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Chez Clarabel
gallimard jeunesse
19 février 2019

Trouble vérité, d'E. Lockhart

Trouble véritéL'histoire s'ouvre sur une banale scène de rencontre dans un hôtel luxueux au Mexique. La jeune femme, convaincue d'avoir une détective privée à ses trousses, décide aussitôt de fuir sans tarder. Elle prend sa grosse valise, modifie son apparence et se sauve dans le coffre d'une voiture. Mais que cache Jule West Williams ?
Entre Manhattan et Londres, Cabo San Lucas jusqu'à Martha's Vineyard, on assiste à une course effrénée vers l'inconnu, on part aussi à la découverte d'une amitié sulfureuse. Lorsque Jule et Imogen se rencontrent, la connivence est immédiate : même physique, même soif de vivre, même désir d'indépendance. Pourtant, l'une est une riche héritière, l'autre est une orpheline sans le sou. Un destin comme Dickens aurait adoré. Et justement, Imogen vénère les romans victoriens qu'elle dévore à la pelle.
Quelques mois plus tard, les parents d'Imogen s'inquiètent de sa disparition, puis apprennent son suicide. Ils s'en remettent à Jule, sa meilleure amie, sa confidente. Toutefois, cela fait des semaines que celle-ci usurpe l'identité d'Imogen Sokoloff sans éveiller la moindre méfiance. Alors, manipulatrice ou victime ?
En fait, Jule West Williams est surtout un caméléon. Son incroyable histoire est retracée comme un puzzle, sauf que l'histoire est racontée à l'envers et accentue la grande confusion de son énigme. Chaque révélation renvoie à un fait supposé, chaque souvenir vient secouer un fait établi, en bref rien n'est acquis. Tout est chamboulé, relancé et remodelé. C'est très perturbant, en plus d'être assez complexe à suivre. Au final, l'exercice est usant et laborieux. Trop de tours de passe-passe, trop de pistes sans issue, trop d'audaces et de risques inutiles... Je n'ai pas été conquise par cette façon de faire. Je n'ai pas été séduite par les personnages. Et j'ai trop galéré pour démêler le vrai du faux, j'en sors déçue. #frustration

Gallimard jeunesse, 2018 - traduction de Nathalie Peronny

titre VO : Genuine Fraud

 

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13 février 2019

Norman n'a pas de super-pouvoir, de Kamel Benaouda

Livre gagnant de la troisième édition du Concours du Premier Roman Jeunesse 
organisé par Gallimard Jeunesse, Télérama et RTL.

Norman n'a pas de super pouvoir

Norman est un adolescent tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Peut-être trop ordinaire, à son goût. Autour de lui, il est tout à fait commun d'avoir un super-pouvoir. Chaque élève de son école doit d'ailleurs passer un test pour le révéler, puis suivre une formation en espérant décrocher une place à l'académie des super-héros. Or, pour Norman, aucun don spécial ne semble lui avoir été octroyé. À l'approche de son examen, le garçon s'interroge et s'inquiète. Il n'ose rien dire à ses parents, de peur de les décevoir. Seule sa grand-mère n'est pas dupe et lui suggère de ruser. Il met donc trois de ses camarades au courant pour élaborer un plan. Tricher, lui ? Voyons... Il préfère arrondir les angles. Dès lors, son destin est scellé. Plus possible de reculer. Le garçon est lancé dans une aventure qui va dépasser ses espérances... et que de rebondissements à prévoir !

C'est aussi un vrai bonheur à lire. Au départ, j'ai trouvé l'histoire assez plate, basée sur la vie de collège, entre amitié, chatouillis amoureux, souci des apparences et harcèlement. C'est avant de réaliser qu'on nous raconte surtout les déboires d'un gamin ordinaire dans un monde extraordinaire. Autour de Norman, tous sont surdoués. C'est la norme. Lui se sent affreusement banal et ne l'accepte pas. Il a peur du regard des autres, peur d'être mis à l'écart et peur de trahir la confiance de ses proches. Mais à vouloir préserver son secret, le garçon va surtout provoquer sa chute. En fait, c'est très drôle à analyser car l'auteur en vient à dire qu'être insignifiant n'est pas une tare non plus et qu'on peut s'inspirer des petits riens pour être heureux tout simplement. On ne le rappelle jamais assez. Bon point pour ce roman. Il est non seulement addictif et réjouissant, combine l'humour, les personnages attachants et le suspense, propose une intrigue originale et décalée, et pour finir nous fait passer un très bon moment. Pour un premier roman, c'est une véritable aubaine. D'ailleurs, bravo pour le concours : c'est mérité.

