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Chez Clarabel
24 juillet 2008

Toi et moi à jamais - Ann Brashares

Alice et sa soeur Riley passent l'été dans la maison familiale de Fire Island, près de New York. Sportive, vive et garçon manqué, Riley est maître sauveteur. Très différente, Alice est féminine, douce et brillante, elle prépare sa rentrée en fac de droit. Paul, l'ami d'enfance, revient après trois ans d'absence. Attirés l'un par l'autre, Paul et Alice vont avoir une liaison, dans le secret, mais Riley va les surprendre un soir. 

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Ann Brashares, auteur de la série Quatre filles et un jean, signe un bon gros mélo sentimental, cousu de fil blanc, voilà pour les défauts, mais alors qu'est-ce que j'ai aimé ! J'ai complètement mordu à l'hameçon, j'ai aimé cette histoire d'amitié et d'amour, j'étais toute vibrante d'émotions pour ce que vivaient les personnages, j'étais à leurs côtés, j'avais mon petit mouchoir dans la main, j'étais nouée par les révélations, et puis dégoûtée par certains choix, je ne comprenais pas qu'on puisse garder pour soi autant de souffrance, mazette j'étais à fond dedans, d'ailleurs, j'ai lu ce roman en une soirée parce que j'étais totalement mordue !

"L'amour peut-il durer toute une vie ? Peut-il passer indemne de l'enfance à l'âge adulte en survivant aux tourments et aux écueils de l'adolescence ? Est-il toujours le même à l'arrivée, simplement exprimé de façon différente ? Ou ces deux formes d'amour sont-elles radicalement étrangères et incompatibles ?"

Toi et moi à jamais - Ann Brashares

Gallimard, (juin) 2008 pour la traduction française - 335 pages - 13€

traduit de l'américain par Vanessa Rubio / titre vo : The last summer (of you and me)

Le site : http://toietmoiajamais.fr/

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23 juillet 2008

La messagère de l'au-delà - Mary Hooper

Ce premier roman de l'anglaise Mary Hooper raconte l'histoire d'Anne Green, une jeune servante d'à peine seize ans qui fut condamnée à la pendaison pour infanticide. Basée sur des faits ayant existé, mais brodée pour parfaire l'intrigue romanesque, cette histoire n'en paraît que plus captivante.

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Par chapitres successifs, la parole est donnée à la jeune fille qui raconte son histoire. Nous sommes en 1650, dans l'Angleterre de Cromwell. Les lois sont rigides contre les moeurs légères, et à cette époque on évitait de comprendre le drame des enfants morts-nés ou nés prématurément. La science et la médecine étaient encore bien timides, mais audacieuses. Le corps d'Anne Green, par exemple, est confié à l'université pour y être disséqué. Cette autre partie de l'histoire est narrée par Robert, un étudiant sensible et timide qui souffre de bégaiement. C'est grâce à lui qu'un miracle va se produire : Anne Green ne serait pas morte.

Le drame de cette jeune fille, en plus d'être belle, est d'avoir été séduite par un gentilhomme, le petit-fils de la famille où elle travaille. Victime aussi de sa vanité et de sa naïveté, Anne va connaître le prix à payer avec un stoïcisme admirable. Elle a très vite compris que sa mort était la bienvenue pour taire le scandale qui pourrait empêcher l'union du jeune maître Geoffrey avec une demoiselle de grande fortune.

Plusieurs scènes sont remarquables dans ce roman (le procès, l'échafaud, l'accouchement...) et racontées sans verser dans le pathos délirant. Tout est feutré, distillant avec tact la note dramatique. On retrouve aussi le climat austère, la vindicte populaire et le puritanisme accablant qui mettent en exergue la grande solitude d'Anne. Dans le fond, c'est une jeune femme assez cruche, avec une bonté naturelle et pas un soupçon de mesquinerie. Ce n'est qu'une servante sans éducation et sans le sou, avec un charmant minois. Peut-être est-elle dupée par les belles paroles de ce coureur de jupons qu'est le petit-fils de Sir Thomas Read, toutefois son cas fait écho à d'autres détresses comme c'était souvent le fait en ce temps-là.

Et puis, j'ai beaucoup apprécié que ce roman aborde les premiers questionnements concernant l'infanticide, comme il était jugé dans ce 17ème siècle. De manière générale, de toute façon, La Messagère de l'au-delà sait nous surprendre par son intelligence et sa sensibilité. Mary Hooper a su habilement raconter une histoire émouvante, mais en toute sobriété. La puissance de ce récit se trouve dans le désoeuvrement que va connaître Anne Green et par les injustices dénoncées. Bref, c'est un roman historique avec une action dense et palpitante. A découvrir !

