Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Chez Clarabel
14 avril 2017

Les Petites Reines, de Clémentine Beauvais & lu par Rachel Arditi

les petites reines« L'idée est née comme ça dans mon esprit, un soir de concours de Boudins.
Prendre la route pour Paris...
Arriver pile le 14 juillet...
Et gate-crasher la garden-party de l'Élysée. »

Mireille, Astrid et Hakima sont les trois boudins de leur école. Elles doivent ce titre peu honorifique à un concours organisé sur Facebook par l'ami d'enfance de Mireille - Malo, le malotru. Habituée à caracoler dans les hauteurs du classement, l'adolescente en a pris son parti en adoptant une posture sarcastique, mais a tout de même la rage au corps de supporter les railleries incessantes sur son physique, ça et l'absence de son géniteur, qui ne répond jamais à ses courriers, parce que monsieur est l'époux de l'actuelle présidente de la République, c'en est trop pour Mireille qui réunit ses troupes pour prendre d'assaut la capitale, ses flonflons et ses sourires en façade. Astrid, Hakima et elle veulent corriger le préjudice, chacune portant en flambeau sa propre réclamation (le frère d'Hakima, ancien militaire, a été blessé en mission et se sent sali par l'indifférence du général reçu en grande pompe à l'Élysée, de son côté Astrid veut réaliser son rêve en rencontrant en vrai son groupe favori, Indochine). Cela vous place l'ambiance, le ton, l'humour, la légèreté de l'histoire. Celle-ci révèle aussi la violence des cours de récré, les bons codes, les bons looks à adopter, sous peine de lapidation en place publique. Aujourd'hui, des anonymes se défoulent derrière leur écran pour blesser, juger, condamner. Et c'est parfois plus tranchant de l'exprimer avec emphase qu'à travers des piques bêtifiantes. Mais nos trois lauréates sont au-dessus de la mêlée et volent sur leurs bécanes depuis Bourg-en-Bresse jusqu'à Paris. Quel périple ! Les filles feront aussi l'étrange expérience de la notoriété, deviendront célèbres en tant que nouveaux symboles d'une adolescence qui s'affranchit de l'image formatée par une société en quête de perfection. C'est fort, c'est fou, c'est drôle. Aurais-je autant apprécié cette lecture sans sa version audio ? Oui, nul doute, mais je dois avouer avoir adoré l'interprétation de Rachel Arditi, ainsi que la réalisation sonore de ce disque. Cela met en valeur le roman de Clémentine Beauvais, celui lui donne une pêche, une énergie et un grain de folie qui rend son écoute très, très appréciable. J'étais déçue d'arriver au bout de mes 6 heures, je me sentais merveilleusement bien en compagnie des Boudins et du Soleil. Bravo à Audiolib qui crée enfin sa collection jeunesse, avec ce titre qui dégage une telle fraîcheur et un bonheur de lecture !  

Audiolib, 2017 - Texte lu par Rachel Arditi (durée : 6h) ©2015 Éditions Sarbacane 

Prix Sorcières, Prix Lire - Meilleur livre jeunesse, Prix NRP de Littérature jeunesse, Prix Millepages.

