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Chez Clarabel
ecoutez lire
29 novembre 2018

Vers la beauté, de David Foenkinos

vers la beautéAntoine Duris était professeur aux Beaux-Arts de Lyon quand il a décidé de tout plaquer pour devenir gardien au Musée d'Orsay. Rupture amoureuse difficile ? L'homme ne laisse rien transparaître. Lui semble se satisfaire d'être “au plus près de la beauté”. Il pourrait en effet contempler des heures les œuvres de Modigliani, quitte à mettre son grain de sel dans les exposés de son collègue... qui voit rouge. Ceci n'est pourtant qu'une mascarade. Car Antoine porte en lui le souvenir d'une étudiante au destin tragique. Camille avait seize ans, c'était une jeune fille brillante et passionnée par la peinture. Mais du jour au lendemain, son monde a chaviré. Son humeur s'est terni. Camille était prisonnière d'un drame qu'elle ne pouvait confier à personne.
Un matin, Antoine décide de kidnapper sa directrice, Mathilde Mattel, et se rend dans un cimetière pour alléger son fardeau. L'heure de vérité va enfin sonner. Malheureusement, je sors de cette lecture mi-figue mi-raisin. Au départ, cela ressemble totalement à un roman de David Foenkinos : primesautier, parisien, élégant, galant... Ce n'est pas ce que j'affectionne, mais cela reste un domaine familier donc tout à fait confortable. Vient ensuite l'histoire de Camille... comme un prolongement de Charlotte, son précédent succès littéraire. Ambiance plus lourde, plus sombre, plus pesante. On plonge dans le cauchemar de l'adolescente. Tellement douloureux et dévastateur. On vit sa descente en enfer, la spirale infernale de son traumatisme. Dur, dur.
L'heure est au recueillement, hélas j'avais hâte d'en sortir même si la lecture est courte (5h environ). Le texte est lu par Xavier Béja (très bon) dont l'empathie est sincère et transparente. On ressent comme lui de la compassion, du dégoût, du désœuvrement. C'était au final une expérience déconcertante mais, je le crains, peu amène et enthousiasmante. Le chagrin qui colle à ce roman est trop profond, trop grave. Ce n'était pas idéal en cette saison.

©2018 Éditions Gallimard (P)2018 Éditions Gallimard, coll. Écoutez Lire

 

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19 septembre 2018

L'intérêt de l'enfant, de Ian McEwan & lu par Marie-Christine Barrault

l'intérêt de l'enfant

Juge aux affaires familiales, Fiona Maye mène une carrière exemplaire. Elle ne compte pas ses heures ni son dévouement face aux cas les plus conflictuels. Elle a pleinement conscience de paraître distante et froide, et est souvent décrite comme étant “divinement hautaine, diaboliquement intelligente”. Mais son ambition a également fragilisé sa vie de couple, actuellement dans l'impasse depuis que son mari a exprimé sa lassitude et son désir d'une aventure extraconjugale. Fiona tombe des nues et ne cache pas sa colère. Elle n'aura pas trop le temps de s'appesantir car déjà un dossier urgent réclame son attention : Adam Henry, 17 ans, atteint de leucémie. Les parents sont témoins de Jéhovah et refusent tout traitement sanguin, au nom de leurs croyances. Les médecins ont saisi la justice et Fiona décide de rencontrer le jeune malade. Là, elle découvre avec surprise un garçon sensé et sensible, amoureux des mots et de musique. Une longue discussion s'engage, en attendant le verdict.

Indéniablement, le roman questionne et interpelle. Il évoque aussi bien l'intérêt de l'enfant que la valeur des libertés individuelles, la responsabilité humaine, celle du juge ou des parents, la volonté personnelle ou celle de la communauté... Autant dire que c'est extrêmement pointilleux (presque assommant). Et dans ce registre, la voix grave de Marie-Christine Barrault en impose !
Au bout du compte, l'histoire n'a pas une grande portée émotionnelle. Les personnages sont apathiques et l'affaire Adam Henry n'est finalement qu'un diablotin surgissant de sa boîte pour chiffonner la belle image d'une magistrate trop brillante. L'auteur tire concrètement son épingle du jeu en tissant une ambiance particulière et étrange (ou particulièrement étrange), et qui inspire des sentiments contradictoires. La lecture proposée par Marie-Christine Barrault est impeccable : justesse, sobriété et dignité.

