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Chez Clarabel
39-45
27 mars 2015

Charlotte, de David Foenkinos

« Charlotte a appris à lire son prénom sur une tombe. »

Charlotte

David Foenkinos retrace la vie de Charlotte Salomon, une artiste peintre juive, née à Berlin, réfugiée dans le sud de la France pour fuir la montée du nazisme, et déportée en 43 à Auschwitz où elle trouvera la mort à seulement 26 ans. Jeune femme au tempérament fragile et morose (le suicide était une récurrence dans son histoire familiale), elle avait trouvé dans la peinture un exutoire à ses crises d'angoisse et de désespoir.

Et c'est bien là le problème, car j'ai trouvé la lecture très, très déprimante. Le style, sans fioriture, n'est pas plus passionnant qu'une note biographique piochée dans une encyclopédie. On discerne la quête obsessionnelle de l'auteur dans son désir de comprendre l'artiste et de nous faire partager ses mystères, sans jamais chercher à supplanter la véritable héroïne, Charlotte. Sa posture reste en retrait, et c'est tout à son honneur.

Malgré les bonnes intentions de l'auteur, le récit m'a semblé sans vie, sans flamme, sans passion. La voix du comédien est calme et posée, proposant une écoute pleine de retenue mais assez plate. Résultat, le portrait de cette jeune femme douée, tétanisée par les spectres de la mort, et qui connaîtra une destinée tragique, ne m'a pas touchée outre mesure, du fait de l'exécution clinique et froide du récit. Je suis assez déçue.

Gallimard, coll. Écoutez Lire, janvier 2015 ♦ Lu par Yves Heck (durée : 5 h 15) ♦ L'écoute en classe de ce CD est autorisée par l'éditeur.

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26 mars 2015

Tout ce que je suis, d'Anna Funder

TOUT CE QUE JE SUIS

Ruth a toujours vénéré sa cousine Dora qui, par son tempérament enflammé, prend tous les risques pour défendre les causes auxquelles elle croit. Toutes deux juives, vivant en Allemagne, elles sentent enfler la menace du nazisme et assistent attérées à la montée en puissance de Hitler. Elles décident alors de se réfugier à Londres, où elles vont poursuivre leur lutte contre le totalitarisme, pensant alerter l'opinion publique internationale.

Ce roman raconte non seulement une histoire politique auprès d'activistes gauchistes mais mêle aussi leurs tourments sentimentaux. Ruth est folle amoureuse d'un journaliste, Hans, qui brillait par son arrogance dans la société berlinoise mais qui ne va pas supporter l'anonymat dans lequel il sombre en s'installant à Londres. Dora multiplie les liaisons, sans parvenir à se détacher de l'écrivain, Toller, dont les troubles psychologiques le rendent difficile à cerner.

Derrière le romanesque, se cache aussi une grand part de vérité en s'inspirant de personnages réels, Ernst Toller, Hans Wesemann, Dora Fabian, Ruth Becker, Berthold Jacob etc. ayant tous existé ! L'auteur a donc réussi à confondre le fictif à l'historique avec beaucoup de brio. De fait, l'histoire de ces militants est franchement passionnante, digne d'un véritable roman d'amour et d'espionnage. Lecture captivante, poignante, un peu longuette à démarrer, mais lecture intelligente, nous plongeant illico dans les rouages de la résistance, entre suspicion, trahison et refus d'abdiquer.

On suit quatre destinées éclaboussées par le désordre qui règne en Allemagne, d'où surgira l'obscurantisme, qui déploiera ses tentacules par-delà les frontières. Cette force de frappe est stupéfiante, on le découvre dans ce roman brillant et imprégné d'authenticité. Plus d'une fois, on se sentira le cœur pris en étau, éprouvant de l'admiration, de la pitié, de la tristesse et de l'effroi. L'intrigue est complexe, parfois lourde, parfois lente, mais elle est riche de parcours étonnants, courageux et bouleversants. 

