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Chez Clarabel
6 novembre 2008

Les Cavaliers des Lumières : La voie des chimères **

Nous sommes encerclés, une seule tactique
On fonce dans le tas, pas de quartiers haro !
Découpons en lanières, ces zombis fanatiques
Et qu'ils sachent pourquoi nous sommes des héros

**********

511yCE3OpAL__SS500_Voici donc le deuxième livre qui succède au Règne de la barbarie de cette série en 5 volumes.
Nous suivons Owen, alias Dream Song, un adolescent qui vit avec ses parents adoptifs et sa petite soeur dans le bush australien. Après les derniers événements survenus dans le tome précédent, le garçon se réveille avec un ordinateur cramé et inutilisable. Mais d'autres mauvaises surprises l'attendent car ses tentatives de connexion au jeu des Barbarians échouent. Le jeu semble avoir été rasé de l'internet, aucune trace n'existe sur les moteurs de recherche ou les forum.
Cela pourrait être une bonne nouvelle, le signe que leur mission a été accomplie (ces créatures virtuelles avaient choisi d'envahir la Terre). Tout serait donc rentré dans l'ordre ?
Non, car Owen pense aussitôt à Fennec des Sables. Nous la connaissions sous les traits de Théo la parisienne qui vivait seule avec son père, elle avait détecté la première le plan machiavélique des Barbarians, avait contacté ses partenaires de jeu pour les avertir du risque, puis était partie sur l'île de Wight où elle avait rencontré un apprenti mage, etc. Elle avait su se glisser dans le système et intégrer le monde virtuel en franchissant la frontière. Elle avait poussé ses camarades à la rejoindre, mais ils n'y sont jamais parvenus. A la place, c'étaient toujours leurs avatars qui avaient combattu vaillamment contre Yamider et sa cruelle armée de Barbarians.
Et donc, après l'affrontement il y a eu le nuage noir. Les écrans d'ordinateur ont fumé et le jeu est parti en poussière.
Où est passée Théo ?
Elle n'est pas rentrée chez elle, son père n'a aucune nouvelle. Il est prêt à craquer...
Owen choisit de taire la mission casse-cou de sa fille et opte pour le rassemblement des Cavaliers des Lumières : Glaive d'Or, Ciel qui gronde et Oeil de Faucon.

Le lecteur que nous sommes pousserait bien Owen à se rapprocher de Bruce l'Aborigène, celui qui semble tout savoir et lire dans l'esprit des autres. Il a déjà attiré l'attention du garçon sur un dingo qui ne quitte plus les alentours de leur maison. Car l'animal cherche à communiquer avec lui, avance Bruce.
Mais Owen est assez buté et il n'aime pas ce vieux mêle-tout. Pourtant l'Ancien a raison. Le gamin ne le sait pas encore, mais sous cette forme animale se trouve Théo. Emportée dans le tourbillon du Grand Passage, elle est revenue sur Terre incarnée en dingo ! Comment lui rendre son apparence humaine ? Et si, enfin, Owen suivait Bruce sur le chemin de l'Initiation...

Encore une bouillante aventure que voilà !
Owen, alias Dream Song, s'est déclaré chef des Cavaliers des Lumières, mais dans la vie réelle il se sent incapable et indécis. Par exemple, il a toujours ressenti un doute vis-à-vis de Yamider et lui accorde le bénéfice du doute (il ne serait pas foncièrement démoniaque). C'est sans savoir que le Grand Chancelier aime se nourrir des flottements pour se glisser dans la brèche et retrouver sa force !
Damnation ! Le Monde Nouveau est encore une fois menacée, et Owen se sent coupable. Sa petite soeur Neal va être prise en otage de la barbarie et il n'est plus question d'hésiter. Il faut agir.
Et bonté divine, Théo revient !