[The Children Act]

Trad. de l'anglais par France Camus-Pichon

Collection Écoutez lire, Gallimard (2018)

 

29 juin 2018

Comme une ombre, de Pascale & Gilles Legardinier

Je n'ignorais pas que ce roman avait été écrit sur commande à une époque où Gilles Legardinier galérait pour se faire éditer. L'homme se gaussait des romances à la Barbara Cartland et avait fait le pari de proposer à son tour une aventure sentimentale. Voici donc le fruit de son labeur - version revue et corrigée aux goûts du jour - mais c'est tout de même très éloigné des romans qui ont depuis fait son succès. Je ne vous cache pas ma déception...

G02086Alexandra est une belle jeune femme qui aime parcourir le monde sur les sites archéologiques, mais son millionnaire de père tremble pour sa sécurité et l'oblige à voyager avec un cerbère. Notre demoiselle rebelle supporte mal cette surveillance constante et s'amuse à faire tourner en bourrique chaque garde du corps.
C'en est trop pour son père, qui embauche finalement un vrai mercenaire - promu à assurer la sécurité du président américain - sans rien dire à sa fifille. Tom Drake entre alors en scène. Décrit en des termes de killer - mâchoire carrée, voix grave et yeux de braise - on frémit d'avance...
Entre la belle et son garde du corps, bien sûr le courant ne passe pas. Ils ont tous deux ont des caractères de chameau et aucun ne veut céder à l'autre une part de raison. Alexandra se comporte comme une enfant gâtée (même si elle se sent blessée d'être prise pour une bécasse sans cervelle). Tom veut montrer qu'il est seul maître à bord (mais comprend tardivement que c'est un gros lourdaud aux jugements hâtifs). 
On tombe vite dans les rouages d'une romance classique et saupoudrée d'action avec un kidnapping interminable (à lire pour le plaisir des scènes nunuches et les clichés à la pelle). Les personnages sont risibles ou aveugles ou nigauds ou grotesques (au choix). Je ne confierai certainement pas ma vie à ce Tom Drake - qu'est-ce qu'il est long à la détente ! Sérieusement, j'aime beaucoup Gilles Legardinier donc je vais fermer les yeux mais je le préfère dans un autre registre. Moi je veux de l'humour, de l'humour et encore de l'humour.
J'ai ainsi été agréablement surprise par la nouvelle qui clôt cette lecture : « Mange le dessert d'abord » se déguste en une bouchée tout à fait digestive. Cela m'a d'ailleurs fait oublier tout le reste ! Car le reste est tout à fait dispensable.

Gallimard coll. Écoutez Lire (2018) - Lu par Anatole de Bodinat

Anatole de Bodinat nous entraîne dans le périple d’une jeune fille téméraire et intrépide. L’homme qui la suivra comme son ombre n’est pas au bout de ses surprises... (résumé de l'éditeur)

 

