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Chez Clarabel
30 octobre 2010

En poche ! #33

 

 

 

* twistTwist, de Delphine Bertholon

Une fillette de onze ans est enlevée sur le chemin de l'école. Pendant cinq ans, la petite Madison Etchart ne donnera aucun signe de vie. Elle s'est évaporée. Une Volvo noire a croisé son chemin, et zou. Plus rien. Les enquêteurs ignorent tout des circonstances, une cellule de crise est créée mais les maigres pistes aboutissent à des désillusions. A la longue, les parents de Madi se renferment mais ne veulent pas perdre espoir. Pour sauver sa peau, la mère écrit de longues lettres à l'absente, qu'elle ponctue d'un "N'oublie jamais que je t'aime", et se promet de les brûler le jour où sa fille rentrera.

Cette histoire, inspirée d'un fait divers, sait admirablement échapper au témoignage délirant et larmoyant - toute disparition d'un enfant est vécue comme un vrai cauchemar par les familles concernées. Or on ne lâche aucune larme, c'est incroyable ! J'avais personnellement peur de tomber dans une emphase déplacée, un climat malsain et éprouvant. J'ai eu l'agréable surprise de lire une histoire passionnante, écrite avec justesse et élégance. Le récit de la petite Madison, notamment, se révèle étonnant, charmant, plein d'humour et d'ironie. On côtoie ses heures de captivité, pas toujours drôles non plus, mais on échappe à toute névrose, toute affliction. C'est une lecture que je conseille pour sa vitalité et son message d'espoir. Cela parle aussi d'attente et d'amour, à un sens très large !

> en librairie le 18 août

* hors_jeuHors-jeu, de Bertrand Guillot

Jean-Victor Assalti est un Dominant, un jeune loup aux dents longues. Brillamment diplômé, il a connu une ascencion fulgurante dans sa boîte de com jusqu'au jour où tout s'écroule. Chômage, attente, désespoir, honte et sentiment d'humiliation. Il décide alors de s'inscrire à un casting pour un jeu télévisé. Lui qui pensait se moquer des autres se trouve bien à son propre piège...

« Hors Jeu » est le premier roman qui va vous convier dans les coulisses des jeux télé (rappelez-vous « La Cible » qui a remplacé la cultissime « Pyramide » sur France 2 !), et ce faisant, suivre l'entreprise d'un Rastignac des temps modernes, chassé de son sérail, et farouchement déterminé à reconquérir sa place au soleil. L'aventure de ce fier spadassin frise l'insupportable, l'insolence, c'est méchant et volontairement grinçant, mais on adore ça ! Drôle et agaçant,  bonjour l'esbroufe !

> en librairie le 25 août

* val_de_graceVal de Grâce, de Colombe Schneck

Situé dans un quartier parisien, le Val de Grâce était un appartement cossu, le lieu magique de toute une enfance, une bulle d'un autre temps, où l'on se sentait coupé du reste du monde. C'était aussi un monde enchanteur, anarchique, où les enfants évoluaient dans un brouhaha constant, sous la coupe bienveillante de Madame Jacqueline, qui lavait, repassait, reprisait et rangeait, cuisinait de la mousse et de la crème au chocolat. 

Au Val de Grâce, tout n'était qu'illusion et poudre aux yeux. Il fallait rendre la vie des enfants féérique, idyllique, douce et sans heurts. Chaque désir était comblé (danser avec Fred Astaire, apercevoir le monstre du Loch Ness, rencontrer le prince à Buckingham Palace, avoir un crédit illimité à la boulangerie).   

Ce furent vingt-trois années de rêve, et pourtant la narratrice a failli tout oublier. Sa mère vient de mourir, la voici face à son héritage. L'heure de solder tous les comptes.   

Le récit est tour à tour pudique, émouvant, drôle et attachant. L'auteur, pleinement consciente d'avoir vécu un rêve, adopte une lucidité franche et honnête, révélant aussi ce que ses parents ont toujours cherché à dissimuler, à expliquer leur exubérance comme une revanche sur la vie. C'est un roman touché par la grâce, qui reste simple et qui ne fait pas montre d'un trop-plein d'amour mièvre et écoeurant. Sa sensibilité le rend, au contraire, sincère et véritablement attachant.

