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Chez Clarabel

24 janvier 2017

Tom, petit Tom, tout petit homme, Tom, de Barbara Constantine

Tom Petit TomQuel bonheur, ce roman ! Chaque livre de Barbara Constantine est un onguent pour adoucir les petits bobos de l'âme car on y retrouve avec certitude des histoires sans prétention, qui se lisent avec un sourire aux lèvres et qui nous donnent envie de croire à une vie simple et authentique auprès de personnages insolites. C'est dommage que l'auteur ne publie plus rien depuis Et puis, Paulette... en 2012.
L'histoire de Tom, Petit Tom, Tout Petit Homme, Tom est une ritournelle charmante, pimpante et tintinnabulante. C'est en effet un roman extrêmement joyeux et léger, même s'il ne nous raconte pas que des choses tendres et insouciantes non plus. Mais c'est justement parce que le sujet est traité sans misérabilisme que la pilule est plus agréable à avaler. Tom a onze ans. Il vit avec sa mère Joss dans un vieux mobil-home. Cette dernière n'a même pas vingt-cinq ans, elle collectionne les petits boulots et néglige souvent son rôle de maman pour sortir faire la fête sur sa mobylette. Tom a grandi en se débrouillant seul. Souvent, il se faufile dans le jardin de ses voisins, un couple d'excentriques qui se disent vous et qui parlent avec un accent anglais, pour leur chiper des légumes ou pour regarder la télévision derrière leur fenêtre. Il ignore tout de son père, ne doit surtout pas ennuyer Joss avec des questions inutiles et a l'obligation de l'appeler par son prénom, sinon elle se fâche. De toute façon, Tom est un môme accommodant. Il aime aussi se rendre utile, comme avec Madeleine, une vieille dame solitaire, qui a la mémoire flageoleante et qui oublie de manger au point de s'évanouir dans ses plans de choux. Heureusement, Tom veille au grain ! Mais qui vient à la rescousse du Petit Tom ? Pour ça, les anges gardiens ne manquent pas. Entre Samy, l'ami d'enfance de Joss devenu croque-mort, Archibald et Odette, les voisins pas si aveugles, et aussi sa propre mère qui exprime avec maladresse son amour pour son petit homme et qui apprend à grandir en même temps que lui...
Bref. Il règne par-dessus tout une humeur radieuse dans ce livre. Et c'est tant mieux. Tous les petits tracas sont balayés en un tour de main. Chaque personnage constituant le maillon d'une formidable chaîne humaine, la solidarité est inaliénable à la bonne coordination de l'intrigue. On s'attache aux uns et aux autres, on se soucie de leurs problèmes, on les retourne sans complexe et on sourit devant l'évidence, on ne badine pas avec les sentiments, on s'aime sans trop l'avouer, et puis on s'offre des cadeaux sous toutes les formes (une robe, des madeleines de commercy ou des bocaux de sauce tomate). Cela coule de source et ça fait un bien fou ! C'est finalement une promenade bucolique rafraîchissante et chaleureuse.

Je recommande également la version audio lue par Benjamin Jungers qui apporte son lot de tendresse, de fantaisie et de folie douce à cette histoire qui revendique une véritable noblesse de cœur. Le comédien adopte à juste titre un ton enfantin, pas bêtifiant, mais qui souligne l'innocence de Tom face à des situations parfois dramatiques. Le môme ne manque pas de ressources et nous le prouve tout au long du roman qui rappelle que l'entraide et la générosité constituent une façon toujours délicate d'avancer au mieux dans la vie. J'ai follement aimé. ☺

Texte intégral lu par Benjamin Jungers pour Audiolib (Janvier 2017) - durée : 4h 03

