Un nom sur la liste, de Monica Hesse
Total respect pour ce roman qui évoque l'horreur de l'Holocauste et le drame des survivants avec une justesse de ton qui ne faiblit jamais. Nul pathos au programme. Mais des émotions brutes, vibrantes et tellement humaines.
Rescapée de Birkenau, Zofia parvient à se rendre en Pologne pour retrouver son frère Abek. Trois ans plus tôt, toute la famille a été déportée puis séparée. Tous ont malheureusement péri. Zofia est simplement convaincue que son frère va la rejoindre. N'en pouvant plus d'agir, elle poursuit son chemin pour gagner un camp de personnes déplacées. Elle n'a de cesse de questionner, d'aller au contact des commissions désordonnées, de bousculer les administrations, d'écrire des lettres. Cette attente la ronge et pourtant elle s'accroche à cet espoir pour ne pas sombrer.
Le parcours de Zofia est passionnant car il montre un monde en ruines et traumatisé par la folie haineuse. Au milieu de ce champ dévasté, on découvre une communauté en quête de renouveau - entraide, amitié, amour. Tous ont la volonté de vivre le moment présent comme une revanche sur le destin. La scène du mariage illustre à quel point cette espérance est grande : la musique, les rires, les toilettes apprêtées. C'est vraiment incroyable. L'auteure n'a d'ailleurs rien inventé, juste lu de nombreux témoignages pour alimenter son roman.
Et quel roman ! J'ai adoré du début à la fin. J'ai été fascinée par la détermination de Zofia qui, au fil des chapitres, va également se révéler une héroïne délicate car faillible et imparfaite. Ses souvenirs sont flous, ses choix incertains et ses actions discutables. Malgré tout, elle trace sa route et ne dévie pas de son objectif. L'histoire est captivante et bouleversante. J'ai juste foncé tête baissée en me demandant où était Abek et comment Zofia allait surmonter son héritage. Croyez-moi, c'était pfiou !!
Excellente lecture, après Une fille au manteau bleu de la même Monica Hesse.
Nathan, 2021 - Traduit par Anne Krief
❤️⭐⭐⭐⭐.5