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Chez Clarabel
14 avril 2010

Alors, ces Quatre Filles, roman mièvre, féminin et bien-pensant ?

Les_quatre_filles_du_pasteur_March_de_AlcottNon ! non ! non ! Je n'avais jamais lu le roman de Louisa May Alcott, son plus célèbre roman, Little Women, mais j'avais vu l'adaptation cinématographique de Gillian Armstrong (1995), que j'avais adorée. La nouvelle édition traduite et abrégée par Malika Ferdjoukh s'est donc efforcée de rattraper cet oubli et de corriger un sentiment erroné, à savoir que Little Women était un roman mièvre, féminin et bien-pensant. Cela n'est finalement pas du tout le cas !

Tout est de la faute de Pierre-Jules Hetzel, le traducteur, qui en 1872 a livré une adaptation très personnelle du roman de Louisa May Alcott (chaplain a été traduit par docteur, un terme qui demeurera ancré à jamais pour désigner l'oeuvre à travers le monde francophone). Il ira même jusqu'à se l'approprier sous le pseudonyme de P-J Stahl. Tout ceci est expliqué en détails dans l'introduction de Malika Ferdjoukh. Bénie soit-elle. Elle a dépoussiéré ce classique en livrant une version joyeuse, enfantine et pleine de bons sentiments. Cela a toujours été ainsi, certes. Mais j'ai trouvé en plus une fraîcheur dans l'histoire, que je connaissais pourtant par coeur, un souffle de légèreté, un air enlevé et pétillant. Jamais niais, bien au contraire. C'est pur, charmant et gracieux.

Et la vieille tante March qui serine que “dans une masure, l'amour fait toujours faillite”. Taratata. Les filles March nous prouvent le contraire. Elle sont pauvres, le père est à la guerre, son absence pèse mais les ressources ne manquent pas. Et puis, Laurie et son grand-père se révèlent des voisins attentionnés. Ah ! Laurie... j'avais oublié mon béguin. Triple soupirs. Je ne pardonnerai jamais Louisa May Alcott d'avoir osé briser le coeur de milliers de lectrices, heureusement ce roman (une suite n'était pas encore envisagée) nous ôte toutes nos pertes d'illusions. Et c'est sur de doux espoirs que nous refermons les dernières pages...

Jo alla s'installer dans son fauteuil préféré, avec un air grave et serein qui lui allait plutôt bien ; Laurie vint s'appuyer derrière elle, le menton touchant presque ses boucles ; il hocha la tête et lui adressa un sourire plein d'affection à travers le grand miroir qui les réfléchissait tous deux.

Cette délicieuse parenthèse (j'assume être une midinette) n'enlève pas la part de sérieux qu'offre le roman. Il est bien évident que c'est une dénonciation de la condition féminine  dans la société puritaine de l'Amérique du XIX° siècle. Et Jo March, à travers laquelle s'exprimait l'auteur, est une formidable rebelle, une passionnée qui agit en garçon manqué en rêvant d'indépendance.

Jo rêvait d'un grand accomplissement. Lequel ? Elle l'ignorait encore, mais fulminait de ne jamais pouvoir lire, courir, ou monter à cheval autant qu'elle l'aurait voulu. Son caractère emporté, sa langue bien pendue, son esprit qui moulinait sans repos lui valaient souvent des ennuis, et sa vie était une succession de hauts et de bas cocasses ou pathétiques.

A lire ou relire. Il n'est jamais trop tard.

Les quatre filles du pasteur March ~ Louisa May Alcott
édition traduite et abrégée par Malika Ferdjoukh
Classiques abrégés de l'école des loisirs (2010) - 235 pages - 6,00€

Cette collection se propose de rendre accessibles aux jeunes lecteurs de grandes oeuvres littéraires. Il ne s'agit jamais de résumés, ni de morceaux choisis, mais du texte même, abrégé de manière à laisser intacts le fil du récit, le ton, le style et le rythme de l'auteur.

illustration de la couverture : August Macke, Vier Mädchen

 

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Commentaires
O
Un article sur Les Quatre Filles du Docteur March, j'en rêvais! Un livre auquel je suis très attachée, offert pour mes résultats scolaires en CE2 par un grand-père qui me prenait au sérieux avec des lectures de "grands". Je l'ai souvent relu et en suis toujours aussi émue.
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C
Axl, j'adore les livres déglingués, mon exemplaire d'Autant en emporte le vent est complètement décollé mais je l'aime ce livre, pour tout ce qu'il représente... :)
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C
Liretirelire, est-ce que c'était dénaturé ? euh, peut-être. Déjà par le titre, le père des filles March n'était pas docteur, mais pasteur (chaplain en anglais). Je crois qu'il est bon de revenir sur le texte original et offrir aux jeunes lecteurs cette version qui respecte davantage le texte de base. :)
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C
Elizabeth-Bennet, j'ai moins envie de lire ce qu'il se passe dans le futur des filles March, je préfère mon idée et l'illusion que donne la fin de cette première partie...
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E
Un de mes romans favoris depuis l'enfance ! Ma préférée, c'est Jo :) J'ai aussi beaucoup lu la suite, Les quatre filles se marient, mais j'aime moins parce que...parce que c'est triste !!! Je n'ai pas lu les suivants.
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Chez Clarabel
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