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Chez Clarabel
vincent cuvellier
2 mai 2013

«C'est bizarre... je ne savais pas que je pouvais faire une fleur. Une jeune fille, ça ne fait pas de fleurs.»

Triple actualité pour Vincent Cuvellier ! ☺

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Le retour d'Emile dans un nouvel épisode toujours aussi grinçant et hilarant !

Emile se déguise, par V. Cuvellier - illustrations de Ronan Badel (Gallimard jeunesse, coll. Giboulées, 2013)

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"Je commence à en avoir marre de cette vie, de ma vie de plante verte, jolie fleur dans un petit pot, de jeune pousse, de mauvaise herbe, de brindille, d'asperge, de mauvaise graine, de graine de potence, de fruit amer, de grande tige, d'espèce de haricot, de grosse patate, de petit pois dans la tête, de vieille branche, en un mot comme en cent, j'en ai marre de ma vie de légume."

La Fille Verte, ou comment décrire l'adolescence, ce passage vécu entre rêve et réalité, où la jeune héroïne marche pieds nus dans l'herbe, prend racine dans la terre, avec un oiseau qui fait son nid dans ses cheveux, et une fleur qui pousse dans sa main, jusqu'au jour où elle entendra à nouveau les cris de sa famille, retrouvera l'envie de les rejoindre, elle qui se croyait transparente va enfin trouver sa place...

Cet album est à destiner aux grands enfants, qui comprendront plus facilement la subtilité du texte qui n'est que métaphores. C'est poétique, très beau, étrange aussi. C'est doux et envoûtant. Les illustrations sont magnifiques !

La fille verte, par V. Cuvellier - illustrations de Camilla Engman (Gallimard jeunesse, coll. Giboulées, 2012)

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Et pour finir,

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Une lecture qui nous plonge dans la France de l'après-guerre, avec pour jeunes héros deux bandes que tout sépare : d'un côté, on trouve les Socquettes blanches, des filles prout-prout qui ont la bénédiction du curé de la paroisse, et de l'autre côté, il y a les Chats crevés, des durs à cuire qui aiment mener la vie dure à leurs rivales. Mais lorsqu'un projet immobilier vient menacer leurs territoires respectifs, ils décident de joindre l'utile à l'agréable : se serrer les coudes, unir leur colère contre les promoteurs véreux.

Fichtre, que c'est poilant ! En plus, les illustrations sont délicieusement kitsch et vintage dans l'âme... Cet album avait tout pour me séduire : de l'humour, un soupçon d'élégance et une histoire pétaradante !

Les Socquettes blanches, par V. Cuvellier - illustrations d'Alexandra Pichard (Gallimard jeunesse, coll. Giboulées, 2013)

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NB : Toutes les illustrations sont visibles en plus grand, rien qu'en cliquant sur l'image !

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4 avril 2013

"J'avais apprivoisé mon petit cheval sauvage. (...) J'allais enfin devenir qui je suis."

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Seize ans. Vincent Cuvellier est en échec scolaire. Il décide de tout plaquer et de s'inscrire à l'ANPE. Il n'a aucune idée de ce qu'il voudrait faire, mais gratter le papier, oui, ça lui plaît bien. Alors il participe à un concours pour Jeune écrivain. Et paf, il remporte le premier prix avec son texte complètement barré et irrévérencieux. Tout de suite il impose son ton, son style, sa verve. Déjà, ça dérange les bien-pensants, les intellos, les amoureux de la dialectique, et tous ceux qui se servent de la culture pour humilier et mépriser les autres.

Car c'est un point d'honneur chez l'auteur, celui qui consiste à vouloir s'exprimer simplement, en se rapprochant le plus possible de la langue orale. Pour montrer qu'on parle dans les livres comme dans la vie de tous les jours. C'est un moyen de décomplexer ceux qui sont sortis du sentier de la scolarité, par exemple, et rappeler que les livres doivent être accessibles à tous les cancres, les incultes, les non-lecteurs. Pour en finir avec cette barrière invisible et réconcilier ceux qui craignent la littérature, et les livres, parce qu'ils se sentent en décalage. Frileux ou snobés.

Rien que pour ça, ce petit livre (seulement 76 pages) vaut le coup d'œil.