10/18 ♦ janvier 2015 ♦ Traduit par Julie Marcot & Caroline Mathieu

pour les éditions Héloïse d'Ormesson (All That I Am)

TOUT CE QUE JE SUIS Broche

16 mars 2015

La Guerre de Catherine, de Julia Billet

La guerre de Catherine

Photographie de couverture de Tamo Cohen

Pingouin, Gisèle et les filles dans l'escalier refait à neuf et bordé de lys de l'entrée ©France Cohen dans «L'album de France» avec l'aimable autorisation de la Maison de Sèvres (www.lamaisondesevres.org)

♦♦♦

Pour échapper aux lois anti-juives, Rachel a rejoint la Maison des Enfants de Sèvres, un lieu incroyable, vivant et favorisant l'épanouissement personnel, où Rachel va d'ailleurs assouvir sa passion pour la photographie. Sans nouvelle de ses parents, elle refuse de s'apitoyer sur son sort et ne se préoccupe guère du monde extérieur. C'est lorsqu'elle doit sacrifier son nom pour Catherine Colin qu'elle pressent une menace imminente. Peu de temps après, la directrice expédie tous les enfants juifs en zone libre.

Avec son Rolleiflex, Catherine va mettre en boîte les images de « sa guerre » : hommes et femmes de l'ombre, voyages de fortune, visages éteints, mines fatiguées, secrets et mensonges répétés, exil à la campagne, décalage au couvent, fuite dans les montagnes... C'est donc le cœur battant, chaviré entre l'admiration et l'angoisse, qu'on suit ce bout de femme en quête de repères, d'identité, de famille, d'amitié et d'amour.

Plus qu'un témoignage sur la guerre, c'est le parcours d'une jeune juive passionnée de photographie, jetée sur les routes d'un monde en pleine débâcle, et qui usera de son art pour raconter les heures les plus sombres du pays. Cette aventure tétanisante, mais palpitante, a été inspirée de l'enfance de la mère de l'auteur, non sans quelques fioritures romanesques, et donne lieu à un récit sensible, lucide et poétique, écrit de façon remarquable, dans un style pur et élégant.

J'ai été sous le charme, du début à la fin, et j'ai adoré le couple formé par Goéland & Pingouin, de la Maison des Enfants de Sèvres, rue Croix-Bosset, les pionniers de la pédagogie nouvelle et expérimentale, façon Montessori. Cette lecture leur rend un magnifique hommage et est juste épatante.

L'École des Loisirs, avril 2012

14 mars 2015

Une femme à Berlin: Journal 20 avril-22 juin 1945

Une femme à Berlin Journal

En avril 45, la guerre tourne en défaveur des allemands. Les berlinois vivent dans la terreur de l'arrivée imminentes des « Igor ». L'auteur de ce journal est une jeune femme d'une trentaine d'années, qui squatte les logements de fortune, au gré des bombardements, avant de s'abriter dans une cave, avec d'autres désespérés. Plus que la peur, la faim aussi les tenaille et les pousse à piller tout et n'importe quoi, comme des bouteilles de vin français planquées dans les placards !

Puis arrivent en ville les premiers convois soviétiques, fouillant les décombres où se terrent les rescapés affolés, la tension devient vite insoutenable. Les femmes aux courbes appétissantes suscitent la convoitise, la narratrice, qui possède quelques notions de la langue, tente de s'interposer, avant de subir elle-même agression sur agression. Dès lors, les scènes ne vont cesser de se répéter : défilé de soldats, soirées arrosées, pitances, viols, honte incommensurable.

Cette banalisation de l'horreur fait froid dans le dos. Les berlinoises courbent l'échine, deviennent le défouloir des soviets enragés par des années de conflit. Elles paient pour les atrocités dont leur peuple est accusé. Leur corps devient aussi leur monnaie d'échange, pour manger et survivre. Cette vérité crue, déversée sans la moindre émotion, va heurter l'opinion publique lorsque le livre sera édité dans les années 50. Personne ne voulait plaindre les allemands, ni entendre la litanie de leurs souffrances.

Le temps va apaiser les esprits et c'est seulement dans les années 2000 qu'on accordera enfin à ce journal une valeur humaine à juste titre. (Les chiffres estiment entre 100,000 et 2 millions de femmes violées durant la période d'occupation par l'Armée Rouge.) Le témoignage est certes bouleversant, dur et oppressant. L'auteur ne fait pas dans la dentelle, se montre tantôt sarcastique, dépitée, malheureuse ou désespérée. Son récit rend compte d'un autre versant de l'horreur de la guerre et n'est pas prêt de s'effacer de votre mémoire après l'avoir lu.

Première parution en 2006 ♦ Trad. de l'allemand par Françoise Wuilmart (Ein Frau In Berlin) ♦ Présentation de Hans Magnus Enzensberger

En 2003, deux ans après la mort de l'auteur, son identité a été dévoilée - il s'agissait de Marta Hillers, elle était journaliste.

