Avec toutes mes sympathies, d'Olivia de Lamberterie
« J'écris pour chérir mon frère mort. J'écris pour imprimer sur une page blanche son sourire lumineux et son dernier cri. Pour dire ce crime dont il est à la fois la victime et le coupable. »
Comment dire l'indicible ? la douleur, le manque, l'absence ? Comment raconter ce frère si beau, si drôle, si intelligent, et pourtant si fragile et si incompris ? En octobre 2015, Alexandre tire sa révérence, laissant sa famille et ses amis dans un désarroi sans fin. La journaliste et chroniqueuse littéraire est anéantie par le chagrin et la colère. Elle retrace le cadre, dresse le portrait, cherche les mots pour accepter l'inacceptable. L'amoureuse des livres est pourtant à court d'inspiration, ne trouve plus l'énergie, ni le goût dans les histoires. Puis comprend qu'elle doit fouiller dans ses entrailles pour en extirper toutes ses émotions. Se raconter et raconter son frère. Leur histoire de famille, leur complicité, leurs confidences même muettes. En se livrant à cet exercice, ODL se révèle plus bouleversante que jamais. Attachante, sincère, pudique et élégante. Cette papesse de la critique tombe le masque, met son âme à nu et se moque de l'opinion d'autrui. Bien sûr, rien n'est léger dans ce qu'elle livre. Tout ce qui est lu, écrit, vu ou écouté est infiniment sophistiqué. Elle expose la vie de son frère avec justesse, entre sa folie douce, son génie et ses zones d'ombre. Elle impose une déférence et une empathie à son récit. Elle nous touche et nous aspire dans son univers. C'est très triste - j'avais la boule au ventre mais pas les larmes aux yeux - car ça résonne en nous comme une déclaration forte à aimer la vie et à la vivre comme on peut. Un bel hommage, brillamment écrit et lu par l'auteure elle-même. Je n'aurais pu imaginer une autre voix pour nous emporter dans cette histoire...
« Tu ne nous as pas abandonnés. Tu t'es arrangé pour laisser une empreinte si forte dans nos existences qu'elle nous a empêchés de sombrer et qu'elle a fini par nous transcender. Ton existence est indélébile. Tu n'as pas fini de respirer en nous. Ta mort nous a rendus vivants. »
©2018 Éditions Stock (P)2019 Audiolib
- Lu par : Olivia de Lamberterie
- Durée : 6 h 30