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Chez Clarabel
grasset jeunesse
24 juin 2011

Faire de chaque jour une fête

(Pour la délicate tranche des 8-12 ans.)

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Des crêpes à l'eau de Sandrine Beau : la maman de Solène a bien du mal à joindre les deux bouts mais refuse de se plaindre. Et pourtant, la visite de Cartable Préhistorique plombe un peu l'ambiance à la maison. Solène n'ignore pas leurs soucis d'argent. Elle sait bien que ses vêtements sont rapiécés et qu'elle porte des baskets à deux euros cinquante. Cela n'empêche pas d'avoir une super copine, Zoé, qui distribue des m&m's comme des preuves d'amour. Son papa et elle viendront à leur rescousse pour empêcher Cartable Préhistorique d'abuser de son autorité et leur éviter aussi une expulsion.
Pas très gaie mais réaliste, l'histoire se veut aussi optimiste en défendant l'amitié et l'entraide comme roues de secours dans la vie. Ce n'est pas un sujet facile et qui ne fait pas forcément envie aux jeunes lecteurs (ma fille a jugé que c'était trop triste), parce que c'est un sujet actuel aussi, qui rappelle trop la vraie vie. Je suis donc partagée, entre savoir, ne pas fermer les yeux, prendre conscience et rêver, s'échapper, oublier... les enfants choisiront.
(Grasset jeunesse, coll. Lampe de poche, 2011).

La roue de Sandrine Kao : Elise est la seule de sa classe à ne pas savoir faire la roue. Elle le prend comme un drame personnel et entreprend de se remettre en question. Elle se juge invisible, insipide, terne et inintéressante. Elle ne comprend pas ce que lui trouvent ses amies, elle est amoureuse d'un garçon mais n'ose pas lui avouer, de toute façon ça doit le laisser indifférent, elle trouve sa petite soeur brillante et plus intelligente... A la maison, ses parents sont accaparés par leur boulot et les filles apprennent à se débrouiller par leurs propres moyens, sauf qu'à ce régime leur mère finit par craquer et se retrouve à l'hôpital. Suite à cet événément, Elise comprend qu'elle ne compte pas pour des prunes et que ses camarades se soucient d'elle et l'apprécient pour ce qu'elle est - une fille simple, gentille, attachante et vraie.  
Voilà un roman qui vous donnera envie de mettre de côté vos petits tracas existentiels pour aller de l'avant et surmonter vos problèmes ! J'ai envie de le conseiller à toutes les minettes (environ 10 ans) qui arrivent à un croisement de leur vie où les questions pleuvent et les réponses ne sont pas souvent à la hauteur des espérances... La roue, c'est un symbole : se lancer dans la vie, passer à l'action, retomber sur ses pieds. Être bien dans ses baskets. Rien que pour ça, j'ai trouvé cette lecture très sympa !
(Syros, coll. Tempo, 2011). 

C'est vrai que je manque de courage. M'élancer me fait peur. Me balancer  m'effraie. Plonger me terrifie. Je courbe l'échine, je me recroqueville, je me roule en boule...
C'est si facile, une galipette...
Voilà, ma vie sera telle une galipette : je courberai le dos, j'avancerai en roulant sur les événéments de la vie, sans jamais lever la tête, et j'arrêterai d'avancer dès que je rencontrerai un obstacle sur ma route.
Ça ne me dit pas vraiment, une vie pareille !
Moi aussi je veux pouvoir décider de ma vie, la prendre en main, réussir à aller là où j'ai envie et ne pas simplement me laisser porter.

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19 mai 2011

La magie peut toujours se retourner contre vous.

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Quel étonnant roman, à la fois captivant et dérangeant ! Je ne suis pas sûre d'avoir aimé à la folie, mais je ne peux pas affirmer que j'ai détesté non plus. Il y a un vrai pouvoir d'attraction au-delà des lignes, à travers l'histoire du jeune garçon de seize ans et son parcours où le grotesque rencontre le sordide puis la sorcellerie. Le père du narrateur s'est remarié avec une femme tyrannique, qui l'accuse un jour d'avoir touché sa fille de huit ans. Le garçon ne cherche pas à se défendre et prend la fuite. Il trouve refuge chez le boulanger à deux pas de la maison, et contre toute attente, cet homme le cache dans son fournil et accepte de l'héberger sans aucune explication.