La fois où je suis devenu écrivain, par Vincent Cuvellier
éditions du Rouergue, coll. doAdo, 2012

12 octobre 2012

Un enfant comme les autres. Presque comme les autres. #2

Emile est de retour ! Youhou ! *danse de la joie*

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Deux nouveaux titres et quelques aperçus plus tard, voici donc le retour de l'enfant terrible. Emile veut faire la fête, mais pas inviter une horde de copains qui vont tout dévorer et lui piquer ses jouets. Il veut aussi un anniversaire en avance, du moins c'est selon le cadeau qu'on lui offre. Emile veut aussi un plâtre. Bah oui. Histoire de prouver que c'est un dur et qu'il est à plaindre. Par contre, il ne faut ni bosses ni sang ni coupures ni plaies ni fractures ... Vouloir un plâtre, ça ne veut pas dire vouloir se faire mal. Non mais oh.

Je suis toujours aussi fan de ce cher Emile, il n'y en a pas deux comme lui ! Ce garçon est impayable (enfin, c'est sa bouille qui est impayable, et puis ses expressions d'éternel imperturbable, ha ! ha !). Jamais il ne sourit. Tout se passe dans le regard ! Et les petites répliques en accompagnement valent le détour... Humour pince-sans-rire, mais humour ravageur.  Bref. J'aime Emile. 

Emile fait la fête / Emile veut un plâtre, par Vincent Cuvellier et Ronan Badel
Gallimard jeunesse, coll. Giboulées, 2012

3 mai 2012

"Les enfants sont des énigmes lumineuses."

Le match du jour oppose les enfants contre les parents. Bah oui. 

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Les enfants sont méchants, c'est bien connu. Ils sont bruyants, insupportables, ils crient, font des caprices, ils mordent, ils crachent leurs épinards, ils ne disent pas bonjour à la dame, ils font du chantage, ils donnent des câlins quand ça leur chante, en somme ils sont épuisants et limite ingrats. C'est fort d'une tendre ironie que Vincent Cuvellier nous livre un portrait de notre progéniture, avec un bagout hors du commun. Impossible de ne pas sourire en parcourant cet éventail de situations toutes plus grotesques (et authentiques !) les unes que les autres.

C'est ainsi un festival de patience et de flegme qui s'offre à nous, et le constat s'impose : les enfants sont de gentils monstres qu'on aime comme ils sont, c'est-à-dire imparfaits. On doit aussi au rituel de l'histoire du soir de réconcilier tout ce petit monde, ouf les journées peuvent paraître longues, elles savent aussi se boucler sur un sentiment d'apaisement quand on retrouve l'enfant endormi dans son lit, sourire aux lèvres et heureux... Après tout, les enfants sont gentils. 

-) A découvrir pour l'ironie de la situation, pour l'humour de Vincent Cuvellier et pour les illustrations d'Aurélie Guillerey (j'adore). 

Les enfants sont méchants, par Vincent Cuvellier & Aurélie Guillerey (Gallimard jeunesse, coll. Giboulées, 2012)

Les enfants auront l'occasion de se venger en se plaignant de leurs parents, grâce au retour de ma mère ! Une mère qui ne fait rien comme les autres, qui a la tête dans les nuages, qui dit une avalanche de gros mots, qui mange des paquets de bonbons, qui promet de faire attention et qui bien évidemment n'en fait qu'à sa mode. 

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C'est déjà le troisième titre de cette collection (où le portrait de ma mère est souvent gratiné, mais c'est pour de rire !). Si ma mère est à la fête, son fiston, lui, se désespère et le lecteur rigole. Trois histoires courtes viennent faire état de situations souvent désespérantes, mais jamais navrantes, ma mère a conscience de ses défauts et préfère en rire en faisant l'orang-outang dans son dressing. Tout ça sent bon le vécu, c'est tendre et rigolo de découvrir le regard que parfois posent les enfants sur leurs parents ! Ce troisième rendez-vous a donc été placée sous le signe des facétieuses retrouvailles.

Ma mère à la fête, par Gwendoline Raisson & Magali Bardos (OFF - Pastel, 2012) 

* La citation en titre de ce billet est de Daniel Pennac. : )

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16 avril 2012

Emile est un enfant comme les autres. Presque comme les autres.

Joli coup de coeur pour la nouvelle série de Vincent Cuvellier, illustrée par Ronan Badel - le duo de choc !

C'est décidé. Aujourd'hui, Emile est invisible. À midi, plus personne ne pourra le voir ! Pourquoi à midi ? Parce qu'à midi, maman fait des endives. Des endives ! Mais c'est horrible, les endives !

