il faut miser aussi sur le trublion Almeido, qui hume l'air de l'opportuniste et joue au plus fin pour grossir ses poches, au risque de perdre quelques plumes.
Argent, combines, jalousie et vengeance sont les maîtres mots de ce roman de Maurice Dekobra, initialement paru en 1938. Cette remise au goût du jour est l'occasion formidable de (re)découvrir un talent de plume, de se plonger dans une ambiance exotique et rocambolesque et de savourer ce cocktail de roman noir, d'intrigues à rebondissements avec son panel de personnages hauts en couleur !
Personnellement j'ai dégusté, même si l'entrée en matière présentait quelques soucis d'adaptation. Au final, l'histoire se révèle fraîche et stupéfiante de modernité ! N'hésitez pas !
« Macao, enfer du jeu » a été adapté au cinéma par Jean Delannoy.  (
Bande annonce à voir ici)

Zulma - 157 pages  - Octobre 2007.  16.50 €

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11 septembre 2007

La mémoire fantôme - Franck Thilliez

la_memoire_fantomeQuand, cet été, j'ai découvert Franck Thilliez avec son roman « La chambre des morts », j'ai senti que je pénétrais un univers âpre et oppressant, où la misère humaine s'étalait dans toute sa noirceur. Mais au-delà de l'horreur, était introduit le personnage de Lucie Hennebelle, inspecteur de police, mêlée à cette sombre marmelade de restes humains. (...)
Apprendre qu'un nouveau Franck Thilliez allait donc paraître, remettant en scène la charismatique Lucie, est une information fort appréciable ! Trois années ont passé, Lucie a reçu une promotion, elle a déménagé à Lille et s'occupe de ses jumelles, Clara et Juliette, en prenant soin de ne pas sacrifier sa vie personnelle au profit de sa carrière.

Un soir de tempête, alors que Lucie est tranquille chez elle, un groupe d'étudiants lui demande de venir secourir une femme qui errait dans les rues du vieux-Lille. Elle s'appelle Manon Moinet et vient de se sauver d'une cabane où son kidnappeur la retenait prisonnière. Sur son corps, on retrouve des scarifications, dont « Pr de retour ».
Cette signature indique qu'un tueur en série, surnommé le Professeur, fait à nouveau parler de lui. Après avoir tué et violé post-mortem la soeur de Manon, l'homme semble désormais sur les traces de la jeune femme. Pourquoi ? Aujourd'hui Manon Moinet souffre d'une perte de mémoire d'un genre «spécial», suite à l'agression d'un cambrioleur dans son appartement, elle est capable de mémoriser les faits durant quatre minutes, ensuite tout s'efface.
Beaucoup trop de coincidences, d'incidences, de bizarreries !... La police cherche à regrouper les informations, mais assez péniblement, car Manon est farouche et difficile à cerner à cause de son traumatisme.

À Lucie Hennebelle de traquer un tueur fou et sadique. L'aide de Manon Moinet est primordiale, malgré son handicap des pertes de mémoire. Son savoir en mathématiques appliquées va en effet leur permettre de résoudre des énigmes tendues par le criminel, et les conduire d'un point à l'autre du pays.
Cette idée des énigmes est une manière intelligente d'épaissir l'intrigue du roman. Le sordide est beaucoup moins présent que dans La chambre des morts par exemple. La Mémoire fantôme annonce la couleur - une construction tortueuse, habile et captivante.
Et puis les personnages sont toujours cernés de zones d'ombre, en bien ou en mal. D'ailleurs, ce livre dévoile un mystère sur Lucie Hennebelle qui explique sa soif de traquer les monstres, en quelque sorte.
Pleine réussite pour ce roman, enrichi de longs détails sur la mémoire et son fonctionnement. J'ai également beaucoup apprécié les petits clins d'œil de l'auteur pour donner une forme d'humour caché dans son roman. ;-)

