À cache-cache, de M.J. Arlidge
Série longtemps sous-estimée à cause de son univers trop glauque... j'avais carrément eu le bourdon après ma première lecture. Je me répète, mais bon.
Oxygène avait été l'élément déclécheur et avait su me montrer tout ce qui me botte : des personnages cabossés, des histoires sur le long cours, des enquêtes bien ficelées et un scénario implacable.
Dans ce sixième tome, la descente en enfer du commandant Helen Grace se poursuit. Ajoutez des crimes horribles en milieu carcéral, une équipe rendue orpheline qui ne sait plus le sens des priorités, une journaliste coriace et une amie fidèle qui se bat contre tous pour rétablir la vérité. Autant dire que ce roman propose un redoutable jeu de dupes qui viendra chatouiller vos convictions les plus profondes.
C'était drôlement bon : le roman est à la fois poignant et inexorable, en plus de vous inspirer une sensation suffocante. Le rythme est d'ailleurs foudroyant. On tourne les pages en toute fébrilité... les intrigues s'interposent, les personnages courent tous à perdre haleine et on aime ce sentiment d'urgence qui s'empare aussi habilement d'une telle lecture !
Pfiou... c'était sans pitié mais captivant. Une franche réussite.
Les Escales Noires, 2020 - Traduit par Séverine Quelet
⭐⭐⭐⭐
Elle, de Harriet Lane
C'est en rangeant ma bibliothèque que j'ai mis la main sur ce livre. Me souvenant avoir beaucoup aimé Le beau monde, j'ai commencé à picorer quelques phrases sans supposer que j'allais finalement tout engloutir en quelques heures.
Emma est une maman débordée par ses deux jeunes enfants. Un jour, en postant son courrier, elle paume son portefeuille qu'une inconnue lui rapporte à la maison. Cette femme prétend agir de façon désintéressée et bienveillante. Nina est artiste peintre, divorcée, mère d'une adolescente de 17 ans. Elle n'hésite pas à proposer son aide pour soulager Emma dans son quotidien bordélique.
Ce que celle-ci ignore, c'est que Nina a tout orchestré du début à la fin. Elle joue un rôle malsain dans la vie d'Emma qui ne soupçonne vraiment rien. Ou quand elle s'interroge, elle est encore à côté de la plaque. Il faut dire que l'influence de Nina est fugace mais elle s'infiltre efficacement dans les moindres recoins. Emma est pour elle une cible. Sa cible. Pourquoi ? On n'a de cesse de se poser la question tout au long du roman.
L'ambiance du livre m'a fait penser au film de Jacques Deray (La Piscine) au cours duquel Jane Birkin flirte avec le danger sous les yeux d'une Romy Schneider impuissante. Il y a ici la même impression de torpeur qui ne trompe personne car le drame est tapi dans l'ombre et attend son heure pour nous sauter en pleine figure.
C'est fascinant. On succombe sans mal à l'aura indolente du roman, on reste aux aguets en devinant que tout est faussement anodin, on découvre une relation obsessionnelle qui fait carburer l'imagination sur le comment tout ça va finir. La résolution est par ailleurs angoissante - déchirante - et tellement frustrante ! Harriet Lane écrit de façon remarquable et très poétique mais on ne se figure pas l'horreur que masque son récit.
Quelle prouesse ! C'est excellent.
Éditions Plon - collection Feux Croisés - 2015
Traduit par Séverine Quelet