30 mai 2018

Ça peut pas faire de mal #4: La littérature jeunesse , de Guillaume Gallienne

guillaume gallienne La littérature jeunesseEn découvrant le programme de cette nouvelle édition, je m'étais fait une joie de l'audace et des choix à venir... La littérature jeunesse, pensez donc ! Et puis j'ai pris connaissance du menu en question - Joseph Kessel, Mark Twain, Lewis Carroll, Michel Tournier - de bons bougres, des incontournables, sauf que j'avais imaginé une excursion plus contemporaine. Ha, ha ! Ça peut pas faire de mal, en effet.
J'ai cependant passé 2 h 30 délicieuses à écouter l'animateur lire et commenter les grands classiques que sont Le Lion, Tom Sawyer, Alice au pays des merveilles, Vendredi ou la vie sauvage. « Quatre livres hantés par des espaces inexplorés, des mondes vierges que les héros tentent d'apprivoiser. » écrit Timothée de Fombelle en préface. Lui aussi en connaît un rayon... J'ai donc passé toute une soirée en leur compagnie, à écouter dans mon lit cette promesse d'évasion et de retour en enfance. Que de souvenirs sont remontés à la surface ! J'ai adoré...
J'ai savouré l'exotisme de l'Afrique, l'humour absurde d'une partie de croquets dans les jardins de la reine, l'aventure américaine le long du Mississippi et le retour aux sources sur une île déserte. Auprès de Patricia, d'Alice, de Tom et de Vendredi, j'ai passé de merveilleux moments et ressenti un immense bonheur. On dit que la lecture ouvre les horizons et donne des ailes, avec Guillaume Gallienne j'ai vécu cette sensation fabuleuse de m'échapper dans des aventures pleines de vie et de rythme. Le comédien réussit à insuffler une vraie joie de vivre, un amour incommensurable des livres, avec l'envie de lire, toujours plus et plus loin.
L'accompagnement au piano par Philippe Dubosson diffuse aussi un fond musical envoûtant et crée une ambiance de cocon douillet très, très appréciable !

©2017 Éditions Gallimard / France Inter (P)2014 / 2017 France Inter.

Collection Écoutez lire, Gallimard (2018)

Écoutez lire : "Les Aventures de Tom Sawyer" de Mark Twain : suivons le célèbre garçon dans ses facéties, sur le chemin de la maturité 

 

14 mars 2018

Écoutez Lire : Sacrées sorcières, de Roald Dahl

A60159En vacances chez sa grand-mère, en Norvège, le jeune narrateur apprend de sa bouche l'existence inimaginable des sorcières ! Elle lui confie quelques astuces pour les reconnaître - elles sont chauves, portent des perruques et des gants, raffolent des myrtilles et ont souvent les dents noires. Par contre, il faut s'en méfier car elles détestent les enfants - elles trouvent qu'ils sentent la crotte de chien - et font tout pour leur nuire. 

Après le décès de ses parents, disparus dans un accident de voiture, l'enfant est confié à sa grand-mère, qui vient s'installer en Angleterre, un pays réputé pour être un abri à sorcières. Et malheureusement, l'une d'elles habite dans leur quartier. Le temps d'un été, tous deux s'éloignent dans un hôtel en bord de mer, où se tient un congrès sur la maltraitance enfantine. Mais le garçon découvre que toutes les participantes ne sont qu'une bande de sorcières diaboliques et qu'elles complotent un mauvais plan à base de sucreries ensorcelées. Notre jeune ami n'a pas le temps de dire ouf que son odeur est repérée par des congressistes déchaînées, qui lui tombent sur la pomme. 

Ce conte Roald-Dahlien est un grand cru ! Avec un humour exquis et jubilatoire, l'écrivain britannique nous livre une aventure féroce et piquante, que j'ai d'ailleurs pris plaisir à découvrir en format audio. Interprétée avec virtuosité par Jean-Claude Donda, Jeanne Cellard et Jackie Berger, l'histoire nous sert une mise en scène facétieuse, où chaque personnage est distingué, soit en forçant le trait, soit avec subtilité. Souvent décalé, parfois insolite, ce roman est génial. J'applaudis des deux mains la qualité de cette réalisation, et la perfidie de la fable, les deux ensemble se rendent service et produisent un très, très bon moment de lecture ! À recommander. ☺

Gallimard Jeunesse, coll. Écoutez Lire (réédition, 2018) Nouveau format

Texte intégral. L'écoute en classe de ce CD est autorisée par l'éditeur.

