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Chez Clarabel
folio
1 mars 2016

Expo 58, de Jonathan Coe

Expo 58

Thomas Foley, du Bureau de l’Information, se voit confier la mission de superviser la construction du Pavillon britannique, lors de la prochaine Exposition universelle qui aura lieu à Bruxelles. Nous sommes en 1958. Il doit ainsi partir six mois en Belgique pour administrer le fameux pub anglais, le Britannia, un fac-similé qui deviendra rapidement le bastion d'individus pittoresques. On y retrouve notamment son camarade de chambrée, Tony Buttress, un scientifique anglais responsable d’une machine susceptible de bouleverser la technologie nucléaire, Anneke, la jolie hôtesse belge, son amie Clara, Jamie la barmaid et Emily l'américaine volubile, sans oublier Andrey Chersky, un journaliste russe, peu gêné aux entournures de brandir sa fierté patriotique, même s'il craque copieusement pour les nouvelles chips anglaises. Cette joyeuse bande passe donc de longues soirées animées, à boire de la bière, flirter, danser et refaire le monde. Thomas, tout absorbé par cette ambiance de fête, en oublie même son épouse Sylvia, restée à Tooting, en banlieue londonienne, avec leur bébé sur les bras ! Totalement sous le charme de la blonde Anneke, il vient également de basculer dans une dimension surréaliste - impliquant un kidnapping dans les règles de l'art et une mission d'espionnage à la James Bond - et est clairement dépassé par la situation.

N'en doutez pas, c'est un roman tout simplement exquis. L'histoire au départ ne laisse absolument pas présager la tournure qu'elle va prendre, alors accrochez-vous ! Thomas est un type affreusement guindé, pas taillé pour le rôle de l'agent secret, mais son entourage et leurs péripéties valent franchement le détour. Résultat, on ricane beaucoup à la lecture des aventures folkloriques et truculentes de cet anti-héros qui marche sur les plates-bandes de l'agent 007 comme un automate dégingandé. On redécouvre aussi l'époque de la guerre froide dans une représentation complètement dingue et aberrante, très caricaturale aussi, mais tout ça est fait exprès. L'ensemble peut sembler inattendu, mais c'est absolument désopilant à lire. Frais et enlevé. Un vrai roman anglais qui se moque des codes et du genre.

Folio / Juin 2015 ♦ Traduit par Josée Kamoun pour les éditions Gallimard

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1 mars 2016

Opération Sweet Tooth, par Ian McEwan

Opération sweet tooth

Au début des années 1970, Serena Frome, une jeune anglaise, fille de pasteur, étudiante en mathématiques à Cambridge, fait la rencontre d'un éminent professeur, qui va la modeler intellectuellement, avant de la recommander aux services secrets du MI5. Son idylle se termine douloureusement et, pour oublier son chagrin, Serena travaille d'arrache-pied pour décrocher sa première mission : l'opération Sweet Tooth, qui consiste à encourager de jeunes écrivains, en subvenant à leurs besoins financiers, pour qu'ils publient des écrits dont les idéologies concordent avec celles du gouvernement britannique. Tout ceci dans la plus grande discrétion, naturellement. La cible de Serena s'appelle Tom Haley, une plume prometteuse et pleine de talent, mais à l'univers assez sombre et torturé. La jeune femme tombe néanmoins amoureuse de ses nouvelles, avant de connaître le personnage... et de succomber de nouveau au charme de l'intellectuel. C'est une récurrence chez cette héroïne, belle et vaniteuse, qui reconnaît son attirance pour la même figure masculine dominatrice. Et fatalement, en tombant amoureuse de son client, la jeune femme compromet sa mission et s'attire le courroux de son superviseur fou de jalousie...

Serena n'étant toutefois pas une figure très attachante, son histoire ne nous touche pas davantage, aussi admirablement écrite et fascinante soit-elle. Dans ce roman d'amour, sur fond d'espionnage, l'auteur tente d'exploiter une nouvelle palette de sensations, où les relations semblent plus douces, plus délicates et à la sensualité plus nuancée, mais l'ensemble sonne faux, froid, imperméable aux émotions. L'auteur se sert aussi de la littérature comme un outil de manipulation - l'univers sulfureux de Haley rappelle celui de McEwan - la cruauté et la perversité s'étalant dans toute leur splendeur. Les femmes, aussi, sont traitées comme de simples objets jetables, dans une société qu'on devine désœuvrée, en quête de nouveaux ennemis (la guerre froide s'étiole, mais les premières frictions en Irlande du Nord apparaissent). C'est donc un roman pour le moins troublant et poignant... mais tellement déconcertant. J'en sors quelque peu perplexe. 