La Messagère de l'au-delà - Mary Hooper

Editions du Panama, (mars) 2008 pour la traduction française - 268 pages - 15€

traduit de l'anglais par Fanny Ladd et Patricia Duez

 

D'autres avis : A été lu par Gawou et Ys

21 juillet 2008

Les Cavaliers des Lumières : Le règne de la Barbarie *

Si seulement sa mère n'avait pas eu cet accident, peut-être Théo ne se serait jamais intéressée à ce jeu maudit. Pour effectuer son travail de deuil l'adolescente a choisi de couper tout contact avec l'extérieur, de ne plus parler à personne, de rompre avec ses amis. Elle vit désormais dans sa bulle, accrochée à un jeu online où elle s'est révélée prodigieuse, atteignant le niveau 5, comme quatre autre joueurs dans le monde. C'est exceptionnel, et Théo n'en est pas peu fière.

Après une fâcherie avec son père, qui s'inquiète (à juste titre), Théo est privée d'ordinateur jusqu'à nouvel ordre. L'ado doit remonter la barre et obtenir des résultats scolaires plus brillants. Elle s'aperçoit alors de sa terrible addiction au jeu et passe outre l'interdiction paternelle en se connectant en cachette. Là, un soir, elle surprend des scènes qu'elle n'aurait pas dû voir. Mais elle s'imagine aussitôt qu'il s'agit d'un léger bug, ce n'est pas méchant et ne porte pas à conséquences. Erreur !

Les jours suivants, d'étranges événements surviennent dans la vraie vie de Théo. Sont-ce des hallucinations, des alarmes (trop de jeu, des neurones embrouillés)... ? Elle décide alors de se connecter sur le site du jeu et contacte les autres joueurs du niveau 5. Bizarrement, ces derniers partagent les mêmes doutes : la terrible armée des Barbarians est-elle sortie de la sphère ludique et virtuelle pour s'immiscer dans leur monde ? !

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Je vous laisse découvrir ce qu'est exactement le jeu d'héroïc fantasy (les Barbarians Killers) qui est devenu la principale nourriture de notre jeune Théodora. C'est un monde étrange, menacé par des forces obscures, et les cinq meilleurs joueurs mondiaux se verront attribuer le titre honorifique des cavaliers des lumières, avec pour charge de protéger, de combattre et de résister. De longues descriptions s'ensuivent, mêlées au récit par les terrifiantes menaces qui frappent le Monde Nouveau (ainsi est appelée l'humble société dans laquelle nous vivons !).

Préparez-vous à quelques surprises de taille, car la vicissitude de ces créatures sournoises s'attaquent à toutes les personnes qui cherchent à aider Théo et les Barbarians ne mettent pas de gants pour dissuader et faire peser la menace !!! Leurs armes sont redoutables, car le commun des mortels ne voit pas la même chose que Théo, qui se retrouve ainsi isolée, incomprise et totalement déboussolée. Elle seule détient la preuve que les Barbarians s'incarnent sur Terre avec pour mission d'éliminer tous les Cavaliers.

Après son père, c'est son ancien meilleur ami qui est touché, puis des camarades de chambrée. Accident de voiture, incendie volontaire, bain de sang... la liste ne finit pas de s'allonger. Théo choisit de partir sur l'ile de Wight, dans un manoir austère, de style victorien. Elle aura recours à la bonne vieille méthode de compulser des livres dans une bibliothèque pour ses recherches avant le grand rendez-vous avec ses pairs. Car Théo a découvert qu'elle pouvait s'introduire en personne dans le jeu et franchir la frontière séparant l'irréel du réel... Incroyable !

Mêlant la quête épique, le tourbillon fantastique et le souffle d'aventure, ce roman brasse moults références et légendes pour alimenter son intrigue haute en couleurs. C'est entraînant, aidé de quelques pauses bénéfiques dans le coeur de l'action, mais le suspense est toujours entretenu à un train d'enfer. Le climat de terreur rampante par la menace des Barbarians est bougrement efficace, on s'accroche, on guette et on attend au tournant la suite de l'épopée...

Un deuxième volume va paraître courant Novembre 2008 (la série est en cinq tomes). Ce livre porte la signature de deux auteurs fort remarqués pour leurs romans policiers : Brigite Aubert et Gisèle Cavali.

Les Cavaliers des Lumières, Le règne de la barbarie * - Aubert & Cavali

Plon, mai 2008 - Coll. Jeunesse / Heroïc - 300 pages. 13€

A également été lu par Marie

10 juillet 2008

A cinq ans, on pleure pour un bonbon. A quinze ans, on pleure pour un garçon.

