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Chez Clarabel
19 juin 2015

L'Heure des histoires : La Promesse, de Jeanne Willis & Tony Ross

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Là où le saule rencontre l'eau, un têtard rencontra une chenille. Ils se regardèrent dans les yeux et tombèrent amoureux. « J'aime tout chez toi, déclara la chenille. Promets-moi de ne jamais changer. » Sans réfléchir, le têtard promit... Mais tout le monde sait bien que les têtards ne peuvent rester les mêmes, pas plus que les chenilles, d'ailleurs. Qu'adviendra-t-il alors de leur amour ?

J'ignore pourquoi je n'avais jamais lu cette histoire auparavant - pourtant, le duo Jeanne Willis & Tony Ross figure parmi mes rendez-vous littéraires les plus savoureux - aussi le plaisir a été doublement exquis car cette histoire vaut son pesant de cacahuètes. On suppose une histoire d'amour faite de tendresse et d'humour, on ne se trompe pas, sauf qu'elle se conclut de façon surprenante, qui ne manquera pas d'interloquer les plus jeunes (ou comment se confronter à ce qu'est l'humour noir ... dévastateur !) ;-)

Le livre se découvre à la verticale, sur de pleines pages largement illustrées par les aquarelles de T. Ross. La lecture peut s'accompagner d'un CD d'une durée d'écoute d'env. 20 minutes, avec texte intégral lu par Agnès Sourdillon, suivi par trois ateliers d'animation (mots, bruits, théâtre) pour jouer et apprendre en même temps ! 

Gallimard jeunesse, coll. L'Heure des histoires / mai 2015

♦♦♦

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19 juin 2015

En Poche ! # 47

2ème moisson de juin ... miam ! 

♦♦♦♦♦♦

 

Dans la maison de l'autre   L'homme du verger   Sweetwater

Dans la maison de l'autre, de Rhidian Brook

L'homme du verger, d'Amanda Coplin

Sweetwater, de Roxana Robinson

 

L'Épouse modèle   Troubles   Un tour de passe-passe

L'Épouse modèle, d'Emma Chapman

Troubles, de Florian Lafani & Gautier Renault

Un tour de passe-passe, de Marco Malvaldi  [LU]

 

L'Echo du doute   Petites Recettes de bonheur pour les temps difficiles   L'Immeuble des femmes qui ont renoncé aux hommes

L'écho du doute, de Rebecca Frayn

Petites recettes de bonheur pour les temps difficilesSuzanne Hayes & Loretta Nyhan

L'immeuble des femmes qui ont renoncé aux hommes, de Karine Lambert  [LU]

 

ASHFORD PARK   Blackmoore   Le cabinet chinois, de Patricia Wentworth

Ashford Park, de Lauren Willig

Blackmoore, de Julianne Donaldson

Le cabinet chinois, de Patricia Wentworth [LU]

 

La reine des abeilles   Chanel & Co   La bobine d'Alfred

La Reine des abeilles, de Gill Hornby

Chanel & Co, de Marie-Dominique Lelièvre

La Bobine d'Alfred, de Malika Ferdjoukh  [LU]

 

Après la guerre

Après la guerre, de Hervé Le Corre

 

19 juin 2015

Les Derniers jours de nos pères, de Joël Dicker

LES DERNIERS JOURS DE NOS PÈRES

Londres, 1940. Winston Churchill décide de créer une branche spéciale des services secrets, le SOE. Jeune parisien valeureux et attachant, Paul-Émile (dit Pal) est rapidement recruté pour intégrer un petit groupe de Français et suivre un entraînement intensif aux quatre coins de l’Angleterre. C'est lent, long, douloureux mais ça procure l'occasion de tisser une solidarité exemplaire, face aux coups durs, et surtout face à la suite des opérations, lorsqu'ils seront renvoyés en France occupée pour seconder les réseaux de résistance. Et le lecteur aussi sera aspiré par cette mélancolie ambiante, le rythme du récit étant atonique et plat, ce n'est pas une écoute qu'on partage de gaieté de cœur, même si l'interprétation d'Hugues Boucher pour Audiolib est lisse et proprette, elle n'efface pas l'impression d'un roman écrit de façon ampoulée et solennelle. Car Joël Dicker en fait beaucoup trop, et c'est bien dommage. On se lasse trop vite de cette histoire instructive, mais décrite avec grandiloquence. Action lente, style précieux, personnages effacés... pourtant au service d'une histoire de guerre et d'espionnage, une histoire d'humanité et de fraternité, une histoire de survie et de peur, une histoire de père et de fils. Vraiment dommage d'avoir tartiné tout ça d'un ton emprunté et trop maniéré.