Folio / Octobre 2015 ♦ Traduit par France Camus-Pichon pour les éditions Gallimard

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27 janvier 2016

Literary Life, Scènes de la vie littéraire, par Posy Simmonds

Literary Life

Ces chroniques, parues chaque samedi entre 2002 et 2005 dans The Guardian Review, évoquent le charmant milieu littéraire, de l'édition à la librairie, de l'auteur à l'illustrateur, du critique au lecteur, non sans une certaine férocité. L'auteur passe, en effet, tout au crible, du libraire indépendant qui se débat pour survivre face à la concurrence déloyale du monstrueux médiastore, de l'écrivaillon en souffrance, qui rêve de gloire et de reconnaissance, de l'auteur imbu de sa personne, qui s'imagine être la coqueluche du public et de la presse, des séances de dédicace désertes, des cocktails pour lancer tel ou tel livre, de l'inspiration, de la page blanche, des ennemis cachés, des louanges et des propos assassins. Oui, la vie littéraire est digne d'un roman policier. C'est grinçant, c'est mordant, cela vous poignarde ci et là, ça vous flingue une réputation, un nom, un titre, un rêve, un désir. C'est assez criant de vérité, et les plus concernés en riront jaune. Posy Simmonds épingle les travers de ses semblables, torpille les clichés (la littérature jeunesse, le mythe du cottage anglais et son charme bucolique, Jane Austen confrontée à notre époque... no way !). C'est une lecture drôle, sarcastique, proposée avec un certain flegme britannique très appréciable.  Une chouette découverte.

Folio BD / Novembre 2015 ♦ Trad. de l'anglais par Corinne Julve et Lili Sztajn

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12 novembre 2015

Le liseur du 6 h 27, de Jean-Paul Didierlaurent

Le liseur du 6 h 27 CD

Ce petit roman a su tracer sa route l'an dernier et a connu un joli succès, en se révélant attachant, simple, mais pas insignifiant, riche d'une histoire qui possède les mêmes accents poétiques et farfelus qu'un film comme Amélie Poulain ou Les émotifs anonymes.

On  y  découvre le portrait d'un homme qui déteste son patronyme, Guylain Vignolles, et qui n'aime pas non plus la vie qu'il mène. Célibataire, il partage son appartement avec un poisson rouge, Rouget de l'Isle, cinquième du nom. Il travaille pour une société de recyclage qui broie les livres invendus par tonnes de camion déversées dans la gorge de la monstrueuse machine, une Zestor 500, rebaptisée la Chose ou la Bête. Tous les matins, sur le chemin qui le mène à son boulot, Guylain a un rituel : il s'installe sur le même strapontin orange du RER de 6 h 27 et fait la lecture à voix haute. Sa routine bascule le jour où il trouve une clé USB sur son trajet, contenant une flopée de textes rédigés par la mystérieuse Julie, qui raconte sa pittoresque vie de dame pipi dans un centre commercial. Notre Guylain tombe sous le charme de l'inconnue et se laisse convaincre par son vieux pote Giuseppe de la retrouver. 

On goûte avec bonheur toute la tendresse et la cocasserie de cette histoire plaisante et pleine de sensibilité, à laquelle Dominique Pinon apporte sa gouaille légendaire. Il nous plonge en toute bonhomie dans une ambiance décalée et chaleureuse (les étonnantes séances de lecture à voix haute à la maison de retraite, par exemple), d'où l'on ressort avec un sentiment bienheureux. Une chouette lecture, qui a réussi à me charmer sans crier gare. Belle surprise.

Gallimard ♦ Coll. Écoutez lire / Août 2015 ♦ Lu par Dominique Pinon (Durée d'écoute : environ 3 h 50)


Disponible en poche chez Folio, août 2015

Le liseur du 6 h 27

« Pour tous les voyageurs présents dans la rame, il était le liseur, ce type étrange qui, tous les jours de la semaine, parcourait à haute et intelligible voix les quelques pages tirées de sa serviette. Il s'agissait de fragments de livres sans aucun rapport les uns avec les autres. Un extrait de recette de cuisine pouvait côtoyer la page 48 du dernier Goncourt, un paragraphe de roman policier succéder à une page de livre d'histoire. Peu importait le fond pour Guylain. Seul l'acte de lire revêtait de l'importance à ses yeux. Il débitait les textes avec une même application acharnée. Et à chaque fois, la magie opérait. Les mots en quittant ses lèvres emportaient avec eux un peu de cet écœurement qui l'étouffait à l'approche de l'usine. »

