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Chez Clarabel
agatha christie
21 février 2016

Le Crime de l'Orient-Express, d'Agatha Christie

Le crime de l'Orient-Express

Voyageant à bord de l’Orient-Express, Hercule Poirot est approché par un certain Ratchett, un passager américain, qui se dit traqué et sérieusement menacé. Poirot décline l'affaire. Mais le lendemain, l'homme est retrouvé mort dans son compartiment. Le train étant immobilisé en pleine campagne, à cause de la neige, Hercule est certain que l'assassin se trouve encore à bord. En avant les petites cellules grises pour démasquer le coupable ! Avec son ami Bouc, un compatriote, directeur de la Compagnie des Wagons-lits, et Constantine, le médecin de service, Poirot va interroger chacun des voyageurs et établir la liste des suspects... qui n'en finit plus de s'allonger au vu des révélations et des indices trouvés. Un vrai casse-tête qui transcende notre détective belge. Autant le dire, j'éprouve pour ce livre une affection particulière, notamment parce que l'Orient-Express incarne pour moi le mythe absolu (j'ai, pendant longtemps, longé son convoi qui attendait sagement le long des quais) (en vrai, ce train est magique !). Cette lecture n'est pas loin d'être la consécration romanesque ! ;-) Même si l'histoire s'écoule de façon classique et banale, elle a pour originalité d'offrir un dénouement spectaculaire car peu conventiel, surtout pour l'époque. L'ambiance confinée du train procure aussi la sensation grisante d'un environnement menaçant et du couperet prêt à tomber. C'est assez pesant, et délectable. Encore un super moment, avec un Hercule Poirot qu'on dit au sommet de son art.

Le Masque A. Christie / Mai 2013 pour la présente édition ♦ Couverture vue par Martin Parr 

Traduction entièrement révisée par Jean-Marc Mendel (Murder on the Orient Express, 1934)

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#Jeu littéraire : Vintage Mystery Cover Scavenger Hunt 2016 : une blonde

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5 février 2016

Destination inconnue, d'Agatha Christie

 Destination inconnue

Les services secrets britanniques sont aux cent coups, depuis l'étrange disparition du scientifique Thomas Betterton. Son épouse prétend ne rien savoir mais annonce qu'elle doit quitter le pays sur avis médical. Olive Betterton prend donc son vol pour Marrakech mais est victime d'un accident. Hospitalisée, en piteux état, la femme décède en glissant quelques mots à l'oreille d'une inconnue, venue exprès à son chevet. Hilary Craven, fraîchement recrutée pour servir d'appât, doit usurper l'identité de Mrs Betterton et continuer son voyage vers l'inconnu, en supposant qu'il la conduira jusqu'au scientifique. C'est grâce à sa chevelure rousse, semblable à celle de l'épouse décédée, que son sort a basculé vers une destinée plus excitante et romanesque. Car Hilary n'avait plus le goût de vivre et ruminait des idées suicidaires lorsqu'elle a rencontré un agent convaincant et sarcastique (leur première entrevue est franchement piquante !). Elle prend vite à cœur sa nouvelle mission et s'embarque pour une série d'aventures inattendues et passionnantes. Ce roman d'espionnage, pour le moins original et audacieux pour l'époque, ancrée au début des années 50, s'inspire d'une aura politique très pesante, celle de la guerre froide, avec les courants communistes, les idéologies flamboyantes, la démocratie remise en question et la fuite des cerveaux, devenue une récurrence inquiétante pour le monde occidental. Les considérations philosophiques apparaissent donc de façon flagrante et priment parfois sur l'action, sans toutefois susciter de l'ennui ou du désintérêt. En effet, plus que son histoire d'agent double et de duperie, Agatha Christie propose un regard équivoque sur l'époque d'après-guerre et rend sa lecture plus enrichissante qu'une simple distraction ! 

