Rebelle Belle, de Rachel Hawkins
Harper Price est une élève brillante et populaire, dont les multiples efforts vont être récompensés lors du traditionnel couronnement de la reine du bal. Peu avant la consécration, Harper se rend aux toilettes pour une touche de gloss mais voit surgir le concierge du lycée, pantelant et sérieusement blessé. Un autre individu fait irruption dans la pièce, un cimeterre à la main, une bataille s'engage et là ... Harper révèle des talents insoupçonnés de Ninja !
Le début du roman est drôle, très drôle. Il joue sur l'incongruité de la situation en plaçant une héroïne superficielle soudain confrontée à un scénario de film d'action, dans lequel elle aurait le premier rôle. Harper n'y est évidemment pas préparée. Depuis des mois, elle répète pour le bal des débutantes... c'est dire comme ses préoccupations sont à des années lumière de cette avalanche de violence. Chose plus étrange, elle ressent pour David Stark, le rédacteur en chef du journal de l'école, le besoin pressant de le protéger coûte que coûte. Lui qu'elle déteste depuis le bac à sable.
C'est à n'y rien comprendre, mais toutes ces découvertes mettent sa vie sens dessus dessous : ses amies et son petit copain sont largués et ne savent plus sur quel pied danser. Harper est seule détentrice d'un secret ancestral... avec pour unique confident son ennemi juré. Quelle ironie. Rachel Hawkins (à qui l'on doit le génial Hex Hall) a de nouveau réuni ses ingrédients à succès pour rédiger cette nouvelle aventure mêlant habilement sorcellerie et chevalerie. Et c'est bien pour elle qu'on n'hésite pas à lire ce roman, dont la couverture d'une niaiserie affligeante aurait fait fuir les plus vaillants !!!
En somme, c'est virevoltant de bonne humeur, l'humour y est cocasse et l'intrigue plutôt surprenante (j'ai beaucoup aimé la toile de fond). Certes, les personnages sont des caricatures ambulantes, mais impossible de leur en tenir rigueur. Ils sont attachants, maladroits, rebelles pour deux sous, bref de vrais cornichons. De toute façon, c'est une lecture sans prétention, qui nous fait passer un excellent moment, pour jeunes et moins jeunes. Cela vous place ainsi une charmante petite série, sur fond d'Antiquité remis au goût du jour.
Albin Michel, coll. Wiz, octobre 2014 ♦ traduit par Nathalie Serval
“Come on, Mercer. Me, you, the cellar. What could go wrong?”
Ce tome est la conclusion parfaite d'une série qui a su jouer avec intelligence avec les codes des romans pour jeunes ados, en mêlant romance, action, magie et humour sans se prendre au sérieux. Résultat, le cocktail est enivrant ! On retrouve une Sophie Mercer rescapée d'un désastre sans nom survenu à Londres, ses alliés les plus fidèles ont disparu et c'est au sein du clan des soeurs Brannick, ses ennemies, qu'elle trouve refuge. Bizarre, bizarre. L'auteur a réussi là une belle pirouette, un projet de série spin-off est d'ailleurs à l'étude, quelle coïncidence !
Pendant toute la première partie, nous explorons l'univers de ces sorcières chasseuses de démons et faisons connaissance avec de nouveaux personnages, en soupirant bien fort pour les retrouver tôt ou tard. Puis, retour aux sources, à Hex Hall, le lieu de tous les dangers... je n'en dévoile pas davantage, mais la tension va être poussée d'un cran et on va subir des bouffées d'angoisse et de stress au fil des chapitres, d'autant plus que le rythme va vicieusement ralentir, l'intrigue piétiner et nous faire râler in petto. Dans la dernière ligne droite, subitement ça s'énerve, les solutions affluent mais les dangers ne sont pas écartés, ni les sacrifices non plus (une pensée particulière pour UN personnage dont on taira l'identité, cette scène est douloureuse !!!).
J'ai relu ce roman en une soirée et l'ai pleinement savouré. J'y ai retrouvé tous les éléments qui avaient su m'enchanter dès la première lecture, avec le tome 1. Pour moi, c'est l'exemple parfait de la série qui sait divertir sans forcément rouler des mécaniques, et cet enthousiasme est communicatif. Vous connaissez des petites lectrices de 12-13 ans qui ne savent pas quoi lire ? Conseillez Hex Hall, c'est le succès assuré !
Hex Hall, tome 3 : Le sacrifice, par Rachel Hawkins
Albin Michel jeunesse, coll. Wiz, 2012 - traduit par Raphaële Eschenbrenner
“My life sucks pretty hard right now. So, yeah. I’m making jokes.”
J'étais excitée comme une puce avant de lire ce tome 3 ... et au final, je suis contente, un peu triste, un peu frustrée, mais pas surprise non plus.
J'ai bien aimé la première partie, qui avait la lourde et délicate charge d'assurer le passage de relais, et franchement l'auteur a bien géré son affaire : on retrouve Sophie, son humour, sa détermination et son flegme, elle doit rejoindre sa mère et se rend chez les Brannicks où d'étonnantes révélations l'attendent.
