Les papillons noirs ~ Jean Baptiste Baronian
"Les papillons noirs" donne l'illusion d'un vieux polar des années 50, Bogart vieillissant, un vieil imper défraîchi sur le dos, et dans le rôle de ce privé un peu manqué, Stevens. Le roman s'ouvre sur un rendez-vous avec une ancienne maîtresse, Diane, qui recherche son mari Franck, disparu depuis treize jours. La femme est inquiète, tente de comprendre ce mystère et charge Stevens de mener une enquête discrète. Les deux anciens amants vont ainsi discuter de toutes les éventualités réservées au sort de Franck, ce mari que Diane avouer détester malgré tout. Stevens et Diane vont de bistro en brasserie parler, éluder, se mémorer un temps qui ne sera plus. Tour à tour, Stevens envisage une escapade amoureuse, un kidnapping, une fuite à l'étranger, un décès accidentel... mais Diane réfute chaque proposition. Progressivement la jeune femme apparaît énigmatique, évasive, soupe-au-lait et amère. Elle fume des cigarettes à la menthe, boit du vin et s'emporte contre la foule, les intempéries et le temps qui ne change pas les gens. Bref, "Les papillons noirs" nous baigne dans un temps ancien, une époque surréaliste, nous balade dans les rues de Bruxelles et nous fait suivre un personnage décadent, désabusé et paumé. L'issue du roman est assez surprenante, après un passage qui frôle la fantasmagorie, et accentue son côté sombre et mystérieux. C'est une lecture captivante, au tempo soutenu, avec un côté suspense lancinant. Un agréable moment en perspective.
juin 2004