Le Livre de Poche ♦ Publication Septembre 2010 pour la présente édition ♦ Traduction de Janine Lévy (Destination Unknown, 1954)

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#Jeu littéraire : Vintage Mystery Cover Scavenger Hunt 2016 : un globe terrestre

5 février 2016

Mort sur le Nil, d'Agatha Christie

Mort sur le Nil

Scandale dans la bonne société anglaise ! La belle et riche héritière, Linnet Ridgeway, vient d'épouser son régisseur, Simon Doyle, auparavant le fiancé de sa meilleure amie, Jacqueline de Bellefort. Le couple convole en justes noces en Égypte, avec l'extrême désagréable surprise de trouver l'amoureuse déchue à leurs trousses. Voilà une attitude fortement désobligeante. Jacqueline se défend d'être jalouse ou haineuse, mais son attitude prouve tout le contraire. Hercule Poirot, lui, est également troublé pour l'entêtement de la demoiselle, dont il avait déjà croisé le chemin à Londres, alors qu'elle se trouvait en galante compagnie et ne cachait rien de ses sentiments amoureux. Pour notre détective belge, c'était assurément une démonstration excessive et préoccupante. Alors que ce joli monde embarque à bord de la même croisière sur le Nil, l'ambiance est aussi lourde de sensualité que de cupidité autour de ce singulier trio. Et le danger gronde... Ce livre est sans doute celui dont j'ai vu et revu le plus souvent l'adaptation tv, à tel point que l'histoire a fini par s'imprimer dans mes petites cellules grises. Merci Hercule ! Il n'empêche que j'ai pris grand plaisir à voguer sur le Nil en compagnie de ces voyageurs crapuleux (la brochette de personnages est large et croustillante), en plus d'assister à un mélodrame de premier ordre, qui s'avère poignant jusqu'au bout. Un très grand roman, encore une fois. 

Le Livre de Poche, 2001 pour la présente édition ♦ Traduit par Robert Nobret & Elise Champon (Death on the Nile, 1937)

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Emily Blunt as Linnet Ridgeway

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#Jeu littéraire : Vintage Mystery Cover Scavenger Hunt 2016 : un plan d'eau

24 janvier 2016

L'Homme au complet marron, d'Agatha Christie

L'Homme au complet marron

Après la mort de son père, Anne Beddingfeld se retrouve seule et sans le sou, mais a la tête farcie d'aventures flamboyantes piochées dans ses nombreuses lectures. Aussi, lorsqu'elle assiste à la chute mortelle d'un homme, sur les quais du métro, elle voit un prétendu médecin, en complet marron, prendre la poudre d'escampette après avoir énoncé son verdict. L'imagination d'Anne s'enflamme aussitôt. Cet inconnu aurait été également aperçu sur les lieux d'un crime, dans une villa déserte, où une femme a trouvé la mort. Après avoir recoupé plusieurs indices en lisant les journaux, Anne n'hésite plus une seconde et claque ses dernières économies pour une cabine en première classe à bord d'un paquebot en partance pour l'Afrique du Sud. D'autres péripéties attendent notre héroïne, qui a pleinement la sensation de vivre le rêve de sa vie. La voilà embringuée dans une histoire d'espionnage, de diamants volés et de chasse à l'homme, comme dans les romans qu'elle affectionne ! Et même si les envolées sentimentales ne sont probablement pas le point fort de l'auteur, on devine qu'elle a pris un plaisir fou à jouer avec les clichés et composer une intrigue explosive, où l'action, le suspense et la romance font bon ménage. C'était charmant, particulièrement exaltant à suivre.

Le Masque A. Christie / Mai 2006 ♦ Traduction de Sylvie Durastanti (The Man in the Brown Suit, 1924)