L'adolescence est le seul temps où l'on ait appris quelque chose.

Marcel Proust
Extrait de A l'ombre des jeunes filles en fleurs

Depuis son entrée au lycée, Hatsu n'arrive pas à s'intégrer aux autres, à accepter d'appartenir à un moule. Même son ex-meilleure amie peine à la ramener vers son cercle de copains branchés et à l'aise dans leurs baskets. Hatsu s'isole, mange seule le midi et pratique de l'athlétisme en club. Un jour, son attention est attirée vers un garçon coupé du reste de la classe, Ninagawa. C'est un otaku. Il vit dans sa bulle de fascination, les yeux prêts à sortir de leur orbite à fixer des magazines de mode, histoire de sustenter sa passion énorme et dévorante pour le mannequin vedette Oli Chang. Hatsu lui annonce avoir croisé cette fille trois ans auparavant. Son coeur faisant un bond de dix mètres, le garçon invite Hatsu à venir chez lui pour lui donner des détails.

C'est étrange... L'histoire est livrée sous forme de journal intime et raconte la chronique d'une amitié faite de sentiments complexes et contradictoires. D'abord intriguée par le personnage, Hatsu va vite alterner des émotions d'agacement, d'attirance et d'atermoiement sans fin. Puis, n'en pouvant plus, elle lui donne un coup de pied dans le dos pour crever la bulle. Ninagawa est un type qui vit dans son rêve duquel il ne se réveille pas. C'est lent, passif et assez triste. On vit l'histoire à travers le regard de Hatsu, une adolescente qui est également mal dans sa peau, qui se cherche et va connaître les premières palpitations amoureuses, bien avant de pouvoir les nommer. C'est un récit qui se lit vite, qui possède du style. Cela traite avec sensibilité du passage de transition entre l'enfance et l'âge adulte, cet entre-deux qu'on appelle l'adolescence (ou l'âge ingrat) avec son lot de turpitudes existentielles.

Ce court roman (de 160 pages) peut également être lu par un jeune lectorat, dès 13 ans. L'auteur Wataya Risa n'avait d'ailleurs que dix-neuf ans au moment de recevoir le Prix Akutagawa 2003, le goncourt japonais. On retrouve cette innocence, cette fraîcheur et cette impression d'expérience personnelle dans ce livre.

"La solitude me sonne dans la tête. Un son de clochette, très aigu, à me casser les oreilles."

Appel du pied, Wataya Risa

Picquier poche, 2008 (pour la traduction française, 2005)

roman traduit du japonais par Patrick Honnoré.

Avait été conseillé par Cathulu

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Vincent a dix-sept ans, il est au lycée, récolte de bonnes notes mais il fait partie des Invisibles, avec ses copains Alex et Fred. Il a un gros souci avec son physique : blanc maigrichon épaules de serpent et encombrement d'une crevette. Acnéique pour couronner le tout. Des bubons infâmes plein la figure et le dos comme une cerise sur le gâteau. Il a coutume de raser les murs, de ne pas chercher à transparaître ; il se laisse couler. Puis un jour, le conseil d'un pote plus l'arrivée en fanfare de la tante Paulina, exubérante et éclatante de vie, vont changer son monde. Un traitement de choc pour son acné et une virée dans les boutiques le font entrer dans la cour des miracles : celle des fashion victims ! Avec son nouveau manteau, taillé sur mesure, Vincent se sent dans la peau d'un autre. L'habit fait définitivement le moine, selon lui. C'est comme une peau qui mue, un papillon qui sort de sa chrysalide. Vincent gagne en assurance, mais autour de lui ses maigres repères s'effondrent : les larmes de Paulina cachent une certaine détresse, et Fred va choisir la fugue à force de ne plus supporter son mal de vivre.

Fashion Victim pourrait être un roman léger, en apparence. Il croque le portrait d'un adolescent mal dans sa peau, qui va connaître le déclic grâce à un bout de tissu. En fait, on ne décrypte pas le phénomène de la superficialité, du matérialisme et du règne de l'apparence. Les soucis des personnages du roman sont profonds, peut-être cachés sous des couches ou sous une incapacité à se faire comprendre. Par ailleurs, le roman va même démontrer qu'il faut être libre des codes, s'afficher selon ce qu'on ressent et ne pas se soucier des autres ni des modes. C'est une histoire qui traite de la quête de soi, à travers des appels de détresse (changement de style, tentative de suicide, fugue). C'est effectivement moins futile que ne le prévoyait le titre, mais c'est une analyse (sur l'adolescence, le jugement de soi et des autres) fort intéressante à lire.