Publicité
Publicité
11 avril 2017

Cauchemars, de Jason Segel & Kirsten Miller

cauchemarsCharlie Laird, douze ans, a toujours habité à Cyprès-les-Bains, avec son petit frère Jack et son père Andrew qu'il pensait inconsolable depuis la mort de sa mère. Et puis, son père a rencontré Charlotte BelCanto qu'il a épousée... onze mois plus tard. Depuis, ils vivent tous ensemble dans son vieux manoir peint d'un affreux violet. Charlie est non seulement indigné par la trahison de son père, mais vit aussi un vrai calvaire depuis qu'une sorcière vient hanter ses rêves nuit après nuit. Pour lui échapper, le garçon s'empêche de dormir et se barricade dans sa chambre avec des tonnes de cartons, mais ses insomnies finissent par lui taper sur les nerfs et le rendent de plus en plus agressif. Se confier à son père ? Impensable. Charlie a ouvertement exprimé son opinion sur sa marâtre, en apparence charmante et excentrique. Son arrivée en ville et l'ouverture de sa boutique d'herboristerie avait pourtant fait sensation auprès des habitants, finalement séduits et envoûtés par ses potions. Seul Charlie n'est pas tombé dans le panneau. Il la soupçonne même d'être en relation avec des puissances occultes et de pratiquer des charmes et des maléfices en cachette. Se sachant incompris par sa famille, le garçon trouve refuge auprès de ses camarades d'école, Paige, Rocco et Alfie. Tous ont en commun de souffrir d'angoisses chroniques qu'ils vont finalement mettre à plat lorsque les événements vont se précipiter et conduire notre jeune héros vers un monde alternatif, le Royaume des Ténèbres, là où l'attendent ses pires cauchemars. Avant d'en arriver là, l'histoire installe longuement son décor, son ambiance, ses personnages et son contexte, mais c'est suffisant pour plonger le jeune lecteur dans un délire paranoïaque. Tout est absolument mystérieux, inquiétant et sombre. On n'en mène vraiment pas large et on avance avec précaution dans l'histoire qui dévoile ses secrets au compte-gouttes. Outre son aspect effrayant, le roman évoque aussi le chagrin, la perte et le deuil qui brident les élans et coupent les ailes. On découvre un jeune Charlie encore profondément marqué par la mort de sa maman, prostré dans sa tristesse et sa détresse, mais l'exprimant sans ambages et maladroitement. Avant d'ouvrir le livre, je n'avais pas capté que l'auteur Jason Segel était en fait l'acteur de la série How I Met Your Mother ! Pourquoi pas ? Après tout, j'avais beaucoup aimé la série de John Barrowman, Le réveil des créatures, dont la suite n'a jamais été traduite à ce jour. :/ Un acteur qui profite de sa notoriété pour donner goût à la lecture... je dis OUI. « Cauchemars » est une trilogie qui exploite un imaginaire assez noir et émouvant, tout en distillant de l'héroïsme, de l'humour et du suspense pour plaire aux plus jeunes. Le cocktail se déguste, tantôt séduisant, tantôt désinvolte. Dommage que l'édition française ne dispose pas des illustrations de Karl Kwasny qui rendent la lecture VO encore plus flippante ! 

Bayard jeunesse, 2017 - Trad. Marion Roman {Nightmares}

11 avril 2017

Shadow House : La Maison des ombres (Tome 1): La Rencontre, de Dan Poblocki

Shadow HouseCinq adolescents sont convoqués pour x, y raisons au manoir Larkspur. Poppy, une jeune orpheline, pense y retrouver une tante. Marcus, une école de musique pour perfectionner son niveau. Azuma, pour oublier le fantôme de sa sœur disparue. Dash et Dylan, des frères jumeaux, pour relancer leur carrière d'apprentis comédiens. À l'arrivée, cependant, tous les cinq notent que le cadre est aussi angoissant que mystérieux, mais prennent tardivement conscience de leur erreur. Car Larkspur vient de leur tendre un piège. Les voilà captifs d'une maison à l'atmosphère flippante, où d'étranges phénomènes surviennent, sans issue de secours possible. Un vrai cauchemar.

Pour un jeune lecteur impressionnable, franchement, le cocktail est relevé. On a déjà une couverture qui, en vrai, tape dans l'œil avec son effet hologramme. Mais le contenu du livre tient aussi la dragée haute aux sceptiques qui verraient là une simple opération marketing. L'histoire réserve de bonnes séquences aux sensations fortes garanties (apparitions, spectres vengeurs, tentatives de briser les jeunes détenus...). La mise en scène est saisissante de réalisme - on se croirait dans un vrai film d'horreur - d'autant plus que l'esthétisme a été bichonné pour renforcer l'illusion de vieux bouquin oublié, aux pages noircies par les flammes, avec des photographies en noir & blanc (atmosphère assez proche de la série Miss Peregrine).