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23 janvier 2017

Lock & Mori, de Heather W. Petty

Lock moriToujours dans ma monomanie holmesienne, j'ai opté pour le roman suivant - Lock & Mori, qui propose une nouvelle interprétation du couple fatal de Sherlock et Moriarty.
Direction l'Angleterre du XXIe siècle. Lock et Mori sont tous deux lycéens, lui est un excentrique passionné de chimie, qui s'enferme dans un laboratoire sous le théâtre de l'école pour se livrer à des expériences improbables, et elle... oui ELLE, porte le nom de James “Mori” Moriarty et affiche une morgue pour mieux se protéger car la jeune fille vit un drame personnel dont elle a honte. La rencontre entre ces deux-là n'est malheureusement pas explosive, mais leur relation ne va pas se tisser sans heurt ni passion. Tout commence par un défi, lancé par Lock à Mori : démasquer ensemble le tueur en série qui sévit dans les rues de Londres. Même si la compétition fait rage, leur enquête ne doit pas étouffer les indices trouvés et faire état de toutes les observations glanées en chemin. Seulement, Mori va déroger aux règles établies et ne pas partager certains secrets et autres doutes qui vont rapidement poindre. Or, si elle ose en parler, c'est toute sa vie qu'elle met en péril. 
D'abord déçue par la couverture du livre, j'ai ensuite été chagrinée par son contenu : pas de vrai suspense, des personnages sans relief, manque d'alchimie et une propension au  mélodrame un poil trop présente. Cette mise en scène contemporaine des personnages mythiques de Sherlock Holmes et Moriarty n'est finalement pas à la hauteur des attentes, l'auteur focalise l'attention sur les tourments de l'adolescente qui vit dans un foyer plongé dans le cauchemar depuis la mort de la mère. Son père, pourtant inspecteur de police, a sombré dans l'alcool, la dépression et la violence... mais nul n'en a conscience car Mori prend garde à préserver ses frères. Elle encaisse les coups et les humiliations en serrant les dents, d'où son attitude fuyante avec Lock, alors qu'il l'attire beaucoup. Mais leur relation est très en-dessous de son potentiel, c'est plat, sans sucre, sans miel, sans sel, sans piment. Complètement fade. Sans compter qu'on voit tout venir à des kilomètres à la ronde, il n'y a aucune surprise, que ce soit dans l'intrigue policière ou dans l'évolution de leur histoire amoureuse. C'est fichtrement banal et languissant. Suis très déçue. On a là une lecture insipide malgré une initiative savoureuse en imaginant Sherlock Holmes et Moriarty hors de leur contexte habituel. Le flop total.

Traduit par Luc Rigoureau pour les éditions Hachette - Octobre 2016

 

Original Title : Lock & Mori

 

23 janvier 2017

Sherlock, Lupin & moi : Le Mystère de la dame en noir, par Irene Adler

Sherlock lupin et moiEn vacances avec sa mère à Saint-Malo, la jeune Irene Adler fait la connaissance de deux garçons de son âge, Sherlock Holmes et Arsène Lupin, durant cet été 1870. Tous trois deviennent inséparables et se promènent sur les remparts de la ville ou prennent le large à bord de leur petite barque pour échapper à la vigilance trop étroite de M. Nelson, le majordome des Adler. C'est donc par hasard qu'ils découvrent sur la plage le corps d'un homme échoué, puis qu'ils aperçoivent non loin une silhouette encapuchonnée qui prend la fuite en se sachant observée. Les trois camarades créent aussitôt leur club de détectives amateurs pour résoudre ce mystère, voyant que la police locale s'emmêle les pinceaux pour conduire son enquête. Mais à force de fourrer leur nez dans les affaires malouines, les habitants grondent contre ces jeunes intrus qui perturbent leur tranquillité. 
L'histoire ne manque pas de rebondissements et nous guide dans les dédales de la charmante station balnéaire en dégageant un parfum d'exaltation et de légèreté. L'intrigue combine suspense, action, danger et émotion avec habileté et sans esbroufe inutile. On se délecte aussi de l'ambiance cosy des vacances en bord de mer et du merveilleux cadre du 19ème siècle, avec s
es grandes et belles villas cossues, ses rituels de l'après-midi autour d'une partie de bridge ou d'une tasse de thé. À côté de ça, la jeune Irene, plus intrépide que jamais, s'échappe du carcan maternel pour vivre de palpitantes aventures en compagnie de ses deux amis. Et c'est justement la rencontre surréaliste de ces trois figures littéraires, flanquées d'une douzaine d'années, qui rend ce petit roman si attachant et curieux ! On y trouve déjà un Sherlock arrogant et vif, un Lupin malicieux et enjôleur et notre jolie Irene qui raconte leur étonnante rencontre et la naissance de leur amitié... avant tout le reste. 
Il s'agit en fait de Pierdomenico Baccalario (auteur de Ulysse Moore & La Boutique Vif-Argent) et Alessandro Gatti les réels instigateurs de cette nouvelle série. Le ton, le style, les illustrations de Iacopo Bruno sont d'ailleurs reconnaissables entre mille. L'idée également est attrayante. C'est toujours cocasse de plonger dans une histoire mettant en scène des personnages de fiction qui reprennent vie sous une autre plume et dont on imagine une enfance, des copains, des premiers émois etc. On prend ainsi plaisir à noter les détails et les références car les auteurs n'ont pas fait le job à moitié et ont puisé dans une matière consistante sans dénaturer l'objet de leurs études. Sherlock, Lupin et Irene sont jeunes et insouciants, ils ont pour passion commune les énigmes à découdre, ils grandissent auprès de leur famille dont on perçoit les failles ou les richesses à venir (les leçons de gym avec le scandaleux Théophraste, la voix divine d'Irene, les rapports délicats entre Mycroft et son frère). Pour l'heure, ce premier tome pose les bases et laisse planer le doute en titillant le lecteur pour le forcer à revenir s'il souhaite connaître d'autres vérités et expliquer comment ces trois-là ont vécu le destin que l'on sait. 
Séduite par tant de promesses, j'accepte avec joie cette invitation ! 