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Qu'est-ce que j'ai pu rire en lisant cette histoire ! Emile est un petit garçon avec des idées farfelues, qu'il met toujours en application. Après tout, pourquoi se priver ? Il a, par exemple, décidé de devenir invisible et de n'en faire qu'à sa guise. Le plat d'endives ? Peuh, très peu pour lui. Il est invisible, cela veut dire que personne-ne-peut-le-voir ! Mais zut, sa maman possède des rayons X à la place des yeux, rien ne lui échappe mais Emile a plus d'un tour dans son sac. Sûr qu'il croit en son potentiel d'invisibilité... non mais ! 

La fin est absolument désopilante, j'étais bidonnée et je me suis payée le luxe de relire l'histoire plusieurs fois. C'est facétieux, avec un chouette personnage, dont la bouille me donne déjà envie de l'adopter. On croirait un mauvais bougre qui sourit lorsqu'il se brûle... franchement, c'est une lecture extra ! Juste pour rire et en redemander.

Et cela tombe bien, puisque ce sont deux albums de la même série qui viennent de paraître. *bonheur*

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Emile laisse aux autres enfants l'envie d'avoir un chat, un chien ou bêtement un poisson rouge, lui veut une chauve-souris. Et ce n'est pas pour de rire. Ses parents font cependant grise mine et Emile doit négocier. Une chauve-souris, avec ses ailes toutes bizarres, ses yeux noirs, ses petites dents, ses petites griffes, ne représente-t-elle pas une bestiole sympathique ? Ou à la place, il a bien une autre suggestion en tête...

L'histoire, encore une fois, surprend agréablement et nous ravit avec sa fin rigolote. Emile rejoint ainsi le club fermé des héros fétiches, bravo ! 

Emile veut une chauve-souris !  &  Emile est invisible par Vincent Cuvellier et Ronan Badel 
Gallimard jeunesse, coll. Giboulées, 2012.  

Ha, ha ! je ne peux pas m'en empêcher... smileyc219

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21 octobre 2010

La légendaire histoire des douze soeurs Flûte

COUP DE COEUR pour ce nouvel album de Vincent Cuvellier !!!

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Racontée avec humour, l'histoire de la famille Flûte, qui compte pas moins de douze filles, est absolument désopilante ! Le père, Monsieur Flûte, centième du nom, est un type débonnaire qui passe son temps à chercher une aiguille dans une meule de foin, tout en réfléchissant longuement devant l'ampleur de sa tâche.

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Sa tendre épouse est décrite comme « charmante, oh! légèrement dodue, mais charmante »Et d'ailleurs... «  Au fil de ses grossesses, elle finit par ressembler à une énorme boule de graisse surmontée de deux petits yeux méchants. »

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Sur ce ravissant postulat, les héritières de la famille Flûte voient donc le jour : toutes plus différentes les unes des autres, l'une est renfrognée, l'autre se tient à genoux et prie toute la sainte journée, l'autre encore est quelconque, l'une sourit à la lune, une autre fait tout le contraire de ce qu'on attend d'elle, les jumelles sont des copies carbones, impossible de les distinguer, mais ce n'est pas grave, car les soeurs Flûte se suivent, à un train d'enfer, le château grouille de petites Flûte qui portent parfois le même prénom, le narrateur ne sait plus où donner de la tête ... et le lecteur s'esclaffe !

Vraiment, c'est GENIAL ! Et puis, c'est drôle.

Arrive, cependant, LE drame : « Alors qu'on fêtait le douzième anniversaire de la première et le premier de la douzième, vint au monde un bébé, aussi rose, aussi blond, aussi dodu qu'on le pouvait rêver. Monsieur et madame Flûte, par dépit, allaient le nommer Béatrice, quand madame Flûte, bien que harassée, vit dépasser entre les jambes du nourrisson un petit truc aussi exceptionnel qu'inattendu : un zizi. »

Le choc est rude : madame Flûte claque sur le champ, monsieur Flûte perd la boule. Les petites filles prennent sous leur aile leur petit frère et le bichonnent comme une poupée. Un autre événement va frapper cette quiétude familiale, contraignant la petite troupe à aller loin, loin, loin, le dos à la mer...

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Je me suis régalée à suivre l'aventure de cette famille très productive, où tout est conté avec une pétillante légèreté. Les illustrations de Ronan Badel nous transportent au-delà des siècles, les demoiselles ont des frimousses craquantes, le texte de Vincent Cuvellier y trouve une mise en valeur inestimable. Il suffit de fermer les yeux pour s'entendre raconter cette histoire foldingue, c'est déjà un bonheur garanti. L'ensemble vaut bien un grand moment de swoushitude (copyright : gaëlle la libraire). Bravo ! Et j'en veux encore !!!