Ce livre nous enseigne une part de la culture aborigène, par le champ de cérémonies sacrées et d'incantations, qui représente un intérêt considérable. Peut-être les plus jeunes ne s'y arrêteront pas comme moi, et seront davantage happés par l'ambiance et les techniques de jeu, les batailles épiques et l'action trépidante. Je ne les blâme pas non plus, car ce roman est véritablement captivant. Il y a un vrai souffle romanesque et une intrigue qui déborde d'imagination.
La perspective des prochains volumes s'annonce excitante, sachant que nos trois autres cavaliers des lumières sont d'origine massaï, chinoise et indienne.
Le troisième livre, portant le titre de La porte du présage, va d'ailleurs nous emmener en Californie auprès de Ruben, qui détient un rôle clef dans les Barbarians Killers. Pour le savoir, c'est à suivre !

**********

« A l'école, ils nous ont expliqué que nos histoires de Rêves à nous autres, les Abos, ne sont que des leurres. Des superstitions. De l'archaïsme.
- Etre archaïque ne veut pas dire être idiot, ni être dans le faux. Quelquefois c'est le progrès qui se trompe. Tes professeurs n'ont donc pas tout à fait tort. Ton Rêve est archaïque, et il est la Voie qu'il te faut suivre pour avancer vers ton destin.
- Qui est ?
- Qui est la Voie des Chimères. Suis-la et tu trouveras ce pour quoi tu es venu sur Terre.
- La Voie des Chimères... Est-ce que tu veux dire la Voie de ce qu'on ne voit pas ? De ce qu'on imagine ? Est-ce que les fantômes que j'ai vus l'autre nuit dans le bush, durant mon initiation, étaient des Chimères ?
- Je n'en sais rien, petit. Tu poses trop de questions. Il s'agit de ton héritage. Je ne peux pas t'en dire plus
.
»

Par Brigitte Aubert & Gisèle Cavali
Plon jeunesse, novembre 2008 - 308 pages - 13,90€

 

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4 novembre 2008

Dracula la rédemption - Kate Cary

Deux années sombres viennent de s'écouler, durant lesquelles Mary Seward a tenté de reprendre le cours de sa vie à Purfleet. Elle ne parvient pas à chasser les souvenirs des événements survenus au château de Tepes, elle qui était si courageuse et déterminée se découvre peureuse et paranoïaque. Elle vit cloitrée, ne sort plus la nuit et se pare de tous les artifices pour chasser les vampires (crucifix, eau bénite, etc.). Son père, malade et affaibli, l'encourage à retrouver goût à la vie.

Infirmière de garde, elle s'est liée d'amitié avec des collègues, Helen, Becky et Stella. De même, elle vient de faire la connaissance de Lord Bathory, un homme intelligent, effacé et très riche, qui commence à la courtiser. Peut-être les beaux jours vont enfin revenir...

Mais Quincey Harker est de retour, échappé d'un monastère où il avait songé expurger le Mal en lui. Il prétend chercher la rédemption et implore l'aide de Mary. Peut-elle lui faire confiance, alors qu'il pratique toute sa séduction pour lui faire perdre la tête ? Dans le même temps, il y a une hécatombe de victimes à l'hôpital où elle travaille, et pas des cas anodins puisque les corps sont vidés de leur sang. Mary sait qu'il s'agit de la signature d'un vampire, bien que le personnel médical évoque un virus et pointe le doigt vers la jeune femme, tenue pour responsable d'avoir introduit le mal dans l'établissement.

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Beaucoup de passion encore au programme dans cette suite de Dracula, l'héritier.
On suit désormais principalement Mary Seward, pour les raisons que l'on sait et qui sont survenues à la fin du Livre I. La tension est toujours présente, avec son soupçon d'angoisse et de mystère. On frémit, comme Mary, au moindre signe suspect, à l'apparition d'une ombre menaçante et lorsque la nuit tombe. On partage ses doutes, on s'associe à sa prudence, on se laisse séduire puis tromper. C'est une parfaite combinaison pour nous faire chavirer.
Dans ce livre, on en apprend aussi davantage sur Quincey Harker qui revient sur son initiation et sa transformation. Son personnage reste flou pendant les 3/4 du roman et on peut juste déplorer la fin précipitée de l'histoire, à la fois excitante et décevante.
J'espère qu'il y aura encore un troisième livre (rien ne l'indique), pourtant la fin est ouverte !
Une série à lire, de 14 à 110 ans !