Même si cette série vise un lectorat jeunesse, dès 10-12 ans, elle dévoile une grande dextérité à créer une ambiance d'épouvante que les amateurs du genre auront plaisir à découvrir. Je referme tout ça non sans frissonner une dernière fois... 

Hachette Romans, 2017 - Trad. Christophe Rosson [Shadow House - The Gathering]

Trailer en VO

7 avril 2017

Les Piqûres d'Abeille, de Claire Castillon

les piqures d'abeillePour Jean, l'amour porte une couronne dans les cheveux et un petit sac à main de vieille dame. Invité au mariage de sa marraine, Jean n'a d'yeux que pour la jolie Abeille. Elle a un port de tête en caramel, du tempérament et il ne conçoit pas de vivre sans elle. De retour à la maison, il se décide à lui envoyer une lettre, mais doit mener son enquête en toute discrétion pour trouver son nom et son adresse. Grâce à de subtils subterfuges, notre amoureux transi parvient à son but. Il poste alors une belle missive clamant son admiration et attend la réponse avec fébrilité. Pour patienter, Jean va passer ses proches à la loupe car il règne autour de lui une véritable effervescence - ses parents sont plus déchaînés que jamais, sa sœur Zoé s'amourache d'un garçon qui cherche à sauver le monde et se met à faire un régime pour perdre ses “packs d'eau” aux cuisses, son super pote Lambert est amoureux d'une fille qui se déplace en fauteuil et apprend à marcher à Berck, sa grand-mère Raymonde se métamorphose au contact de son Brou... Quand, enfin, il reçoit la précieuse lettre d'Angélus-les-Occis, Jean retient son souffle, son monde est en train de vaciller.

Voilà une histoire foncièrement adorable, drôle et cocasse. Quand Claire Castillon glisse sa folie douce dans un roman jeunesse, c'est un pur régal (cf. Un maillot de bain une pièce avec des pastèques et des ananas ou Tous les matins depuis hier). A priori, cela peut paraître incongru, bardé de détails insolites, façonné d'une improbable excentricité, mais c'est aussi tartiné de tendresse, de poésie, de fantaisie enfantine. Et c'est tellement bon à lire, à déguster. L'histoire de Jean est donc particulièrement rigolote, fantasque, foldingue etc. Sa tribu aussi se révèle loufoque et attachante. J'ai adoré me sentir parmi eux comme un poisson dans l'eau. A contrario, Abeille est une insupportable petite peste qui tourne en dérision l'amour aveugle de notre jeune héros. Il faudra à celui-ci du temps, de la sagesse et une thérapie de choc pour se désintoxiquer de son venin. On apprend à tout âge les coups, les mots doux et les fulgurances. Un petit roman super sympa, dans le genre feu follet.

Flammarion Jeunesse, 2017

« Si on place les êtres dans un endroit qui les enrichit, avec des gens qui les épanouissent, ils deviennent différents. »

6 avril 2017

La Boutique Vif-Argent, Tome 3 : La Carte des passages, de P.D. Baccalario

Ce roman fait suite à Une Valise d'étoiles (tome 1) et La Boussole des rêves (tome 2).