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23 janvier 2016

Le Meurtre de Roger Ackroyd, d'Agatha Christie

Le meurtre de Roger Ackroyd

Le village de King's Abbot est sous le coup de l'émotion après la mort soudaine de Mrs Ferrars, probablement empoisonnée, victime d'un maître-chanteur, dont seul son ami et voisin Roger Ackroyd avait connaissance de l'existence. Mais peu après avoir eu vent de son identité, lui aussi est retrouvé mort, dans son fauteuil, près de la cheminée, alors qu'il s'était enfermé à double tour dans son bureau. Le docteur Sheppard, également le médecin du village, est témoin des événements qu'il relate dans ce roman particulièrement bien troussé ! Car Sheppard va également faire la rencontre de sa vie, en la personne de son nouveau voisin, un petit belge comique, qui maltraite son potager et expédie ses citrouilles de mécontentement, manquant assommer notre narrateur. L’incomparable Hercule Poirot entre alors en scène... Soucieuse de rendre justice à son oncle, Flora Ackroyd supplie le détective, pourtant à la retraite, de démasquer la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Amen. Et il aura fort à faire concernant l'entourage du riche et exigeant Ackroyd. Tous sont vraisemblablement coupables de mensonges, petits et gros, qui nuieraient à la résolution de l'enquête. Il enjoint donc famille, amis ou domestiques d'aller à confesse, notre ami Poirot est tout ouïe. Cette lecture vaut franchement le détour, rien que pour son suspense, sa construction et sa fameuse pirouette. Le scénario ici est habile et inventif, clairement en avance sur son temps, il réinvente les codes et bouscule les traditions... c'est du grand art ! Et puis c'est drôle, raconté avec une pointe d'ironie, dont l'apparition épique de Hercule Poirot ! Notre jeune retraité, qui se languit de son ami Hastings, parti en Argentine, est en mal d'ami et va élire Sheppard comme étant son nouveau confident. La sœur de celui-ci, Caroline, mettra également son grain de sel, avec ses bavardages incessants et son goût prononcé pour les commérages, elle sera d'une aide précieuse pour la conduite de l'enquête, et séduira Hercule autrement que par sa confiture de nèfle. ;-) Une lecture indispensable. Chapeau, Dame Agatha ! 

Le Masque, coll. Masque Christie / mars 2007 ♦ Traduction entièrement révisée par Françoise Jamoul  (The Murder of Roger Ackroyd, 1926)

Le meurtre de Roger Ackroyd 2013

Bibliothèque idéale d'A.Christie (Novembre 
2013) Couverture par Martin Parr

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#Jeu littéraire : Vintage Mystery Cover Scavenger Hunt 2016 : des taches de sang

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19 janvier 2016

Meurtre en Mésopotamie, d'Agatha Christie

Meurtre en Mésopotamie

Amy Leatheran vient d'être embauchée pour s'occuper de l'épouse du Dr Leidner, un archéologue actuellement sur un chantier de fouilles en Mésopotomie (aujourd'hui, l'Irak), car celle-ci est atteinte d'une maladie nerveuse, liée à un profond sentiment d'insécurité. Louise Leidner révèle rapidement à son infirmière qu'elle est persuadée d'être harcelée par son ex, qui cherche à se venger d'elle pour avoir rompu leurs fiançailles et dénoncé ses activités illicites. Sur le campement, chacun semble se désintéresser des crises hystériques de Mrs Leidner. Aussi, l'annonce de sa mort provoque un léger tumulte dans les rangs. La jeune femme s'était en effet repliée dans sa chambre, close et sans issue possible, à proximité de ses partenaires de voyage. Sous le choc, ils n'en montrent pas moins leur soulagement en évoquant le caractère exécrable de la victime. Louise Leidner aimait diriger son monde et était une femme particulièrement exigeante. Elle avait réussi à s'attirer l'antipathie de tous et n'en éprouvait pas le moindre remords. Amy Leatheran va ainsi rencontrer ce cher Hercule Poirot, de passage dans la région pour résoudre un scandale militaire en Syrie, et partager à ses côtés une expérience unique en résolvant un crime complexe. Après avoir établi les alibis de tous les protagonistes, et pris note de leurs griefs, le détective belge va épingler le cerveau de cette infamie, qui a conduit tout de même à un deuxième assassinat ! Cette évasion exotique, forcément liée au propre parcours de l'auteur, passionnée de voyages et épouse d'un archéologue, dresse une intrigue traditionnelle et distinguée, qui s'attache davantage à la peinture des personnalités et à l'ambiance du lieu qu'à décrire les recherches harassantes et la réalité sur le terrain. Mais c'était juste Miam ! Et j'ai énormément souri à la description faite par Amy Leatheran lors de sa toute première rencontre avec Monsieur Poirot. ;-)