Milan, septembre 2008 - 314 pages - 9,50€
traduit de l'américain par Emmanuelle Pingault
titre vo : Bloodline Book 2 : Reckoning

Mon avis sur Dracula, l'héritier

30 octobre 2008

Dracula l'héritier - Kate Cary

Septembre 1916. Un lieutenant blessé et complètement délirant arrive à l'hôpital de Purfleet. L'infirmière Mary Seward reconnaît aussitôt John Shaw. Elle se souvient de lui et sa jeune soeur Lily arrivant à Carfax Hall, quelques années auparavant, avec leur gouvernante d'origine roumaine, Antanasia, après la disparition de leurs parents.
Inquiète pour sa santé, Mary s'enhardit à lire le journal intime de John où elle découvre son supplice au coeur des tranchées françaises. Il était sous le commandement du Capitaine Quincey Harker, un type admiré et redouté à la fois. Cet homme errait souvent seul la nuit, pouvait se révéler intraitable mais c'est grâce à son dévouement si John Shaw est aujourd'hui en vie.
Toutefois, Mary éprouve une vive répulsion pour ce capitaine décrit en des termes monstrueux. Lorsqu'elle le rencontre pour la première fois, elle a pour instinct de protéger John et sa soeur. Celle-ci, totalement naïve et innocente, est tombée sous le charme ténébreux de Harker, rentré de France et résidant à Carfax Hall sous l'invitation de la jeune fille.
Avec John, enfin rétabli, Mary va vouloir repousser les fiançailles entre Lily et Quincey. Quand soudain, le couple disparaît...

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A l'instar de la couverture, l'histoire est véritablement opaque et oppressante. C'est effrayant, passionnel, sanguinolent et dramatique.  C'est dans la lignée de Bram Stoker, dont Kate Carry prétend revisiter le grand classique en imaginant une suite... originale et respectueuse. Quincey Harker, le personnage-clef, serait donc l'héritier de Dracula. Il a un plan, de séduction et d'accomplissement de lignée. On le découvre petit à petit, en s'enfonçant dans les couloirs glacials du château de Tepes en Transylvanie.
Et fidèle à sa source d'inspiration, ce récit est raconté par le biais de lettres et d'extraits de journaux.
J'ai beaucoup aimé. L'ambiance est fascinante, elle commence par le côté obscur et dans le paysage cauchemardesque de la guerre, la personnalité ambivalente de Quincey Harker apparaît en filigrane. Et puis, une espèce d'accalmie surgit en la figure de Lily, au charme évanescent. Elle est jeune, pure et candide. La présence de Harker à ses côtés réveille des torrents de désir, elle se sent prisonnière de cette attirance et n'hésite pas à le suivre jusqu'au bout de son aventure. Mais elle ne soupçonne pas un instant la facette cachée de son âme torturée, et à ce propos, j'admire la tournure des événéments lorsque les barricades s'élèvent de toutes parts et étouffent la belle ingénue.
En fait, le sentiment de menace plane de long en large, au cours de ces 300 pages. Et d'un autre côté, c'est incroyablement sensuel et sulfureux. La sexualité est inhérente au rapport d'haine et de fascination. Et plus précisément, l'érotisme. Avec le sang et la mort, ce sont les trois pôles fondateurs du vampirisme, qu'on retrouve dans ce roman (Dracula, L'héritier) publié en jeunesse mais ceci ne doit pas freiner les élans de n'importe quel lecteur au-delà de 14 ans.   
Une suite vient de paraître : Dracula, La rédemption. Faites comme moi : n'attendez plus !

Milan, mars 2008 - 318 pages - 9,50 €
traduit de l'anglais par Emmanuelle Pingault
dès 14 ans

18 octobre 2008

Le contour de toutes les peurs - Guillaume Guéraud

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Un jour de la semaine, après les cours, Clément, 14 ans, rentre chez lui. La maison est calme, sa mère avocate ne rentre que tard dans la soirée. Il effectue quelques gestes rituels, puis surprend un bruit anormal dans le bureau. Il s'y rend et découvre un homme, de dos, en train de saccager les meubles, les livres et les murs. Clément est figé sur place. Qui est-il ? Que veut-il ? Le garçon est contre la porte, immobile, paralysé. L'homme se retourne alors vers lui.

