Le truc de Hélèna Villovitch, c'est ça : "J'ai peur qu'elle se moque de moi. Qu'elle parle de moi dans un de ces trucs qu'elle écrit, où il paraît qu'elle se contente de raconter les histoires de ses amis, sans leur demander leur avis et en donnant les vrais noms." Ainsi s'expriment les craintes du narrateur d'une des nouvelles de ce dernier recueil de H. Villovitch, "Petites soupes froides". Ce narrateur de "L'autodidacte amoureux" a parfaitement raison : Hélèna Villovitch adore raconter ses amis, ses amours, ses aventures désopilantes et parfois navrantes. En un ingénieux tour de main, elle va étaler tout ce qui l'entoure : l'emménagement d'une jeune actrice de cinéma très connue dans le même immeuble, ses tenues uniformes et monochromes, la liaison amoureuse d'une amie avec un jeune chauffeur de taxi allemand, qui débarque à Paris et harcèle au téléphone, sonne à la porte et s'endort sur le paillasson, ses essais de cinéma expérimental, la recherche d'emploi de son amoureux, tout ce qu'elle sait à propos de tout et essentiellement de rien, et son sagace avis sur Loft Story seconde saison... Bref, un melting-pot d'histoires, treize au total, savamment dosées à la sauce piquante, d'une écriture toujours mutine... Ce qui me fait penser que Hélèna Villovitch est un joyeux cabri qui sautille allègrement. L'auteur est un personnage déjà faramineux : excentrique, fantaisiste et qui pense que "Stéphanie de Monaco et moi avons des destins parrallèles" (et d'en illustrer sa superbe démonstration par A+B ).
"Petites soupes froides" reprend le même procédé que "Je pense à toi tous les jours". Un cocktail dynamique, qui sonne un peu moins spontané que la première fois, mais ça n'en demeure pas moins plaisant.
juin 2004