Et de nouveau l'histoire nous transporte vers d'autres lieux, je vais éviter d'en dévoiler trop, mais ça tourbillonne pas mal et ça nous réserve de belles surprises, parfois un peu crispantes, le climat est plus tendu, les enjeux ne sont plus l'innocence d'antan, et Sophie se voit investie d'une mission déterminante pour l'avenir des Prodigium.
Mais à longtemps chercher des solutions, à tâtonner dans le vide et le noir, à se poser des questions sur le comment et pourquoi, l'intrigue finit par tourner sur elle-même, tel un long statu-quo qui nous fait ronger notre frein, franchement je me demandais quand l'action allait démarrer !
C'est un peu le reproche que je ferai à ce dernier tome, l'activité est plus lente, même un peu plus cérébrale (sauf que j'avais déjà remarqué que c'était une manie de l'auteur), et donc tout se met en branle dans les 70 dernières pages, c'est un peu rapide, avouons-le, le défi final laisse un goût amer, et certaines solutions peuvent être jugées trop faciles.
Il n'en demeure pas moins que j'ai beaucoup apprécié cette lecture, qui boucle gentiment la série. Hex Hall se classe à jamais parmi mes meilleures séries de divertissement. Si l'intrigue peut paraître gentillette, la série est sauvée par le charisme de ses personnages, leur humour et leurs sarcasmes. C'est frais, léger, ça donne des petites palpitations et on passe vraiment un bon moment avec Sophie Mercer.
Je ne regrette pas un seul instant d'avoir découvert cette série, qui a toujours su remplir son office : distraire le lecteur !
Spell Bound (Hex Hall #3) - Rachel Hawkins
Published March 13th 2012 by Hyperion Book
"None of this makes any sense." I'm beginning to think I should make that the title of my autobiography.
J'avais, à juste titre, considéré Hex Hall comme une friandise sucrée, qu'on savoure pour tuer le temps, consciente de n'être pas en présence d'un chef d'oeuvre mais d'en apprécier toute la légèreté et l'humour car l'ouvrage a justement aboli toute prétention. Aussi, DEMONGLASS s'annonçait de la même trempe : une intrigue alerte et désinvolte, une héroïne dégourdie, intelligente et charmante, avec un solide sens de l'humour.
Alors, ok nous avons tout ça, et même plus ! Car je ne vous raconte pas ce final que l'auteur nous pond, c'est tout bonnement cruel (une sale habitude en YA !). Purée, nous lâcher en plein coeur de l'action, avec des points d'interrogation en pagaille, des cris de stupeur, des vilaines surprises qui font mal et crier d'horreur, des personnages auxquels on s'attache et qui se retrouvent dans la panade... enfin bref, nous ne sommes pas sortis de l'auberge !!! Pfiou.
Résumons, donc : Sophie débarque en Angleterre, avec son père, sa meilleure amie Jenna (la vampire qui aime le rose) et Cal, le soigneur de Hex Hall (qui est également le fiancé de Sophie !) - première grosse révélation. Or, la jeune fille n'a pas oublié Archer et se pose des questions sur ses sentiments. Lorsque ces deux-là vont enfin se retrouver, les doutes ne sont plus permis et le couple a choisi de ne pas nous servir le couplet des amants maudits - on les en remercie ! Car en fait, il y a plus grave à penser - les attaques de l'ennemi, de plus en plus répétées et meurtrières, des alliances troubles qui menacent le fragile équilibre existant chez les Prodigium, et enfin la découverte d'un trafic de démons comme une entreprise décisive mais à double tranchant. A Thorne Abbey, où Sophie et ses proches séjournent, se trouvent un frère et une soeur, Nick et Daisy, dont les origines sont tenues secrètes. Le père de Sophie est déterminé à faire éclater la vérité, avec l'aide involontaire de sa progéniture, laquelle doit également prendre une décision importante concernant ses nouveaux pouvoirs (un héritage qu'elle juge trop lourd à porter).
DEMONGLASS est donc une suite réussie, l'intrigue jongle entre le charme, l'humour et le dynamisme. On ne s'ennuie pas beaucoup, et c'est tant mieux. L'univers me fait également toujours penser à Harry Potter, le romantisme en plus (qui dit romantisme ne dit pas romance mielleuse). De nouvelles perspectives - invraisemblables, excitantes, tonitruantes et j'en passe - sont attendues pour le troisième tome, qu'il faudra espérer en 2012 - dur !
Demonglass (Hex Hall #2) - Rachel Hawking
Published March 2011 by Hyperion Books
Teaser Tuesday #11
At a normal high school, having class outside on a gorgeous May day is usually pretty awesome. It means sitting in the sunshine, maybe reading some poetry, letting the breeze blow through your hair...
At Hecate Hall, aka Juvie for Monsters, it meant I was getting thrown in the pond.