"Marre des étiquettes qu'on vous colle sur le dos et dans le dos. Etiquetage. Jugement. Condamnation. Pas le droit de changer de peau. De bouger de la place qui t'est assignée une fois pour toutes. Sous peine de se faire traiter de gonzesse, d'être traité de trahison de frivolité d'imbécillité !"

"Moi-même je ne sais qui je suis. Alors qui peut dire que je ne suis plus le même !"

Fashion Victim, d'Irène Cohen-Janca.

Editions du rouergue, 2006 - coll. doAdo. 150 pages.

Côté cinéma, il existe un film qui parle du même sujet : règne de l'apparence, importance des classes et des clans à séparer, quasi mission impossible de muter d'un rang à l'autre. On ne bouge pas de sa case, à moins de... perdre sa foi. Can't buy me love est un film qui date de 1987, une comédie américaine sans prétention, mais on y retrouve Patrick Dempsey archi-inconnu et débutant de première !

 

C'est l'histoire de Ronald, lycéen de 18 ans, intellectuel binoclard et coincé, qui rêve de devenir populaire et d'être adulé par les filles comme ses copains. Cindy, belle et sophistiquée, est son idole. Celle-ci, à la suite d'un incident, a besoin d'argent. Elle accepte à contre-coeur de faire semblant d'être sa fiancée et en profite pour le transformer : nouvelle coupe de cheveux, tenues branchées etc. Résultat : Ronald, libéré, devient soudain populaire et très demandé par les filles. Il ne s'aperçoit meme pas que Cindy est amoureuse de lui...

2 juillet 2008

La forêt des maudits - Marcus Sedgwick

L'histoire se passe au début du XVIIe siècle, en Europe de l'Est. Peter et son père Tomas, tous deux bûcherons, traversent la forêt de Chust pour se rendre à l'enterrement de Radu, un autre bûcheron de leur connaissance. Son corps a été retrouvé pendu, le village a aussitôt conclu qu'il s'agissait d'un suicide. Tomas reste circonspect, pointant le doigt sur un détail troublant : le coeur de Radu a été arraché.

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Mais dans ce village perdu au coeur de la Transylvanie, il faut se taire et rentrer dans le rang. Peter et son père vivent dans une cabane, au fond des bois. Ils rendent service, coupent du bois et se tiennent à l'écart des soubresauts qui secouent les habitants de Chust. Car des morts violentes surviennent et entraînent des conséquences irréversibles. Un jeune type prénommé Stefan a été retrouvé assassiné. Selon une coutume ancestrale, le village doit organiser "les noces funèbres". Pour épargner la malédiction qui s'abat sur les morts célibataires, il faut le marier à une fille du village, devant son tombeau ouvert. Après la cérémonie, la fille passe quarante jours de deuil confinée dans un cabanon, à l'orée du bois, sans voir âme qui vive. La fille choisie est Agnès, celle que Peter chérit.

Il va tenter d'interférer dans le jugement des Anciens, à la tête desquels se trouve Anna, une vieille femme au physique repoussant. En comité d'accueil, Peter est vivement repoussé et invité à aller voir ailleurs. Depuis peu, son père et lui dérangent. Tomas est effectivement un ivrogne invétéré et la récente venue des tziganes, qui campent dans la clairière, ne profite pas à la réputation du bougre. On raconte sur lui des tonnes d'histoires, liées à son passé, selon lesquelles Tomas cacherait des trésors inestimables. La caisse sous le lit de son père en est la preuve, même Peter a interdiction de l'approcher !

Bref, en attendant, Agnès est conduite dans sa prison de fortune et est coupée du reste du monde. Peter veut s'assurer qu'elle est en bonne santé mais il découvre alors qu'il n'est pas le seul à lui rendre visite. A la nuit tombée, un individu, se faisant passer pour Peter, se glisse jusqu'à sa fenêtre et lui tend une main froide, en la cajolant d'une voix douce mais qui reste, dans le fond, terrifiante.

Je vous avoue que, sans jamais nommer la source du problème, on comprend bien vite de quoi parle ce roman ! Mais Marcus Sedgwick a eu l'intelligente idée de brasser les contes et vieilles légendes d'Europe de l'Est pour traiter son sujet. Les sources sont fiables, pour un rendu romanesque. L'ambiance est impeccable, sombre, gothique et captivante. Les pages de ce livre se tournent à vitesse folle (les chapitres sont courts, cependant). Peut-être le début est-il vaguement opaque et douteux, mais très vite le lecteur va mordre à l'hameçon et ne lâchera plus son livre ! La forêt des maudits est un roman qui se lit à tous les âges, si le sujet vous plaît, alors n'hésitez pas !