Audiolib / mai 2015 ♦ texte lu par Hughes Boucher (durée : 12h 53) ♦ éditions du Fallois, 2012

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«  On ne peut pas écrire ce qu'on n'a pas vécu. » 

18 juin 2015

Les Années, par Annie Ernaux

Les années

Le récit s'ouvre sur un album-photos que consulte l'auteur, comme pour se souvenir ou se raconter une histoire. Celle d'une fillette qui grandit au lendemain de la guerre, dans la petite ville d'Yvetot, adolescente engoncée, élève brillante, jeune femme impatiente, entre la Normandie et Paris...

Mais le tableau ne s'attache à aucun point, le regard survole et s'échappe de toute ébauche autobiographique pour se focaliser sur l'époque et livrer une rétrospective globale.

C'est alors un drôle de récit qu'on écoute, au son de la belle voix de Marina Moncade, un récit sur les années écoulées, au rythme du chamboulement politique, économique et social des quatre dernières décennies, un récit qui nous rappelle notre enfance, celle de nos parents ou grands-parents, et qui mêle aussi le parcours de l'auteur. Touchant, sans être attachant. Sensible, mais pas nostalgique.

On retient de ce diaporama des bribes d'anecdotes plus ou moins intéressantes, débitées sur un ton volontairement neutre et impersonnel. Et hélas trop distant. On attend simplement du lecteur d'être attentif mais peu impliqué, inutile d'envisager de se fondre ou d'écouter d'une traite ce récit au déroulement assez glaçant.

Je ne sais pas si cette absence d'émotion est liée à l'écoute, ou si la lecture impose tout simplement des barrières. Toujours est-il qu'une découverte par petites bouchées serait mieux indiquée.

Gallimard / Écoutez Lire ♦ avril 2015 ♦ texte lu par Marina Moncade (durée : env. 7 h)  

L'écoute en classe du CD est autorisée par l'éditeur.

♦♦♦

« Sauver quelque chose du temps où l'on ne sera plus jamais. »

18 juin 2015

Réparer les vivants, de Maylis de Kerangal

Réparer les vivants

« Le cœur de Simon migrait dans un autre endroit du pays, ses reins, son foie et ses poumons gagnaient d'autres provinces, ils filaient vers d'autres corps. Que subsistera-t-il, dans cet éclatement, de l'unité de son fils ? Comment raccorder sa mémoire singulière à ce corps diffracté ? Qu'en sera-t-il de sa présence, de son reflet sur Terre, de son fantôme ? Ces questions tournoient autour d'elle comme des cerceaux bouillants puis le visage de Simon se forme devant ses yeux, intact et unique. Il est irréductible, c'est lui. Elle ressent un calme profond. »

J'étais curieuse de lire ce livre, plus pour la notoriété de l'auteur, dont j'apprécie beaucoup la couleur littéraire, mais le sujet ne m’attirait pas plus que cela. Certes, M. de Kerangal aborde un sujet essentiel (le don d'organes) mais ne fait preuve d'aucun sentimentalisme en martelant son texte d'un ton réaliste, dur et implacable, assez perturbant.

On suit Simon avant son accident, puis on se retrouve à l'hôpital, au service Réa, avec l'équipe médicale, et enfin la famille abasourdie et sonnée par la nouvelle. Pour le coup, on se croit littéralement dans un film, la caméra est en mouvement perpétuel, elle zoome sur un plan, puis alterne les séquences, jongle avec les flashbacks ou s'évade vers d'autres horizons. Cette mise en scène stylée participe beaucoup au “spectaculaire” du livre, dont l'intensité dramatique est prégnante du début à la fin. Qu'on ne s'y trompe pas non plus, ce n'est jamais racoleur, jamais larmoyant, même si le contexte est éprouvant et vous retourne les tripes.

Malgré quelques longueurs et digressions plutôt décevantes, j'ai finalement tourné la dernière page en restant sans voix. Prise dans un tourbillon d'émotions, entre la tristesse, la conviction d'avoir fait le bon choix et la peur de n'avoir jamais à subir ça. La lecture est saisissante, tout en puissance et en subtilité.

