Le narrateur quitte Paris suite à une déception amoureuse et se réfugie en Alaska où il vient de décrocher un poste de lecteur à l'université de Fairbanks pendant neuf mois. C'est le début d'une étourdissante plongée dans un univers unique et fascinant (la nuit éternelle, les aurores boréales, la poudre neigeuse), où vivent les dernières survivantes du peuple eyak.
Le narrateur avait pensé utiliser cette fuite comme un refuge, il découvrira bien vite que ce sera impossible de se tenir à l'écart de ses collègues de l'université, pour la plupart de jeunes hippies américains (nous sommes dans les années 60). Ce sont des extravagants, des rapporteurs de légendes et d'anecdoctes invraisemblables (la jeune fille perdue dans la sonate, qui joue à perdre la raison, Colette l'impossible, qui pansera ses plaies du coeur, ou Noémie, l'ancienne lectrice de français, partie en escapade amoureuse avec un trappeur). Ce sont des instants sur le vif, des clichés spontanés, entre lesquels on retrouve la parole du narrateur, son espoir (ou désespoir) de penser à celle qui l'a quitté. Un jour, une lettre arrivera pour lui annoncer qu'elle rentre. Serait-ce aussi l'autre fin d'un voyage ?
Ce roman est un tout : un journal de bord, une comédie burlesque, un récit incoercible, un appel à la diversité. C'est très étrange de rapporter son sentiment sur ce livre, car l'affinité avec le lecteur ne tient qu'à un fil. Je pense aussi que c'est la plume d'Eugène Nicole qui fera toute la différence, on aime ou pas, mais cela exerce un pouvoir de séduction incontournable. A ceci s'ajoute le cadre de l'Alaska, ses légendes et ses coutumes. C'est une lecture foncièrement envoûtante, que j'ai aimée, et pourtant j'ai beaucoup de mal à conseiller.
Il suffit juste d'avoir la bonne approche, d'aimer l'incipit et, ainsi de suite, on ne lève plus son nez du livre, ou on abandonne.
Editions de l'Olivier - 245 pages. 20.00 €
Par exemple ces deux derniers dont je ne connaissais pas du tout et que j'irais feuilleter la prochaine fois en librairie...