Existe en Folio Junior N°613 - Traduit par Marie-Raymond Farré

Sacrées Sorcières : Dahl, Roald

Ce CD audio n'est pas un conte de fées, mais une histoire de vraies sorcières. Vous n'y trouverez ni stupides chapeaux noirs ni manches à balai: la vérité est beaucoup plus épouvantable. Les vraies sorcières sont habillées de façon ordinaire, vivent dans des maisons ordinaires. En fait, elles ressemblent à n'importe qui. Si on ajoute à cela qu'une sorcière passe son temps à dresser les plans les plus démoniaques pour attirer les enfants dans ses filets, vous comprenez pourquoi ce CD audio vous est indispensable.

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12 mars 2018

Cherub/01 : 100 jours en enfer, de Robert Muchamore

J00748Gros succès en librairie, la série CHERUB trace sa route depuis presque dix ans et enthousiasme ses lecteurs avec son univers d'organisation secrète, où des enfants sont entraînés pour infiltrer des missions spéciales... Espionnage, action, suspense, aventure et baston, on ne s'ennuie pas une seconde.
J'ai profité de la sortie en livre audio pour découvrir LE phénomène et ai été pleinement séduite par l'excellente interprétation de Julien Frison qui incarne un adolescent brouillon en passe de devenir un môme doué et consciencieux en vivant une aventure fracassante et néanmoins palpitante !

James Adams est un collégien turbulent, élève médiocre, éternel souffre-douleur, habitué d'être exclu. Il vit avec une mère devenue obèse et un beau-père alcoolique. Mais le destin s'acharne, le gamin perd sa mère et est expédié dans un orphelinat où il bascule dans la délinquance. Dès lors, il a le choix entre toucher le fond ou accepter de suivre une formation spéciale pour Cherub. Il a 100 jours pour assimiler des techniques de combat, de survie et de ruse enseignées par une agence des renseignements britanniques. 100 jours pour changer le cours des choses ou retourner à la case départ. 

Le scénario est basique et rythmé. On en prend plein les yeux, plein les oreilles. Et l'immersion est totale. On partage ainsi les galères de James, son arrivée à Cherub, ses rencontres avec ses nouveaux camarades, son apprentissage et ses premières missions. Toute l'histoire s'inscrit dans une logique imparable, et je comprends tout à fait ce qui enthousiasme les jeunes lecteurs. Ce que vit James est à la fois proche d'eux mais incarne aussi un fantasme - devenir espion, vivre de passionnantes aventures, voyager etc. La lecture est à la hauteur des attentes. On a une très bonne réalisation audio - agréable à écouter - pour une série vraiment engageante et débordante de dynamisme.

Gallimard Jeunesse, Collection: Écoutez lire 

Traduit par Antoine Pinchot

Julien Frison nous emporte dans l'univers palpitant de CHERUB, et met en voix le franc-parler et l'humour adolescent, sans niaiserie. Durée : 7h 30 env.

 

20 février 2018

Poupée volée, d'Elena Ferrante

G01447Une femme, en vacances au bord de la mer, s'amuse à observer la routine d'une famille napolitaine, parmi laquelle se détache le duo d'une jeune mère Nina et sa fille Elena, en train de jouer à la poupée.
Quand le précieux baigneur disparaît mystérieusement, c'est la panique générale. Toute la tribu se mobilise pour retrouver la poupée, avec force gesticulations et clameurs. Leda est aspirée par cette frénésie et se mêle volontairement à la battue.
Sauf que c'est elle qui a pris la poupée et qu'elle se garde bien d'en piper mot.