Demonglass - Rachel Hawkins
Dans quelques années, en repensant au passé, je me souviendrai de ce jour comme de celui où je l'ai rencontré. Je me souviendrai de l'exact moment où il a fait son entrée dans ma vie. Jamais je ne pourrai l'oublier.
Wicca - Cate Tiernan
Micah respirait bruyamment. Ses pieds étaient maculés de boue. Il dépassa péniblement les vaches aux yeux d'agate qui broutaient dans la pommeraie le long de la route de la Rivière, puis, en bordure du village, escalada la clôture de Mattie Han. Comme ses jambes se faisaient de plus en plus lourdes, il prit un raccourci et passa entre la maison au toit de chaume et le jardin potager. La poitrine douloureuse, il dégringola du sommet de la colline en direction de la place, se laissant entraîner par son élan ; il avait du mal à rester debout. A chaque pas, il devait fournir un effort titanesque pour ne pas tomber tête la première dans la boue. Il déboucha dans la Grand-Rue, tituba et s'arrêta.
Tandis qu'il reprenait son souffle, les mains sur les genoux, Micah scruta la foule dense en contrebas. En ce jour de marché, il y aurait forcément un magicien dans les parages.
Le Prix de la Magie - Kathleen Duey
J'habite avenue Mauméjean, au numéro 9. Un gigantesque duplex perché tout en haut d'un immeuble haussmannien carrément imposant.
Un premier code permet d'entrer dans un hall sous surveillance (celle de notre concierge et de son chat Léon - à cause du film, pas de Tolstoï). Un deuxième code et, derrière une porte vitrée, on accède à l'ascenseur qui exige à son tour un troisième code pour s'ébranler.
Si un seul des onze propriétaires se fait cambrioler un jour, c'est qu'il aura lui-même engagé les voleurs !
Sur mon palier, au sixième, une seule porte et trois serrures, que je mets toujours cinq minutes à ouvrir. Pour rien, en fait. Car il existe un quatrième verrou. Un verrou invisible, beaucoup plus efficace que tous les autres.
C'est moi qui l'ai apposé.
Je n'ai pas dit posé, parce qu'il est rare qu'on 'pose' un sort sur une ouverture. On l'appose, c'est comme ça, je n'y peux rien.
J'avais dit que je révélerais 'plus tard' ma particularité, celle qui me vaut mon statut d'Agent (stagiaire) de l'Association. Eh bien, je crois que c'est le moment. Avant qu'on m'appose la question !
Je suis magicien.
Voilà voilà.
L'étoffe fragile du monde - Erik L'Homme
Hex Hall #1
Enfin un roman qui ne se prend pas au sérieux ! Cela fait du bien de lire quelque chose de frais, tout en surfant sur la vague, mais disons que c'est un régal de trouver un roman qui a pris le parti d'être drôle, de jouer avec le genre et les codes, de doter l'héroïne d'un humour savoureusement sarcastique et de la farcir d'une aventure qui ne sort pas des sentiers battus, certes, mais qui demeure intéressante du début à la fin.
L'histoire, donc. Sophie Mercer est une sorcière, par son père. Elle ne le connaît pas, sa mère et elle ont voyagé de ville en ville, en subvenant à leurs besoins, fuyant dès que cela sentait le roussi, car il ne fallait pas attirer l'attention sur la particularité de Sophie (les humains détestent ce qui sort de l'ordinaire). Mais Sophie est une sorcière maladroite, qui commet imprudence sur imprudence, et qui se voit donc expédiée à Hex Hall (ou le Manoir d'Hécate), un établissement réservé aux jeunes gens de son espèce.
Or, contrairement à ses comparses, Sophie n'a qu'une connaissance minime de ses pouvoirs, et très vite elle se ridiculise ou s'attire les foudres des trois déesses de l'école, sous prétexte qu'elle n'a pas souhaité rejoindre leur clan ou parce qu'elle s'amourache du petit copain de l'une d'elles. Vu sous cet aspect, le roman ne casse pas des briques et la trame sent un peu le réchauffé. Ceci dit, il ne faut surtout pas s'attacher aux apparences.
Car en fait, le roman est drôle ! Il est divertissant, il nous embarque à droite et à gauche, il est joyeux et ça fait du bien. L'héroïne n'est pas une oie blanche qui se pâme devant le bellâtre, elle est pétillante, elle possède le charme, l'intelligence, la répartie et une bonne dose d'ironie. Et il lui en faut, c'est tout de même elle l'héroïne, donc tout tourne autour d'elle, le bon, le mauvais, le beau, le laid...
Mine de rien, l'intrigue nous réserve des tours et détours qui savent tenir la dragée haute. Et la fin, pour ainsi dire, ouvre les portes vers l'inconnu, toutes voiles au vent, la suite promet de nous réserver d'autres agréables surprises, j'espère. Pour l'heure, ce premier tome a su me combler, au-delà de toutes les attentes !
Hex Hall - Rachel Hawkins
Albin Michel jeunesse, coll. Wiz (2010) - 300 pages - 13,50€
traduit de l'anglais (USA) par Raphaële Eschenbrenner