C'est un fou furieux, un dangereux criminel venu se venger. Il s'en prend au fils à défaut de la mère. Il se défoule, ligote l'adolescent et l'abandonne à son triste sort. Mais il a promis de revenir. Finir le sale boulot.

Comment retourner à une vie normale, faire semblant de tourner la page quand ses mots vous obsèdent ? La menace de l'individu est gravée au fer rouge, Clément se sent en sursis. La terreur s'installe dans ce roman noir et fait son nid dans l'état de statu-quo qui n'est en fait qu'un leurre (on s'en doute). La violence est présente, ne connaît aucune limite. On s'attend à tout, on frémit et on se surprend à reprendre son souffle en expirant un bon coup.

Face à un adolescent terrorisé par la peur, un homme qui n'a plus rien à perdre... Jusqu'où nous plonge Guillaume Guéraud ?

C'est absolument vertigineux.

Ed. du Rouergue. Coll. doAdo noir / Septembre 2008 - 122 pages - 7,50€

17 octobre 2008

Vendeur de cauchemars - André Benchetrit

 

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51WoScwGL1L__SS500_Les parents d'Elvis et Lili sont des flambeurs, des adeptes du casino et des jeux du hasard. Ils sont criblés de dettes, harcelés par les huissiers et menacés de saisie. Leur père a choisi de camoufler tous leurs biens dans une pièce cachée, derrière un faux placard situé dans la cuisine. Souvent absents, les parents laissent leurs enfants livrés à eux-mêmes, dans une maison totalement vide et désolante.

Lili s'ennuie et s'emporte contre le retour du Roi de Trèfle. C'est une voix intérieure qu'elle seule entend, qui la harcèle et qu'elle tente de chasser en prodigant un chapelet d'injures. Ce soir-là, pourtant, un visiteur s'annonce à leur porte : un homme immense, portant un costume blanc et le crâne rasé. Il se présente en tant que vendeur de cauchemars et trimballe une grosse valise grise.

La soirée s'annonce cauchemardesque, Elvis et Lili sont terrorisés. La fillette perd pied et a la tête farcie par son roi de trèfle. Les insultes pleuvent, l'homme rugit et menace de plus en plus de leur faire la peau. Mais pourquoi eux, pourquoi ?

 

On se croirait dans Freddy, le cauchemar de vos nuits. C'est diabolique, totalement effrayant, un huit-clos étouffant où l'angoisse monte crescendo. Comment deux enfants vont se sortir d'une situation sans solution ? C'est le flip assuré, 90 pages qu'on tourne avec un sentiment de fièvre.

Purement terrifiant !

Editions du Rouergue, DoAdo Noir - Octobre 2008, 92 pages - 6,50€

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13 octobre 2008

Quand elle sera reine - Rachel Hausfater

Mira n'est pas une petite fille comme les autres, son tempérament est vif, son air busqué, le port hautain. Elle porte les cheveux longs, avec des mèches rousses, en une crinière folle. C'est une enfant sauvage, l'aînée du père, qui vit aujourd'hui avec l'autre mère. Elle grandit auprès de deux autres enfants mais Mira se sent seule et incomprise, jusqu'au jour où elle rencontre Mme Katish, l'institutrice de l'école. Elle va lui apprendre les mots et lui ouvrir les portes de la lecture. Son goût des rêves et des histoires qui la transportent vers un ailleurs plus beau prend enfin forme. Puis, tout s'arrête avec la perte de l'autre mère. C'est brutal, inopiné. Mira est séparée de sa vie d'avant et doit grandir en un claquement de doigts.

Elle était habituée à la vie difficile et rudimentaire, mais ce qui l'attend sera encore plus austère. Une petite éclaircie s'offre à elle par la découverte de l'amour. De pleines pages de désir et de sensualité irradient tout le livre, c'est fou ! Mais les nuages gris et menaçants reviennent vite à la charge : c'est la guerre et Mira doit fuir. Trop différente, trop brune aux mèches rousses, et des yeux trop noirs, bref son passé la rattrape, on lui fait payer l'histoire de sa vraie mère qui n'était pas du même pays, qui est venue un jour puis est repartie avec ses charmes de sorcière. Bref, on s'acharne sur elle au nom de tous les embrigadements bêtes et méchants.