> en librairie le 25 août

* appartement_temoinL'appartement témoin, de Tatiana de Rosnay

Il s'agit du tout premier roman de Tatiana de Rosnay ! Un quinquagénaire désenchanté, après un divorce douloureux, emménage dans un bel appartement moderne au coeur du VII° arrondissement. Des ondes énigmatiques l'assaillent, ainsi que la vision d'une belle et mélancolique pianiste qui semble hanter l'appartement. Le voilà parti de New York à Venise sur les traces de la mystérieuse inconnue ...

Déjà dans ce premier roman, Tatiana de Rosnay abordait des thèmes qui allaient devenir récurrents : la mémoire des murs. La quête de cet homme pour découvrir qui était cette pianiste ressemble à une course à perdre haleine, c'est vif et passionnant. Et même si le personnage manque de charisme, son histoire parvient à nous arracher de notre torpeur car les dernières pages sont plus que surprenantes !

> en librairie le 1er septembre

 

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29 octobre 2010

Une si douce fureur, de Christian Authier

une_si_douce_fureurIl y a six ans, Valentine et le narrateur se sont aimés avant de se séparer. Ils se retrouvent par hasard. C'est plus qu'un signe, pour le narrateur cela signifie que Valentine est bel et bien la femme de sa vie. On parle alors de rencontre amoureuse et de plénitude sentimentale revêtues de leurs plus beaux atours, sauf que tout n'est jamais rose dans le meilleur des mondes... le narrateur l'apprend à ses dépens. Troisième roman de Christian Authier, "Une si douce fureur" a  été en fait ma première rencontre avec l'auteur. J'avais été tellement emballée que j'avais aussitôt voulu lire ses précédents romans (Enterrement de vie de garçon ; Les liens défaits). Jamais niaiseux, ce roman parle d'une relation amoureuse actuelle, ordinaire, avec ses hauts et ses bas. De très belles références accompagnent les pérégrinations du narrateur, et aboutissent sur une conclusion toute poétique : "J'ai perdu ma vie à t'oublier et à me souvenir de toi, à te fuir et à te poursuivre" (Octavio Paz). Un vrai hymne à l'amour, si vous en doutiez...

J'ai Lu, septembre 2010 - 4,20€

EXTRAIT :

" Ceux qui vivent dans les livres, par et pour les livres forment une race curieuse. Pourquoi se retrancher de la réalité et des vivants pour engloutir des centaines de milliers de pages écrites le plus souvent par des morts ou des inconnus que nous ne rencontrerons jamais ? A quoi bon refuser la "vraie vie", au profit d'histoires imaginées ou réinventées ? Pourquoi, parmi ces lecteurs frénétiques, certains jugent-ils bon parfois d'ajouter quelques pages aux bibliothèques déjà existantes ?
Tout simplement parce que nos existences et nos sentiments ne sont finalement justifiés que lorsqu'ils reçoivent l'onction de la fiction ou de la création littéraire. Les livres qui nous accompagnent sont des preuves précieuses. Ils nous confortent dans nos erreurs, nos doutes, nos croyances, nos colères, toute cette somme de mollesses et de crispations qui fait de nous des inadaptés. Ce sont les papiers d'identité de clandestins qui trouvent dans la compagnie des ombres que nous permettent les écrivains une franc-maçonnerie informelle. La littérature ne possède aucune valeur thérapeutique. Un temps, elle peut nous anesthésier, elle ne nous guérira pas de nos plaies et blessures. Ce n'est pas son rôle. Nous traînons avec des livres dans les poches et des phrases dans la tête. Pas dupes de cette fragile mais précieuse carapace, nous nous ébrouons dans une dimension parallèle, entre les vivants et les morts, entre notre réalité recomposée et celle, sèche et étroite, des autres humains.
C'est cet "état d'esprit" qui fait de nous des êtres à part, des réfractaires, des marginaux. "

 

28 octobre 2010

Azilis : La Nuit de l'Enchanteur

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Quelques 370 pages plus tard, je repose le livre et je me sens complètement vide. La faute à cette fin qui me fend le coeur, qui me laisse lourde, malheureuse, déchirée et impuissante. Valérie Guinot est elle-même une enchanteresse, elle possède le don de nous envoûter par les mots, et croyez-moi, c'est une arme précieuse et redoutable !