Le Passage - 428 pages - Août 2007

** Rentrée Littéraire 2007 **

4 septembre 2007

Pavillon noir - Thibaut de Saint Pol

Pavillon_noirCyril est un génie. Le pirate le plus aguerri des temps modernes. Depuis son repaire de Marchenoir, il sillonne nuit et jour un océan infini, pillant les ordinateurs désarmés, envoyant par le fond les programmes de ses rivaux. Sa course est une guerre impitoyable, mais Cyril, sûr de sa puissance, s'apprête à semer le chaos. A l'échelle planétaire.
Mais d'où viennent les voix qu'il entend derrière sa porte, cette impression d'être épié ? Et cette présence féminine ? Quelqu'un menacerait-il de faire échouer le grand projet qui est le sien ? (4ème de couverture)

Voilà les 60 premières pages du roman, le reste vous le découvrirez en lisant ce livre ! Car "Pavillon noir" est un thriller, français, élégant et froid. A l'image de son jeune héros, Cyril, le cyber-pirate. Insensible et calculateur, ce garçon de vingt ans n'en tient pas moins un monologue envoûtant. Le lecteur entre vite dans la confidence de son projet fou, de même qu'en reculant de quelques pas, il assiste à un autre étrange ballet.
Car en marge du flux insensé, un autre pion s'est glissé dans la toile. Je préfère réserver la surprise au lecteur sur son identité (toutefois, j'ai constaté que certains websites dévoilaient l'info, dommage je trouve !). En ne sachant rien, le lecteur pourra ainsi gagner beaucoup en duperie et séduction ! Progressivement, au coeur de l'histoire, un passionnant face-à-face entre l'observé et l'observant s'installe. Qui est qui ? ... Je persiste à croire que, moins on en sait, plus on peut apprécier ce roman ! La surprise est de taille. On plonge dans la folie d'un cyberpirate, on décrypte son combat, on regarde par-dessus son épaule ses vils agissements, récoltant une bonne couche de paranoia au passage. Puis, on assiste à un autre complot, à une mise en place tout aussi rusée et intelligente. A la fois, confusion et fascination se donnent la main pour enchanter le lecteur !  Et même si la fin est un peu prévisible, le roman est foncièrement captivant. Ambiance noire, délicieusement énigmatique, avec des personnages bien campés, et un scénario efficace.  Ça se lit très vite !
Intéressante découverte, pour ma part.

Plon - 222 pages - En librairie Août 2007.

** Rentrée Littéraire 2007 **

Site de l'auteur : www.thibaut-desaintpol.fr

31 juillet 2007

La chambre des morts - Franck Thilliez

Chambre_des_mortsUne nuit de décembre, dans la région dunkerquoise, deux potes un peu pétés d'alcool décident de tagger des locaux avant de rouler à toute berzingue, phares éteints, dans la zone industrielle.
En chemin, la voiture heurte un corps. Amoché et zigouillé net, l'inconnu avait près de lui un sac rempli de billets. Pas moins de deux millions d'euros en coupures de cent !
L'aubaine pour ces deux fauchés, licenciés de leur job d'informaticiens et qui pointent au chômage depuis des mois.
Alors Vigo et Sylvain prennent la décision de garder les sous, de planquer le corps et de rentrer chez eux sans rien dire de cette horrible mésaventure.
Cependant, cet acte inconsidéré sera aussi la déclaration de mort pour une petite fille aveugle, retenue en otage par un monstre ignoble. Et bientôt, une autre fillette va être enlevée.
S'agit-il d'une signature macabre par le même tortionnaire ? Et nos deux lascars du début, pétris de remords seront-ils ?
Voici en quelques lignes la recette du polar français qui n'a pas à rougir car dans le genre thriller implacable le Monsieur se pose là ! Franck Thilliez est un grand malade du bocal ! Où puise-t-il cette inspiration ? Ambiance morbide, misère humaine et sociale, paysages rigoureux ... "La chambre des morts" a l'avantage d'être efficace dans son genre mais incroyablement inquiétant dans un autre sens.
Beaucoup de noirceur, des âmes putrides, une atmosphère glauque, une enquête nébuleuse, et pourtant le lecteur est entraîné du début à la fin. Le personnage de l'inspectrice Lucie Henebelle reste toutefois sympathique et touchant, c'en est presque un soulagement dans ce tas d'immondices !
On sort de cette lecture soulagé d'être à la fin. Vivant.

Le passage, 2005 - Pocket, 2006 - 340 pages.  Cet ouvrage a reçu le prix des lecteurs Quais du polar.