La vie à la boulangerie est étonnante, parfumée, sucrée, onctueuse. Les pâtisseries ravissent les palais des connaisseurs, servies par la charmante vendeuse répondant au doux nom d'Oiseau-Bleu. C'est un autre monde qui s'ouvre au garçon derrière les vitrines, un univers de sorcellerie où l'on commande par internet des gâteaux qui peuvent accomplir vos désirs, vos rêves, vos soifs de vengeance... Le boulanger n'est pas regardant, même s'il a quelques principes et n'hésite pas à hausser le ton lorsque des clientes sont prises de remords.

C'est une bulle dans une vie triste et solitaire, une existence marquée par le suicide de sa mère. Depuis, le garçon s'est renfermé, il souffre de bégaiement et s'est isolé derrière une façade d'indifférence que sa belle-mère cherche à fracasser à force d'autorité oppressive. Et cette affaire d'attouchements sexuels jette un froid, surtout lorsqu'on s'imaginait une histoire aussi veloutée que les préparations du boulanger. A force je ne savais plus sur quel pied danser - d'une part, j'étais enchantée et totalement séduite par le réalisme merveilleux, mais d'autre part j'étais mal à l'aise. Le fond est triste, accablant. L'histoire n'est nullement sucrée, mais amère en bouche. Et pourtant on y croque sans cesse un bout sans grimacer. Autant dire que c'est un roman troublant, mais obsédant.

Les petits pains de la pleine lune - Gu Byeong-mo
Picquier jeunesse (2011) - 194 pages - 17€
traduit du coréen par Lim Yeong-hee et Françoise Nagel

Pour les âmes sensibles, je recommande La boulangerie de la rue des dimanches d'Alexis Galmot.

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Avec un petit charme rétro qui n'est pas pour me déplaire. Vous raffolez de baguette pas trop cuite et de religieuse au chocolat ? Ce livre est pour vous ! On y trouve aussi une fée bleue, une horloge capricieuse, Les Quatre Saisons de Vivaldi et un garçon benêt mais sympathique.

Grasset-jeunesse (2011) par Alexis Galmot & illustrations de Till Charlier

8 avril 2011

Lutter contre les frelons

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Je n'ai fait qu'une bouchée de ce petit roman, il était délicieux mais trop court, j'en voulais encore ! Fleur a quinze ans et une maman qui ne tourne pas rond. Celle-ci pousse sa fille à partir et se détacher, mais ce n'est pas facile. Jusqu'au jour où elle ne la reconnaît plus... et là c'est le drame. Fleur décide donc de partir avec ses potes sur leur bateau pour un demi tour du monde. Neuf mois d'errance et de navigation, de coeur qui bat et qui hésite, neuf mois pour grandir, loin de maman.
C'est tellement beau, bien écrit, doux, tendre, ça fait des galipettes et des boucles dans tous les sens, ça vous dresse un portrait de petite fille forcée de grandir trop vite, une ado impuissante et déboussolée, avec une enclume dans le ventre, parce que c'est douloureux, et frustrant, de voir sa maman pelotonnée sur son lit d'hôpital, sans énergie, sans ressource, sans étincelle. Et même le portrait de la maman est juste et touchant, elle est dingue et complètement allumée, c'est vrai, mais c'est une maman et moi je ne résiste pas. J'ai aimé leur tandem, j'ai souvent souri et même éclaté de rire en découvrant leurs petites philosophies de la vie (relever sa jupe et pisser, lutter contre les frelons, sentir le souffle du vent et alors fermer les yeux...).
Enfin bon, j'ai été attendrie par l'histoire de Fleur, pas facile et pas rigolote tous les jours, mais je n'ai jamais ressenti la moindre tristesse. Au contraire, tout est vif et éclatant, ça donne même des ailes. J'ai notamment relu plusieurs fois le dernier chapitre où Fleur apprend à faire du vélo avec sa mère, et c'est tellement ça : pousser son enfant à quitter le nid, lâcher la main de sa mère pour grandir. Même si ça fait peur. (Et moi je swoushe !)
Le livre nous fait également partager leur belle aventure sur la mer, et c'est comme si on faisait partie du lot. Fleur a trouvé sa nouvelle famille, Fredo le capitaine cordon-bleu, le couple modèle Marie et Matthieu (et leur bébé Lou), le Vampire doux comme un agneau et Tristan le phare solide - et au milieu, la petite Fleur en éclosion.
Je me sentais tellement bien parmi la bande, à voyager, rêver, manger des boulettes et du couscous, déprimer sous le ciel gris, jouer aux cartes, passer les écluses, scruter l'horizon. 110 pages, non vraiment, ce n'était pas assez. L'ambiance est délicieusement douillette qu'on ne voudrait jamais la quitter. 