Milan, mars 2007 - coll. Grands Romans - 230 pages. 13€

traduit de l'anglais par Emmanuelle Pingault - titre vo : My swordhand is singing.

C'est Mélanie (Book in) qui, la première, a su me donner envie...

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30 juin 2008

Being - Kevin Brooks

"Je respirais, je mangeais, je buvais, je consommais. Je chiais. Je dormais. Je rêvais. Je souffrais. J'étais sensible aux drogues - alcool, anesthésiant. J'éprouvais des sentiments - bons, mauvais. Des désirs. Je ressentais la fatigue. Je pensais à des choses - bonnes, mauvaises, inutiles. Je n'avais pas envie de mourir. Je riais. Je souriais. Je fredonnais, je sifflais, je bâillais. Je fonctionnais comme un organisme. Mais je semblais être fait de matériaux non organiques... Cela n'avait vraiment aucun sens."

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Suite à une banale endoscopie, un adolescent de seize ans, Robert Smith, est tiré de son anesthésie et surprend une conversation des chirurgiens penchés sur son corps ouvert, tout de plastique et de métal... qu'est-ce que cela signifie ? Quand, au-delà de la douleur, l'ado bondit et surprend l'assistance, l'arme au poing, et parvient à s'extirper de ce cauchemar. Mais qui est-il ? Quelle part cachée sommeille en lui ?

Pas le temps de réfléchir, Robert s'enfuit et se réfugie dans une chambre d'hôtel. Dans la presse du lendemain matin, il apprend qu'il est recherché par la police pour avoir assassiné un médecin ! Ne sachant plus à qui se fier, ignorant encore qui sont ses poursuivants, Robert va taper à la porte d'une certaine Eddi Ray, une faussaire rencontrée par le biais d'une tierce personne, du temps où sa vie était "normale".

Robert a perdu tous ses repères, il hésite à confier son destin entre les mains de cette fille et pourtant il n'a pas le choix et va la suivre jusqu'en Espagne. De fil en aiguille, une attirance physique les pousse l'un vers l'autre. Cela n'éloigne pas la menace, toujours présente, qui bientôt se présentera à leur portillon.

Quelle pression ! Kevin Brooks, très inspiré par les thrillers vus au cinéma, signe là un roman stupéfiant, écrit à l'arraché, d'une plume froide, terriblement implacable. On étouffe littéralement, on suffoque à l'approche des hommes en costards qui poursuivent le jeune Robert Smith (aucun rapport avec The Cure !) ; cette écriture sans état d'âme et sans fioriture est une volonté d'aller de l'avant, toujours plus loin des limites fixées.

On se sent dans ce livre comme dans un univers filmé (on devine une ambition cachée ?). Bref, ce serait presque génial mais le climat trop rigide rend finalement la lecture accablante. Et puis je suis restée sur ma faim, tout ce qui concerne l'état de Robert Smith et son pourquoi restent dans le flou artistique. Robert a été abandonné à la naissance et a grandi dans des familles d'accueil ; le dernier couple, Bridget et Peter Young, n'existe d'ailleurs qu'à travers la citation. La suite du roman ne se base que sur cette sempiternelle question, qui nous taraude tous : qui est Robert Smith ?

Voilà donc un roman à haute portée psychologique, dramatique et dans la veine du véritable thriller, qui lorgne un tantinet sur la science-fiction... On dépasse les rebondissements (nombreux), les scènes qui font de l'adolescent un personnage cruel et menaçant, mais aussi un type dépassé par ce qu'il vient de découvrir, déboussolé et en quête d'un "moi". On obtient alors un roman qui offre une profonde réflexion existentielle sur l'identité, la mémoire, la solitude de ce garçon hors norme. 

La fin ouverte pourrait également inciter à penser qu'une suite est envisageable...