Folio / avril 2015

Lu par l'auteur @ Écoutez Lire (durée :  7h 20)

Réparer les vivants CD

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17 juin 2015

Les Zozos, d'Alice Butaud & Marika Mathieu

Zozos

Nicolo appartient à une famille d'autruches particulièrement loufoque : son frère et sa sœur ne cessent de le chambrer, ses parents ne semblent pas lui prêter une oreille attentive. Aussi, dès le petit-déjeuner, l'ambiance à la maison est souvent survoltée, surtout pour planifier la sortie du jour : la visite au zoo. Le journal vient en effet d'annoncer un arrivage de nouveaux “zozos”.

Quoi, des “zozos” ? Qu'est-ce donc ? Une espèce de bêtes un peu bizarres. Sans poil, sans plume, ils n'ont que la peau sur les os. Et ils sont dangereux, avec leurs minidents ils pourraient vous croquer en moins de deux, s'ils n'étaient pas déjà derrière leurs barreaux. Gloups. Nicolo est à la fois surexcité et trouillard.

Sa découverte des Zozos sera, néanmoins, stupéfiante... jusqu'à l'arrivée intempestive du gang des putois, venu semer la zizanie au zoo et clamer leurs doléances : « Libérez les odeurs ! Faites des pets, pas la guerre ! » Et notre Nicolo de courir rejoindre sa famille pour planter tous en chœur leur tête dans le sable ! ;-)

Quelle aventure, absurde et un peu ridicule, mais franchement poilante ! On y trouve de l'humour en pagaille et un texte truffé de petites perles fantaisistes, du style : « C'est moi Nicolo, prince à plumes, dieu du plouf ! Planquez-vous les thons, v'là le beau gosse ! ». Ha, ha ! Promis, il n'y a pas que les enfants qui se bidonnent ! 

Soledad Bravi est aussi en parfaite harmonie avec l'esprit farfelu de cette lecture en proposant des illustrations délicieusement barrées (cette famille Autruche fait franchement nigaude) qui enfoncent le clou. C'est une lecture 100% dingue et renversante. À vous de découvrir les Zozos maintenant !  

Mouche de l'École des Loisirs / mai 2015

17 juin 2015

Le Bloc-notes de louise: Fan de lui, de Charlotte Marin & Marion Michau

Le bloc-notes de Louise

Louise est une ado de 14 ans obsédée par le groupe The Connections et son chanteur sexy à la mèche rebelle. Le soir de leur concert, elle décroche le pompon en lui arrachant un autographe (et une poignée de cheveux). Mais plus incroyable encore, son Ricky adoré débarque chez son père, le seul véto du coin, pour soigner l'intoxication alimentaire de son furet. Branle-bas de combat, les amis, Louise vit un rêve éveillé... qui se poursuit en recevant l'invitation à les rejoindre sur leur yacht le lendemain. Whou-whou !

L'histoire est carrément démentielle, surréaliste mais franchement hilarante. Louise est une héroïne géniale, avec un sens de l'autodérision au taquet dès qu'il est question de sa fan attitude et des situations saugrenues qu'elle vit au contact de son groupe vénéré. Cela part dans tous les sens, les anecdotes sont toutes plus délirantes les unes que les autres, et on n'a pas le temps de dire ouf tant c'est truffé de rebondissements. C'est donc avec gourmandise et sans complexe qu'on déguste ce récit.

« Je vais m'asseoir... mais où ? Sur les genoux de Ricky ? Ah ah LOL... Je repère un gros pouf gonflable en plastique. Je pensais me poser à la cool. Erreur : je n'avais pas prévu que ce serait une sorte de marshmallow géant. Je m'enfonce jusqu'à avoir limite les pieds en l'air et les fesses qui touchent le sol, tout ça dans un bruit atroce de gastro. Je comprends mieux pourquoi la place était libre. »

Ah, ah. Je n'ai pas arrêté de sourire ou de glousser en lisant ce petit roman jubilatoire, et pourtant je suis loin d'être le public-cible. Mais il y a une telle bonne humeur et une fraîcheur de style qui font tout oublier. J'ai passé un très bon moment et je recommande !

Albin Michel / juin 2015 ♦ Avec les chouettes illustrations de Diglee  ☼☼☼  Du même duo, j'avais adoré Apocalipstick  ! 