Gallimard jeunesse (2018) - illustration de couverture : Gazhole

En janvier 2018, Gallimard Jeunesse, RTL et Télérama ont lancé la troisième édition du concours du Premier roman jeunesse. Parmi plus de 900 manuscrits, un jury composé d'éditeurs, d'auteurs, de journalistes, de libraires et de blogueurs a désigné le gagnant (Norman n'a pas de super-pouvoir de Kamel Benaouda)... lequel succède à La Passe-Miroir de Christelle Dabos, révélée en 2013 et aux Mystères de Larispem de Lucie Pierrat-Pajot, grande gagnante de 2016.

 

11 février 2019

Le Dragon au Cœur de chocolat, de Stephanie Burgis

Le dragon au coeur de chocolatAventurine appartient à une longue lignée de dragons vivant dans les montagnes, loin des humains, qu'ils détestent farouchement. Mais notre jeune dragonne a soif d'aventures et soupire d'ennui quand sa mère lui ordonne d'attendre son tour sagement. Voulant prouver ses valeurs, Aventurine n'hésite pas à outrepasser l'interdiction et s'échappe de ses montagnes. Elle croise la route d'un campeur, en train de cuisiner une substance dont elle ignore tout mais qui sent terriblement bon. L'inconnu lui propose de goûter - bim ! la révélation pour Aventurine. Notre dragonne vient de succomber au pouvoir doux et capiteux du chocolat. La seconde d'après, c'est le double effet Kiss Cool : Aventurine est métamorphosée en fillette.

La suite de la lecture est un enchaînement de péripéties fabuleuses et inattendues. Aventurine est une héroïne volontaire, qui se fixe des objectifs et se donne à fond pour les atteindre. Bien souvent, elle bouillonne au fond d'elle-même pour ne pas cracher sa colère ou son impatience. On imagine très bien la scène ! Toutefois, son expérience en tant qu'humaine va également la confronter à des sentiments méconnus : l'amitié, la confiance, l'espoir, la trahison... C'est plus largement l'apprentissage de la vie qu'elle va donc expérimenter. Ceci dit, c'est aussi incroyablement gourmand à lire ! Les recettes secrètes dans l'atelier du chocolat font tourner les sens et titiller les papilles. Hmmm... L'ambiance médiévale fait d'ailleurs penser à un conte, avec du panache et de l'humour à foison. C'est charmant. Mais je n'en attendais pas moins de l'auteure : la série Kat, apprentie magicienne de Stephanie Burgis était un réel enchantement (dommage de n'avoir jamais édité la suite en VF). Cette fois, chaud devant, dragons en approche, marmites sur les fourneaux... êtes-vous prêts pour une lecture enivrante et riche en saveurs ? N'hésitez pas.

Gallimard jeunesse (2018) - traduit par Julie Lopez

couverture illustrée par Freya Hartas

8 février 2019

L’aventure de Castle Rock, de Natasha Farrant

l'aventure de castle rock

Complètement sous le charme de cette couverture, aux faux airs des romans de Enid Blyton, j'étais impatiente de découvrir cette petite merveille. Même les premières pages sont magiques ! C'est l'histoire d'une fille qui avait perdu sa mère et sa maison, qui avait peur de perdre son père, et qui avait besoin de se trouver elle-même. L'auteure a une façon particulière de présenter son histoire, un mélange de poésie et d'humour, une grande maîtrise du teasing et un goût fabuleux pour l'aventure. En tout cas, on embarque aussitôt à bord et avec impatience. 