Ce deuxième livre s'ouvre donc, et contre toute attente, sur la fuite de Ninian, le frère d'Azilis, qui s'échappe de son monastère, accusé de vol et de crime. Pendant une centaine de pages, nous en apprenons plus sur lui, et surtout sur son extrême sensibilité, le fait d'avoir été le jumeau d'une soeur exceptionnelle et vénérée par tous, de n'avoir jamais su trouver sa place ni d'avoir eu le sentiment d'être compris par les siens. Ninian a cherché un refuge, pensant le trouver dans la religion, mais le garçon s'est leurré.

Azilis, de son côté, mène une vie heureuse et épanouie auprès de Kian, à Ynis-Witrin. Arturus et ses compagnons y font une brève escale, essentiellement par amitié, même si cela va entraîner des complications et de violents remous. Paralysé par une entorse, le dux est contraint de prolonger son séjour à la villa, tandis que Caius et Kian rallient les armées pour reprendre la cité de Portus Adurni récemment assaillie par les Saxons. Myrddin en profite pour se rapprocher d'Azilis, renouvellant sa proposition de lui enseigner ses secrets. Cela sent le piège, la manipulation, la magie... Malgré elle, la jeune femme est ensorcelée, et ce qui ne devait surtout pas arriver arrivera. C'est triiiiste !!!

Cette série est superbe, belle, captivante, elle possède un charme fou, son pouvoir de séduction est implacable, à tel point que vous ressentez ce que les personnages éprouvent - colère, amertume, ivresse, fascination, chagrin et j'en passe. De plus, si vous ne l'aviez pas encore relevé, il y a une histoire cachée derrière l'épopée d'Azilis, une romance où s'enlace une légende, radieuse et invicible. Je pressens une issue qui me laissera un grand vide au ventre...

Encore un extrait ?

Les lèvres du barde ne se posèrent pas sur ses lèvres, comme elle s'y attendait, mais à la naissance de son cou. Sa bouche glissa lentement jusqu'au lobe de son oreille, qu'il mordilla, puis le long de sa mâchoire pour se poser enfin sur sa bouche qu'il effleura à peine.
La peau d'Azilis était parcourue de frissons.
" Cette grotte est glacée, se dit-elle en serrant contre elle les pans de son manteau. Je vais attraper... "
Sa pensée s'arrêta net lorsque Myrddin l'embrassa réellement. Il tenait son visage entre ses mains, à genoux devant elle, sans la serrer contre lui. Pourtant, le contact de sa bouche sur la sienne avait réveillé le sentiment de fusion entre leurs êtres qu'elle avait éprouvé quand ils chevauchaient le vent.
Le coeur d'Azilis s'affola, son souffle devint plus rapide et moins profond, elle s'accrocha aux bras de Myrddin pour ne pas chanceler.
Ce fut quand il cessa de l'embrasser qu'elle s'aperçut que ses mains n'enserraient plus son visage mais sa taille. Il relâcha son étreinte et termina comme il avait débuté, en laissant glisser ses lèvres du coin de sa bouche à la base de son cou.
- Merci, dit-il dans un souffle. Ce baiser mérite tous les sacrifices.

Azilis, tome 2 : La Nuit de l'Enchanteur - Valérie Guinot
Rageot (2009) - 380 pages - 15€
couverture : Stéphanie Hans

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27 octobre 2010

Rouge Bala

En voilà un somptueux album ! Merci infiniment Cécile Roumiguière, et Justine Brax.

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Les illustrations sont magnifiques, les couleurs sont riches, l'oeil est captivé, il y a de la sensualité, de la douceur et de la chaleur derrière chaque page, c'est fascinant !