12 octobre 2015

Diable Rouge, de Joe R. Lansdale

Diable rouge

Rarement il m'a été permis de lire un thriller où le fun et l'action se taillent tous deux une part de lion ! Et pour cause. Hap Collins et Leonard Pine sont copains comme cochons et bossent ensemble comme «agents opérationnels» pour un détective privé (ils jouent en fait les gros bras pour Marvin Hanson et castagnent les voleurs de petite retraite en leur faisant regretter amèrement d'avoir vu le jour). Nos deux compères ont déjà pas mal roulé leur bosse et accusent de gros coups durs, qu'ils surmontent en se serrant les coudes et au gré du vent qui souffle. Leur duo détonant n'est ainsi jamais avare de répliques franchouillardes, qui claquent et qui pètent. De quoi séduire illico presto. Du moins, j'ai accroché à leur humour, complètement loufoque, et à leurs pérégrinations tout aussi azimutées.

Dans cette nouvelle affaire, ils reçoivent la visite d'une vieille dame désireuse de connaître les causes de la mort de son fils, désormais une affaire classée par la police. Nos loustics remarquent en indice sur les photos une tête de diable rouge peinte sur un arbre. Alors qu'ils commencent à fouiller le passé des victimes, de nouvelles pistes apparaissent, mêlant culte satanique, vampire, vengeance et meurtres en série. Cela chauffe de nouveau pour nos amis texans, qui vont se mouiller jusqu'au cou, sombrer dans une dépression nerveuse, se coltiner des retrouvailles mouvementées avec un saligaud de seconde zone et renouer avec une autre connaissance, du genre sexy et déjantée. Pour moi qui ne connaissais pas encore cette série, cette première rencontre aura été une franche réussite ! L'enquête criminelle ne relève pas de la torture des méninges, mais l'ambiance dur à cuire et la gouaille des deux zouaves font de cette lecture une bousculade extra et décoiffante. 

Folio policier / Thriller ♦ Août 2015

« Avant de partir, Leonard récupéra quelque chose dans sa voiture, puis il se glissa à la place du mort à côté de moi. Il posa son truc sur le siège entre nous, ôta son imperméable et le jeta sur la banquette arrière avec le mien. Puis il posa son machin sur sa tête.
- Bon sang, c'est quoi, ça ? demandai-je.
- C'est un tapabord.
- Un tapabord ?
- Tu sais bien, la casquette de chasse de Sherlock Holmes, dans les films.
- Oui, je sais, mais qu'est-ce que tu fous avec ça ?
- Je le porte.
- Et moi, je dois me coiffer d'un chapeau melon, me balader avec un parapluie et me faire appeler Watson ?
- Tu ferais ça ? »

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18 juin 2015

Réparer les vivants, de Maylis de Kerangal

Réparer les vivants

« Le cœur de Simon migrait dans un autre endroit du pays, ses reins, son foie et ses poumons gagnaient d'autres provinces, ils filaient vers d'autres corps. Que subsistera-t-il, dans cet éclatement, de l'unité de son fils ? Comment raccorder sa mémoire singulière à ce corps diffracté ? Qu'en sera-t-il de sa présence, de son reflet sur Terre, de son fantôme ? Ces questions tournoient autour d'elle comme des cerceaux bouillants puis le visage de Simon se forme devant ses yeux, intact et unique. Il est irréductible, c'est lui. Elle ressent un calme profond. »

J'étais curieuse de lire ce livre, plus pour la notoriété de l'auteur, dont j'apprécie beaucoup la couleur littéraire, mais le sujet ne m’attirait pas plus que cela. Certes, M. de Kerangal aborde un sujet essentiel (le don d'organes) mais ne fait preuve d'aucun sentimentalisme en martelant son texte d'un ton réaliste, dur et implacable, assez perturbant.

On suit Simon avant son accident, puis on se retrouve à l'hôpital, au service Réa, avec l'équipe médicale, et enfin la famille abasourdie et sonnée par la nouvelle. Pour le coup, on se croit littéralement dans un film, la caméra est en mouvement perpétuel, elle zoome sur un plan, puis alterne les séquences, jongle avec les flashbacks ou s'évade vers d'autres horizons. Cette mise en scène stylée participe beaucoup au “spectaculaire” du livre, dont l'intensité dramatique est prégnante du début à la fin. Qu'on ne s'y trompe pas non plus, ce n'est jamais racoleur, jamais larmoyant, même si le contexte est éprouvant et vous retourne les tripes.