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  La légendaire histoire des douze soeurs Flûte - Vincent Cuvellier / Ronan Badel
Gallimard jeunesse (2010), coll. Giboulées - 14,50€

1 octobre 2009

Le temps des Marguerite ~ Vincent Cuvellier

& Robin pour les illustrations
Giboulées de Gallimard jeunesse, 2009 - 125 pages - 20€

> Ce bouquin est né d'un fantasme très simple... depuis que je suis petit, je rêve d'un claquement de doigts  me retrouver projeté 100 ans en arrière... (...) c'est peut-être le seul de mes livres à ce jour qui soit vraiment pédagogique... ben oui, moi qui ai érigé ce mot au rang d'insulte, je me retrouve aussi à m'en servir... allez, disons que j'aime bien vulgariser les choses que j'aime, notemment l'histoire...  source : Vincent Cuvellier, et tout le baratin

Cet album est notre nouveau coup de coeur.
le_temps_des_margueriteLe temps des Marguerite est l'histoire de deux fillettes qui portent le même prénom, ont le même âge et se ressemblent physiquement. La seule différence, c'est que l'une vit en 1910 et l'autre en 2010.
Un jour, toutes deux se rendent dans leur grenier, se faufilent dans une vieille malle où elles se trouvent prisonnières malgré elles, couac, en un tour de magie elles font un bond dans le temps et voient leur place inversée.
La Marguerite moderne est expédiée au début du siècle, à sa plus grande déconfiture ! L'éducation des enfants est serrée, il faut demander le droit de prendre la parole à table sous peine de recevoir une claque, il est interdit de se balader seule dans la rue, interdit d'adresser la parole à des garçons, interdit de montrer ses jambes ou ses bras (couvrir de culottes et manches longues), c'était l'époque des bonnes manières (guindées)... et aussi l'époque de Blériot, du tramway, du crottin de cheval, du village indigène (!), du trousseau et des fiançailles. Marguerite en prend plein la figure, mais surtout elle prend conscience que le pays va basculer dans le premier grand drame international (la guerre de 14).
De son côté, notre Marguerite prout-prout est plongée dans un 21° siècle bruyant, technologique, confortable et sans manières. La tête lui tourne, elle n'est pas sûre de tout apprécier mais elle se laisse séduire par la télévision, le skate, la pizza et le cola, le téléphone portable, la musique... et l'affection de ses parents, leur présence et leur tendresse. Rien de comparable avec son monde !
Cette confrontation est vraiment très drôle, on y découvre la société et la vie des enfants à un siècle d'écart, avec des petits détails très intéressants. La partie 1910, par exemple, apporte beaucoup de précision historique tandis qu'en 2010 on suit davantage la jeune Marguerite dans sa découverte de notre vie contemporaine.
Il n'y a aucune conclusion dans cette double lecture (l'épilogue s'offre tout de même le luxe d'être cocasse). C'est juste très, très bien à parcourir en faisant rouler ses yeux de bas en haut et de haut en bas sur toutes les pages (le format du livre est assez long). Et c'est toujours un grand plaisir de retrouver la complicité de Vincent Cuvellier et Robin !

> La librairie Rêv'en Pages a également beaucoup aimé

18 juin 2009

Ici Londres

sur une idée originale de Vincent Cuvellier
illustrée par Anne Herbauts
texte historique : Aurélie Luneau
musique : Olivier Mellano

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Caché dans la remise à bois, un jeune garçon écoute clandestinement le poste à galène de son père d'où s'égrènent des messages, drôles ou oniriques. C'est une époque de guerre et d'interdits. Il faut se cacher pour écouter les programmes diffusés depuis Londres et tendre l'oreille pour deviner les voix, assourdies par le brouillage. Mais, à cette époque-là, la radio diffuse de la poésie et les mots sont des armes.

On appelle ça des « messages personnels ». Écouter la radio n'est pas un acte anodin. Derrière ces phrases codées qui dessinent un voyage imaginaire jusqu'à l'annonce du débarquement en Normandie et le rêve plus concret d'une paix prochaine, se trament des largages d'armes, des transports clandestins, des appels à la résistance. Par-delà les années, les voix de Londres font une musique étrangement actuelle à nos oreilles.
(quatrième de couverture)

Le père La Cerise est verni. Poussière tu te soulèves. Raymonde cueille des olives. La chicorée est améliorée. La laitue est romaine. Le cheval bleu se promène sur l'horizon. Marie est sage. La vie est rose. Le traversin est en duvet. Les sillons sont en courbe. Grand-mère mange nos bonbons.