13 mars 2015

Suite Française, d'Irène Némirovsky

Suite française

« Suite française » réunit les 2 premiers romans d’une série  de 5 livres qu’Irène Némirovsky souhaitait écrire sur la guerre : Tempête en juin et Dolce. Arrêtée en juillet 1942, elle trouvera la mort en déportation, à Auschwitz, et laissera une œuvre inachevée, en plus d'un lourd héritage romanesque, exhumé dans les années 2000 (pour info, elle obtiendra le Prix Renaudot à titre posthume pour Suite Française).

L'histoire s'ouvre sur l'exode de milliers de français, en juin 40, avec Paris menacé par les bombes et l'invasion allemande. On suit une famille bourgeoise, les Péricand, un écrivain bouffi d'orgueil, Gabriel Corte, et Florence, sa maîtresse, deux employés de banque, les Michaud, et leur directeur, M. Corbin, et aussi un vieux radin amoureux de ses porcelaines, Charles Langelet ... Tous vont se jeter sur les routes, empaquetant leurs richesses, oubliant les aïeuls, volant des paniers en osier ou de l'essence pour poursuivre leur fuite en avant. Elle est belle, la France ! 

Puis, l'histoire bascule dans un autre climat (Dolce) : nous sommes dans la petite ville de Bussy, occupée par les allemands. La vieille Mme Angellier et sa bru, Lucile, voient un officier prendre ses quartiers dans leur maison. Cet homme, calme et silencieux, ne cache pas sa fascination pour la jeune femme, elle-même troublée par les manières polies et érudites de cet inconnu, mais consciente de son uniforme vert, elle s'interdit toute proximité. C'est d'ailleurs de cette partie du livre que le film réalisé par Saul Dibb s'est librement inspiré  (cf. la bande-annonce).

Romancière exceptionnelle, réputée pour son élégance de style (auréolée d'un charme suranné très appréciable), Irène Némirovsky faisait également preuve d'une ironie et une causticité remarquables, si bien que ses histoires paraissaient moins frivoles et plus féroces.  Il y a sans doute une grande part de frustration à l'idée de commencer cette saga dont on ne saura jamais la fin, mais le destin tragique de l'auteur contribue insidieusement à considérer cette lecture à part et à en apprécier la valeur au-delà du jugement littéraire.

Suite Française est une fresque romanesque passionnante, un drame romantique qui fait chavirer le cœur, un témoignage historique et une critique exacerbée de notre société sous le joug allemand. J'ai eu parfois du mal à me familiariser avec la voix de Dominique Reymond, très solennelle, au point de rendre une lecture hyper guindée et rigoureuse d'un récit vibrant de force, mais condamné à un sort funeste. J'ai cependant eu beaucoup de regret de quitter trop tôt cet univers captivant ! 

Audiolib, février 2015 ♦ texte intégral lu par Dominique Reymond (durée : 13h 50)

              Date de sortie du film :  1er avril 2015

Suite française FILM

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12 mars 2015

Gravé dans le sable, de Michel Bussi

Gravé dans le sable AUDIOLIB

D'abord paru en 2007 aux éditions PTC sous le titre Omaha Crimes, le roman nous expédie sur les plages du débarquement, avec 188 soldats en attente sur une péniche, un jour de juin 1944. Un tirage au sort va déterminer l'ordre de passage des candidats au suicide : prendre d'assaut une falaise tenue par l'ennemi. Les premiers envoyés seront fatalement sacrifiés.

Lucky Marry, l'un d'entre eux, croit en sa bonne étoile. Comme l'indique son prénom, il a pour lui une chance incroyable qui ne l'a jamais laissé tomber. Pourtant, fin 44, Alice Queen, sa jolie fiancée, pleure toutes les larmes de son corps la perte de son amoureux. Pourquoi, comment ? Il ne subsiste aucune preuve, le bataillon a été laminé et les rares témoins sont évaporés dans les airs.

Comme d'habitude, l'histoire qu'on découvre est truffée de fausses pistes, de quiproquos et de nœuds à démêler. Michel Bussi va nous mener par le bout du nez et nous promener dans un dédale de mensonges et autres duperies. Très vite, on sursaute à la moindre révélation et on tremble de frustration. La conduite de l'intrigue est franchement machiavélique. Mais efficace. Pour preuve, j'ai écouté le livre audio en seulement 2 jours - Olivier Prémel est un lecteur brillant, qui a su jouer avec les émotions (le chagrin, la tendresse, l'humour) avec brio.