Traduit de l'italien par Béatrice Didiot pour les éditions Albin Michel Jeunesse - Janvier 2017

23 janvier 2017

Robyn Silver contre les créatures de la nuit, de Paula Harrison

Robyn silverRobyn Silver, dix ans, se sent transparente au sein de sa famille. Elle rêve d'une vie différente et s'imagine être l'héroïne d'une aventure extraordinaire. Son souhait va malgré tout se réaliser.
Un jour, elle aperçoit dans la cuisine de sa maison des créatures terrifiantes, couvertes d'épines. Ses proches pensent qu'elle est en plein délire car ils ne voient rien. La fillette ronge son frein mais découvre, le lendemain matin, que son école a été ravagée par une tempête. La directrice est au bord du désespoir, quand l'assistante du mystérieux Cryptorum, un étrange vieil homme qui vit reclus dans sa grande demeure, leur propose d'utiliser le manoir de Sombretour en attendant les réparations. Cette offre est trop belle pour être honnête, se dit Robyn. Et en effet, l'accueil réservé par le propriétaire des lieux est loin d'être chaleureux. 
Curieuse et intrépide, Robyn va déroger au réglement pour parcourir la maison de fond en comble avec son ami Aiden. Ils vont ainsi croiser une autre camarade, Nora, et réaliser que tous trois ont en commun la particularité de VOIR les fameuses créatures terrifiantes ! Comme ils vont l'apprendre assez rapidement, les trois enfants sont des Carillons, nés à minuit pile, ils sont capables de discerner les créatures du Monde Invisible. Cryptorum rouspète car ce ne sont que des enfants innocents, et pourtant il n'a pas d'autre choix que de les former pour se préparer à combattre leurs ennemis, dont la redoutable Pearl, une vampire qui prévoit un retour fracassant. 
Quelle lecture étonnante ! On ne soupçonne pas au début dans quel guêpier elle va nous mener. C'est donc d'autant plus excitant de découvrir son univers, qui révèle son potentiel sombre et inquiétant au fil des chapitres. Plus on avance dans l'histoire, et plus on pénètre dans une aventure cernée de danger et d'imprévu. L'angoisse monte d'un cran, surtout pour un jeune lecteur impressionnable (8-12 ans), mais c'est franchement génial ! De plus, les illustrations d'Alban Marilleau jouent aussi avec les nerfs du public en se voulant aussi énigmatiques et saisissantes d'effroi. 
Le pari de servir une nouvelle série riche en sensations est pleinement réussi ! C'est une chouette trouvaille, qui pourrait démentir les attentes d'une simple lecture distrayante, car c'est autrement plus palpitant ET divertissant. 

Traduit par Axelle Demoulin & Nicolas Ancion pour les éditions Seuil Jeunesse - Janvier 2017

Titre VO : Robyn Silver and the Midnight Chimes

20 janvier 2017

Marquer les ombres, de Veronica Roth

C'est l'événement du mois ! La parution du nouveau roman par l'auteur de la trilogie à succès, Divergente. Veronica Roth nous propose cette fois un space opera audacieux, avec pour intrigue une lutte de pouvoir, de famille, de haine et d'amour. 