Editions du Rouergue, janvier 2008 - Coll. doAdo noir - 350 pages. 15€

traduit de l'anglais par Ariane Bataille

A été fort apprécié par Melanie (Book in)

27 juin 2008

Sally Lockhart : La malédiction du rubis - Philip Pullman

Dans l'Angleterre victorienne, Sally, jeune orpheline de seize ans, va chercher à décrypter le message codé de son père, envoyé peu de temps avant sa mort, au large des mers de Chine. Mais son premier contact avec un associé de la compagnie Lockhart & Selby se solde par un drame : l'homme s'effronde, aux simples mots évoquant les Sept Bénédictions. Le mystère va s'épaissir lorsque Sally va recevoir un courrier d'un ancien camarade de son père, se voir confier un journal intime et apprendre l'existence du Rubis d'Agraphur, peut-être à l'origine de tous ces maux. Là où Sally Lockhart foule le sol, la mort la succède. Est-elle maudite ? Ou ne s'agit-il pas le signe d'une présence dans l'ombre, menaçante et ô combien pesante, d'une dame appelée Mme Holland, propriétaire d'une pension dans un quartier mal famé de Londres. Cette vieille harpie ne s'embarrasse pas des détails gênant sa quête, elle menace, condamne à mort et fait du chantage. Et puis, elle veut la peau de Sally Lockhart, cette péronnelle qui se met toujours en travers de sa route...

Très vite aidée de ses nouveaux amis, Frederick Garland, le photographe, et sa soeur Rosa, une comédienne, et du jeune Jim Taylor qui travaille dans la compagnie Lockhart & Selby, Sally va courir les ruelles sordides et brumeuses de Londres. Les terribles secrets sur son passé vont apparaître sous un voile nouveau, à travers les brumes de l'opium et du trafic louche entre l'Orient et l'Angleterre...

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C'est grâce à la chaîne Arte que je dois cette lecture. Cette série adaptée à la tv par la BBC est diffusée tous les vendredis soirs. L'adaptation est fidèle au roman, avec une héroïne attachante et plutôt intrépide, très intelligente et hors du commun (elle a appris à tirer au pistolet et est aussi habile avec les chiffres qu'un comptable). L'action est assez dense, pleine de suspense et conduit à un dénouement plein de souffle ! Je découvre avec cette série le style de Philip Pullman, auteur d'A la croisée des mondes, et je suis étourdie de plaisir.

A suivre : Le mystère de l'Etoile Polaire.

éditions gallimard jeunesse, 2003 - coll. folio junior - 340 pages.

traduit de l'anglais par jean esch, titre vo : the ruby in the smoke (philip pullman, 1985).

Infos Arte

24 juin 2008

15 Ans Welcome to England - Sue Limb

Fans de Jess Jordan, votre héroïne n'a pas subitement rajeuni en un coup de stylo à plume. Ce livre est en fait un prequel (un épisode dont l'action est antérieure à la trilogie existante mais écrit après). Ici, Jess n'est pas (encore) amoureuse de son meilleur ami Fred et doit accueillir son correspondant français, Edouard. Pensant qu'il colle à son image idyllique du latin lover, yeux noirs et lèvres boudeuses, elle lui adresse une photo retouchée et reçoit en retour un cliché très engageant ! Le jour de la rencontre, cependant, Jess tombe des nues et fait face à un bonhomme haut comme trois pommes, hyper coincé et qui ne parle pas un mot d'anglais. Les quinze jours à venir vont être une torture absolue...

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Que d'humour dans ce livre ! Cela commence avec la découverte du correspondant, Edouard ne décroche pas un mot et s'installe dans la voiture en laissant flotter une odeur nauséabonde. Pour ne pas le vexer, Jess et sa mère utilisent un code et le surnomment "la reine". Quel ennui... ce garçon aurait-il un problème d'hygiène ? Mais en vrai, c'est Jess qui a marché dans une crotte et ne le découvre qu'une fois arrivée à la maison, et ce sans la présence d'Edouard qui doit désormais penser que sa correspondante n'est pas très "clean" non plus ! Notre trio sympathique continue de s'installer dans les situations embarrassantes, lorsque le français se rend dans la salle de bains et se bat avec la chasse d'eau...

Un fossé se creuse sous les pieds de Jess. Elle apprend d'une tierce personne que son cher Edouard est tombé fou amoureux d'elle en voyant sa photo ! Chose abominable et inconcevable, la jeune fille décide alors de supplier Fred de "faire comme si" et annonce à tous qu'ils sortent ensemble. Et puis, très vite, ce mensonge l'encombre car Jess juge absolument craquant le correspondant de sa camarade Jodie et voudrait bien avoir son premier "french kiss" avec lui ! Pour détendre les relations franco-anglaises, la bande organise un week-end camping.

J'aime beaucoup les livres de Sue Limb et ce, même en accusant 30 ans ! C'est frais, pétillant, plein d'esprit. Jess Jordan est une héroïne unique, une vraie copine qui nous fait partager les joies (et déconvenues) des échanges linguistiques. Je pensais qu'avec ce prequel cela allait être totalement décalé, je m'étais habituée aux amourettes entre Jess et Fred. Finalement je suis agréablement surprise, j'ai beaucoup rigolé. Et puis je trouve que Fred est un garçon qui gagne à être connu, je ne vous dis que ça !!!