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Cécile Rouguimière, par ses mots, par sa sensibilité, par sa délicatesse et sa générosité, nous raconte une histoire touchante, une histoire qui parle de filles et de femmes dans ce beau pays qu'est l'Inde. Bala a douze ans, c'est une petite fille heureuse, qui croque la vie avec insouciance. Avec son frère et sa soeur, elle aime jouer près de la rivière et rêve du jour où le bateau d'un prince accostera pour les emmener tout autour du monde.

Lali a treize ans, un âge normal pour jouer, mais ses parents disent qu'à treize ans il faut se marier. Et la soeur de Bala noue un sari autour de son corps, un peu maladroitement, mais elle est si belle, ainsi parée de la plus riche des étoffes, brodée avec amour et fierté par son père. 

« (...) le repas aux mille saveurs, le passage de la procession de mariage, les musiciens et les danseurs avaient-ils transformé sa grande soeur en femme ? Bala avait interrogé sa mère, qui avait souri :
- Toi aussi, Bala... un jour viendra où tu te voileras de ton sari. »

Mais à bien y réfléchir, en découvrant aussi que les époux peuvent parfois se transformer en brute épaisse qui insulte leur compagne de ventre vide, Bala réalise qu'elle ne veut pas suivre le modèle de sa soeur. A douze ans, son corps est en train de changer, de quitter l'enveloppe enfantine. Et Bala rêve d'étudier, même si son père en a décidé autrement : une fille sans mari ne peut pas exister.

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C'est ainsi que se dessine ce magnifique portrait des filles et des femmes qui peuvent difficilement choisir leur destin, liées très tôt par leur père puis par leur mari. Mais l'histoire de Bala est aussi une histoire d'espérance, de force et de passion. Ce n'est pas un message martelé avec vigueur et moralité, c'est davantage en finesse que nous apparaît la prise de conscience de Bala, sa tendre volonté de mener un désir jusqu'au bout - lire, apprendre, compter. Son père non plus n'est pas un être buté, enfermé dans sa bulle de valeurs ancestrales. Le regard de la société pèse sur chacun, mais l'amour est une force qui vaut tous les courages.

C'est merveilleux, raconté sur le rythme des saisons, dans un cadre éclatant. Derrière l'histoire, se cache une réalité. Il n'y a point de naïveté ni de misérabilisme, la fiction dénonce mais n'enfonce pas. Bala est une héroïne fabuleuse, de toute beauté, et qui mérite toute notre admiration.

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Gaëlle aussi a été conquise !

Bala Rouge, de Cécile Roumiguière et Justine Brax
Milan jeunesse (2010) - 13,90€

NB : Les illustrations sont ici des reproductions personnelles, des aperçus d'une lecture qui n'appartiennent qu'à moi, merci de ne pas reproduire.

 

Réconcilée avec Raphaël... son dernier album me touche !

26 octobre 2010

Les petites BD de Rita et Machin

C'est une histoire d'amour... la mienne, la leur et la vôtre aussi,

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Parce que Rita et Machin, ça ne s'explique pas, c'est un coup d'amour, un coup de je t'aime (chabadabada), un coup de coeur qui dure depuis quelques années, et qui ne se dément pas, il y a tout ce que j'aime dans une lecture : c'est drôle, ça ne se prend pas au sérieux, cela me rappelle aussi la paire inséparable que j'ai à la maison, Rita et Machin, c'est donc l'humour, l'amitié, les 400 coups, les clins d'oeil et les répliques qui font mouche !

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Tous les épisodes ont été publiés en dernière de couverture de Pomme d'Api et dans la revue japonaise J-Nude, soit 24 planches de BD, dont 9 inédites.

Les petites BD de Rita et Machin - Jean Philippe Arrou-Vignod & Olivier Tallec
Gallimard jeunesse (2010) - 14€

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25 octobre 2010

Azilis : L'Epée de la Liberté

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Gros coup de coeur pour ce roman !
Il y a tout ce qu'on peut souhaiter rêver : l'aventure, l'amour, l'héroïsme, la trahison, la mort, la beauté, la magie, la folie, et j'en passe. C'est un premier tome annonciateur d'une trilogie passionnante, riche et intelligente ! Franchement, n'hésitez pas à vous faire plaisir et à découvrir ce pur moment de bonheur romanesque.