J'ai également craqué pour Nick Hornett, le détective privé qui ruse de charme et d'intelligence pour séduire la belle Alice. Ses tactiques et ses commentaires in petto sont d'une drôlerie infaillible. C'était ma bouffée d'oxygène dans cette lecture aux enjeux déchirants, qui se révèle également une lecture de pure distraction ! J'ai beaucoup aimé.

Audiolib, février 2015 ♦ texte lu par Olivier Prémel (durée : 11h 39) ♦ Presses de la Cité, 2014

6 février 2015

Miss Peregrine et les enfants particuliers, de Ransom Riggs & Cassandra Jean

MISS PEREGRINE ET LES ENFANTS PARTICULIERS

Le livre phénomène de Ransom Riggs existe également en format bande dessinée - une adaptation réussie, fidèle à l'œuvre et à son univers original.

On y retrouve l'histoire de Jacob, déboussolé depuis la mort de son grand-père, qui aimait lui raconter des souvenirs de son enfance, auxquels le garçon n'y croyait plus trop. Le jour de sa disparition, Jacob voit ses certitudes s'effondrer. Il décide de se rendre sur l'île de son grand-père, l'île de Cairnholm, au pays de Galles, pour y retrouver cette fameuse maison des orphelins où il aurait coulé des jours si fabuleux.

La suite ne cessera de surprendre et sera comme un voyage hors du temps, échappé de l'ordinaire. Un parcours initiatique fait de rencontres et de révélations stupéfiantes. Et le monde imaginé par Ransom Riggs de s'épanouir dans des teintes obscures (grises, bleutées) qui accentuent l'atmosphère surréaliste... Même les “fameuses” photographies ont trouvé leur place dans le récit, en se fondant dans le décor, comme si elles avaient été glissées subrepticement.

Plus besoin du même effet visuel, la dessinatrice impose ici sa griffe, son trait est vif et sensible (proche des codes du manga), l'organisation quasi théâtrale et les scènes d'action remarquables. Bref, l'ensemble est prodigieux et saisissant. J'ai beaucoup aimé me replonger dans cette histoire insolite, au charme foudroyant. C'était une relecture éclatante et une autre façon d'aborder cette œuvre qui suscite toujours autant d'admiration et d'angoisse.

BD Kids novembre 2014 ♦ couverture souple, format 18,5 x 24,6 cm ♦ traduit par Sidonie Van den Dries 

6 février 2015

Max, de Sarah Cohen-Scali

« Ma mère, c'est l'Allemagne, et mon père, le Führer ! »

Max

Le 20 avril 1936, naît le premier bébé issu du programme Lebensborn initié par Himmler. Konrad von Kebnersol. Un modèle de perfection, selon les critères aryens en vigueur. Et il est clair que cet enfant a une très haute opinion de lui et porte un regard assez glaçant sur le monde qui l'entoure. Konrad, alias “Max” selon sa génitrice, grandit dans le culte du Führer et la certitude de son appartenance à la classe supérieure. Jamais il ne met en doute ce qu'il voit ou entend, son discours est formaté, récité avec force et conviction.

L'amour maternel, les gestes de tendresse, l'amitié, la confiance ou l'insouciance de l'enfance sont pour lui des notions abstraites et contraires à ses principes. Il a grandi dans une institution stricte, il est devenu la mascotte du programme et a toujours servi au mieux les intérêts du IIIe Reich (piéger des enfants polonais, se joindre aux rafles, démasquer les traîtres et dénoncer les mères qui refusaient le sacrifice...).

Cette lecture est saisissante, mais fait aussi effet de douche froide tant la démonstration de l'embrigadement est rendue à la perfection, via la voix d'un enfant, même bébé, tellement fier d'être un rouage du système, dont il admire les codes et leurs bien-fondés. C'est parfois dur à encaisser, raconté sans état d'âme, mais le procédé est remarquable. On reste scotché aux pages du livre, tiraillé entre la fascination et l'horreur. C'est très bien écrit, exécuté avec intelligence et à-propos, également richement documenté.

On en prend peut-être plein la tête, mais c'est une lecture indispensable, à lire sans limite d'âge.

