Les Constellations du hasard - Valérie Boronad
Un aspirant écrivain débarque à New York avec pour seul bagage son sac marin et une sacoche contenant son manuscrit. Son rêve américain est de rencontrer Paul Auster pour lui remettre son roman et tous ses espoirs d'être édité. Hélas, le garçon se fait voler ses papiers et manque devenir fou. Il erre dans la rue, rencontre un chien puis un vieil aveugle avec qui il fait le deal de mettre sur papier le livre qui court dans sa tête en échange du gîte et du couvert. Très vite, Luc prend en pleine figure toute la beauté de la prose du vieillard, de son parcours et de son histoire. Il s'appelle Alejandro Asturias, c'est un poète qui a quitté l'Europe au début des années 40, pour retrouver son grand amour prénommé Cécilia.
Luc ambitionne toujours de rencontrer Paul Auster et téléphone auprès des attachées de presse pour obtenir un entretien, puis met en place une lecture publique de l'oeuvre d'Alejandro, sous le prétendu parrainage de l'écrivain, et sans consultation du vieil homme. Celui-ci s'en moque, il sent ses jours toucher à leurs fins, pour seul conseil d'auteur à auteur il suggère à Luc d'apprendre à nager dans l'océan. Et Luc s'y emploie avec application !
C'est un rêve américain raconté avec toute la maladresse et l'espoir insensé d'un jeune homme plongé en état de grâce. Il a un mois pour boucler son pari, fait à lui-même. Peu à peu, on ressent toute l'influence de l'oeuvre de Paul Auster, « son Maître », dans cette histoire, mais sans toucher le génie de l'auteur. La copie est aisée, l'imitation impossible. Ce n'est pas une sentence implacable, c'est un constat et un encouragement. Car on ne peut écarter de son esprit les images de Mr Vertigo ou du jeune M.S. Fogg dans Moon Palace pour suivre l'étrange exploration de Luc Kervalec qui le mène sur la voie d'une quête intérieure. Il y a dans ce livre de Valérie Boronad tous les ingrédients austeriens, c'était d'ailleurs un projet audacieux, mais pas totalement abouti. La fin, par exemple, peut être excellente, mais carrément illusoire.
« Parce que drogué je l'étais, je dois bien l'avouer. J'étais complètement shooté, par elle pour commencer, par la longueur de ses jambes et son coeur à vif posé comme un fer rouge sur son visage, par le génie de son grand-père, par l'océan qui m'emportait, par l'écriture qui me faisait plonger tout au fond de moi-même en compagnie d'un poisson, descendant en apnée dans l'inconnu de son sillage. »
Belfond - 184 pages - 17 €
Merci Mathilde W. pour l'envoi !