Nous sommes en Gaule, Azilis est fille de notable, elle est belle, riche, intelligente. Depuis son enfance, elle a bénéficié d'une éducation libre, coupée du reste du monde, élevée dans un cocon, par un père érudit et une mère que la mort viendra frapper trop tôt. Dès lors, la jeune fille perdra peu à peu ses repères, se sentira seule et préfèrera s'isoler en chevauchant les routes de campagne en compagnie de son esclave, Kian, ou à apprendre l'art de la guérison auprès de l'Ancienne de la forêt, Rhiannon.

De nouveaux bouleversements sont attendus, anticipés par le retour d'Aneurin, le cousin barde, qui revient de son long périple qui l'avait conduit jusqu'à Constantinople. Il est animé d'une flamme qui est proche de la folie, prétend posséder une épée taillée pour un Roi, Kaledvour, l'épée capable de faire saigner le vent. Azilis est fascinée, totalement admirative, boit ses paroles, tombe amoureuse, refuse l'autorité de son frère aîné qui veut la marier à un de ses amis proches, préfère prendre en main son destin, au prix de toutes les peines, tous les risques, mais l'aventure se mérite !

L'histoire est captivante, pas un temps mort n'est constaté, les personnages sont de toute beauté, on s'attache beaucoup à cet univers créé avec talent par Valérie Guinot. Je suis totalement sous le charme, absolument conquise, la suite n'attend plus que moi !

Un petit extrait, au hasard ...

Des larmes surgirent sans qu'elle puisse les arrêter.
Il la serra doucement, caressant ses cheveux. Ses doigts glissèrent le long de sa joue, descendirent dans son cou. Elle frissonna, s'abandonnant à sa tendresse. La douleur s'estompait, remplacée par une douceur étrange qui l'envahissait tout entière, coupait sa respiration. Elle ne pouvait détacher ses yeux de ce regard qui la fixait avec une telle intensité. Il avait le souffle court et elle sentait son coeur battre contre sa poitrine. Ils restèrent ainsi un long moment, comme en équilibre au bord d'un gouffre. Puis Kian plongea. D'un mouvement rapide, il la coucha sur le sol et l'embrassa.
C'était la seconde fois qu'un homme embrassait Azilis et ce baiser-là n'avait rien à voir avec le premier. Les lèvres chaudes de Kian ne provoquèrent en elle aucun dégoût. Au contraire. Sans se l'avouer, elle les avait attendues, espérées. Et ce baiser, le poids de Kian sur son corps, éveillaient en elle des sensations intenses que ses nerfs épuisés exaspéraient encore.
Elle ne résista pas quand les mains de Kian glissèrent sur elle, épousant ses courbes, faisant naître des frissons qui hérissaient sa peau. Elle s'abandonna aux émotions qui l'emportaient, bloquant l'accès à sa raison. Seuls existaient ces baisers, ces caresses, le sang qui battait dans ses veines à une vitesse folle.

Merci encore Anne, Alya & Bladelor !!!

Azilis, tome 1 : L'épée de la liberté - Valérie Guinot
Rageot (2007) - 426 pages - 16€
couverture : Stéphanie Hans

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25 octobre 2010

Quelle mouche nous pique ?