28 juillet 2007

Brume de chaleur - Chuck Logan

Brume_de_chaleurPar un mois de juillet caniculaire à Stillwater, Minnesota, le corps d'un prêtre est retrouvé assassiné dans son confessionnal. Ce crime porte la marque du vengeur masqué surnommé Le Saint. La police soupçonne l'un des leurs, Harry Cantrell, d'être ce redresseur de torts qui remporte un succès populaire en zigouillant tous les types suspectés de pédophilie dans le comté. Le shérif fait alors appel à Phil Broker, un ex-flic spécialisé dans les missions d'infiltration, pour approcher Harry, lui tirer des informations sur le Saint avant de l'envoyer en cure de désintoxication.
Car Harry et Broker sont de vieux camarades mais la mort de Diane Cantrell a brisé cette amitié, l'un accusant l'autre d'être responsable du crime affreux qui a coûté la vie de l'épouse. Depuis Harry a plongé dans l'alcool, son comportement a sombré en conséquence.

L'intrigue du roman prend alors plusieurs pistes. Il y a d'un côté cette chasse à l'homme entre Broker et l'ancien ami, une quête vicieuse et chaloupée où Harry se montre plus vif et malin que son alter ego. Puis vient l'enquête sur l'identité du Saint, plus ou moins liée à la recherche précédente, car Broker soupçonne Harry de détenir des pièces cruciales au puzzle sanglant. Ceci menant inévitablement aux scènes des crimes commis sans état d'âme, dans la peau du tueur qui piste ses proies et brouille l'enquête.

"Brume de chaleur", dans son cadre de petite ville languide et qui somnole sous la chaleur accablante, se veut finalement un roman plus opaque, plus lourd et définitivement plus noir. L'ambiance est sombre, l'écriture de Chuck Logan terriblement âpre et le problème soulevé fait froid dans le dos. Dans une Amérique blindée par son système judiciaire à double tranchant, la société tend à se réveiller vers une triste réalité : face à une violence croissante et à des crimes horribles, l'homme décide de plus en plus à faire justice lui-même.
Un roman plus noir que noir, en somme. Avec des personnages comme Phil Broker qu'on retrouve dans "Presque veuve", précédemment paru. Grande habileté dans l'intrigue, le suspense et l'exposition d'une peinture à la fois sinistre, réaliste mais jamais démoralisante.
Se lit d'une traite.

Editions du Masque - 356 pages. Traduit de l'américain par Aurélie Tronchet.

7 juillet 2007

Le crime du corbeau ~ Mary London

"Le crime du corbeau" rappelle les bonnes vieilles intrigues policières imaginées par Agatha Christie : tout semble y coller à merveille. Le personnage central, Sir Malcolm Ivory, aristocrate débonnaire et perspicace, très carré dans son raisonnement et ses principes... Autour une enquête menée sans tambour ni trompette avec une flopée de suspects qui jamais n'exultent d'être la cible d'investigations plus ou moins poussées. On s'y croirait : le bon vieux temps de Miss Marple ou d'Hercule Poirot ... Mary London, aujourd'hui sexagénaire, semble avoir mis entre parenthèses l'évolution criminelle et ses acteurs plus ou moins crapuleux. L'auteur préfère nous plonger dans un univers aseptisé, aux côtés de l'aristocrate enquêteur, elle s'intéresse au milieu de la Haute Société. Dans "Le crime du corbeau", le très sélect Club des Scriveners (auteurs et bibliophiles réunis) est visé par un mystérieux Vengeur qui envoie des lettres à chacun des membres en les accablant tour à tour. Sir Malcolm Ivory décide de mener une enquête discrète car il soupçonne l'un des membres d'être le fameux Corbeau. Aussi pendant les 3/4 du texte, on suit l'homme dans sa scrupuleuse (mais légère) investigation. Pas une goutte de sang, pas d'affrontement, jamais de menaces corporelles ou verbales, "Le crime du corbeau" se veut résolument soft. Et à la sauce Agatha Christie, on réunit l'assemblée des suspects pour désigner le réel coupable en fin de roman.
Autant dire que Mary London souhaite renouveller avec un genre d'un autre temps, sans prendre de risques. Pas de surprise au tournant, on reprend les mêmes ingrédients et on signe. Un poil trop basique, presque décevant.

juillet 2004

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