Ce roman est un mélange d'amour fou, de passion et de révolte, c'est violent, fascinant et ça ne brode pas dans la dentelle. Ce texte demande du temps, de la patience, de l'écoute pour être apprivoisé. Le reste, ensuite, accomplira son travail de séduction. C'est fatal. Tout est terriblement beau, même si le fond est dur et impitoyable pour Mira. Son histoire nous émeut, nous bouleverse et nous renverse. C'est un portrait étincelant, une fille forte et fragile à la fois, aux prises avec le doux, le rire, les mots et les idées. Entre prose et poésie, se dessine une personnalité farouche, entière et furieusement vivante.

A découvrir sans attendre !

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Ed. Thierry Magnier, février 2008 - 165 pages - 8,50€
Dès 15 ans.

17 septembre 2008

Le passager de l'orage - Claire Gratias

Le roman commence par cette simple phrase : "Jonathan L. venait tout juste de décider de larguer sa petite amie le jour où il rencontra Katherin Bets pour la première fois." Je ne sais pas vous, mais moi j'ai trouvé que ça s'annonçait plutôt bien. Tout de suite, on pressent le climat décisif et mystérieux qui s'installe autour du personnage de l'écrivain. Jonathan a dix-sept ans, il vit avec ses parents à Cotteville. L'été approche et l'adolescent trouve un petit boulot : devenir le secrétaire particulier de Mme Bets. Cette dernière vient de louer Cotte House, une maison réputée maudite, avec son aspect très 19ème siècle et ses légendes de fantômes et autres esprits frappeurs. Un vrai décor de cinéma, avec frissons garantis !

La relation entre Katherin et Jonathan est aussitôt placée sous le signe de l'intelligence et de l'échange. Le garçon vit sous son toit, il partage sa "petite cuisine" d'écrivain et profite de son temps libre pour bouquiner. C'est dans Moonfleet qu'il tombe en apnée, fort d'être estourbi par cette lecture qui le prend au dépourvu. Jonathan est en transe. Souvent il se trouve plonger dans des rêves hallucinatoires et se réveille en nage. Est-il devenu une cible de choix pour la légende de Cotte House ? Katherin également est en proie aux démons des nuits blanches et de la panne d'inspiration. Que se passe-t-il dans cette maison ?

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La deuxième partie du roman est franchement excellente ! Le début est plutôt lent, plus accentué sur l'adolescent et ses problèmes sentimentaux et familiaux. On trépigne un peu d'entrer dans le vif du sujet, voilà pourquoi on soupire d'aise d'arriver à Cotte House. Le pressentiment est bon, aussitôt l'atmosphère change. J'ai aussi eu l'impression que l'auteur - Claire Gratias - s'était franchement amusée à écrire cette histoire. J'en tiens pour preuve le facétieux épilogue, qui remet tout à plat ! Impossible de ne pas se creuser les méninges après avoir tourné la dernière page. Le lecteur reste pantois. Fichtre alors !

Ce roman noir, destiné aux adolescents dès 13 ans, pourra interpeller tous les amateurs de suspense. Sa principale force repose essentiellement dans l'aura délicieusement inquiétante de Cotte House ! A découvrir.

Le passager de l'orage

Syros, coll. Rat Noir - 272 pages - 12€

10 septembre 2008

Notre petite vie cernée de rêves - Barbara Wersba

Albert Scully est un garçon quelconque,  "un individu très ordinaire qui a des problèmes avec son âme". Il se sent étranger avec lui-même, différent des autres, bref ça le gonfle. Il ne sait plus où se situer, n'est pas soutenu par ses parents. Sa mère est une mordue de Bette Davies et n'a qu'un rêve : vivre à Beverly Hills. Elle passe la majeure partie de son temps à râler. Le père est un pauvre type qui boit de plus en plus, pour tromper son ennui et oublier ses soucis. Ils vivent dans un lotissement, dans le New Jersey, roulent en Ford et ont plusieurs dettes.

