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Chez Clarabel
17 octobre 2013

Plaine, ô ma plaine...

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Attention, troisième et dernier tome !!! Nous retrouvons Nina, à bord du Transsibérien, en compagnie de Sacha et d'un vieil ami, Boris Nikitine, afin de sauver sa mère, déportée dans un goulag de la Kolyma. Au cours de ce long voyage, nous découvrons un paysage désolé et désolant, le froid, le manque de nourriture, le troc, la police omniprésente, la délation, mais aussi les convois de prisonniers, des femmes désespérées et brutalisées, des soldats embrigadés dans un système corrompu, dont ils échappent en noyant leur impuissance dans la boisson. A côté de ça, passe le majestueux Express Bleu, le train des officiels et des nantis, à bord duquel on croise la ravissante Véra !

Et là, un drame s'opère : Sacha tombe sous le charme, instantanément. Nina, elle, a le cœur blessé et gonflé d'amertume. Car c'est une chose surprenante dans ce roman, puisque nous découvrons notre héroïne confrontée à ses premiers émois amoureux. A elle son lot de souffrance, jalousie et déception maintenant ! C'est assez soudain, mais après tout Nina a tout de même 16 ans, sous ses airs de fillette coincée dans un corps qui ne connaît la puberté que de nom.

Il lui faudra de la patience, beaucoup de patience, ainsi lui avait enseigné son vieux maître Arkadi Tchernigov, avant de toucher au but. En attendant, place à toutes ses missions : sauver sa maman, retourner à Moscou, délivrer Dima, livrer son dernier Souffle, affronter son oncle, etc. On s'imagine que ça va tourbillonner dans tous les coins, et finalement il n'en est pas question. C'est un peu ma petite déception, car le dénouement n'est pas flamboyant, mais très posé, très rigoureux. A chaque problème, sa solution. Dossier après dossier. Tchac, tchac. Au suivant !

Cela ne gâche nullement la très bonne appréciation que j'ai de cette série, car l'auteur en profite pour glisser des notes historiques, biographiques, culturelles, etc. On trouve des tableaux, des poèmes, des détails affligeants sur la vie en Russie sous le régime de Staline. Un glossaire est d'ailleurs disponible à chaque fois pour expliquer les termes difficiles ou moins évidents. En bref, non seulement cette série aura eu le goût de me séduire, de m'étonner, de proposer un style neuf et changeant dans le paysage actuel, mais elle a également introduit une belle intelligence dans son propos. Cette série n'a que du positif pour elle !

Nina Volkovitch, tome 3 : Le Combat, par Carole Trébor (Gulf Stream éditeur, mai 2013)

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15 octobre 2013

“Savoure le paysage, Penny, et lâche ce carnet et ce crayon. Remplis-toi les yeux.”

...“Qui sait si nous verrons autant de beauté dans le reste de notre vie ?”

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Ce 4ème tome nous entraîne en Egypte, sur les terres des pharaons. Penelope Green, notre sémillante journaliste, a été conviée par l'égyptologue Martha Moreley à se rendre sur le site d'Akhet Aton où elle vient d'effectuer une Incroyable Révélation, selon ses dires. Problème, Grayson, monsieur le rédacteur en chef du Early Morning News, est en repos forcé. Son remplaçant est un type obtus, qui pense que la place des femmes est ... au foyer ou juste bonne à jouer les secrétaires. Mission annulée pour Penelope !

Bien évidemment, celle-ci va ruser et refuser qu'on lui dicte sa conduite. A peine le temps de boucler ses valises, de se rendre dans des musées et de consulter quelques ouvrages, Penelope est déjà en route, en compagnie de son fidèle Cyprien. Quid de leur relation ? Au départ, j'ai cru qu'ils allaient nous rejouer la même sérénade, et puis finalement pas du tout ! Cela bouge aussi de ce côté-là. Quel régal. Cette série nous réserve bien d'autres surprises, toutes plus stupéfiantes les unes que les autres.

On découvre notamment un pan caché du passé de Cyprien, ce dernier a perdu tout souvenir de son enfance jusqu'à ses dix ans, âge où il est devenu mousse en prenant l'identité de Cyprien Bonaventure. (Le nom de Martha Moreley aurait une signification importante pour lui !) Sur place, l'intrigue est grisante et nous fait voyager (à dos d'âne ou de dromadaire) et découvrir de nouveaux horizons, on croise même une Princesse des Déserts (nous connaissions un Prince, douces pensées à lui !). En bref, c'est une lecture fabuleuse, avec des détails croustillants, une enquête journalistique palpitante, dans un style impeccable et élégant. On en redemande !