« Jamais je n'oublierai l'impression que me causa Hercule Poirot la première fois que je le vis. J'avais dû me représenter un personnage dans le genre de Sherlock Holmes, long et mince, au visage fin et intelligent. (...) Rien qu'à le regarder, il vous prenait envie de rire. Poirot vous rappelait un artiste sur la scène ou au cinéma. D'abord, ce petit bonhomme tout rond, haut à peine de cinq pouces, paraissait tout à fait vieux avec son énorme moustache et sa tête en forme d'œuf. On eût dit un coiffeur dans un vaudeville. » (Trad. Louis Postif, 1967)

Le Livre de Poche /  Parution : Mai 2010 pour la présente éditionTraduction de Robert Nobret pour Le Masque (Murder in Mesopotamia, 1936)

La jaquette de l'édition britannique chez Collins Crime Club est illustré par Robin McCartnay. Agatha Christie l'avait rencontré au printemps 1935 sur le chantier de fouilles de Chagar Bazar et lui proposa sans hésiter d'illustrer son livre de l'époque. Elle s'inspira aussi de son amie Katharine Woolley, épouse de l'archéologue Sir Leonard Woolley, pour croquer le personnage de Mrs Leidner. ;-)

Murder in Mesopotamia      bannerfans_16489672 (61)

15 janvier 2016

Cartes sur table, d'Agatha Christie

Cartes sur table

À l'occasion d'une étrange soirée organisée par Mr Shaitana, réunissant quatre joueurs de bridge et quatre amateurs d'intrigues criminelles, dont notre ami Hercule Poirot, le maître des lieux est retrouvé raide mort dans son fauteuil, au nez et à la barbe de ses convives. Aucun doute possible - le meurtrier se trouve parmi l'assistance. Aussi, le détective belge passe tout le monde au crible et les incite à parler librement de leur hôte et de la soirée (laquelle consistait à rassembler des “assassins qui se la coulent douce et que la moindre suspicion n'a jamais effleurés” sic). Mr Shaitana, dont le physique de dandy précieux tapait déjà sur le système, était peu apprécié par ses invités, pour la simple et bonne raison qu'il semblait en savoir trop long sur chacun et possédait un sens de l'humour pour le moins curieux. D'ailleurs, au cours de la réception, il n'a cessé de lancer des piques acerbes, ne visant jamais au hasard, puisque seuls les concernés les saisissaient au bond en tiquant. L'infect personnage aura finalement bien mérité sa punition ! Hercule Poirot, ainsi que ses acolytes (le colonel Race et le superintendant Battle), doivent maintenant déterminer qui est passé à l'acte... C'est aussi dans ce livre que l'on croise l'excentrique Ariadne Oliver, l'auteur de romans policiers à succès, dont l’enquêteur principal est le détective finlandais Sven Hjerson. Et on imagine très bien Agatha Christie en train de pouffer de rire en concevant son double de papier. C'est donc une lecture toujours aussi soignée et entraînante, qui ne laisse rien supposer de son dénouement avant la note finale et qui nous régale de cette remarque sibylinne : « Avec les yeux de l'esprit, on voit beaucoup plus qu'avec les yeux du corps. »   

Le Masque / Publication mars 2008 pour la présente édition ♦ Traduction : Alexis Chambon (Cards on the Table, 1936)

Zoe Wanamaker & David Suchet en couple infernal,

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#Jeu littéraire : Vintage Mystery Cover Scavenger Hunt 2016 : un instrument de musique (piano)

14 janvier 2016

La Mystérieuse affaire de Styles, d'Agatha Christie

Anne, des Mots et des Notes, a mis à l'honneur Agatha Christie le 12 janvier dernier, pour célébrer le 40ème anniversaire de sa disparition. J'ai réalisé alors que je manquais cruellement de lectures du genre et qu'il fallait là encore me mettre à jour en picorant savoureusement les romans de cette divine « Reine du Crime ». Quoi de mieux - donc - que son premier livre édité, en octobre 1920, aux USA (l'année suivante, en Grande-Bretagne), celui-là même où apparaît, non sans une certaine fatuité, le fameux détective belge, Hercule Poirot !? ;-)