La carte des passagesLa mort de la vieille Koumail a plongé la communauté d'Applecross dans un profond désarroi. Pour la première fois, le jeune Finley est convié à participer au cérémonial des funérailles en compagnie de son père et des hommes du village. L'arrivée inopportune d'Aiby Lily, soutien de son père, provoque cependant des remous. C'est indécent, révoltant. L'équilibre des mondes est désormais fragilisé. Il convient à chacun de prendre ses responsabilités. Que de théâtralité, que de non-dits ! Pour Finley, cette soirée sur la falaise, à allumer des feux en procession, est un instant mémorable mais angoissant. Les jours suivants confirmeront son appréhension. Aiby et lui vont se lancer sur la piste de l'assassin de la vieille dame, partir en quête d'objets magiques et fouiller sans doute au-delà du possible en tombant dans le piège tendu par Semuel Askell. La tension monte vite d'un cran quand Finley réalise sa solitude au moment de sauver son amie, ses proches, la boutique Vif Argent, tous les secrets ancestraux... L'histoire nous surprend alors avec un montage judicieux des éléments et des rebondissements qui vont orchestrer la lecture et nous entraîner dans un tourbillon d'action et d'émotion. C'est clairement palpitant. Finley McPhee n'est certes pas le garçon le plus courageux de la planète, mais c'est un môme rusé et avisé. Il affronte l'adversité avec un certain aplomb et beaucoup d'intelligence ! Sa jeune camarade Aiby est toujours aussi intrépide, vive d'esprit et probablement trop impulsive, ce qui fait néanmoins tout son charme ! Cette merveilleuse série a su de loin me combler, m'enchanter, m'épater. Elle a su offrir un bel échantillon de mystère, de magie et d'aventure dans un univers très sophistiqué et dans un écrin fabuleux. Car l'emballage est en effet très beau, avec des illustrations soignées, une couverture cartonnée et des ornementations raffinées. C'est assez rare pour le souligner, même si l'auteur italien, P.D. Baccalario, veille souvent à fignoler ses présentations qui tapent dans l'œil et donnent envie d'en découvrir plus. Une opération séduction très efficace, au vu de cette série merveilleuse et très divertissante ! 

Gallimard Jeunesse, 2016 - Trad. de l'italien par Diane Ménard

Publicité
Publicité
23 mars 2017

Nos cœurs tordus, de Séverine Vidal & Manu Causse

nos coeurs tordus

Vlad fait sa rentrée dans un nouvel établissement scolaire qui ouvre, pour la première fois, une classe spéciale dédiée aux handicapés. D'humeur chagrine et méfiante, l'adolescent est en pétard contre l'adjoint du proviseur, François Flachard, qui tient un discours pompeux et dégoulinant d'hypocrisie, tout juste bon à le faire sortir de ses gonds. Vlad se la joue rebelle façon Cercle des poètes disparus et attire tous les regards... en se vautrant comme une crêpe alors qu'il tourne le dos à l'assistance médusée. Humilié, le garçon se réfugie dans le couloir où il rencontre la ravissante Lou.

Avec son corps disloqué, sa béquille à portée de main, Vlad a longtemps souffert de sa différence et du regard des autres, au point de se réfugier dans la provocation en guise de bouclier. À ce petit jeu, il découvre en Saïd un adversaire de choix. Lui n'a pas de handicap physique, mais une propension à semer la zizanie en classe, à être incapable de se concentrer, à collectionner les avertissements et à s'attirer une mauvaise réputation. Ces deux-là sont faits pour s'entendre et vont rapidement se constituer leur petite bande avec Mathilde, coincée dans son fauteuil, Lou et son copain Morgan (argh), Dylan, atteint de trisomie, Théa et Charlie, les jumelles au langage cosmique... C'est aussi ensemble qu'ils vont se lancer dans un projet de cinéma en tournant un court-métrage avec un simple téléphone pour gagner un voyage à New York ! 