Penelope Green, tome 4 : La tiare de Néfertiti, par Béatrice Bottet (Casterman, septembre 2013)

11 octobre 2013

“Je suis votre fils, monsieur Personne. Moitié grinche, moitié cogne.”

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Oui, j'ai honte. Plus d'un an déjà que ce livre était sorti et j'avais complètement oublié de le lire ! C'est parfaitement incompréhensible, d'autant plus que j'avais beaucoup aimé ce que j'avais lu jusqu'à présent. L'histoire de Malo de Lange est une succession de péripéties malchanceuses et poignantes, mais formidablement mises en scène et contées sur un ton humoristique, avec en bonus des répliques piquées de l'argot, ce qui vous donne un pétillant cocktail avec des bulles qui éclatent dans les narines !

Dans ce dernier épisode, Malo est désormais lieutenant à la Brigade de Sûreté de Paris et tire profit de son expérience de grinche pour se faufiler dans les rues malfamées et obtenir des informations précieuses. Dernièrement, c'est sur une série de disparitions de chiens errants qu'il travaille, alors qu'on retrouve leurs corps mutilés peu de temps après. Glauque, très glauque. Mais le sordide fait partie intégrante de cette série, imaginez aussi le vol d'un bocal contenant le cœur de Louis XVII, l'apparition du fantôme d'un garçonnet qui annoncerait une mort imminente ou l'exercice d'un magicien qui coupe les femmes en deux.

Au milieu de tout ça, le roi fait appel à ses services pour veiller sur la sécurité de ses fils. Pour bien faire, Malo doit se rendre au collège Henri-IV, apprendre du latin et ânonner du Corneille à longueur de journée, de quoi lui faire regretter son passé de voleur ! Cet épisode constitue pourtant une bouffée d'air frais dans cet univers très lourd du crime crapuleux et des complots politiques sanguinolents. L'intrigue est retorse, avec une pelletée de détails dégoûtants, mais au-delà le récit est enlevé, pétulant et taquin. Même la relation entre Malo et son père est bigrement attachante, bien que teintée de pudeur.

On a aussi le plaisir de retrouver des personnages hauts en couleur, comme Nini Guibole ou Moïra de Feuillère (Gaby), sans oublier la très placide Léonie de Bonnechose, en plus de côtoyer le jeune duc de Montpensier, surnommé Toto. Non, vraiment, c'est une série agréable et pleine de surprises, capable de vous balancer du gore, du laid, du dégoûtant, et en parallèle elle vous vend du rêve, du rire, de l'insouciance. Un excellent compromis pour une lecture franchouillarde et définitivement divertissante !

Malo de Lange et le fils du roi, par Marie-Aude Murail (Neuf de l'Ecole des Loisirs, janvier 2012 - ill. de couverture : Yvan Pommaux)

- Crois-tu que c'est une vie de traîner dans les rues la nuit, de se déguiser en Tortillard, de jaspiner l'arguche avec les grinches ?
- Il n'y a que cette vie-là qui puisse me rendre heureux et «tous les hommes veulent être heureux, même celui qui noue la corde pour se pendre», comme disait Blaise Pascal. Soyez content de moi, papa. Pour la première fois en quinze ans d'existence, je viens de faire une vraie citation. Parce que, maintenant, j'ai de l'instruction !

 

10 octobre 2013

“Il y avait tant de choses que je ne comprenais pas dans ce monde étrange (...), j'avais débarqué sur une autre planète.”

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Suite des Malheurs de Millie Plume, cette nouvelle vie s'ouvre bravement sur une scène de cris, de larmes et de séparation. Il n'est nullement écrit que la félicité serait un droit chez notre petite Millie. Elle voit donc sa mère partir de l'Hôpital des Enfants Trouvés, malheureuse et désespérée. A 14 ans, elle doit aussi se prendre en charge et accepter un poste de servante chez un écrivain de livres pour enfants. Millie Plume est à moitié consolée, car sa rencontre avec l'homme ne lui laisse qu'une amère impression.

Et puis elle est convaincue de ne pas être faite pour ce job, elle s'insurge même contre le système de classes mais l'époque n'est pas à la révolution. Pour l'instant il lui faut se taire, plier l'échine et frotter le plancher au risque de s'user les mains. Le soir, seule dans sa petite chambre, avec son bout de chandelle, elle écrit des lettres pour sa maman ou son frère Jem, elle espère toujours trouver une solution et croit en un avenir meilleur.

Elle vient aussi de rencontrer Bertie, un garçon boucher drôlement sympathique. Leur relation est croquignolette, ponctuée de rendez-vous dominicaux où ils butinent joyeusement. C'est vraiment mignon, même si cela place Millie dans une situation inconfortable, car Jem occupe toujours une place très importante dans son cœur. Elle pense qu'en le revoyant, cela pourrait lui éclaircir les idées ! En attendant, les choses se compliquent lorsqu'elle confie ses Mémoires à son employeur, qui va pomper toutes ses idées comme un mufle, après quoi Millie éclate de colère.