Alice Mistlethwaite doit quitter la maison de son enfance, trop chargée en souvenirs, pour rejoindre le pensionnat de Stormy Loch, un vieux château écossais tenu par une équipe de tendres excentriques. Sa tante a estimé qu'il serait temps pour elle de vivre de vraies histoires passionnantes au lieu de simplement les imaginer. Son père, un acteur obscur, doit retourner à Londres mais promet de lui écrire le plus souvent. Seulement, Barney ne va pas tenir parole et faire douter sa fille (d'où l'épopée à venir). D'un tempérament calme et solitaire, Alice va néanmoins s'attacher l'amitié de deux garçons aux caractères très opposés, en l'occurrence Fergus et Jesse, l'un ne manque pas de courage tandis que l'autre craint jusqu'à son ombre. Du moins, ils forment un trio inattendu et fort original. Contre toute attente, ils vont aussi multiplier les frasques et enfreindre les règles de leur école. Comme se rendre sur une île voisine, le paradis des macareux, en réponse à une invitation énigmatique reçue sur carte postale timbrée en Italie. Que de mystère... et vous n'avez pas tout vu !

Cette lecture est extraordinaire, elle a le goût de l'enfance, des rêves et des escapades palpitantes, perdues au milieu de nulle part. Les personnages sont adorables, un peu farouches et maladroits, souvent prompts à édulcorer la vérité et à trahir pour parvenir à leurs fins. Mais ils ont beaucoup à nous raconter et c'est formidable de les écouter ! J'ai bigrement aimé ce rendez-vous, riche en émotions et véritable promesse d'évasion. On tombe fou amoureux de ce coin de paradis écossais, battu par les vents et les tempêtes, mais tellement romantique et magique. On sent le souffle de la liberté nous transporter très loin, et pour notre plus grand bonheur. Il y a certes un certain charme vintage derrière tout ça... irrésistible et réjouissant. J'ai adoré. ♥

Gallimard jeunesse (2019) - traduit par Marie Leymarie

Couverture illustrée par David Bean

 

1 février 2019

Dix jours avant la fin du monde, de Manon Fargetton

dix jours avant la fin du mondeDeux lignes d'explosions ravagent la Terre. Nul n'en connaît l'origine mais quand elles se rejoindront au large de notre côte atlantique, le monde sera détruit.

Cette annonce produit immédiatement une onde de choc sur la population. À Paris, Lili-Ann prend peur et accepte de rejoindre sa sœur en Bretagne. Elle croise en route Valentin, beau gosse caméléon, totalement ravagé à l'intérieur, ne laissant rien filtrer aux yeux des autres, un couple d'amoureux, Gwenaël et Sara, lui est plongé dans l'écriture de son livre, elle rêve d'une dernière fête avant la mort, et Brahim, leur chauffeur de taxi qui n'a plus rien à perdre. Le chemin de l'exode sera long, semé d'embûches, parsemé de désespoir. Les magasins sont pillés, les actes de violence éclatent, alors que le monde sombre dans le chaos, sans espoir de secours. En Bretagne, la police tente aussi d'organiser l'afflux de réfugiés et de les compartimenter sur la plage : entre les fêtards, les familles et les démunis, la cohabitation est vite incontrôlable.

Ce roman vous inspirera tout ce que vous voulez, colère, incompréhension, angoisse, perplexité... Seule certitude, il est scotchant. Sitôt les premiers chapitres lancés, ils vont défiler à une vitesse folle. On est pourtant loin d'un roman à l'américaine, où l'action prime et on repassera pour le reste. Ici, c'est justement place à l'émotion, la tension dramatique, la cohésion du groupe. L'ambiance fin du monde est palpable. Elle colle à la peau, durant 450 pages, on a l'impression de vivre aussi nos dix derniers jours. Cette mise en scène et la détresse qui se joue sous nos yeux m'ont totalement imprégnée. Impossible de perdre de vue la fameuse deadline. J'étais comme Lili-Ann, résignée sur mon sort. L'histoire montre ensuite que chacun dédie ses dernières heures à vivre selon ses instincts, en craquant tout ou en demeurant fidèle à sa philosophie. C'est ce qu'on découvre en suivant tout ce petit monde... En somme, je ne peux pas expliquer pourquoi j'ai adhéré aussi intensément à cette lecture, toujours est-il qu'après le point final, j'étais étourdie au moment de relever la tête car j'avais du mal à réaliser que je sortais d'une fiction, qu'en réalité le monde n'allait pas s'écrouler dans l'heure à venir, que j'étais de retour à une vie ordinaire. C'était déconcertant, en vrai. Rien que pour ça, je salue la prouesse et j'invite quiconque à partager une telle expérience.