MARQUER LES OMBRES

Akos Kereseth grandit auprès des siens dans la pacifique nation de Thuvhé lorsqu'il est arraché brutalement de son foyer, avec son frère Eijeh, pour être conduit chez les Shotet. Le nouveau souverain, Ryzek Noavek, veut contrôler son destin depuis qu'une prophétie a annoncé sa chute par leur faute. Akos a juré de sauver son frère de leur triste sort, mais va endurer durant des années persécution, humiliation et maltraitance. On lui confie également le rôle de garde du corps de Cyra Noavek, la sœur du despote. Cette dernière possède le don de provoquer des douleurs atroces par un simple contact, seul Akos est insensible à son flux et lui prépare des infusions pour canaliser ce trop-plein de mauvaise ondes. À force de rester en contact rapproché et permanent, ces deux-là tissent une relation qui s'apparente à une complicité amoureuse pleine de pudeur, même si le contexte géopolitique les incite à être également sur leurs gardes car leurs ennemis ne manquent pas. Entre le cruel et tyrannique Ryzek, qui se sert des pouvoirs de sa sœur ou de la vulnérabilité de Eijeh, devenu le nouvel oracle, pour asseoir son autorité et contrôler Akos, sans oublier les renégats qui veulent renverser le système en place et qui nouent des alliances sans garantie de retourner leur veste un jour ou l'autre, l'ambiance est assez tendue et étouffante.

Au final, il y a très peu de place pour l'action. L'auteur privilégie la forme, en fignolant son univers et son écriture. C'est beaucoup plus structuré, plus soigné, mais au détriment des émotions et des sensations. Le fond est creux. L'histoire est lente à se mettre en place. Le rythme est inégal. En somme, j'ai trouvé ce roman beaucoup trop ambitieux, et donc fastidieux à lire. De plus, les personnages ne sont pas attachants. On ne se passionne pas non plus pour leur histoire. Leur relation est plate, elle ne renvoie aucune âme, aucune tendresse. C'est comme pour tout, sans saveur, sans excitation. J'ai rapidement fait le tour d'horizon de leur aventure, laquelle est très torturée, mais vraiment peu attendrissante. À aucun moment je n'ai été touchée ni n'ai ressenti de l'intérêt pour les rudiments de leur quête. C'est une grande frustration, une amère déception pour ce roman pourtant très attendu et autour duquel le mystère a été bien ficelé jusqu'à la date de sa sortie mondiale.

J'ai opté pour le livre audio, disponible en exclusivité sur Audible. On retrouve ainsi Marine Royer, également la narratrice de la série Divergente, qui réussit le tour de force de nous plonger dans cet univers intersidéral aux thèmes universels (la famille, la fratrie, les non-dits, le pouvoir) mais qui ne s'éloigne jamais totalement des sempiternels tourments (les marques corporelles, les choix discutables et les destins impossibles). Une lecture agréable à écouter, si ce n'est un contenu monotone et hélas lassant.

Texte lu par Marine Royer pour Audible Studios - Durée : 15h 19

>> Texte en version intégrale uniquement disponible en téléchargement sur le site Audible (exclusivité).

© L'édition originale de ce livre a été publiée pour la première fois en anglais aux États-Unis aux éditions Katherine Tegen Books, HarperCollins Publishers, sous le titre Carve the Mark Volume 1. © 2017 par Veronica Roth. Tous droits réservés.