Cette lecture est à la fois pleine d'énergie, pleine d'espoir, pleine de vie tout court. Elle met en scène des adolescents qui ont des rêves, des envies, des coups de cœur et des coups de gueule, mais qui ne veulent pas dicter leur choix selon leur handicap. C'est certes une réalité quotidienne, jalonnée de frustration et de contrainte, mais certainement pas l'excuse pour les priver de formidables opportunités sous des prétextes idiots (société enfermée dans ses préjugés, orgueil mal placé, disposition trop lente, angoisse puérile et imbroglio amoureux). En somme, l'histoire nous invite à partager sur une année scolaire le parcours assez commun d'adolescents extraordinaires. Ils n'ont pas fait de leur handicap un signe distinctif mais se comportent comme des mômes de leur âge. Ils ne manquent ni de force, ni d'insolence, ni de talent pour avancer dans la vie, sans compter l'amitié, véritable socle de leur projet insensé, qui montre aussi que le collectif a du bon pour dépasser les étiquettes et les clichés. C'est un chouette roman, qui inspire des sentiments profonds et qui dégage aussi de la sensibilité, de la sincérité, de la joie et de la bonne humeur. Excellent melting-pot ! 

Bayard Jeunesse, 2017

"Nos coeurs tordus" a d'abord été écrit par Séverine Vidal, et publié sous la forme d'un mini roman paru dans le magazine Je Bouquine. Plébiscité par les lecteurs, il a été enrichi par la plume de Manu Causse. Plein de poésie et d'humour , le roman aborde le thème du handicap , sans pathos, c'est aussi une très jolie histoire d'amour et d'amitiés profondes.

17 mars 2017

Girl Online, de Zoe Sugg

EN FORMAT POCHE !

girl online

Penny manque cruellement de confiance en elle et a choisi d'exposer ses états d'âme sur un blog, sous le pseudonyme de Girl Online. Elle parle de sa vie au lycée, de sa “meilleure copine” qui vient de l'humilier en publiant sur un réseau social une vidéo d'elle, s'étalant sur scène, sa petite culotte au grand jour. Blessée, Penny lâche prise derrière son écran, sans réaliser qu'un phénomène est en place. Car, sans crier gare, ses confidences finissent par toucher un large public et créent le buzz. Mais Penny a le succès modeste. Et déjà son chemin l'envoie vers New York, où elle accompagne ses parents qui viennent de décrocher un contrat en or à l'hôtel Waldorf Astoria. Sur place, Penny rencontre un charmant musicien qui va lui faire vivre un véritable conte de fées ! Seulement, l'adolescente oublie que, souvent, les princes redeviennent crapauds après minuit.

Voilà un roman bien dans l'air du temps ! Frais et instantané, il propose une histoire mignonne et quelque peu superficielle, mais qui vend du rêve sur 300 pages et donne l'illusion aux jeunes lectrices qu'elles aussi peuvent se retrouver dans cette bluette pétrie de candeur et de romantisme. Zoe Sugg, alias “Zoella”, une YouTubeuse anglaise propulsée sur le devant de la scène grâce au succès de ses vidéos sur le net, a donc décroché le jackpot en publiant son 1er roman (chaperonné par l'écrivain Siobhan Curham), lequel a remporté une totale adhésion auprès de ses fans qui ont savouré cette histoire adorable et sans prétention. Et puis, ses intentions sont honorables lorsqu'elle cherche à véhiculer des messages positifs (parler de ses peurs, les affronter avec panache, dénoncer l'ostracisme au lycée et le harcèlement sur le net), tout en faisant croire qu'on peut toucher les étoiles mais garder les pieds sur terre. Au diable le cynisme, après tout... 

PKJ. ♦ Collection Best-Seller (format poche) ♦ mars 2017

Trad. de Rosalind Elland-Goldsmith

9 mars 2017

Tout pour se déplaire, de Jen Klein

Tout pour se déplaireChic, encore une lecture qui met en joie et de bonne humeur ! Le roman de Jen Klein a pour lui de nous embarquer dans son histoire sans prétention, mais où les sentiments sont vrais, sincères et spontanés, en plus d'avoir une bande-son à la fois tonitruante et dégoulinante de guimauve... N'en jetez plus, l'aventure s'annonce piquante, drôle et savoureuse !