Gallimard jeunesse, 2018

#ambiance : Les portes vitrées du magasin ont été brisées et des dizaines de personnes en sortent, les mains vides, ce qui ne décourage pas de nombreux autres d'y pénétrer quand même.

 

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11 janvier 2019

Les mille visages de notre histoire, de Jennifer Niven

Les mille visages de notre histoireLibby Groby, connue pour être la plus grosse ado d'Amérique, a vécu la pire humiliation à travers une vidéo la montrant avachie dans son fauteuil en train d'être évacuée de sa maison par les pompiers. Les commentaires haineux ont déferlé sur internet, depuis Libby a suivi une thérapie et perdu un peu de poids (sans afficher une taille mannequin non plus). Toutefois, elle est assez fière d'elle pour retourner au lycée et faire un pied de nez à ses détracteurs.
Jack Masselin n'a jamais craint pour sa réputation : beau gosse insolent et dragueur impénitent. Il donne le change à merveille, car cela fait des années qu'il cache son secret : il souffre d'une maladie rare qui l'empêche de mémoriser les visages et de reconnaître ses interlocuteurs. Il trompe son monde - même sa famille et ses amis sont dans l'ignorance - et agit souvent au hasard pour ne pas éveiller la moindre suspicion.
Mais Jack va tout raconter à Libby. Cela peut paraître insensé et peu vraisemblable, mais disons que l'auteur a choisi de nous embarquer dans une histoire qui se veut optimiste et conquérante ! C'est différent de Tous nos jours parfaits et c'est plutôt pas mal d'envisager qu'aujourd'hui rien n'est impossible quand on a le sentiment de sortir du cadre.
On assiste donc au rapprochement peu banal entre deux univers que tout opposait : Jack est beaucoup moins idiot que ne laisse supposer son image, Libby agit d'emblée en électron libre, elle bouscule, elle riposte. Elle ne manque pas d'air et s'avère époustouflante (imposer son physique au casting des pompom girls... chapeau). Ensemble ils vont donc former un couple inattendu mais charmant... même si je crains, hélas, qu'en réalité cette perspective soit peu plausible. Ne nous leurrons pas.
D'où mon scepticisme. Je salue la qualité du roman, l'espoir qu'il inspire, les messages de tolérance, la dénonciation du harcèlement etc. Mais l'histoire ne touche plus Terre. En plus, on a une romance comme on en a vu d'autres, qui se base sur la souffrance du couple à concilier ses différences, à surpasser ses problèmes... C'est lassant, en plus d'être superficiel et creux en fin de compte. C'est dommage car j'avais trouvé le début du roman tellement engageant : l'échange des points de vue donne du rythme à la lecture. Cela partait plutôt bien...

Gallimard jeunesse (2018) - Traduit par Vanessa Rubio-Barreau

Titre VO : Holding Up The Universe 

 

“Dear friend, You are not a freak. You are wanted. You are necessary. You are the only you there is. Don’t be afraid to leave the castle. It’s a great big world out there.” 