Ma foi, je suis perplexe. Comme tant d'autres lecteurs, c'est pour avoir aimé L'amie prodigieuse que j'ai tenté celui-ci, par curiosité. Un roman publié en 2006, dont la verdeur ressort un tant soi peu, mais qui aborde déjà la question de la femme en tant que mère, avec une héroïne ayant privilégié sa carrière au détriment de ses enfants.
Leda approche des cinquante ans, elle a deux filles, aujourd'hui installées au Canada près de leur père. Ce départ n'a jamais été vécu comme un échec, mais c'est en épiant chaque jour Nina et Elena qu'elle entreprend un bilan sur sa propre expérience.
Le constat est rapidement doux-amer. On sent une femme pleine de contradictions, assez lucide, ne ressentant aucune culpabilité et néanmoins éprouvant le besoin de justifier pourquoi. Et puis les souvenirs remontent à la pelle, certains assez sombres, lourds, déchirants.
Mis bout à bout, ils donnent à l'histoire une tonalité confuse et acerbe. Oubliez l'ambiance estivale, l'insouciance d'une lecture à la couverture alléchante, la composition se drape dans un voile opaque et noir. C'est sournois, peu rassurant.
La lecture vous laisse, sans surprise, un arrière-goût de folie douce très dérangeante. Je n'ai pas du tout accroché. Et la déception est proche. 

Collection Écoutez lire, Gallimard (2018)

Lu par Ivana Coppola. Durée : env. 4h 30

Trad. de l'italien par Elsa Damien [La figlia oscura]

Ivana Coppola restitue avec talent et justesse l’intensité de ce récit introspectif, portrait sans fard d’une femme qui oscille entre raison et folie.

EXISTE en Collection Folio (n° 6351)

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24 janvier 2018

L'enfant perdue (L'amie prodigieuse #4), d'Elena Ferrante

Dernier tome de la saga d'Elena Ferrante, après L'amie prodigieuse, Le nouveau nomCelle qui fuit et celle qui reste !

G01441

Bien que menant une confortable vie bourgeoise à Milan, auprès de son mari et ses filles, Lena plaque tout au nom de sa liaison tumultueuse et passionnelle avec Nino Sarratore. Elle rentre à Naples, revoit son amie Lila. Et miracle, leur relation est au beau fixe. Stable et authentique. Il faut dire que Lila a également su rebondir et occupe désormais une position respectable dans le quartier ; elle partage la vie d'un homme sincère et généreux et a monté sa propre entreprise florissante.
La carrière littéraire d'Elena Greco ne faiblit pas, de plus son retour aux sources apporte une âpreté jamais égalée dans son écriture et les sujets qu'elle ose aborder. Or, son intrusion dérange les mafias locales, en voulant dénoncer les trafics douteux, l'insécurité galopante, la pauvreté et l'abandon du secteur, tandis que d'autres murmurent qu'elle est l'instrument de vengeance de Lila.
Cette dernière, pathologiquement acerbe, ne se défend pas et a fait jurer à Elena de ne jamais parler d'elle dans ses livres... une promesse que l'écrivaine va considérer à la légère.

On retrouve dans ce bouquet final tous les ingrédients de la saga - amitié toxique, obsession maladive, brouilles, famille, chaos et bouleversements sociétaux. C'est tout un quartier qui reprend forme, avec les copains d'enfance, les clans, les mariages, les divorces, les naissances, les décès, les accidents, les maladies... et même le tremblement de terre du 23 novembre 1980.
Les héroïnes ont 36 ans et voient défiler trente ans d'une existence sous tension. Car rien n'est limpide dans leur tête, où l'on devine que se jouent des drames et des crises en puissance. Les deux amies se jalousent depuis toujours et ont usé l'une sur l'autre d'une influence pernicieuse et envahissante. L'une des filles 
de Lena lui reproche d'ailleurs que seule Lila a jamais compté dans sa vie, à part ses romans peut-être. Une sentence impitoyable et si juste.