Traduction française © 2016 Éditions Nathan (P)2017 Audible FR

Marquer les ombres | Livre audio

 

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18 janvier 2017

L'Affaire de la belle évaporée, de J.J. Murphy

L'Affaire de la belle évaporée

Quelle lecture exquise ! Imaginez un soir de décembre dans les années 1920, dans le prestigieux hôtel Algonquin à New York...
L'acteur de cinéma Douglas Fairbanks et sa compagne Mary Pickford organisent un gigantesque raout où l'alcool prohibé coule à flot. Au milieu de l'effervescence générale, pourtant, un cas de variole se déclare et l'établissement est mis en quarantaine. Les esprits chagrins se consolent aussitôt en se servant une nouvelle coupe, pendant ce temps la starlette Bibi Bibelot fait le show. Entièrement nue, parée d'un médaillon d'argent, la blonde écervelée se glisse dans la baignoire remplie de vin pétillant et amuse la galerie avec ses air aguicheurs. Quelques heures plus tard, on retrouvera son corps sans vie dans la même position. 
J'avoue avoir immédiatement été embarquée par l'ambiance du roman ! C'est pimpant, c'est léger, c'est vintage et c'est charmant. Mais il y a un autre atout indéniable : cette chère Dorothy Parker. Femme de lettres et d'esprit, Dorothy est également connue pour son humour caustique et ses bons mots. Et il faut reconnaître à J.J. Murphy ce talent incontestable d'avoir saisi cette essence pour donner vie à une héroïne pleine de finesse et d'intelligence. L'Algonquin constituant son terrain de jeu propice pour son Cercle Vicieux, il n'était pas rare de la croiser autour de la fameuse table ronde en compagnie de son groupe d'intellectuels. On la retrouve ainsi avec Alexander Woolcott et Robert Benchley dans l'euphorie de la fête et au premier rang dans la découverte du drame. Experte dans l'art du Jeu de l'Assassin, notre éminente chroniqueuse se lance aussitôt sur la piste du coupable... avec l'assistance du non moins célèbre Sir Arthur Conan Doyle ! De passage en ville, l'écrivain britannique cherche ainsi à démontrer l'étendue de ses compétences, n'est pas le père de Sherlock Holmes qui veut, après tout. Mais le travail d'équipe peut poser souci et ne pas être l'apanage de cette fine équipe, chacun cherchant à asséner le coup de massue au détriment de l'autre, soit pour briller en société soit pour enquiquiner le monde.
C'est donc dans cette cacophonie que se dessine une intrigue guillerette et survoltée, où l'on suit les uns et les autres courir dans les escaliers, se planquer dans les monte-charges, batailler contre l'ennui, verser dans les plus folles spéculations, tirer des conclusions hâtives, observer leurs contemporains, épingler les anomalies, avaler une petite louche de champagne, espérer un interlude romantique et louper le gong final. C'est absolument réjouissant. On se croirait dans une comédie tout feu tout flamme, avec du rythme, du souffle, de l'éclat et des bulles. La mise en scène de personnages réels dans un contexte imaginaire apporte aussi ce supplément d'âme à une lecture par ailleurs ordinaire mais qui revêt soudain des couleurs chatoyantes. C'est raffiné, drôle et pittoresque. J'ai tout aimé dans ce livre ! 

éditions Baker Street / Novembre 2016 - Traduction par Yves Sarda [A Friendly Game of Murder]

Illustration de couverture : Lucie QZN

Disponible en Folio Le cercle des plumes assassines [Murder your darlings]

  

(cliché 1) Mary Pickford & Douglas Fairbanks (cliché 2) Art Samuels, Charlie MacArthur, Harpo Marx, Dorothy Parker & Alexander Woollcott "The Round Table Vicious Circle" 

 