A noter, ce livre peut se lire indépendamment des autres.

Gallimard jeunesse, (juin) 2008 pour la traduction française - coll. Scripto - 293 pages - 11,50€

traduit de l'anglais par Laetitia Devaux - titre vo : Girl, 15 Flirting for England.

Du même auteur :

 

22 juin 2008

Vampires : La naissance - L.J. Smith

De retour de ses vacances en France, Elena est soudain prise d'une immense lassitude à regagner sa routine de Fell's Church, petite ville de Virginie. Jolie brin de fille, c'est aussi la reine de l'école. Elle connaît son pouvoir de fascination sur les garçons, alors comment n'est-elle pas agacée devant le nouveau venu qui reste imperméable à ses charmes ! Stefan Salvatore, au volant de sa porsche, sexy en diable avec son blouson en cuir taillé sur mesure, tout droit venu d'Italie et lunettes noires sur le nez, crée sensation ! Les filles rêvent de faire sa conquête, Elena en tête. Mais le garçon est fuyant, très mystérieux, il ne se lie avec personne. Ce qu'il ressent pour la belle Elena est un mélange de répulsion et d'attraction, car il sait que pour le bien de la jeune fille il faut qu'il se tienne à l'écart.

Cela vous rappelle forcément quelque chose ? Le schéma de Twilight, la série à succès de Stephenie Meyer. Ai-je trouvé là un autre phénomène de lecture ? Naaaan. Cruelle déception. J'ai même eu le sentiment d'avoir été totalement arnaquée. C'est du Harlequin déguisé, bourré de niaiseries et de clichés tellement ridicules que ça en devient risible à la fin. Pfff, pitoyable. (Visez la couverture... un indice !)

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Dans ce livre, on découvre chez le personnage masculin une âme torturée et une soif constante et exigeante. Là aussi, il tente de se fondre parmi les humains et cherche à vivre un semblant de vie ordinaire. Stefan a cependant un lourd différent avec son frère, Damon, notamment parce qu'il tente de se détacher de sa nature vampirique. Le spectre d'une fille aimée, Katherine, vient aussi hanter notre damné, laquelle semble s'être réincarnée sous les traits d'Elena.

En même temps, à Fell's Church, un cadavre a été retrouvé, vidé de son sang. Les soupçons se portent sur Stefan, l'étranger qui s'isole et cultive ses secrets. Tellement facile... Pourtant, Elena sait qu'il est innocent et veut le prouver sans révéler ce qu'elle a découvert. L'affaire va se compliquer avec la disparition du garçon, qui signe sa culpabilité aux yeux de tous, mais pour la jeune fille cela signifie que Damon est en ville pour réclamer vengeance. Aucun doute possible, il est venu pour mettre la main sur Elena.

Inutile de préciser que Stefan Salvatore n'arrive pas à la cheville d'Edward Cullen, c'est une évidence. Un fait troublant, toutefois, me frappe car c'est un livre édité en 1991 et l'histoire a été inspirée à son auteur d'après un rêve... la coincidence est mince avec Stephenie Meyer. De plus, il y a plusieurs points concordants (le garçon à la beauté inhumaine, sa nature à combattre la damnation et l'envie de se ranger dans la foule...). Je sais bien que toute comparaison s'arrête là, la série Twilight est mille fois mieux, plus palpitante, portée par des personnages au charisme renversant. Pour avoir trop espéré retrouver ce même sel dans la série de L.J Smith, je me sens amèrement frustrée et déçue ! 

C'est une série en quatre tomes (plus d'infos).

Editions J'ai Lu, 2000 pour la traduction française - 190 pages.

traduit de l'anglais par Agnès Girard - titre vo : The Vampire Diaries, The Awakening.

L'avis de Virginie (Chrestomanci) qui est plus emballée

8 juin 2008

Stargirl & Signé Stargirl - Jerry Spinelli

A Mica (Arizona), Stargirl Caraway vient d'entrer en seconde dans le lycée de Léo. Elle arbore des tenues excentriques, joue de l'ukulélé, étonne tous les élèves. Léo en tombe amoureux. Stargirl est un phénomène qui attire les regards, ses camarades la jalousent ou se lient d'amitié avec elle. Progressivement, à force de miracles, la jeune fille devient même la nouvelle coqueluche de l'école. Mais le jour où elle encourage à la fois l'équipe de basket du collège et l'équipe adversaire, Stargirl est mise au ban de la vie du lycée... Difficile de tolérer les entorses aux règles établies par une loi tacite et muette. L'histoire d'amour entre Leo et Stargirl risque, elle aussi, d'être sujette à des chuchotements et ainsi fragilisée.