Quelle_mouche_nous_pique__de_Herv__GiraudSont-ce réellement des nouvelles ? Ou ne seraient-ce point des petites histoires mises bout à bout, avec toujours le même narrateur, ses potes Joseph et Eyup, Verboten le prof d'allemand, la grand-mère Fernande, les parties de rire, les vacances à la campagne, les premières boums et le trafic clandestin de DVD olé-olé ? Oui, c'est exactement ça. Un condensé d'adolescence en crise, en panique, en délire. C'est drôle, parfois non. Cela vous met face à des situations qui sentent le vécu, qui rappellent des doux souvenirs, qui ne vous inspirent rien du tout ou qui vous donnent le bourdon ou le sourire aux lèvres.
Au choix, j'ai préféré la deuxième option.
Mais, même si les histoires se suivent, elles donnent un sentiment de liberté, d'impertinence et d'impatience. Besoin de passer le cap, de changer de vitesse ou de faire marche arrière. Avec Visnia, l'immigrée roumaine, qui est sapée comme un as de pîque, qui s'exprime mal en français, qui est gaffeuse, brouillonne, la cible des moqueries, notre garçon se rend compte, bien malgré lui, qu'il est tombé fou amoureux d'elle. Qu'il ne sait pas comment lui avouer, qu'il ne sait pas non plus s'il se sent capable de l'assumer, et si enfin ce n'est pas trop tard pour se faire pardonner ses erreurs. "Il n'y a pas que quand on est triste qu'on pleure."
Cette petite phrase m'a fait penser qu'on n'était pas toujours dans la rigolade, qu'on pouvait s'éclater entre copains à manger des frites et à regarder des versions détournées de Tintin et les oranges bleues, il y avait aussi la vie à côté, la vie qui vous tord le ventre parce que, non nous ne sommes plus des enfants, nous ne sommes pas encore des adultes, nous sommes dans l'entre-deux, et c'est drôlement délicat.
"Je suis un ado. Le genre de bestiole toujours à l'affût derrière une porte, en apnée au fond d'une piscine, en équilibre perché sur le toit du garage, vautré à la fenêtre, flasque et étendu sur son lit la tête pendue dans le vide. Je suis l'animal roi d'une jungle qui pue la chaussette."
L'adolescence dans toute sa superbe ! Beaucoup de vérités et quelques nuances plus tard, on a le sentiment de n'avoir pas trouvé le mode d'emploi non plus, mais on s'y rapproche, car "le pire n'est jamais décevant quand on fait l'effort de s'adapter" ou alors "le temps passé est perdu pour toujours".
Qu'on se le dise !

Quelle mouche nous pique ? - Hervé Giraud
Ed. Thierry Magnier (2010) - 185 pages - 9,80€

23 octobre 2010

Pêle-Mêle Clarabel #11

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3 romans, 3 univers, 3 lectures savoureuses ...

Mathis nous propose un western, un vrai. Au casting, nous avons un shérif, un bandit, un papa appelé à l'aide et une petite fille qui a peur de le perdre, et aussi un maître d'école affreusement sadique et méchant. Lorsque le bandit des grands chemins se présente à Creek Village, les enfants lui sautent aussitôt dessus, prenant les devants sur les adultes, leur plan est redoutable ET efficace. En prime, Jane Smith, dix ans, obtient du shérif d'être entendue et prise au sérieux pour régler le problème de discipline ultra-réglementaire qui sévit dans leur classe. C'est très sympa à lire, et parfaitement dépaysant, cela m'a beaucoup plu. (Les enfants, le shérif et les affreux, par Mathis)

Emmanuel Bourdier met en scène un quartier - le bâtiment E de la cité Marcel-Pagnol. Il est 13 h 23. Un par un, minute après minute, les habitants se souviennent, ont une pensée, réfléchissent, ont le sourire aux lèvres, la boule au ventre, mais partout règne le silence. Car l'heure est grave : on rase un bout de chacun. Il est 14 heures, il n'y aura pas d'autre feu d'artifice et tout le monde peut rentrer dans son nouveau chez-soi. Et manger du cassoulet, pourquoi pas ? Voilà un petit roman basé sur les instantanés d'une vie, de personnages et de leur quartier. Les souvenirs sont autant de poussières qui vont et viennent, sans aucune nostalgie, mais plutôt comme des notes de musique. C'est joli. (Ça s’est passé là, par Emmanuel Bourdier)