Qu'entendez-vous ? Des phrases inattendues ? Des messages sans queue ni tête ? Au début c'est vrai, ça fait rigoler. Et puis il faut se rendre compte qu'écouter la radio, en ce temps-là, n'était pas anodin. Il fallait se cacher. Se méfier. Et c'était pas pour rire non plus. Le moulin à paroles pouvait causer, ça signifiait bien quelque chose. Pour qui ? pourquoi ? A qui ? A-t-on imaginé ce qui se passait dans la tête d'un môme qui entendait à la radio une voix inconnue répéter trois fois la même phrase ? Et même maintenant... on sait toute l'histoire, on connaît la fin du film mais on ignore l'émotion de l'instant présent, pris entre la peur, l'excitation, la surprise et l'interrogation. Le 18 juin 1940 De Gaulle lance son appel, depuis la radio de Londres, à la France libre et aux français qui refusent l'occupation par l'ennemi. Ce message a été peu entendu sur le moment, mais la presse a publié cet appel dès le lendemain. Dès lors, la résistance s'organise et la BBC va servir de boîte aux lettres.

Sur son blog, Vincent Cuvellier explique la genèse de ce beau projet. Tout est parti de la poésie et de la bizarrerie, dans la tête d'un môme. Ensuite, avec des rencontres, des idées, des pinceaux et des crayons, de la musique et du talent, quatre auteurs et quatre voix se mettent au service d'Ici Londres.   

Le prologue est signé Vincent Cuvellier, puis se succèdent 17 étranges phrases illustrées par Anne Herbauts comme autant de scènes sorties de son imagination. Se glisse au milieu un livret historique, comme un journal, signé par Aurélie Luneau, historienne, qui explique plus en détails le contexte et l'importance des messages radio, l'émission les Français parlent aux Français, la guerre des ondes, l'appel du 18 juin, etc. Et vient enfin la musique d'Olivier Mellano (sur un cd d'une durée de 20 minutes) qui permet au lecteur de porter l'oreille à ces messages radio et à se glisser dans ce moment d'Histoire si particulier.

Ce n'est pas un album facile, pas donné à tout le monde, du genre qui ne délivre pas ses secrets tout de suite... Il faut le découvrir petit à petit, l'effeuiller, le cajoler, l'enjôler, ou bien c'est l'inverse. C'est à lui d'embobiner le lecteur, de lui raconter son histoire, de l'émouvoir. Chacun y trouvera son compte. Ce livre existe pour interroger, pour se questionner. Pour ne pas oublier. Pour comprendre ou non. Pour admirer aussi. Car c'est un album d'utilité publique. Pas moins ! C'est à sa façon une trace, une continuation, un oeil par-dessus l'épaule. Un objet curieux, de prime abord. Un album intelligent et subtil, pour le fond.
Par contre j'ignore pour quelle tranche d'âge il se destine. Pour tous, j'ai envie de penser...

Rouergue, coll. Varia, 2009 - 32 pages - 22€

Le drôle de monde d'Anne Herbauts

13 mai 2009

L'histoire de Clara ~ Vincent Cuvellier

Illustrations de Charles Dutertre

histoire_de_claraClara est un bébé juif né pendant la guerre. Quelques mots qui annoncent la couleur...
La particularité de cette histoire est d'être composée de plusieurs textes qui donnent voix à différents narrateurs, créant ainsi une ambiance nouvelle, chaque histoire s'influençant d'une couleur unique, d'une langue qui n'est jamais la même, entre le ton radoteur d'une vieille dame, la parole espiègle d'une bonne soeur gourmande, l'argot paysan d'un bonhomme dans sa ferme, le babillage insensé d'une sorcière folle etc.
On commence l'histoire par une berceuse, il s'agit de la maman de Clara, elle se cache avec sa famille, grapille quelques heures de bonheur avant l'arrestation. L'enfant est sauvé in extremis, et de fil en aiguille le bébé dans son couffin sera confié entre de bonnes mains. Objectif commun : la protéger des griffes du Mal.
L'histoire rebondit sans cesse, le destin de Clara est sur la corde raide, mais chaque rencontre vaut son instant d'amour, de gloire, de tendresse, de détresse, d'incompréhension, de révolte... Le passage avec le soldat allemand, par exemple, est intéressant (et romanesque) puisque l'homme répète sans cesse « Je croyais pas que je venais faire la guerre à des enfants ». La boucle est bouclée lorsque les dernières notes de l'histoire retentissent sur la berceuse entendue au début...
Avec simplicité, Vincent Cuvellier parvient à nous raconter la guerre, l'injustice et l'ignominie. Pour cela, pas besoin de sortir les violons pour faire pleurer dans les chaumières, il suffit d'un sourire enchanteur et des yeux de bébé qui posent sur le monde un regard rempli d'inquiétude, de reproche et de colère. L'histoire se veut également drôle, et pleine d'espoir. Sans dévoiler la fin, elle nous offre un joli tableau de douceur et de silence. C'est une très belle histoire, un ouvrage qui salue la complicité entre Vincent Cuvellier et l'illustrateur Charles Dutertre, rappellez-vous de La première fois que je suis née ...