Au cours des quatre épisodes de la série, on a ainsi participé aux montagnes russes de cette amitié, qui aime s'infiltrer dans les failles, s'y nourrit goulûment et s'épanouit de la sorte. Lena étant la seule narratrice de l'histoire, impossible de déterminer les véritables roueries de Lila ou de la détacher du regard imposé. Acrimonieuse, dissimulatrice, rancunière ? Plus on avance dans les entrailles de leur histoire, plus on abandonne l'espoir de la comprendre.
De fait, Lena et Lila ne sont vraiment pas attachantes et n'inspirent aucune réelle compassion. Pourtant, leurs mots  nous accrochent. Nous emportent. Leurs imperfections nous parlent. Nous renvoient à nos propres approximations. Parce qu'elles sont impudiques, égoïstes et intransigeantes, ce sont symboliquement des héroïnes - elles nous donnent du fil à retordre, mais nous avons appris à composer avec. J'ai franchement aimé les accompagner, quitte souvent à les détester, car je ne m'attendais pas à éprouver cette sensation de manque après le point final... 

Une série découverte en livre audio - du premier au quatrième volume - à l'écoute de Marina Moncade, parfaitement indissociable à mon plaisir de lecture ! Une formidable conclusion. 

 

Trad. de l'italien par Elsa Damien  [Storia della bambina perduta] 

Lu par Marina Moncade pour la Collection Écoutez lire, Gallimard 

Durée d'écoute : env. 16 h 

Parution : Janvier 2018

l'enfant perdue

 

 

18 janvier 2018

Tortues à l'infini, de John Green

G01531Aza Holmes, 16 ans, est une adolescente ordinaire, en apparence heureuse, si ce n'est qu'elle souffre de troubles obsessionnels compulsifs. En vrai, elle a des spirales de pensées obsédantes, une voix entêtante lui serine dans la tête, la rendant phobique des bactéries. Cette pathologie est épuisante et l'entraîne toujours plus loin dans ses névroses, créant aussi un profond mal-être.
Il n'est donc pas rare qu'elle se ferme comme une huître, en train de ressasser ses angoisses et invoquer des spectres de contamination et de mort imminente, tandis que sa Meilleure et Plus Intrépide Amie, Daisy Ramirez, babille joyeusement à ses côtés, évoquant sa passion pour Star Wars et ses fanfictions. Après tout, la maladie d'Aza est désormais une vieille ritournelle, envers laquelle son intérêt est devenu volage. 
Bref. Sans cesse à l'affût de projets farfelus, Daisy tombe sur la disparition d'un milliardaire du nom de Russell Picket et la promesse d'une récompense donnée à quiconque serait en mesure de fournir des renseignements. Or, le fils de celui-ci est aussi un ancien copain de colo de son amie. Davis Pickett. Daisy commande Aza de le recontacter, et pourquoi pas grappiller des indices pour retracer le fugitif. Les filles ont bien besoin d'argent pour se payer des études et enjoliver leur quotidien.
L'opération d'infiltration peut commencer. Et miraculeusement, tout se déroule comme dans un rêve, Davis se rappelle d'Aza, accepte de la revoir etc. Le petit groupe devient inséparable, mais voilà...
Aza et ses pensées infernales. Ses bouffées de stress. Ses idées folles et ses délires vertigineux.
Aza sombre de plus en plus dans l'excès et dans la psychose.
Et bim, la jeune fille perd les pédales.

Comme beaucoup d'autres lecteurs, j'étais curieuse de lire le nouveau roman de John Green, mais pas impatiente non plus. Je reconnais à l'auteur de grandes qualités, sans m'avouer une fan hystérique ou acharnée. C'est donc avec une certaine désinvolture que j'ai écouté ce roman pour, finalement, l'apprécier grandement. Oui, voilà un roman très touchant, très fort, sans réelle action mais tellement juste et attachant.
On y trouve encore et toujours des jeunes gens fragiles et délicats, des adolescents jouer les funambules sur une corde raide. On les sent fébriles et en détresse, parés du besoin de trouver leur place ou de comprendre le monde qui les entoure. Ce sont des mômes déstabilisants et qui se rappellent à nous. Des adolescents qui essayent d'être des amis à la hauteur, des enfants obéissants, des élèves studieux, des amoureux flamboyants. Dur, dur.
Ce regard que pose John Green sur la jeunesse est égal à lui-même - lucide, tendre et sans détour - même s'il y ajoute une pointe d'excentricité et de complaisance. Toutefois, c'est drôlement bon et franchement attendrissant. J'ai aimé vivre dans la tête d'Aza, comprendre ses raisonnements et toucher du doigt sa logique implacable. John Green a d'ailleurs avoué s'être inspiré de son propre vécu et son expérience de la maladie pour attribuer à l'histoire d'Aza une note authentique et poignante. C'est difficile à expliquer, mais j'ai été personnellement émue et concernée. Je me suis surprise à écouter d'une traite le roman, regrettant presque le point final. Gros big up à la complicité entre Daisy et sa fidèle “Holminette” - je me sentais bien en leur présence !