Lâcher sa main - Séverine Vidal (Grasset jeunesse, coll. Lampe de poche, 2011 - 112 pages - 7,50€)
illustration de couverture : Sandrine Kao

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J'ai aussitôt mis la main sur un autre roman de Séverine Vidal, parce que j'étais encore totalement sous le charme de l'histoire de Fleur. (Et j'ai bien fait - j'adore !!! Je veux lire tous ses romans maintenant. Mode groupie off.) Cette fois, il est question d'une petite fille et de son papa dont elle découvre l'existence dix ans après. Et c'est sa tante qui lui raconte le secret de sa maman, comment elle s'est sentie trahie et malheureuse après son départ, comment elle a cru bien faire en protégeant son bébé et comment sa colère aujourd'hui l'étouffe et l'empêche d'ôter ses oeillères. Ce n'est cependant pas facile pour la fillette, car Ava a besoin de connaître son papa mais n'ose pas en parler avec sa mère. Alors, grâce à la complicité de sa tante, elle prend contact avec lui, écrit un petit mot maladroit, attend, reçoit sa réponse - une belle lettre dégoulinante d'amour et de tendresse.
Les retrouvailles auront lieu mais elles doivent rester secrètes. Ava ne veut pas décevoir sa mère, ni la blesser. D'un autre côté, cela lui permet de gérer seule cette parenthèse, de se familiariser avec la nouvelle vie de son père (rencontrer sa nouvelle femme et ses demi-frère et demi-soeur). Elle s'étonne elle-même de ne pas être jalouse, de ne pas en vouloir à ses parents, de ne pas trop regretter, non plus, le temps perdu. Elle sait qu'elle pourra désormais rattraper tout ça. Du moins, l'espère-t-elle.
Les vacances approchent et Ava a terriblement envie de partir trois semaines avec son père. Jusqu'à présent, elle avait jonglé entre les mensonges et les absences de sa mère (fatiguée, débordée par son travail). Elle sait que toute vérité n'est pas bonne à entendre - tant pis, elle se lance. Elle prépare alors une petite surprise pour sa maman, toujours aidée de sa tante et de son père.
Et je dois dire que j'avais la boule au ventre quand celle-ci est sortie de son boulot, s'est assise sur le trottoir, complètement choquée, avant de s'enfuir. Il y avait de quoi être bouleversée !!! Mais heureusement c'est un roman intelligent et sensible, qui offre une vision idyllique et conciliante de la séparation et du partage, c'est une vraie petite réussite - 70 pages de bonheur, de petites habitudes à prendre et de limites à dépasser parce que c'est beau l'amour !
Et une petite fille qui doit son prénom à Ava Gardner et qui raffole des quinze dernières minutes des films ne pouvait qu'être une héroïne attachante et exceptionnelle - vive la Méthode Ava !

Comment j'ai connu papa - Séverine Vidal (Rouergue, coll. Dacodac, 2010 - 74 pages - 6,50€)

le blog de l'auteur : http://severinevidal.blogspot.com/

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