Gallimard jeunesse, coll. Giboulées, 2009  - 65 pages  -  13,50€

Je n'ai pas d'idée pour l'âge à conseiller, dans mon cas je l'ai lu à voix haute à ma fille, elle a neuf ans, et je pensais qu'elle était encore trop jeune. Je me suis totalement trompée, cette histoire a su la toucher et lui parler, même si elle est encore ignorante sur la thématique de la déportation des juifs. (J'ai trouvé dommage, par exemple, qu'en classe sa maîtresse d'école n'explique pas pourquoi le 8 mai était un jour férié, que signifiait l'armistice, et à quoi cette date correspondait, sans tomber dans le didactique, mais au moins pour informer cette jeune génération.) Il y a beaucoup de texte dans ce livre, avec parfois un vocabulaire ou un ton qui demandent un accompagnement. En quelque sorte l'histoire se présente comme une leçon sans prétention qui pourra interpeller l'enfant, l'inviter à réfléchir et - pourquoi pas ? - poser quelques questions. Je me suis rendue pour la première fois au Mémorial de Caen avec ma fille qui avait 7 ans. C'était un peu jeune. J'ai tenté de lui expliquer la guerre, à travers l'histoire de mes grands-parents, parce qu'il y a des choses incroyables à dire, mais c'est encore neuf et innocent dans sa petite tête... Mais je pense qu'il est bon de proposer des ouvrages sur la guerre et la Shoah, il y a différentes façons d'en parler et c'est un devoir de mémoire. Surtout.

A lire :   l'explication par Vincent Cuvellier lui-même sur la naissance de ce livre 

25 octobre 2008

Blablas, frou-frous, éclats de rire Comme une volière en délire *

 

 

 

 

 

* Paroles de Le Congrès des Chérubins / Juliette

Approchez-vous et voyez ces bambins
Le cheveu frisé et le regard mutin
Malins et coquins chérubins

**********

C'est la nuit, nous sommes dans un dortoir de garçons. Tout ce petit monde roupille sous la couette. Quand, soudain, un prout retentit. Un oeil s'ouvre, puis un autre. Et d'autres encore. Un garnement est paré à l'attaque, un polochon entre les mains. Et paf ! la bataille a commencé.

Il n'en faut pas davantage pour susciter une réaction en chaîne. Certains bâillent et s'étirent. D'autres pleurnichent ou se camouflent sous les draps. Et clic ! une lampe torche entre en jeu. Un acteur est mis en lumière. Et d'autres rais de lumière pointent et zèbrent la scène.

Oooh, du calme. Une porte vient de s'ouvrir et c'est le surveillant au regard goguenard qui joue à Max-la-menace. Bref instant de répit, avant le prochain round.

Et le petit jour se lève, les teintes s'éclaircissent. Du noir, on passe au bleu marine (tiens, on remarque qu'il y a des filles aussi dans ce dortoir !) La scène du crime est éclatante, mais point de victime à déplorer. Les bambins, bien échauffés, se ruent vers l'extérieur où, d'un blanc irradiant, une piste enneigée les attend !

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Aucun texte dans cet album, mais ce n'est pas grave ! A la place, on trouve une multitude de détails qui permet de mettre en ébullition la folle du logis. Il faut observer et créer sa propre histoire. C'est drôle et bourré d'énergie !

Par Vincent Cuvellier
Illustrations de Vincent Mathy

Gallimard jeunesse, coll. Giboulées
12,50€
Dès 3-4 ans

Du même auteur : La première fois que je suis née

 

La plus grande bataille de polochons du monde

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