La mystérieuse affaire de Styles

L'histoire est rapportée par Arthur Hastings, invité à séjourner dans la demeure de Styles, dans l'attente de son nouveau poste, quand la maîtresse des lieux, Mrs Inglethorp, est assassinée dans sa chambre. Tout accuse son nouvel époux, le sombre et taciturne Alfred Inglethorp, qui ne cherche même pas à se défendre et se drape derrière des attitudes fuyantes et suspicieuses. Sur ce, intervient notre bon ami, Hercule Poirot, qui réside à proximité, avec d'autres compatriotes. Le détective va ainsi assister l'inspecteur Japp dans son enquête en interrogeant les protagonistes, en fouillant les lieux et en rencontrant les domestiques. Il va mettre en lumière une redoutable affaire d'empoisonnement, orchestrée de main de maître, et c'est à l'issue d'une « enquête publique » qu'il va incriminer le coupable au terme d'une démonstration habile et irréfutable. Tout est là, dissiminé parmi des indices quelconques (un feu de cheminée allumé en plein été, une tache de café sur le tapis, un testament revu et corrigé, la peur du scandale). Notre cher Poirot ne laissera aucun détail et épluchera les dessous de cette mystérieuse affaire de Styles pour brandir la solution avec un réel génie. Hanlala... que c'était bien ! Moi qui suis friande des polars noirs, bien violents, au risque d'être trop écœurants, je fonds aussi complètement pour ces romans à l'ambiance désuète, au ton guindé et aux manières empruntées. Je m'en vais délecter d'autres  bouquins du genre... comme un besoin de me gaver de vieilleries bien réconfortantes, qui câlinent ma fibre nostalgique du moment. 

Librairie des Champs-Élysées, coll. Le Masque ♦ Traduction originale de Marc Logé en 1932, revisitée par Thierry Arson en 1990 (The Mysterious Affair at Styles)

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8 décembre 2010

Crèmes & Châtiments

Amateurs de recettes délicieuses et criminelles, voici pour vous les crèmes et châtiments d'Agatha Christie :

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Agatha Christie était une gourmande, qui savait apprécier les bonnes choses autant que la vie. Elle avait un bon coup de fourchette, appréciait les plats lourds et copieux, et avait pour péché mignon la double crème du Devon (un mélange de crème épaisse et de lait cru) qu'elle affectionnait tellement qu'elle en mettait à toutes les sauces ! Ce qui ne sera pas sans conséquences sur la silhouette de la Duchesse de la mort...

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Agatha Christie avait un point commun avec Alfred Hitchcock : elle truffait son oeuvre délectable d'une foule de références culinaires. Les recettes proposées ici ne sont donc pas forcément originales, plutôt traditionnelles, ancrées dans la culture britannique (le célèbre breakfast ou le tea time qui semble souffrir d'une désaffection de plus en plus prononcée chez la jeune génération, les auteurs reconnaissent donc à Agatha Christie le soin de la tradition : sandwiches, canapés et pâtisseries accompagnent religieusement le thé de cinq heures).
Voici donc un assortiment culinaire composé du christmas pudding (la légende veut que l'on doive le conserver six semaines dans un endroit frais), de la Mort exquise (chocolat noir, beurre, sucre, raisins secs et Cointreau), du Yorkshire pudding (qui accompagne le boeuf rôti) et des scones (servis tièdes, accompagnés de crème Chantilly, de gelée de groseilles ou de crème du Devon). Le tout, forcément, est mis en scène de façon délicieusement kitsch ... 

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Ce n'est pas tant le livre de recettes qui m'intéresse, mais plutôt l'objet en lui-même, la joyeuse combinaison entre la gastronomie et la littérature (des extraits des romans d'Agatha Christie parsèment cet ouvrage, de quoi donner envie de replonger dans un ou plusieurs titres !), les petites informations sur la vie de l'auteur, l'importance de la cuisine dans sa vie et donc dans son oeuvre. Dans les livres d'Agatha Christie, on succombait souvent par la faute d'un empoisonnement, ce qui rendait le meurtre plus propre et réfléchi, selon elle. Il fallait flairer pour trouver le coupable, et donc prendre son temps. C'est ce que j'aime le plus dans ce type de romans à suspense, en plus de l'ambiance et du charme britannique. Celles (ou ceux) qui savent et comprennent auront ainsi la même curiosité envers cet ouvrage de François Rivière et Anne Martinetti (également les auteurs de La sauce était presque parfaite, 80 recettes d'après Alfred Hitchcock).