À découvrir seulement si vous vous moquez bien de la réputation de Nos étoiles contraires... 

Lu avec tendresse et sans fausse note par Élodie Huber.

Collection Écoutez lire, Gallimard (2018). Durée : env. 6h 30

Trad. de l'anglais (États-Unis) par Catherine Gibert [Turtles All the Way Down]

Tortues à l'infini

29 novembre 2017

Celle qui fuit et celle qui reste (L'amie prodigieuse 3) de Elena Ferrante

Celle qui fuit et celle qui resteJ'ai accueilli avec joie la parution du troisième tome, après L'amie prodigieuse & Le nouveau nom, en format audio, puisque je n'envisage plus de connaître la suite de l'histoire autrement qu'en écoutant Marina Moncade. C'est un plaisir que je n'explique plus, mais j'aime cette plongée directe dans les chroniques napolitaines racontées avec tendresse et authenticité.
Nous retrouvons ainsi les deux amies dont les choix de vie ont pris des directions opposées - Lena se glorifie du succès inattendu de son premier roman, elle part s'installer à Florence avec son fiancé et s'enorgueillit du milieu intellectuel dans lequel elle gravite. De son côté, Lila trime dans une usine de salaisons et bousille sa santé, elle se sensibilise à la cause syndicale et se lance dans des revendications pour défendre les droits de la femme. Comme toujours, les deux amies vont reprendre contact et se tirer la bourre, par jalousie ou simple incompréhension. Leur relation n'en finit plus d'être “le reflet de leurs insuffisances” et se couvre d'amertume. Lila est devenue une personne sèche et aigrie, tandis que Lena demeure obstinément obsédée par son béguin de toujours, Nino Sarratore, avec lequel son amie a eu une brève liaison. À jamais insatisfaite, Lena ne parvient plus à se contenter de son bonheur conjugal et part en vrille. 
Certes, ce troisième tome évoque les engagements politiques soulevés après Mai 68, les ouvriers revendiquent de meilleures conditions de travail, les femmes dénoncent les abus de pouvoir et le harcèlement... Mais il est aussi question de sexualité, de maternité, d'épanouissement personnel, d'équilibre et d'accomplissement. Lena et Lila ne sont pas des mères exemplaires, elles recherchent un autre sens à leur vie mais sont enfermées dans des rôles et des carcans établis de longue date dans leur quartier napolitain. Lila n'a pas renoncé à son désir de diriger sa propre entreprise, alors que Lena peine à écrire un autre roman et à perdurer sur la scène littéraire. Les deux jeunes femmes se perdent dans leur course à l'intelligence, à la beauté, à la richesse, l'une est lâche, l'autre méchante, les deux sont égoïstes, et la cruauté de leur relation est flagrante. 
Quelle conclusion apporter à cette histoire ? Pour le savoir, il faudra patienter jusqu'en janvier 2018 avec la parution de 
L'enfant perdue en simultané avec le format audio - chic ! 

©2013 Titre original : "Storia di chi fugge e di chi resta" ("L'amica geniale", volume terzo), Traduit par Elsa Damien

(P)2017 Éditions Gallimard - coll. Écoutez lire, texte lu par Marina Moncade (durée : 13h 45)

 

 

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