 

20 décembre 2018

Le Fabricant de poupées de Cracovie, de R. M. Romero

le fabricant de poupées de cracovie gjUn soir dans son atelier, un fabricant de poupées, ancien soldat devenu infirme, découvre l'une d'elles en train de parler. Elle se présente sous le nom de Karolina et lui raconte une histoire incroyable : elle vient d'un vaste royaume que des rats sont venus envahir en saccageant tout sur leur passage. Notre Fabricant de poupées est incrédule mais fasciné.
Cette rencontre va en effet rendre sa vie plus belle et plus douce. Comprenant que Cyryl Brzezil est un homme bon et généreux, souffrant de solitude, Karolina va s'appliquer à rendre son existence plus agréable. Ils vont ainsi rencontrer un musicien juif et sa fille Rena (qui va découvrir son secret).
Mais l'horizon annonce aussi de gros nuages sombres. L'Allemagne va envahir la Pologne et semer la terreur dans les rues de Cracovie. Bientôt, leurs amis vont être persécutés et Cyryl va refuser de se soumettre, quitte à prendre des risques insensés pour les protéger.
Outre le contexte dramatique et poignant, on assiste avant tout à un déploiement d'enchantement et de magie. L'auteur a choisi la voix du conte, jouant habilement les équilibristes, et dénonce l'horreur et l'oppression sous ses artifices irréels.
Le mélange est surprenant, mais réussi. On y croise donc des sorciers, des rats, un soldat au pourpoint argenté, un homme sans mains, une maison de poupées, une montagne de verre, une pomme d'or et bien d'autres légendes encore.
Très vite, la lecture nous envoûte dans son univers merveilleux et insolite, au-delà de son histoire bouleversante. Car oui, c'est très, très triste aussi. Mais l'invitation n'en reste pas moins
 fabuleuse et inoubliable !

Gallimard jeunesse (2018) - traduit par Anne Krief

Titre VO : The Dollmaker of Kraków

illustration de couverture : Maria T. Middleton

 

19 décembre 2018

Nos vies en mille morceaux, de Hayley Long

Nos vies en mille morceauxDylan et son frère Griff ont passé leur enfance à parcourir le globe avec leurs parents. Libres et insouciants, ils incarnent la famille aimante et offrent un aperçu du bonheur de vivre ensemble. Mais peu avant le 13ème anniversaire de Griff, leurs parents ont un accident de voiture. Un drame puissance mille. Les garçons sont anéantis, privés de repères, ils se retrouvent seuls au monde. D'abord recueillis par une collègue d'école, la sublime et attachante Beyoncé (keep on dreaming), ils sont ensuite envoyés dans une petite ville du Pays de Galles, chez une cousine qu'ils n'ont jamais rencontrée de leur vie.
Commence une autre étape pour recoller les morceaux de leur existence brisée. Et là, moi j'étais effondrée avec mon roman entre les mains : ses éclats de rires et ses cascades de larmes vont et viennent en alternance. Ascenseur émotionnel droit devant. J'ai pourtant tout encaissé car cette lecture est aussi extrêmement positive. Elle vous envoie de bonnes ondes vivifiantes, elle déborde d'amour, de poésie et de musique, en même temps qu'elle évoque le chagrin insurmontable, la perte et la solitude.
L'auteur avait déjà produit ce numéro de haute voltige avec son héroïne Lottie Biggs, ou comment raconter une histoire poignante, sans verser dans le mélodrame, en rappelant qu'il faut s'accrocher et croire en la vie. Elle récidive donc avec Dylan et Griff à travers un portrait magnifique et bouleversant des deux frères dont la détresse est à couper le souffle. Et même si on a le cœur lourd et la boule au ventre, même si on tend l'oreille pour écouter leurs murmures, on sourit aussi tout du long à la lecture de cette histoire miraculeuse.
On fait ainsi provision de mots doux, on ramasse des mots piochés ci et là : “avec ou sans moi, la vie continue”, “on se sent toujours mieux après un bon thé gallois”, “parfois, malgré tout, la vie est belle”. Et on court écouter l'album des Beach Boys et leur chanson, The Nearest Faraway Place. « On aurait dit la musique qui clôt un film. Du genre doux et triste et, en même temps, plein d'espoir. » 
Ce roman est magique.

