L'anglais Andi... Watson
J'ai découvert ce monsieur grâce à la lecture de Ruptures, un roman graphique au charme épuré, qui avait su m'emballer sur le champ. Lectrice enthousiaste, me voilà aussitôt partie dans mes clics frénétiques pour en avoir plus et m'offrir quelques ouvrages de cet auteur.
Commençons par ce qui fâche, parce qu'il déçoit : Paris (slg publishing, 2007 - en collaboration avec Simon Gane pour les illustrations).
L'histoire se passe dans la capitale française des années 50, du temps où artistes et aspirants se donnaient du coude pour percer dans le milieu. Parmi ces grands rêveurs, se trouve Juliet, qui arrive de New-York. Elle est sans le sou, partage une chambre sous les toits avec Paulette, une nana au physique de vamp qui a des idées révolutionnaires. Contre quelques leçons de dessin, Juliet accepte de croquer le portrait de riches héritières. Ce compromis n'est pas pour l'enchanter, comme elle l'explique à son grand ami Gerard, mais elle s'y applique en espérant des jours meilleurs.
Peut-être le destin sonne à sa porte le jour de sa rencontre avec Deborah, une riche anglaise qui réside à Paris chez une tante revêche. Le déclic entre les deux filles est immédiat, et on comprend qu'il s'agit plus qu'une simple connivence affective, c'est un réel coup de foudre, deux âmes soeur qui se trouvent, en subissant le poids des convenances. Outre cet aspect d'une relation étouffée sous peine de passer pour des dépravées, l'histoire est une peinture pleine de charme d'un Paris bohème et chatoyant, qui s'éveille aux premières notes de jazz dans les clubs de Saint-Germain-des-Prés, en totale opposion avec les cérémonies guindées des hôtels particuliers.
Oui mais voilà, malgré tous les chaleureux arguments, ce livre n'a pas su m'enchanter au-delà de la juste mesure. C'est sympathique, mais cela ne me renverse pas. J'ai peu goûté aux dialogues, je n'ai pas compris le baragouinage de l'auteur qui manipule très mal le franglais. C'est quasiment incompréhensible quand il s'y met, truffé de fautes, bref pas très crédible.
Avec Clubbing, j'ai aussitôt retrouvé le sourire et mon fidèle optimisme ! (Minx, 2007 - illustré par Josh Howard)
C'est l'histoire d'une jeune anglaise, Charlotte 'Lottie' Brook, qui vit à Londres, fréquente les lieux les plus branchés, voue une grande passion pour le gothique et mène à la baguette ses parents. Mais un jour, la demoiselle est arrêtée avec une fausse carte d'identité, reconduite par des policiers, bref c'est la punition assurée quand son père et sa mère l'envoient en rase campagne, chez ses grand-parents, gérants d'un club de golf. Ce qui s'annonçait mortel et ennuyeux devient petit à petit épique et étonnant, car un crime est commis sur le parcours de golf. La jeune fille, assez lasse de ses promenades en solitaire sous une pluie battante, va mener son enquête, aidée d'Howard, seul individu de moins de 60 ans dans la région, pour détourner les soupçons qui pèsent sur son grand-père. Howard est un pêcheur et un joueur de golf émérites, certes, mais il est aussi sexy et bigrement intelligent. Notre rebelle est vite mouchée par ce garçon qui ne se gêne pas pour la secouer sans mettre de gants.
Alors bizarrement, moi j'ai beaucoup aimé ce livre qui s'avoue le moins convaincant aux yeux des fans de Watson ! Ce qui dérange, c'est le mélange des genres : une comédie acide, une romance pour ados et une intrigue à la whodunit. Selon eux (les fans), Watson brasse trop large et ne creuse pas suffisamment pour donner de l'épaisseur à son histoire. Peut-être... la fin est elle-même assez surprenante et fantaisiste, je concède quelques froncements de sourcils. (Mais elle est également ouverte à une suite prochaine, enfin tout le laisse à penser !)
Ce livre est une balade au coeur de la campagne anglaise, plus précisément dans la région des Lacs, avec moults références à Coleridge et son célébrissime Kubla Kahn (qui s'intègre même dans l'intrigue romanesque !). A guetter, donc. Personnellement, j'ai bien aimé.
En lisant ce livre, j'ai cependant rencontré un gros souci technique : les pages se décollaient ! Quelle horreur d'avoir un livre neuf entre les mains et de ne pouvoir le manipuler à sa guise car il est épouvantablement fragile ! Haro sur la maison d'édition qui ne fait pas du bon boulot ! (Minx, pour ne pas la citer !)
A suivre (prochainement) : Slow News Day.