Un nouvel album de Pomelo signifie hola de joie dans la maison et promesse d'une lecture bidonnante ! C'est parti.
Quand tout lui semble noir ou blanc, Pomelo regarde autour de lui et redécouvre soudain...
le rouge hypnotisant de l'amour
le jaune jamais pareil du pipi
le rose cul-cul la praline du bonheur
le vert de quand on n'y arrive pas
le noir de l'aventure
etc.
Cet album, c'est une formidable leçon de choses à travers l'évocation de couleurs déclinées de façon poétique et humoristique. On y trouve des associations souvent désopilantes, tellement caractéristiques de l'esprit propre à Pomelo (oui, il existe !) . C'est facétieux, un peu coquin et ça fait marrer dans les chaumières. Et à chaque fois, c'est le regret d'avoir fini trop vite. Pomelo c'est aussi une relecture rien que pour le plaisir de pêcher les petites perles que j'aurais oubliées les fois d'avant.
Pomelo et les Couleurs, par Ramona Badescu & Benjamin Chaud Albin Michel jeunesse, 2011
L'Oiseau Arlequin est en fait un conte birman mettant en scène un lion, roi des créatures terrestres, et un dragon-serpent, qui règne sur les mers en vrai tyran. Deux politiques totalement différentes, mais qui cohabitent du mieux qu'elles peuvent. Arrive le jour où le lion commet une transgression en se baignant dans l'eau de son voisin. Quelle terrible provocation ! Le dragon-serpent crache de colère et réclame justice sous la forme d'un duel qui se tiendra le matin du huitième jour suivant celui-ci. Le lion est vaincu d'avance et rentre dépité faire ses adieux à ses sujets. Il faudra compter sur la ténacité et l'ingéniosité du lièvre doré pour trouver une solution qui sauvera la mise du souverain (quel gros patapouf, celui-là !).
Je n'en divulgue pas davantage, même si ce conte se dévoile sans surprise. La tournure est effectivement rusée et intelligente, elle séduira les plus jeunes. Les illustrations de Delphine Jacquot sont magnifiques et concentrent toute notre attention, l'esthétisme est grandiose, soigné et joue le jeu de la fantaisie (les animaux portent les costumes typiquement birmans). A parcourir pour s'en mettre plein la vue !
L'Oiseau Arlequin, par Pascale Maret & Delphine Jacquot (éditions Thierry Magnier, 2011)
L'album d'Aurélia Grandin a également été l'occasion d'admirer le travail de l'illustratrice en demeurant bouche bée. Il y a des moments comme ça ...
Le jour où un magnifique dragon se pose au fond de sa vallée, la vie de Mi change pour toujours. Elle quitte sa maison avec son petit baluchon et part courir le monde sur le dos de son nouvel ami. Au cours de son fantastique voyage, Mi fait de nombreuses rencontres : Mimouchi et son escargot Mo qui ont été obligés de fuir leur village à cause de terribles monstres à plumes, Kikakouki qui s’ennuie dans son marais, et Nouki et Nouko qui ont le cœur gros. Afin d'aider ses nouveaux amis, Mi se lance à la recherche de Kalaka la magicienne, seule capable de faire souffer le bonheur sur les quatre vallées…
La technique d'Aurélia Grandin s'appuie sur un assemblage de découpage, de collage, de peinture, de dessin pour un résultat remarquable, aux couleurs éclatantes. C'est le deuxième album que je lis d'Aurélia Grandin, et de nouveau j'ai pris plaisir à renouer avec cet univers singulier, poétique et luxuriant.
Mi et les quatre vallées, par Aurélia Grandin (Actes Sud junior, 2011)
Pourquoi la vie est-elle si difficile ? Aide-nous à remettre des fleurs au printemps, fais souffler le bonheur sur nos quatre vallées.
Ok, c'est loin d'être une lecture originale, puisqu'elle surfe sur la tendance du moment, et nul doute qu'elle trouvera grâce aux yeux des jeunes lectrices qui en apprécient les ficelles, pour ma part je suis restée sur ma faim. L'héroïne, Kylie, a dix-sept ans et est suivie par un psy du fait de cauchemars nocturnes qui angoissent sa mère. Après sa rupture avec son petit copain, elle décide de se changer les idées en se rendant à une soirée qui tourne à la catastrophe. Résultat, Kylie doit passer ses vacances d'été dans un camp pour ados rebelles à Shadow Falls. L'adolescente ne décolère pas et cela triple ses ressentiments envers ses parents, ces derniers sont en cours de divorce et elle le vit très mal. De toute façon, Kylie m'est vite apparue comme une jeune fille compliquée et tête à claques, également donneuse de leçons en rapport avec l'attitude de sa copine Sara (qui couche !) ou de son ex, Trey (qui veut coucher !). Autre détail agaçant : Kylie s'entiche d'un type qui ressemble physiquement à son ex ! Pff, quelle gourde, me suis-je dit. Je n'ai pas tout de suite été irritée par l'héroïne, c'est venu tout doucement, au fil des chapitres. Au départ, le climat à Shadow Falls est étrange et captivant, on y découvre que c'est finalement un camp réservé aux jeunes possédant des spécificités surnaturelles mais il semblerait que Kylie demeure une inconnue. Ses cauchemars seraient-ils la clef de l'énigme ? L'histoire est assez longue, elle prend son temps pour planter le décor, pour présenter les personnages, pour amorcer les relations sentimentales aussi. A partir de là, j'ai lâché prise. Quel ennui ! C'est plat, affreusement volage et inconsistant. Partout où elle passe, Kylie fait tourner les têtes et passe pour une mijaurée : un jour dans les bras d'un type, à ressentir "le vent de la passion" en échangeant un simple baiser, un jour suivant aux crochets d'un autre, à imaginer "les étoiles étinceler, comme tout droit sorties d'un film de Disney"... mouaip ! Bémol sur le casting, donc. Sans quoi, l'intrigue se révèle mystérieuse et envoûtante, la quête d'identité un cheminement lent et insolite, le tout passerait facilement pour un cocktail judicieux et alléchant, mais le parfum ne m'a pas enivrée plus que de raison. C'est une affaire de goût, je n'en tire aucune conclusion bien entendu. :)
Nés à Minuit, tome 1 : Attirances par C.C. Hunter Michel Lafon 2011 - 400 pages - 15,95€ traduit de l'anglais (USA) par Marianne Roumy