Et enfin, Frédéric Kessler nous propose une histoire complètement folle et pleine d'imagination. Géraldine et Olivier sont des gosses de fées prépubères, ils ont toujours les poches pleines à craquer, avec des ustensiles pratiques et magiques, des poupées à troquer pour Géraldine, des outils pour Olivier. Et la demoiselle en a ras-le-bol et décide de braver les interdits : ne pas manger ce que cuisine la dame du quatrième, ne pas emprunter le passe-partout du monsieur du cinquième, se rendre dans la mansarde du sixième. L'interdit est excitant ! Au diable l'ogre et la sorcière, Géraldine est fille de fées, elle connaît les formules pour déjouer les plans des vilains. C'est une fable absolument délirante et déjantée, je me moque de savoir quel est le crédit de cette histoire, ce qui m'importe c'est d'avoir été étonnée, ravie, séduite et d'en redemander encore !!! (La fée Tralala, par Frédéric Kessler)

Place au défoulement, (merci Lili Scratchy !)

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Faites de la place dans votre cervelle et immergez-vous dans ce coloriage poétique ! Un univers où se côtoient une biche, des saucisses, des méduses et des citrons, du football et de l'amour...
Un concentré de folie et de bonne humeur pour tous les âges !

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Ne vous jetez pas sur votre feuille de coloriage avec vos feutres sans réfléchir ! Il faut d'abord répondre à quelques questions pour étaler votre talent. On ne dirait pas, mais c'est un livre de coloriage qui vous fait triturer vos méninges. Exemple sur l'illustration de gauche : qui ne boit pas avec une paille ? qui avale de l'air ? qui va aspirer le petit pois ? et où est l'oeuf ? Vous avec quinze minutes !!!

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Et toujours le même fil rouge : l'oeuf, l'avez-vous vu ?!!!!!

Fou-fou Coloriage par Lili Scratchy (éditions Thierry Magnier)

22 octobre 2010

Fièvre - Les loups de Mercy Falls #2

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Dès les premières pages, ce qui nous frappe, c'est l'impression de retourner sur un territoire déjà conquis. Mercy Falls, petite bourgade paisible, environnée par les bois, peuplés par des loups. C'est toute une ambiance qui nous retombe dessus, le froid, l'inertie, le romantisme, l'attente. Ce n'est plus une nouveauté, puisqu'il s'agit du deuxième livre, nous savons où nous mettons les pieds et nous nous y sentons parfaitement à l'aise, sans plus d'attente que de connaître la suite. Où en sont Sam et Grace ? Nous réservent-ils la même sérénade - une histoire d'amour terriblement romantique, sans accroc, acquise de longue date, comme une certitude que 1 + 1 = 2 ?

Oui, Sam et Grace s'aiment toujours d'amour tendre et romantique. C'est beau, c'est touchant, c'est poétique et lyrique. Mais le sort en a décidé autrement. Cela commence par des migraines, Grace se plaint de ne pas être en forme, puis elle est frappée de fortes fièvres, de douleurs, de rêves hallucinatoires (la jeune fille est toujours obsédée par les loups et par sa non-transformation). Ses parents découvrent Sam dans son lit, ils se fâchent et décident de se comporter comme des adultes, en punissant leur fille et en interdisant Sam de revenir chez eux. C'est la partie la plus rasoire de l'histoire, mais il faut passer par là. Cela rend la fin encore plus poignante...

Au milieu du roman, l'histoire piétine un peu et ce n'est pas la présence de Cole, un chanteur de rock très sexy, mais qui veut garder l'anonymat, et qui a choisi de changer de vie en acceptant de devenir un loup, ni la présence d'Isabel, la soeur de Jack (cf. Frisson), très belle, intelligente et arrogante, qui réhaussent l'intérêt du roman. Leurs personnages reboostent la romance trop mélancolique de Sam et Grace, donnent du piment à la lecture, mais ne sauvent pas le tâtonnement perçu à mi-parcours. Et encore une fois, c'est à la fin que tout bascule, que les idées volent dans tous les sens, que ça s'éparpille en laissant le lecteur à bout de souffle. Ou à peu près.