17 juin 2015

Mentine, tome 1 : Privée de réseau ! de Jo Witek & Margaux Motin

Mentine

@ crédit photo : Les lectures de Val

Punie pour avoir volontairement saboté sa scolarité (afin de protéger sa réputation, dit-elle), Mentine est envoyée deux mois dans le Larzac chez le vieux Raoul. Pour cette jeune Parisienne, abonnée aux copines, au téléphone portable et au Wifi, la vie dans ce trou perdu, parmi les chèvres, s'annonce un cauchemar sans fin. De plus, son hôte a un caractère bourru et se montre intraitable sitôt qu'elle part en vrille (capricieuse, elle ? juste un peu !).

Il faut dire que Mentine, douze ans et sept mois, a été reconnue surdouée, mais possède un tempérament volcanique et instable. Ses parents ne la cadrent plus et ont pensé qu'un changement radical la remettrait sur le droit chemin. Dans un premier temps, c'est donc une gamine insupportable, manipulatrice et immature qu'on découvre (ça existe toujours de se croire branchée en étant cancre ?!). Malgré cela, ses réparties sont désopilantes.

Alors qu'elle se confronte à une vie rudimentaire, avec retour aux sources et redécouverte de vraies valeurs, moins superficielles, Mentine peu à peu revoit ses positions et range son effronterie dans le fond de son placard. C'est raconté avec une telle fraîcheur, un humour sans bornes et une mise en situation vaudevillesque qu'on ne peut que se régaler ! Jo Witek croque avec fantaisie et légèreté le portrait d'une jeune “drama queen” bien dans son époque. C'est franchement drôle, décalé et distrayant. Parfait pour les vacances ! 

Flammarion / février 2015  ♦  Illustrations de Margaux Motin 

16 juin 2015

Les Trombines, de Séverin Millet

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Attention, livre cartonné détonnant et drôlissime ! On connaît Séverin Millet pour ses nombreuses illustrations de couverture, mais aussi pour ses albums d'auteur, comme En route ! ou Ma vie de fourmi. Il revient avec cette idée de méli-mélo déjà exploitée dans un précédent livre, au titre judicieux, Méli-mélons.

Avec Les Trombines, demandez le programme ! Pirate à cravate, plongeur flûtiste ou princesse à moustache ? Ne cherchez plus, c'est ici. 

On trouve, raisonnablement, 16 trombines aux lignes épurées, et déraisonnablement, pas moins de 4 096 figures insolites, si l'on décide de faire un sacré micmac entre le haut, le milieu et le bas des visages. 

Son format à spirale le rend aussi sympathique et original, en plus de son graphisme aux couleurs vives, sur fond orange. On a plus qu'envie de le tripatouiller et de se raconter plein d'histoires abracadabrantes. Encore une très bonne pioche ! 

Seuil jeunesse / juin 2015

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16 juin 2015

L'Année solitaire, d'Alice Oseman

L'année solitaire

Tori est en dernière année au lycée et se la coule douce. Non pas qu'elle traîne dans les soirées entre copines, à boire ou draguer jusqu'au bout de la nuit. Tori est tout le contraire : asociale, renfermée et boudeuse, elle passe un temps fou sur le net, rédige son blog ou regarde des bouts de films en pestant contre le monde entier. Elle est comme ça, Tori : déprimante, teigneuse et désabusée. Le jour où elle rencontre au lycée Michael Holden, un sacré énergumène, Tori découvre aussi l'existence d'un site pirate, Solitaire.co.uk, qui cherche à mettre de la fantaisie dans la vie des élèves. À part ça, il ne se passe pas grand-chose dans le roman, si ce n'est de lui reconnaître une fraîcheur et une vivacité dans son écriture. (Signalons que l'auteur avait 18 ans et était au lycée au moment de l'écrire.) Au final, j'ai trouvé ce roman assez creux, mais tellement représentatif de sa génération. On a là un livre d'ado qui s'adresse aux ados, avec leurs mots et leurs états d'âme, et c'est bien ciblé. L'héroïne concentre tous les défauts du genre : humeur changeante, dégoût de soi et des autres, envie de rien... C'est casse-pied à lire, même si c'est aussi très proche de la réalité ! Et cela fourmille de nombreuses références à la pop culture (Harry Potter, Dr Who, La Belle et la Bête, The Smiths, Sherlock etc.). Un détail franchement top.

Nathan / mai 2015 ♦ Traduit par Anne Delcourt (Solitaire)

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