Gallimard jeunesse (2018) - Traduit par Laetitia Devaux

Titre VO : The Nearest Faraway Place

10 décembre 2018

La Théorie de l'iceberg, de Christopher Bouix

La théorie de l'icebergÉté 1993. Noé vit dans une petite ville face à l'océan. Passionné de surf jusqu'à son accident, le garçon souffre de choc traumatique et se renferme sur lui-même. Face à sa souffrance, sa famille est impuissante et son psy l'incite à se remettre en selle. Les vacances arrivent, avec son flot de saisonniers. Noé l'ignore encore, mais sa routine va en être bousculée : d'abord, il rencontre Lorraine, qui adore les haïkus, la photographie et les étoiles, puis M. Hereira, un vieux monsieur qui vit cloîtré dans une maison pleine de livres. Chaque samedi, Noé lui rend visite en lui apportant les derniers ouvrages commandés à la bibliothèque. Assez hostile et grincheux, l'homme va tomber sur son carnet et critiquer l'histoire qu'il est en train d'écrire. Le garçon va néanmoins encaisser les remarques en comprenant qu'il s'agit d'un célèbre auteur de science-fiction et qu'il pourrait bien l'aider à terminer son texte pour un concours de nouvelles. De cet été 1993, découleront d'autres rencontres et d'autres vérités qui allégeront considérablement le poids que porte notre jeune héros de 15 ans. « Peut-on savoir qui sont les autres ? Qui ils sont vraiment. Soudain, je n'en étais plus si sûr. Peut-être qu'on se contente de passer notre vie à côté d'eux, à les côtoyer, à les croiser, sans jamais les connaitre. »
J'ai refermé ce livre en ressentant une immense quiétude. C'est en effet une lecture pleine de douceur et de sensibilité, une lecture infiniment charmante et délicieuse. On se laisse bercer par la jolie plume de l'auteur et par l'histoire de Noé. On retient aussi de belles paroles sur l'écriture et le processus de création. C'est très inspirant mais aussi apaisant. Un premier roman convaincant et profondément attachant !

Gallimard jeunesse, coll. Scripto, 2018 - couv. illustrée par Emmanuel Polanco

« Selon Hemingway, la force d'une histoire réside dans ce qui est sous-jacent. Tout ce qui n'est pas exprimé mais que le lecteur ressent. Imagine un iceberg. Les sept huitièmes sont sous l'eau. On ne les voit pas. Mais ce sont eux qui portent la masse. En littérature, c'est pareil. C'est toute cette partie immergée, cet ensemble de non-dits, qui fait la force d'un texte. »

 

19 novembre 2018

En poche ! Où est passée Lola Frizmuth ? par Aurélie Gerlach

lola frizmuth

Folle amoureuse de Tristan, qui vit actuellement au Japon, Lola Frizmuth décide de partir sur un coup de tête pour le rejoindre. Elle prend donc le premier vol pour Tokyo et se présente la bouche en cœur devant la porte de son chéri. La suite ne va pas se passer comme prévu. Lola va se retrouver seule, dans la panade, avec une bande de Yakuzas à ses trousses !

Invraisemblable ? Qu'importe ! Attendez-vous surtout à une histoire follement cocasse au pays du Soleil Levant avec une héroïne au charisme ravageur. Résultat, le roman se boit comme du petit lait : il y a du rythme, de l'humour, des personnages délirants (entre autres, le gangster à la retraite qui passe désormais son temps à boire une bière au soleil en caressant son petit chat).

Lola Frizmuth est une tornade blonde, qui chamboule tout sur son passage et rend la vie de ceux qui la croise sens dessus dessous. On craque aussi pour le jeune stagiaire de l'ambassade, avec son look de premier de la classe, pas du style à casser la baraque, et pourtant embringué dans une course-poursuite infernale. En bref, on ne s'ennuie pas une seconde. C'est pétillant et mené à fond de train. Et on adore ça. Pour une première entrée en scène, Aurélie Gerlach avait su taper fort et avec brio ! Auteur à suivre, sans nul doute.

Pôle Fiction (2018) chez Gallimard jeunesse

Illustration de couverture : Camille Benyamina

 

 

 

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