Gallimard jeunesse, coll. Scripto, mai 2012 

Prix des Dévoreurs de livres 2014, pour les collégiens de 3ème ♦ Prix Sorcières Romans Ado 2013

5 février 2015

Adam et Thomas, d' Aharon Appelfeld & Philippe Dumas

« N'aie crainte, tu connais notre forêt et tout ce qu'elle contient. »

Adam et Thomas2

Fabuleux et inclassable, ce petit roman d'Aharon Appelfeld vous séduira pour sa simplicité, sa générosité, sa tendresse et son humanité. L'histoire raconte comment deux enfants, Adam et Thomas, vont survivre seuls dans la forêt, où ils ont été “abandonnés” par leurs mamans, pour échapper aux rafles et aux enlèvements. La guerre fait rage, les familles ont éclaté, il n'y a plus d'école, plus de toit sous lequel se réfugier. La forêt offre donc aux garçons un abri, loin du monde extérieur, et on se sent divinement bien dans leur nid douillet, dans les arbres.

L'histoire ne cherche pas à fanfaronner et décrit une aventure charmante, avec deux personnages très attachants. Adam et Thomas n'ont rien en commun, l'un a grandi dans la nature, la comprend et s'y sent comme un poisson dans l'eau. L'autre, plus réservé, préfère les livres et les études, l'un croit aux rêves, l'autre aux prières. Bref, on partage leur quotidien, à se nourrir de fraises et de cerises, repérer un point d'eau, parler aux animaux, partager leurs espoirs, leurs attentes, écouter les bruits de la forêt et de la nuit...

C'est assez ordinaire, mais pas insignifiant, et forcément très touchant ! Cette lecture ressemble davantage à un conte, même si l'histoire est ancrée dans la réalité de la Seconde Guerre mondiale, il s'en dégage une ambiance surnaturelle, presque féerique. Naturellement, les illustrations de Ph. Dumas apportent une touche de poésie qui accentue cette confusion, pour notre plus grand bonheur.

École des Loisirs, mars 2014 ♦ traduit par Valérie Zenatti 

♠ élu meilleur livre jeunesse de l'année 2014 par le magazine LIRE ♠

26 novembre 2014

Un jour, de Morris Gleitzman

En Poche ! 

Un jour

Où il est question de l'holocauste et de la fin de l'innocence, mais aussi d'amour et de solidarité...

Pologne, 1942. Félix a dix ans et vit dans un orphelinat, en attendant le retour de ses parents (disparus depuis trois ans). Ces derniers, libraires, prétendent parcourir le pays pour sauver les livres et éviter qu'ils terminent au bûcher. Félix patiente en écrivant des histoires. Il a une imagination débordante, pas du tout conscience du danger et clame sa candeur à longueur de pages. Quelque part, c'est drôle et très attachant, même si cette naïveté fait un peu froid dans le dos. Car tout ce que nous raconte le garçon ne masque pas la terrible réalité : l'occupation allemande, l'horreur nazie, l'holocauste, etc.

Un jour, Félix décide pourtant de quitter l'orphelinat pour retrouver ses parents. En chemin, il sauve une fillette de six ans, Zelda, d'une maison en feu et entreprend de continuer l'aventure avec elle. Ils seront, hélas, arrêtés et conduits au ghetto juif où un vieux dentiste, Barney, va les prendre sous son aile. Nouvelles arrestations, autres tentatives de fuite, bref les péripéties ne manquent pas ! Et notre cœur bat à tout rompre.

Ce petit roman est extraordinaire. Il alterne les émotions fortes aux séquences légères et désopilantes, puisque l'histoire est racontée par Félix lui-même (dix ans et d'une naïveté confondante). Mais son innocence fait aussi tout le charme du livre ! Confronté à la réalité du terrain (les fusillades sauvages, les convois vers la mort, la délation, le vol des biens d'autrui, etc.), l'enfant sera meurtri et déçu, mais conservera cette volonté de toujours se raconter des histoires, pour oublier la laideur qui l'entoure et se donner du courage.

Cette lecture, c'est vraiment une petite perle de douceur (et d'humour) dans un univers de brutes ! Adorable et attachant, ce livre devrait être prescrit dans toutes les bibliothèques des écoles.  

Folio junior, novembre 2014 ♦ traduit par Valérine Le Plouhinec (Once & Then)

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