Crèmes & Châtiments  - Recettes délicieuses et criminelles d'Agatha Christie
par Anne Martinetti et François Rivière

Photographies de Philippe Asset
Editions JC Lattès / Le Masque (2010 pour la présente édition) - 168 pages - 19,90€

13 juillet 2008

Old-fashioned, but delicious !

 

 

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Dans le quartier des Batignolles, le corps d'un petit vieux est retrouvé dans un bain de sang... La victime a juste eu le temps de griffonner les premières lettres du nom de l'assassin : il s'agit de son neveu, Monistrol. Ce dernier avoue aussitôt les faits, le juge et la police se frottent les mains de conclure une affaire aussi vite. Mais Méchinet, agent de sûreté, n'est pas du même avis. Il est secondé par Godeuil, un jeune officier de santé. La rencontre entre ces deux personnages n'est pas sans rappeler la paire sympathique de Sherlock Holmes et Docteur Watson, ou Hercule Poirot et le commissaire Japp.

Bref, Méchinet devine d'instinct que l'enquête ne fait que commencer. Il va rencontrer la blonde et délicieuse Mme Monistrol, trop belle pour être honnête, trop cupide, trop ambitieuse et trop rayonnante auprès d'un époux au physique peu attrayant. La dame a un alibi, le mari plaide coupable. Mais alors ? Les petites cellules grises de nos deux compères s'activent. Cette intrigue est rondement bien ficelée, classique et décrit un Paris du 19ème siècle guindé, suranné mais charmant.

Emile Gaboriau est un pionnier du roman policier français, auteur d'une oeuvre qu'on compare facilement à celle de l'anglais Wilkie Collins par exemple. Le petit vieux des Batignolles inaugure un cycle de nouvelles (l'histoire ne fait que 86 pages). Le texte est suivi de deux nouvelles qui composent Mariages d'amour : Monsieur JD de Saint Roch, ambassadeur matrimonial et Promesses de mariage.

Ces deux récits dénoncent la spéculation des sentiments humains et des mariages arrangés. Monsieur JD de Saint Roch est un brocanteur du mariage, comme il se décrit. Il embobine le fils d'un avoué, qui a déjà créé le scandale de démissionner de son poste d'ingénieur des Ponts et Chaussées, puis a su construire une honnête fortune à force de spéculations. L'entremise de petites lettres qui dénoncent, conspuent et colportent des vérités à demi cachées ou avouées va semer la zizanie dans le coeur des jeunes gens épris. Promesses de mariage permet à l'auteur de s'attaquer aux mariages arrangés qui sont encore monnaie courante sous le Second Empire. Gaboriau se livre ici à un anti-marivaudage féroce et réjouissant.

(Personnellement j'ai plutôt apprécié la première histoire, car on y perçoit bien le policier qui va ouvrir la voie à d'autres personnages ou influencer des futurs auteurs. Cf. Simenon et Maigret, encore un exemple.)

S'il n'est pas l'inventeur du genre, Emile Gaboriau a su incontestablement donner au genre policier ses premières lettres de noblesse. Et même créer un archétype de personnage débonnaire qui poursuit l'enquête sans trop avoir l'air de s'y intéresser, qui sait toujours où il va mais laisse tout le monde perplexe. La liste des personnages qui doivent à Gaboriau leur caractère propre est vaste, ici naît sans aucun doute aussi bien Holmes, nous l'avons dit, que Colombo, dont le faux-air ahuri est le meilleur piège à vérité. Et tout est ici, dans une langue savoureuse et simple, qui met le quotidien dans un roman et parvient à en faire toute une histoire.  Source : Boojum-mag.