17 janvier 2017

Terminus Elicius, de Karine Giébel

TERMINUS ELICIUSSecrétaire dans un commissariat de police à Marseille, Jeanne prend le train chaque jour depuis Istres en s'installant toujours sur la même banquette. Un soir, elle trouve une lettre adressée à son nom. Un certain Elicius lui déclare sa flamme, puis lui révèle un autre aspect de sa personnalité. C'est lui l'auteur des crimes en série qui mettent à cran le capitaine Esposito avec lequel Jeanne travaille. Sous le choc, la jeune femme est d'abord tentée de tout raconter à son supérieur avant de se raviser. Pourquoi ? Jeanne est une petite souris au physique quelconque, à l'existence insipide et aux troubles obsessionnels compulsifs. Fragile et émotive, elle va lier avec cet individu une relation amoureuse, aussi inconvenante soit-elle, et qui la fait fatalement basculer dans des délires profonds.
Le roman part ainsi loin dans la spirale de la folie et des troubles comportementaux. C'est assez prégnant, au point d'en ressentir un sentiment de malaise. Je le répète, je ne supporte pas les désaxés dans les bouquins. Hélas pour moi, Karine Giébel en a fait une constante, cf. Juste une ombre par exemple, d'où un sentiment de ras-le-bol et de frustration ! Je n'ai pas aimé le personnage de Jeanne (sa psychose, son abrutissement, sa démence et sa paranoïa...). Bref. C'est étouffant et très dérangeant. Mais d'un autre côté, c'est toute la force de l'intrigue dont on découvre les rouages à force d'avancer dans le brouillard. L'ambiance est lourde, on ne porte aucun crédit à ce qu'on nous raconte et on s'embarque dans cette sinistre aventure en redoutant le pire. J'ai néanmoins trouvé le dénouement étriqué et peu ambitieux. J'espérais mieux. Et la soudaine “prise de conscience” du capitaine Esposito est trop risible pour l'envisager sérieusement. Premier roman de l'auteur, préalablement publié en 2004 aux éditions La Vie du Rail, Terminus Elicius a été remis au goût du jour par Belfond mais accuse encore une certaine verdeur, un manque de maturité, tout en laissant apercevoir son potentiel. Une nouvelle inédite (Aurore) est proposée en fin d'ouvrage, elle s'écoute en une heure et se révèle parfaitement anecdotique. Une lecture en demi-teinte, donc. 

Les amateurs de lecture audio auront plaisir de reconnaître en Micky Sebastian la voix de Sharon Stone ou de Samantha dans Sex and the City (Kim Cattrall). Son interprétation colle au mieux au caractère à fleur de peau de Jeanne, frôlant parfois l'hystérie, mais rendant l'histoire juste et sensible, glaçante d'effroi et d'angoisse. C'est saisissant, et néanmoins très bon ! 

Texte lu par Micky Sebastian pour Audible Studios- Durée : 8 h

>> Texte en version intégrale uniquement disponible en téléchargement sur le site Audible (exclusivité).

©2016 Belfond (P)2016 Audible FR

Terminus Elicius | Livre audio

16 janvier 2017

Harry Potter et l'Ordre du Phénix, de J.K. Rowling & Lu par Dominique Collignon-Maurin

Harry Potter et l'Ordre du Phénix CD

Ce pavé représentant pas loin de 1000 pages, on double aussi notre temps d'écoute, soit près de 31 heures, pour plonger dans un cinquième tome long, lent et volubile. Mais on le supporte sans peine car l'univers est si captivant !

Suite à l'issue tragique du Tournoi des Trois Sorciers, Harry Potter clame haut et fort le retour de Voldemort. Or, le ministère refuse de l'entendre et cherche à le bâillonner en salissant sa réputation dans la presse ou en le menaçant de l'exclure de Poudlard. Dumbledore, le directeur, se montre étrangement distant, ses amis Ron et Hermione n'ont donné aucune nouvelle durant les vacances, et des Détraqueurs sont apparus à Little Whinging pour attaquer Harry et son cousin Dudley. C'est bien tardivement que le garçon découvre l'existence d'une garde rapprochée, autrement dit l'Ordre du Phénix, auquel appartient son propre parrain. Cette résistance de l'ombre est néanmoins encore impuissante et s'épuise à se battre contre les ignorants, tandis que l'ennemi prépare son offensive sans perdre de temps. 

La rentrée s'annonce douloureuse et frustrante pour Harry, qui explore en même temps les joies de l'adolescence. Ô misère. Ils sont jeunes, fougueux et impatients, et aussi bêtes, jaloux et morveux. L'année promet son lot de singeries, comprenant les premiers émois amoureux, les rapprochements timides, les marmonnements inaudibles et les bisbilles futiles... Car Harry Potter est un héros en colère et ce n'est pas l'arrivée de Dolores Ombrage, chargée par le ministère de fourrer son nez dans les affaires de Poudlard, qui viendra calmer le feu qui brûle dans ses entrailles ! Oh non. Cette femme est stupide, mais redoutable. Et son acharnement, féroce. Ainsi s'écoule la vie de nos apprentis sorciers, entre les cours, les potions, les examens de fin d'année, le Quidditch, les hiboux, les elfes de maison, les feux de cheminée, les rendez-vous à Pré-au-Lard... et l'Armée de Dumbledore - Harry et ses amis ont outrepassé l'interdiction suprême et mis au point une ruse infaillible pour s'entraîner à lutter contre les forces du mal sous le nez de la Grande Inquisitrice ! Woow.