Je ne voudrais pas casser la baraque en plombant le moral des lecteurs de suite, parce que ça serait une erreur de penser que ce roman est glauque et déprimant. Bien loin de là ! On suit un garçon attachant, intelligent et réfléchi, qui pose un regard trop mature sur son petit monde. Il est conscient d'être un adolescent avec des goûts hors du commun (il aime les longues promenades, Shakespeare, collectionner les recettes de cuisine et le jardinage). Il n'est pas bête, il sait que ça cloche avec ses petits camarades. D'ailleurs il n'a aucun ami.

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Un beau jour, Albert fait la rencontre de Mme Ophra Woodfin, une dame âgée de 80 ans, qui vit à deux pas de chez lui, dans une maison qui ressemble à un décor des romans de Dickens. C'est une ancienne actrice, elle a grandi à Bloomsbury, voyagé à travers le monde et boit du xérès au coin du feu en offrant une tasse de thé à son invité. Pour la première fois, Albert se sent écouté et compris. Il n'arrête plus de parler et il ne se lasse pas d'entendre les souvenirs de Mme Woodfin. C'est comme ça qu'il comprend la valeur de sa différence et la possibilité de rêver pour mieux égayer sa vie.

Ce roman devrait se lire à tous les âges, car il vous redonne une confiance en vous et vous ouvre les yeux sur ce qui est bon et beau. La relation naissante entre Albert et sa voisine met du baume au coeur, cela rappelle Harold et Maud. On assiste à des échanges passionnants sur la littérature et le théâtre, c'est grandiose. Et en-deçà il y a la petite vie étriquée du garçon et de sa famille. C'est petit, assez triste et pathétique mais cela apporte du poids à l'ambition cachée de Mme Woodfin, qu'on retrouve dans la citation de Rilke : "Si ta vie quotidienne te semble pauvre, ne l'accuse pas, accuse-toi plutôt ; dis-toi que tu n'es pas assez poète pour en convoquer les richesses..."

traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Jean Esch

Editions Thierry Magnier, août 2008 - 187 pages - 9,50€

14 août 2008

Ce qu'ils savent - Charlie Price

Une pom-pom girl est portée disparue depuis deux semaines. L'inspecteur Gates est sur les dents, fouillant le moindre détail pour obtenir l'ombre d'une piste. Il isole d'éventuels suspects, dont monsieur Robert Barry Crompton, un schizophrène qui souffre de pertes de mémoire. Pas loin, on suit un flic de la brigade des moeurs, mis en congé forcé pour son comportement agressif (violent, alcoolique et menteur). Autre suspect sur la liste ?

Bref, l'histoire s'annonce comme un drame policier, où l'ambiance noire nous prend de suite à la gorge. L'enquête est placée, avec la ronde des interrogatoires, des spéculations et ça fonctionne plutôt bien. Amateurs d'intrigues bien ficelées, votre repas est servi à bonne température !

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Ce qui donne un plus à ce roman, c'est la personnalité particulièrement troublante du jeune Murray. Garçon solitaire, malheureux comme les pierres parce que sa mère n'est qu'une misérable qui s'entiche de pauvres types, Murray aime passer son temps libre dans le cimetière. Un jour il a découvert qu'il entendait des voix et qu'il avait le don de parler avec les morts. C'est son secret, qu'il cache pour ne pas être traité de fou, et perdre ainsi la possibilité de traîner dans ce lieu morbide.
A force de s'y réfugier, il fait la connaissance de Pearl Janochek, la fille du gardien. Elle aussi est une âme seule, sauf qu'elle est bien vivante. A sa façon, elle lui propose une amitié... qui peut chambouler le fragile équilibre sur lequel se reposait Murray.

Pourquoi le garçon entre en piste ? Dans son cimetière, à converser avec "ses amis", il entend une voix nouvelle. Cela ressemble à des plaintes, une voix faible et geignarde d'une jeune fille. S'agirait-il de cette Nikki, la lycéenne disparue ?

Ce qu'ils savent reste avant tout un très bon thriller, avec un soupçon de fantastique. Ce qu'on appréciera ensuite c'est la force des personnages et le suspense très bien tenu. Ce roman dégage aussi une ambiance sombre, limite oppressante, et cela procure un léger sentiment de malaise, tout à fait surmontable !