Je crois que cette série me laissera le souvenir d'une écriture romantique, propre à l'histoire, une écriture parfaitement reconnaissable, avec un rythme, un son, une musique, même si celle-ci n'est pas perceptible en VF (la traduction n'est pas mauvaise, mais maladroite, distribuant trop souvent des "mon amie" pour "my girlfriend", ou pour éviter de répéter le prénom de Grace dans un même paragraphe, des "mon grand loup" pour "bucko", etc. C'est dommage. Cela altère la magie, le ton n'y est plus, ou cela sonne différent.)

Maggie Stiefvater, par sa sensibilité et son sens de l'évocation, de ressentir les choses, sait admirablement nous troubler. Je ne suis pas une grande fan de cette série, et pourtant je m'y retrouve à chaque fois engluée, non seulement curieuse de connaître les soubresauts de la trame romanesque, mais surtout fascinée par ce style littéraire, si propre, si cher et si rare dans les romans catalogués pour *jeunes adultes*. L'action n'est pas privilégiée, place davantage à l'émotion et aux sentiments, c'est du domaine du cérébral (et beaucoup moins hormonal) ! Et c'est bien aussi !!!

Fièvre, de Maggie Stiefvater
Traduit de l'anglais (USA) par Camille Croqueloup - titre VO : Linger
Hachette, coll. Black Moon (2010) - 400 pages - 18€

 

21 octobre 2010

La légendaire histoire des douze soeurs Flûte

COUP DE COEUR pour ce nouvel album de Vincent Cuvellier !!!

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Racontée avec humour, l'histoire de la famille Flûte, qui compte pas moins de douze filles, est absolument désopilante ! Le père, Monsieur Flûte, centième du nom, est un type débonnaire qui passe son temps à chercher une aiguille dans une meule de foin, tout en réfléchissant longuement devant l'ampleur de sa tâche.

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Sa tendre épouse est décrite comme « charmante, oh! légèrement dodue, mais charmante »Et d'ailleurs... «  Au fil de ses grossesses, elle finit par ressembler à une énorme boule de graisse surmontée de deux petits yeux méchants. »

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Sur ce ravissant postulat, les héritières de la famille Flûte voient donc le jour : toutes plus différentes les unes des autres, l'une est renfrognée, l'autre se tient à genoux et prie toute la sainte journée, l'autre encore est quelconque, l'une sourit à la lune, une autre fait tout le contraire de ce qu'on attend d'elle, les jumelles sont des copies carbones, impossible de les distinguer, mais ce n'est pas grave, car les soeurs Flûte se suivent, à un train d'enfer, le château grouille de petites Flûte qui portent parfois le même prénom, le narrateur ne sait plus où donner de la tête ... et le lecteur s'esclaffe !

Vraiment, c'est GENIAL ! Et puis, c'est drôle.

Arrive, cependant, LE drame : « Alors qu'on fêtait le douzième anniversaire de la première et le premier de la douzième, vint au monde un bébé, aussi rose, aussi blond, aussi dodu qu'on le pouvait rêver. Monsieur et madame Flûte, par dépit, allaient le nommer Béatrice, quand madame Flûte, bien que harassée, vit dépasser entre les jambes du nourrisson un petit truc aussi exceptionnel qu'inattendu : un zizi. »

Le choc est rude : madame Flûte claque sur le champ, monsieur Flûte perd la boule. Les petites filles prennent sous leur aile leur petit frère et le bichonnent comme une poupée. Un autre événement va frapper cette quiétude familiale, contraignant la petite troupe à aller loin, loin, loin, le dos à la mer...

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Je me suis régalée à suivre l'aventure de cette famille très productive, où tout est conté avec une pétillante légèreté. Les illustrations de Ronan Badel nous transportent au-delà des siècles, les demoiselles ont des frimousses craquantes, le texte de Vincent Cuvellier y trouve une mise en valeur inestimable. Il suffit de fermer les yeux pour s'entendre raconter cette histoire foldingue, c'est déjà un bonheur garanti. L'ensemble vaut bien un grand moment de swoushitude (copyright : gaëlle la libraire). Bravo ! Et j'en veux encore !!!

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  La légendaire histoire des douze soeurs Flûte - Vincent Cuvellier / Ronan Badel
Gallimard jeunesse (2010), coll. Giboulées - 14,50€

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