Le petit vieux des Batignolles, et autres nouvelles - Emile Gaboriau

Editions du Masque, coll. Labyrinthes - 2008. 345 pages. 8€

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Lady Angatell et son époux reçoivent pour le week-end quelques amis dans leur splendide domaine du Vallon. Des amis, certes, mais toute cette petite communauté réussira-t-elle à cohabiter ? Voilà que Lucy Angatell commence à en douter. Et les domestiques eux-mêmes sont sens dessus dessous, rien n'est prêt pour le déjeuner alors qu'un invité de marque est sur le point d'arriver au château : le célèbre Hercule Poirot en personne. Son métier est de démasquer les assassins, mais il vient cette fois pour se reposer, du moins le croyait-il : le médecin, John Christow, est retrouvé tué par balles au bord de la piscine. Les soupçons se posent sur Gerda, l'épouse qu'on a retrouvée près du corps, le revolver dans une main. Or, les preuves font défaut.

Naturellement cette dernière avait toutes les raisons d'être jalouse (Christow collectionnait les conquêtes féminines), et la dévotion de l'une d'elles, qui dans l'ombre oeuvre pour masquer les indices, va compliquer l'enquête criminelle menée par notre cher Poirot. 

Ambiance serrée par ce huit-clos efficace où, très vite, on soupçonne tout le monde, Le Vallon échappe au genre du whodunit dont les règles sont ici un peu chamboulées. Agatha Christie s'attache à décrypter les personnages, les psychologies et distille une atmosphère mêlant l'intrigue amoureuse à la résolution de l'énigme policière. Ce titre de la très productive reine du crime est quelque peu méconnu, mais gagne à être découvert sans tarder !

Le Vallon a été adapté au cinéma par Pascal Bonitzer sous le titre Le grand alibi. (au cinéma le 30 avril 2008)

Le Vallon, d'Agatha Christie

Librairie des Champs Elysées, 1995 pour cette traduction

(traduit de l'anglais par Alexis Champon). titre vo : the hollow

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Joan Scudamore, anglaise d'une soixantaine d'années, est coincée dans un relais en plein désert, à la frontière turque, pour rentrer dans son pays. Elle vient de rendre visite à sa fille Barbara qui vit avec son époux à Bagdad. Dans cet endroit coupé de son petit monde confortable, Joan rencontre une ancienne amie d'école, Blanche Haggard. Celle-ci a toutefois subi les foudres du temps, devenant plus vulgaire, âgée et mal vêtue (selon les critères de la très respectable Mrs Scudamore). Très vite, on devine une suffisance chez cette femme, malgré la sympathie qu'elle nous inspire. On ne peut s'empêcher de pincer les lèvres et les narines : c'est une épouse dévouée, une mère accomplie, une femme exemplaire. Un peu trop ?

Car derrière cette façade trop lisse, on cherche les failles et les fêlures. Et c'est en voulant la taquiner, en lui prédisant d'être bloquée dans son relais à cause des pluies qui s'annoncent et du terrain impraticable pour les trains, que Blanche va provoquer son temps de réflexion. Or, elle soulève un point délicat : "si l'on n'avait rien d'autre à faire que penser à soi-même pendant plusieurs jours de suite, je me demande ce que l'on découvrirait..."

Totalement désoeuvrée, Joan va donc devenir "détective lancée sur la piste de sa propre vie passée" et soudainement ce voyage l'entraîne à éclaircir des contrées mises - dans son subconscient - en abîme. Cette femme s'enorgueillissait d'avoir réussi sa vie, quitte à regarder de haut Blanche Haggard en la méprisant. Elle va s'apercevoir qu'elle a occulté ses propres erreurs.

Sous le pseudonyme de Mary Westmacott, on retrouve Agatha Christie, auteur de ce roman d'introspection qui est aussi le monologue enfièvré d'une femme blessée par la vie. Ecrit en trois jours et trois nuits dans une sorte de transe, selon les dires de la grande dame, Loin de vous ce printemps dévoile un talent caché d'Agatha Christie, celui de broder sur un sujet autrement bateau qu'un indécrottable whodunit (genre très appréciable, sans nul doute). A noter pour vous en persuader !

Loin de vous ce printemps - Mary Westmacott (Agatha Christie)

Robert Laffont, 1951 pour la traduction - Livre de poche, 1990

roman traduit de l'anglais par H. de Sarbois - titre vo : absent in the spring.

Avait été conseillé par Patricia (dans sa cuisine rouge)

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