Malgré quelques longueurs et digressions plutôt décevantes, j'ai finalement tourné la dernière page en restant sans voix. Prise dans un tourbillon d'émotions, entre la tristesse, la conviction d'avoir fait le bon choix et la peur de n'avoir jamais à subir ça. La lecture est saisissante, tout en puissance et en subtilité.

Folio / avril 2015

Lu par l'auteur @ Écoutez Lire (durée :  7h 20)

Réparer les vivants CD

1 juin 2015

En poche ! # 46

Encore une pleine récolte de nouveautés, ça sent bon les vacances ! 

♦♦♦♦♦♦

  

NUIT DE NOCES A IKONOS   De si jolies ruines, de Jess Walter   En cas de forte chaleur

Nuit de noces à Ikonos, de Sophie Kinsella

De si jolies ruines, de Jess Walter

En cas de forte chaleur, de Maggie O'Farrell

 

Passé imparfait   Ces lieux sont morts   Des enfants trop parfaits, de Peter James

Passé imparfait, de Julian Fellowes 

Ces lieux sont morts, de Patrick Graham

Des enfants trop parfaits, de Peter James  [LU]

 

La Ballade d'Hester Day de Mercedes Helnwein   C'est elle   Des vies en mieux

La Ballade d'Hester Day, de Mercedes Helnwein

C'est elle, de Danny Wallace  [LU]

Des vies en mieux, d'Anna Gavalda

 

LE BONHEUR CÔTÉ PILE   LES ARBRES VOYAGENT LA NUIT   L’ÉVEIL DE MADEMOISELLE PRIM

Le bonheur côté pile, de Seré Prince Halverson

Les Arbres voyagent la nuit, d'Aude Le Corff   

L'éveil de Mademoiselle Primde Natalia Sanmartin Fenollera

 

Le Testament des abeilles   LUMINEUSES   La Faute

Le testament des abeilles, de Natacha Calestreme

Les Lumineuses, de Lauren Beukes

 La Faute, de Paula Daly

 

Portrait d'une femme sous influence   L'invité du soi   Une Lettre de vous

Portrait d'une femme sous influence, de Louise Doughty 

L'invité du soir, de Fiona McFarlane   

Une lettre de vous, de Jessica Brockmole

 

Les brumes de l'apparence   Défense de tuer

Les brumes de l'apparence, de Frédérique Deghelt

Défense de tuer (Une enquête de l'inspecteur-chef Armand Gamache) de Louise Penny

 

La blouse roumaine   Expo 58

La blouse roumaine, de Catherine Cusset

Expo 58, de Jonathan Coe  [LU]

 

Amis et RIEN de plus

Amis et rien de plus, de Kristan Higgins

 

18 avril 2015

En poche ! # 43

Nouvelle sélection des dernières nouveautés en format poche...

♦♦♦♦♦♦

 

creme anglaise   Fiançailles, de Chloe Hooper

Crème anglaise, de Kate Clanchy

Fiançailles, de Chloe Hooper

 

Entre les jours   LES MENSONGES

Entre les jours, d'Andrew Porter

Les mensonges, de Karen Perry

 

LA VIE ÉPICÉE DE CHARLOTTE LAVIGNE

La vie épicée de Charlotte Lavigne (tome 3) de Nathalie Roy

 

Sagan 1954   Je ne renie rien

Sagan 1954, d'Anne Berest

Je ne renie rien, de Françoise Sagan

 

SOUS LA TERRE   Faillir être flingué

Sous la terre, de Courtney Collins

 Faillir être flingué, de Céline Minard

 

Black-out

Black-out, de John Lawton ♦ INÉDIT ♦

 

Irrésistible alchimie   Etiquette et espionnage

Irrésistible alchimie, de Simone Elkeles

Étiquette et espionnage (Le Pensionnat de Mlle Géraldine #1), de Gail Carriger

 

25 mars 2015

La Garçonnière, d'Hélène Grémillon

La garçonnière

Le psychiatre Vittorio Puig est accusé du meurtre de sa femme (la belle Lisandra a été retrouvée morte défenestrée, au pied de son immeuble). Eva Maria, une de ses patientes, cherche à le disculper en menant sa propre enquête. Pour cela, elle doit fouiller le passé de la victime, mais aussi écouter toutes les séances de psy enregistrées sur cassette, à l'insu des patients. Or, ses découvertes vont mettre à mal ses convictions et réveiller ses vieux démons.

L'histoire réserve de nombreux tours de passe-passe où se mêlent des hommes et des femmes aux parcours traumatisants. Nous sommes à Buenos Aires, en 1987. Le pays se sent encore lourd des séquelles laissées par la dictature militaire, les familles pleurent leurs disparus, bourreaux et victimes n'ont pas tourné la page. Ce livre est un trou béant de détresse, que vivent des mères et des épouses, mais pas seulement. C'est assez tendu comme ambiance.