C'est long, c'est vrai, mais on ne peut qu'admirer la profusion de détails pour élaborer cet univers magique. Il y a sûrement trop d'éléments secondaires, comme les turpitudes des personnages, et d'autres qui apportent un éclairage inestimable, dont l'hôpital de Ste Mangouste et le drame des Londubat, l'occlumancie et les souvenirs de Rogue. La trame principale apparaît bien mince, concernant la lutte du bien contre le mal, et ne se déploie que dans les derniers chapitres. Comme souvent, le dénouement est tourbillonnant, intense et déchirant. Tout se bouscule et se précipite en quelques chapitres, hormis la discussion finale entre Dumbledore et Harry qui vaut son pesant d'or. 

Côté technique, Dominique Collignon-Maurin a repris le flambeau après la disparition de Bernard Giraudeau et a reproduit exactement la même interprétation, pleine de verve et d'intensité. J'ai juste trouvé que, parfois, il surjouait avec les voix de Dolores Ombrage ou de Hermione en particulier, ce qui rend la lecture un peu lourde et agaçante. Sinon, dans l'ensemble, j'ai été transportée par le faste de cette histoire ambitieuse et palpitante. Je suis même ravie de retrouver la série en format audio, après avoir craint pour son suivi, et j'attends les deux prochains épisodes avec joie ! Que le comédien adopte mesure et modération dans son ton et sa lecture, et ce sera parfait. ☺ 

Traduction de Jean-François Ménard pour Gallimard Jeunesse / Coll. Ecoutez Lire - Octobre 2016
Texte intégral lu par Dominique Collignon-Maurin pour une durée d'écoute d'env. 31 heures
Titre VO : Harry Potter and the Order of the Phoenix

Harry Potter et l'Ordre du Phénix

Cover Illustrations by Olly Moss © Copyright Pottermore Limited 2015

13 janvier 2017

Pêle-Mêle : Bric à brac magique - La mer enchantée - Illuminature - Parades

bric a brac magique

Voilà un livre stupéfiant, qui lance le lecteur sur une piste de décryptage de feuilles (découpées au laser), lesquelles révèlent par le truchement de la superposition des mots... magiques ! 

L'histoire est simple, elle nous entraîne dans l'univers des magiciens et de leurs précieux accessoires, comme le balai, l'armoire, la baguette, la cape invisible etc. La prouesse, donc, consiste bien à deviner les outils en question. Certains sont plus faciles à deviner que d'autres, mais l'exercice est habile car il ne nous lâche pas d'une semelle.

Plus on tourne les pages de ce livre original, plus on se prend au jeu pour pénétrer les arcanes d'un monde fabuleux ! Rien que pour la technique, le travail de patience et de précision, cet album vaut bien le petit coup d'œil ! ;-) La chute, d'ailleurs, est fabuleuse et cocasse. Quel est l'objet magique par excellence ? À vous de le découvrir. ^-^

Bric à Brac Magique, de Lysiane Bollenbach, Diane Boivin & Camille Von Rosenschild

Seuil jeunesse, 2016

 

la mer enchantee

Après La Forêt enchantée, On retrouve l'univers judicieusement enchanteur d'Aina Bestard dans ce fantastique album qui se découvre avec le support des trois loupes de couleurs différentes (rouge, bleu, vert) et offre ainsi une triple perspective de lecture ! 

La mer semble bien tranquille et silencieuse, mais il ne faut pas s'y fier. Que peuvent bien dissimuler ses profondeurs ? Des trésors cachés sous les algues ou derrière les rochers, des habitants inattendus, comme les anémones, les crabes, les coquillages, mais aussi les baleines et les pingouins ! Pour sûr, le spectacle est partout ! Grâce aux trois loupes magiques, il n'aura plus de secret pour le lecteur. Cette manière d'aborder la lecture est excitante, car selon la couleur choisie, l'histoire met l'accent sur une atmosphère et donne l'illusion de lire une nouvelle histoire selon sa loupe !

Une découverte fascinante et ludique des fonds sous-marins.