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Ce roman traite de la différence et l'anticonformisme. La figure de Stargirl est lumineuse, c'est une jeune fille atypique, qui vit dans sa bulle. Sa venue dans le lycée de Mica réveille les moutons endormis, c'est comme un électrochoc. Jusqu'à présent, les élèves suivaient des codes établis. C'était un public statique, qui ne s'enflammait guère pour les sports d'équipe. Chacun à sa place, aussi. Le repas à la cantine, tous les midis, est avalé dans le silence. C'est morne, sage, le calme plat. Et Stargirl arrive, avec son ukulélé, son rat Cannelle et sa marguerite sur son pupitre... Un enchantement ! Cela montre d'autant plus la stupidité du commun des mortels - Leo, le narrateur - qui est séduit par l'originalité de cette fille, en tombe amoureux puis souffre d'être la cible de "l'évitement". Alors, vachement, il demande à sa belle de changer, de rentrer dans le moule. Et pourtant, la Stargirl qui a su l'éblouir était bien celle qui aujourd'hui lui fait honte !

Un gros casse-tête, ce livre ! Il montre bien la dualité existante dans la société actuelle, celle de l'apparence, qui juge selon des préceptes figés et qui nous endoctrinent bêtement. Il suffit d'une part d'originalité, d'un pas de travers et le couperet tombe... Je n'ai pas aimé Leo pour toutes ces raisons, pour sa lâcheté notamment. Il subit l'influence de masse et désire que son adorée adopte une attitude plus conforme. Être en accord avec le jugement des Autres, voilà un terrible dilemme pour une demoiselle libre comme l'air, qui ne souffre pas qu'on l'enferme dans une case. Léo mérite-t-il un tel amour ?

Editions Flammarion 2003 pour la traduction française, coll. Tribal - 270 pages. 10€

Traduit de l'anglais par Luc Rigoureau.

On retrouve notre Stargirl dans ce roman publié sept ans plus tard. L'histoire, elle, se passe juste après la douloureuse rupture avec Léo. De la Pennsylvanie où elle vient d'emménager avec sa famille, Stargirl décide de lui écrire une lettre qui se transforme vite en journal intime. Elle y raconte la douleur de la séparation, sa solitude, mais aussi les personnages originaux qu'elle rencontre et avec qui elle se lie d'amitié. Il y a la petite Dootsie, qui, du haut de ses cinq ans, mène son petit monde à la baguette, Betty Lou, qui n'a pas mis un pied hors de chez elle depuis 9 ans, Alvina, au tempérament bouillonnant et Perry, le voleur aux yeux bleus.

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Est-ce parce que ce roman est livré d'un point de vue féminin, celui de Stargirl, que je l'ai trouvé terriblement spécial et attachant ? Toujours est-il que j'ai davantage apprécié cette suite ! On y retrouve une jeune fille déchirée, déçue et blessée. Tous ses espoirs placés en Léo ont été balayés et la jeune fille souffre énormément. Les mois passent, ses petits galets désemplissent son chariot du bonheur et cela la consterne. C'est intéressant ici de découvrir l'autre aspect du miroir, le côté verso d'une histoire livrée (côté pile) par Léo. Mais heureusement on n'y passe pas des plombes non plus, Stargirl ne se complaît pas dans l'atermoiement et très vite elle se ressaisit.

Dans la nouvelle ville où elle vient d'emménager, elle découvre des personnalités aussi fantasques et burlesques qu'elle. C'est une vie qui lui ressemble, faite d'excentricités, de gentillesses et de particularités. Parce que Stargirl n'est pas une fille typique, elle se doit d'être entourée d'amis précieux et hors du commun. C'est à la fois drôle, magique et ça donne cruellement envie. Stargirl a le don de saupoudrer la vie des autres avec ce grain de folie douce, elle fascine. Et malgré tout, ses pensées continuent de voler vers Arizona Leo et c'est rageant ! On ne brûle pas les ailes d'un premier amour, j'ai bien compris. Et dommage, car la rencontre avec Perry est beaucoup plus pétillante et excitante à suivre ! On referme les 370 pages de ce livre avec un air heureux et comblé. On en retient le plaisir incomparable d'avoir touché les étoiles !

A découvrir !

Flammarion pour la traduction française, 2008 - Coll. Tribal - 370 pages. 10€

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Luc Rigoureau.

L'avis de Ricochet

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