Parce que leurs mères sont copines de fac et ont conclu ensemble un accord pour leurs enfants, sans même leur demander leur avis, June et Oliver font donc route tous les matins pour se rendre au lycée. La jeune fille appréhende cette intimité forcée car elle imagine un garçon fidèle aux archétypes du genre sportif, populaire et désinvolte. Elle le met aussitôt au pas, arguant que cette dernière année au lycée est insipide et futile, car la vraie vie ne commence qu'après. Oliver prétend le contraire et cherche à lui démontrer les aspects positifs de leur passage au lycée. Ils mettent ainsi en jeu les titres de leur playlist du matin, chacun pouvant l'enrichir s'il obtient l'argument irréfutable. Car, autre point de discorde, June et Oliver ont des goûts musicaux diamétralement opposés. Là aussi, la guerre est déclarée... avec sourires malicieux et étoiles dans les yeux.

On s'attend à une romance cousue de fil blanc, sauf que c'est bien mieux, car c'est avant tout l'histoire d'une complicité, d'une découverte et d'une ouverture. June est par exemple obstinée, revêche et prétentieuse. Elle qui se prétend au-dessus de la mêlée a pourtant tendance à cataloguer hâtivement ce qu'elle mésestime. À l'inverse, Oliver est un garçon adorable, charmant et différent de son image superficielle. C'est entendu, ils vont rapidement déposer les armes pour discuter tout naturellement de musique, de famille, d'amitié et d'amour. En vrai, ils sont tous deux engagés dans une relation officielle (lui avec la pom-pom girl fétiche de l'école, bien entendu) mais on sent déjà une June fébrile sur le sujet (durant l'été, séparée temporairement de son copain, elle a embrassé un autre type en vacances). Et on réalise ainsi qu'elle n'est qu'une carapace en toc et qu'elle a beaucoup, beaucoup de zones d'ombre à éclaircir ! Tout se goupille à merveille, sans situation saugrenue, sans tension inutile ou autres malentendus lourdingues. C'est une délicieuse friandise à déguster sans culpabiliser. C'est bon, doux, réconfortant et craquant à souhait. J'ai passé un très, très bon moment. ♥

Gallimard Jeunesse, coll. Scripto - Trad. Marie Hermet [Shuffle, Repeat] - 2017

8 mars 2017

Moi et les Aquaboys, de Nat Luurtsema

Moi et les AquaboysDésespérée d'avoir loupé sa sélection pour participer au stage d'entraînement intensif permettant de rejoindre l'équipe olympique de natation, Lou Brown n'a pas d'autre choix que de retourner au lycée, sans sa meilleure amie Hannah, plus chanceuse ou meilleure qu'elle. Pour la première fois, Louisa fait face à ses camarades et découvre une jungle hostile et inhospitalière où elle n'a carrément pas sa place. Son seul refuge, à part la bibliothèque, reste la piscine dans laquelle elle avait coutume de s'entraîner... avant son cuisant échec. Humiliée, déprimée et déboussolée, Lou plonge une dernière fois dans le bassin... et fait face à trois garçons au moment de remonter à la surface. Les yeux éberlués, fixés sur elle, ils lui proposent de devenir leur coach pour leur numéro de danse aquatique en vue de le présenter à une émission TV qui déniche les jeunes talents. Désabusée, Louisa tope dans leurs mains et se lance dans ce projet complètement dingue mais follement amusant !