Et l'auteur de jongler entre cet héritage historique et le mystère de Lisandra, supputant les théories les plus folles. Héroïne tragique ou maîtresse de son sort ? L'histoire ne dit pas tout et cultive les zones d'ombre à la façon d'un polar. Suspense à foison, pistes multiples et compliquées, embrouillamini de versions pour une seule et même vérité (et encore ?). On gobe tout. J'émets, toutefois, une petite réserve sur la révélation finale, assez perturbante et plutôt mal venue... mais cela n'altère pas mon enthousiasme général.

Cette lecture bénéficie aussi d'une interprétation talentueuse grâce à un casting exceptionnel (Elsa Lepoivre, Danièle Lebrun, Jennifer Decker, Thierry Hancisse, Michel Favory et Thierry Frémont). C'est comme voir une pièce de théâtre se jouer sous notre nez, pour une exécution enlevée et parfaitement maîtrisée, qui pousse l'auditeur à zigzaguer entre soupçons et mensonges, traquant le moindre indice, en vain. Une lecture brillante et captivante !

Gallimard, coll. Écoutez Lire, janvier 2015 ♦ Lu par Elsa Lepoivre, Danièle Lebrun, Jennifer Decker, Thierry Hancisse, Michel Favory et Thierry Frémont (durée d'écoute : 7 h 30)

23 mars 2015

En poche ! # 39

Actualité florissante pour 2 auteurs que j'affectionne, Nathacha Appanah (En attendant demain, chez Gallimard) et Kazuo Ishiguro (Le Géant enfoui, aux éditions des Deux Terres). Pour l'occasion, Folio réédite 2 titres ... entre plaisir et découverte. ☺

 

Blue Bay Palace

Blue Bay Palace, de Nathacha Appanah 

Folio, rééd. 2015

Première parution en 2004

 

« Je me suis redressée brusquement et une goutte de sueur s'est échappée derrière mon oreille. Elle a suivi un moment la ligne de ma mâchoire, a glissé le long de mon cou pour trouver son chemin entre mes seins. Aujourd'hui encore, je la sens, cette trace première qui m'a marquée jusqu'au creux de mon ventre. Je regardais en silence ce garçon qui se tenait devant moi et tout ce que je sentais, c'était cette goutte de sel qui me caressait l'oreille, la mâchoire, le cou, la peau tendue entre les seins pour mourir dans mon nombril. J'ai eu l'impression stupide et pourtant si agréable que c'était son doigt qui descendait lentement, lentement... » 

Maya, une jeune beauté de dix-neuf ans, vit à Blue Bay où elle travaille au Palace, qui accueille les touristes fortunés. Folle amoureuse de Dave, patron du restaurant, elle découvre sa trahison en apprenant ses fiançailles dans le journal local. Dès lors, la jeune fille blessée décide de se venger en prenant pour cible “l'autre” qui a brisé son bonheur.

Cette spirale de la folie amoureuse est rapportée de façon étonnante, avec des termes lumineux et enflammés, qui entrent en symbiose avec le décor paradisiaque. Et pourtant, la réalité décrit une violence passionnelle, vouée à la tragédie, et les clivages sociaux de cette île qui ne vit que du tourisme. Quel contraste ! L'effet est saisissant, mais c'est magnifique et bouleversant. 

 

 

Auprès de moi toujours

Auprès de moi toujours, de Kazuo Ishiguro

Trad. de l'anglais par Anne Rabinovitch

Folio, Nouvelle édition 2015

 

Kath, Ruth et Tommy ont été élèves à Hailsham dans les années 90, une école idyllique, nichée dans la campagne anglaise, où les enfants étaient protégés du monde extérieur et élevés dans l'idée qu'ils étaient des êtres à part. Bien des années plus tard, Kath raconte cette enfance, en apparence heureuse, qui n'a jamais cessé de les hanter, au point de corrompre leurs vies d'adultes. 

La force de ce beau roman réside dans son charme mystérieux et romantique, alors que l'on découvre son histoire avec autant d'impatience que de curiosité. Personnellement j'ai à la fois été envoûtée, intriguée et décontenancée par les révélations distillées au compte-goutte. J'ai beaucoup aimé.

C'est une lecture sensible, d'une grande délicatesse, pudique et instinctive, servie par une plume classieuse et élégante (ah, Kazuo Ishiguro !...). À aborder avec la même minutie dont fait preuve l'auteur, sans attente particulière. 

 

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