La Mer Enchantée, d'Aina Bestard

Seuil Jeunesse, 2016

 

 

On retrouve cette superposition des couleurs dans ce magnifique album qui réserve également une lecture multidimensionnelle, selon le filtre sélectionné, et permet ainsi une meilleure exploration des différentes strates de la nature ! 

illuminature

On parcourt ainsi la jungle, les océans, la savane, en gros toutes les forêts du monde, pour observer les animaux dans leur habitat naturel et percer tous leurs mystères. La fresque est époustouflante, l'univers chatoyant et la lecture devient un jeu qui associe la connaissance au spectacle sensationnel. Une découverte toujours étonnante et magique !

Illuminature, de Rachel Williams & Carnovsky

Milan, 2016

 

 

parades

Pour boucler cette parade spectaculaire de la nature dans tous ses états, penchons-nous sur l'ouvrage de Frédéric Clément, qui avait su m'émerveiller l'an dernier avec son album Métamorphoses. Merveille parmi les merveilles.

C'est toujours un bonheur de retrouver son univers qui allie la beauté, l'élégance, la poésie et le lyrisme... sans jamais basculer dans l'emphase. Ce sont des albums délicats et d'une sensibilité unique. Je suis totalement subjuguée. Cette fois, l'auteur nous entraîne dans un documentaire qui raconte en mots et en images les parades amoureuses... de la luciole, du fugu, du paon, du paradisier, de l'hippocampe ou du jardinier satiné.

Ce sont autant de numéros de cabrioles, de prestidigitation, de majesté et de créativité qui se dévoilent sous nos yeux ébahis. Pour nous embarquer dans cette farandole, comptons aussi sur le maître de cérémonie, qui enthousiasme par son texte lumineux, les différentes parades nuptiales aux couleurs, aux émotions et aux sensations diverses. Une lecture impressionnante de finesse, de précision et de beauté. 

Parades, de Frédéric Clément

Seuil Jeunesse, 2016

 

 

13 janvier 2017

La Brigade des Poussins, de Doreen Cronin & ill. par Kevin Cornell

L'Affaire de la terrible chose géante & L'Affaire du Bizarre Poussin bleu

L'affaire du bizarre poussin bleu L'affaire de la terrible chose géante

J'ai découvert cette série l'été dernier et j'ai tout de suite été intriguée par ses couvertures rigolotes, ses histoires se passant dans un poulailler et ses poussins qui s'improvisent détectives... Assez pour trouver le cocktail délicieux. Et la composition a été savoureuse. Car ce sont des lectures qui savent à la fois surprendre, distraire et enthousiasmer.
Des poussins reçoivent les doléances d'autres créatures en détresse - soit un bizarre poussin bleu, en vrai c'est un geai bleu de Californie, ou un écureuil qui a peur de son ombre.Dans le premier cas, il est question de disparition d'une maison, dans l'autre il s'agit plutôt d'une apparition. Une terrible chose géante a surgi dans le jardin, cela ressemble à une soucoupe volante, et il ne faut pas grand-chose pour que les esprits s'échauffent. Des aliens vont débarquer pour kidnapper les poussins, etc. Noisette l'écureuil est désespérément émotif et s'évanouit toutes les cinq minutes... au grand dam de Maman Poule qui rouspète et menace d'en faire un tapis ! Ah, ah.
Mais revenons à l'affaire du poussin bleu, pardon le geai bleu de Californie, qui accuse un oiseau d'1 m 80 d'avoir chipé sa petite cabane en bois. Le portrait-robot du criminel est tracé, et là c'est la stupéfaction générale ! Mais la brigade des poussins est apte à répondre à toutes les missions. Et donc, elle multiplie les filatures et prend tous les risques. Heureusement, J.J. Tully, chien secouriste à la retraite, a toujours un œil sur eux.
Le résultat est franchement drôle. Cela constitue une lecture enjouée, sur des livres d'à peine 100 pages, largement illustrés, en noir et blanc. Les expressions des poussins, leur maladresse et leur niaiserie en font des héros à plumes très convaincants ! Les enfants vont adorer. Moi aussi. ☺

traduit par Alexandra Maillard, pour les éditions Nathan (Juillet 2016)

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Various drawings from the first Chicken Squad book.

source : Kevin Cornell

 

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