Fragile et impudique, sincère et émouvante, Lisa Balavoine – la quarantaine, divorcée et mère imparfaite de trois enfants – se livre par fragments et à grands renforts de clins d'œil.
Évoquant avec timidité son enfance solitaire et silencieuse, sa mère qui l'accueille un dimanche soir avec une perruque façon Chantal Goya, son père qui a déjà pris la poudre d'escampette, ses vacances à fantasmer sur Betty, l'héroïne de 37°2 le matin, son grand-père qui fait semblant d'avaler un café avant le coucher et s'applique au rituel du broc couleur vert d'eau, sa grand-mère qui patiente devant un épisode de Dynastie, puis dévoilant sans rougir la mer en plein hiver, ses virées nocturnes, ses concerts, les pistes de danses enflammées, les soirs de verveine, le sex-friend, les dragues trop lourdes, les lendemains et les regrets, sans oublier les amours, les enfants, les doutes, les rêves, les angoisses, les pleurs.
Une vie faite de rock et de blues. Avec ses disques, ses livres, ses films... par saccades et par extraits. Son bovarisme, envers et contre tout. Ses audaces, son glamour, sa banalité, sa sensualité, ses excès, sa légèreté, ses mots doux, sa vulnérabilité, ses illusions. Sans filtre. Sans tricherie.
Une abondance de hauts et de bas pour un roman mi-nostalgique mi-poétique, acide et sucré. Se lit comme un vaste puzzle qui est tombé en vrac de sa boîte, et qu'on nous tend crânement pour le recomposer. On y saisit des bouts de soi, des bouts de nous, des bouts de Lisa. Et c'est très troublant.
Car j'aurais pu quasiment souligner tout son texte, tant celui-ci a des résonances particulières et intimes. On se raccroche aux souvenirs, on se reconnaît et on s'y retrouve. C'est vraiment bien écrit, d'une fraîcheur et d'une authenticité très appréciables. Tout est dit. Ou presque.
« Je laisse des morceaux de moi à chaque passage dans cette maison, je viens souvent les retrouver, et au chaud de cette amitié, panser doucement mes plaies. »
« Les enfants, ça vous colle aux jambes, aux doigts, aux hanches, ça colle et ça tient bien même, ça ne s'envole pas comme ça. »
« Il y a des moments - rares - où je prends conscience que je suis vivante et que je respire encore.
Je souris parfois lorsqu'on me regarde.
Rien n'est perdu. »
JC Lattès - 2018
« On voudrait que la vie ressemble toujours à un festival d'été, au générique des séries télé des années 70, à une boule à facettes qui se reflète sur la piste de danse, à l'insouciance des débuts, aux secrets de l'enfance écrits dans des cahiers sur des feuilles à grands carreaux, à une aventure bretonne du Club des Cinq, à du pop-corn qui éclate, à un compliment qui fait monter le rouge aux joues, à une robe à paillettes qui brille dans la nuit (...) »
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« Et de garder au fond de moi l'assurance qu'un jour les regrets peuvent devenir de doux souvenirs. »
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Dans Éparse, Lisa Balavoine fait l'inventaire de sa vie sur fond de culture pop. Le roman est parsemé de références musicales, à découvrir avec cette playlist.