Editions Thierry Magnier, 2008 pour la traduction française - 276 pages - 11€

traduit de l'anglais (USA) par Pierre Charras

A également été lu et apprécié par Gawou

C'était toujours l'impasse. L'impasse... jusqu'à ce que Pearl prenne les choses en main. Murray et elle s'étaient disputés. Il n'avait pas réussi à la faire changer d'avis. C'était une bien étrange manière de fêter la nouvelle année !
- Alors, tu comptes la laisser là ? le défia Pearl. Si c'était moi, est-ce que j'aimerais rester là-bas à pleurer et à pourrir pour la simple raison que tu as trop peur pour me secourir ?
Elle semblait prête à le frapper. Murray ne savait que répondre. Si c'était pour elle, pour Pearl, peut-être creuserait-il. Mais peut-être pas.
- Je vais le faire moi-même !
Les yeux de Pearl lançaient des flammes :
- Je serai discrète !
Ami des morts.
Pearl quitta l'atelier en claquant la porte si fort que toutes les lumières vacillèrent.
Murray se doutait de ce qu'elle allait faire. "Elle va prendre une pelle."
- Attends, je vais t'aider, dit-il, mais il n'y avait plus personne pour l'entendre.
Il sortit à sa suite.

 

13 août 2008

Seul sur la mer immense - Michael Morpurgo

Couleur pacifique pour un livre finalement pas si paisible que cela...

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Arthur Hobhouse, cinq ans en 1947, fait partie d'un groupe d'orphelins qui quitte l'Angleterre pour l'Australie. Il se lie d'amitié avec Marty, un garçon plus costaud et sûr de lui, qui lui servira d'appui secourable au Ranch Cooper. Sous couvert d'un programme religieux, le propriétaire emploie les enfants à des tâches difficiles et n'hésite pas à les fouetter pour punir leur insubordination. Pour s'échapper de cet enfer, Arthur conserve précieusement le souvenir de sa soeur Kitty grâce à une petite clef porte-bonheur. Il espère un jour revivre avec elle, mais le temps passe et leurs retrouvailles ne seront plus qu'un lointain espoir. Dans la deuxième partie du roman, c'est la fille d'Arthur Hobhouse, Allie, qui prend la parole et raconte son périple en mer qu'elle effectuera, seule, à bord de son voilier. Sa mission est d'atteindre l'Angleterre pour retrouver la fameuse Kitty.

Deux styles s'opposent dans ce livre : résolument plus moderne et dynamique pour la fin, contrairement au début plus tristounet. En fait, je trouve que le manuscrit d'Arthur Hobhouse rappelle quelque part la tradition orale, et je vois bien cette partie récitée à voix haute. Pour le reste, on ne peut guère espérer une note enlevée tant le propos de l'histoire frise le désespoir. Arthur raconte son parcours semé d'embûches, avec en toile de fond la guerre et ses ravages (un thème cher à Morpurgo), la séparation et la solitude. Toutefois, Arthur est un garçon remarquable, car jamais il ne baisse les bras ni ne perd espoir d'un lendemain meilleur (il a probablement été nourri au Candide de Voltaire ! ;o) ). 

Le contenu fait aussi état d'une vérité historique peu entendue : durant deux décennies, le gouvernement anglais a envoyé des enfants britanniques, on pensait qu'il était plus pratique de rassembler "les gens qui posaient des problèmes" (orphelins, enfants non désirés, délinquants) et de les transporter dans les colonies (le Canada, la Nouvelle-Zélande, l'Australie).

Sans conteste, Michael Morpurgo est un grand écrivain, il nous offre un récit émouvant et plein de lyrisme mais je n'ai pas autant aimé ce livre qu'Au pays de mes histoires, que je recommande plus fortement.

Gallimard jeunesse, 2008 pour la traduction française - 295 pages - 14,90€

traduit de l'anglais par Diane Ménard.

A été lu et aimé par Mélanie (Book in!) , Vanessa (Eliabar)

L'interview de l'auteur

 

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