Car j'ai ri, qu'est-ce que j'ai ri à la lecture de ce roman à l'humour british extrêmement savoureux ! On y découvre une héroïne attachante, asociale et dégingandée, maniant le sarcasme avec un naturel désarmant mais résolue à mener jusqu'au bout sa mission pour redonner du pep's à sa vie monotone. Or, rien ne va se dérouler comme elle le souhaiterait. C'est, au contraire, une avalanche de catastrophes et de déconvenues qui vont ponctuer les séances d'entraînement et les exhibitions publiques. Et c'est justement cette perpétuelle dérision qui rend la lecture si plaisante. On s'amuse à partager les heurts et bonheurs de ce quatuor déjanté, qui déjoue aussi tous les pronostics. L'enthousiasme est de mise et il est tout simplement communicatif. Ajoutez, en plus, des rôles secondaires aussi insolites, dont des familles qui partent délivrer des âmes en peine au péril de leur vie et au cours d'escapade nocturne mouvementée ! Gloussements de dinde assurés... Je n'imaginais pas à quel point le contenu de ce livre allait être aussi réjouissant. Un pur bonheur. J'ai adoré du début à la fin, je voulais me fondre dans la vie de Louisa Brown et retenir ce vent de folie douce qui chamboule à ravir leur routine. L'inspiration de Nat Luurtsema, comédienne anglaise particulièrement douée, est franchement exemplaire. Je voudrais lire tout le temps des romans aussi pétillants, frais et délirants que celui-ci. Une suite serait fortement envisagée, chic ! ☺

Gallimard Jeunesse, trad. Emmanuelle Casse-Castric [Girl Out of Water], 2016

Image associée

17 février 2017

Le Grand roman de ma Petite vie, Tome 2 : Bouge tes fesses ! de Susie Morgenstern & Albertine

Le Grand roman de ma petite vieJe ne vous cache pas ma joie en apprenant la sortie de ce deuxième tome de Susie Morgenstern, qui fait suite aux aventures de Bonnie dont j'avais follement apprécié les prémices, cf. Le grand roman de ma petite vie. Humour subtil, univers farfelu, famille déjantée, aventures insolites... Tout ce dont je raffole. Ce deuxième tome a su immédiatement me combler, en me replongeant sans détour dans l'action. Bonnie a réussi à convaincre sa famille d'opter pour un appartement plus grand et un déménagement au dernier étage de l'immeuble. Sa grand-mère Omama traîne les pieds, mais Bonnie est impatiente d'avoir enfin sa chambre à elle. Toutefois, ce changement entraîne aussi d'étranges découvertes... comme le corps de leur nouveau voisin, décédé seul chez lui depuis des semaines, d'où les odeurs nauséabondes sur le palier. Bonnie est effondrée, choquée de cette trouvaille. Et stupéfaite d'être désormais l'héritière de cet inconnu !
Fantasque et inattendue, cette lecture réserve encore de bonnes surprises. J'ai adoré retrouver cette ambiance exubérante, avec sa galerie de personnages tout feu tout flammes, qui viennent ponctuer l'histoire de leurs anecdotes cocasses (le père embarrassé de ses insupportables bambins, obligé de reprendre sa vie en mains, la délicieuse Zara en pleine crise existentielle, Dorélie l'amie exemplaire, le petit copain Carl, la grand-mère qui cuisine pour chasser ses souvenirs, la mère survoltée et le presque beau-père affable et attentionné...). J'ai été aspirée par cette ronde infernale et par la frénésie collective. C'est un univers foisonnant, qui renvoie l'image d'une famille improbable, avec un mode de vie décalé mais charmant et ô combien enviable. Tout paraît simple, fusionnel, maniéré et spirituel. J'aime beaucoup cette vision de la vie, triomphante et décomplexée. Je n'ose espérer de prochaines aventures, aussi tendres et truculentes. ☺

La Martinière J. - Janvier 2017

Publicité
Publicité
Chez Clarabel
Publicité
Newsletter
2023 Reading Challenge
Clarabel has read 8 books toward her goal of 200 books.
hide
Sauveur & fils
Quatre sœurs : Geneviève
Audrey Retrouvée
Le sourire étrange de l'homme poisson
Calpurnia et Travis
L'homme idéal... ou presque
Trop beau pour être vrai
Tout sauf le grand amour
Amours et autres enchantements
Ps I Love You


Clarabel's favorite books »
Publicité