Ce deuxième tome réserve à notre héroïne rousse et flamboyante son lot d'épreuves qui rendent compte des duretés de l'époque (victorienne), avec la condition des femmes, des malades et des enfants contraints au travail ingrat. Heureusement Millie fait montre d'un aplomb et d'un optimisme à tout crin. Elle est même prête à jouer les sirènes pour ne pas mourir de faim, ou refuse d'être arnaquée par une pseudo experte en spiritisme qui abuse de la détresse des gens pour se remplir les poches.

Bref, Millie est une jeune fille épatante. Ses aventures sont souvent remplies de belles rencontres, de coups durs et de rebondissements. Un troisième tome va conclure cette fabuleuse histoire, qui nous captive dès les premières pages.

Une nouvelle vie pour Millie Plume, par Jacqueline Wilson
Gallimard jeunesse, février 2013 - traduit par Alice Marchand - illustrations de Nick Sharratt
Illustration de couverture : Anne Simon - Le 1er tome est disponible en format poche, Folio junior.

8 octobre 2013

“Nos actes sont nos anges, bons ou mauvais, ombres du destin, marchant à nos côtés.”

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Nina séjourne au monastère de Zaïmoutchi pour son initiation en compagnie de maître Arkadi Tchernigov. A elle de comprendre l'histoire des Volkovitch, le pouvoir des anges et le mystère des icônes, mais cela représente énormément d'informations en un laps de temps très court ! Déjà, la menace gronde, l'oncle de Nina est sur leurs trousses et s'apprête à envahir le monastère pour récupérer les icônes.

La tension est palpable, et pourtant la lecture ne nous fait pas vivre un rythme infernal. On calque nos pas à ceux de Nina, comme elle on est à l'écoute et on observe, on écoute et on découvre ce monde nouveau, enchanteur et voilé de zones d'ombre. C'est toujours passionnant à parcourir, ce deuxième tome servant essentiellement de transition entre la présentation et le dénouement, l'intrigue se veut tantôt posée et pédagogique, tantôt trépidante et acharnée.

On retrouve des personnages attachants, comme les frères Sacha et Dima, on doit se séparer d'autres figures bienveillantes, comme Anton, Arkadi ou Nadia, on se surprend à apercevoir des têtes connues, comme la jeune Véra... En bref, c'est une petite série fort sympathique, écrite avec style et élégance, qui se cadre dans un milieu foisonnant, riche et excitant. Cette Russie Stalinienne fait peur, ajoutez que des individus sont capables de pouvoirs hors normes, utilisés à mauvais escient, et vous vous dites qu'il serait bon de se planquer sous la couette, au chaud et à l'abri, en attendant la suite !

Nina Volkovitch, tome 2 : Le Souffle, par Carole Trébor (Gulf Stream éditeur, janvier 2013)

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7 octobre 2013

“Un seul instant peut tout déclencher, une fraction de seconde suffit à changer le cours d'une vie...”

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L'histoire s'ouvre sur un massacre, dans une jungle amazonienne, en 1974 : des Blancs contre des indiens. Toute une tribu est effacée de la carte, à l'exception d'un seul survivant, celui qu'on nommera Ultimo. Une trentaine d'années plus tard, une adolescente de 14 ans s'inquiète pour la disparition de sa mère, partie en mission au bout du bout du monde, dans cette région qu'on nomme Itawapa.

Anthropologue, Juana Zabrosky est responsable du territoire indigène. Elle n'a pas donné signe de vie depuis plus d'un mois, sa fille Talia alerte la police et mobilise le jeune inspecteur, Agusto Agustino, qui accepte de partir avec elle sur la piste de la disparue. Son grand-père aussi sera du voyage, Jesus Gilhem, surnommé le Vieux, un medium alcoolique et à l'esprit dérangé.

Sur place, notre trio va plus que découvrir les raisons du départ inexpliqué de Juana, il se frotte aux mystères de la jungle, aux anciens cauchemars qui se réveillent, au passé qui renaît de ses cendres, à l'éternel recommencement, car une nouvelle équipe de forage a investi la jungle d'Itawapa. On découvre alors une autre facette du Vieux, sans grand étonnement non plus, car l'histoire étire son fil sans le moindre accroc.

On a depuis longtemps deviné le fin mot de l'histoire, on a lu entre les lignes et compris le poids des secrets de famille et autres révélations, mais ce n'est pas ce qui compte non plus. Cette lecture est belle, tout simplement. Elle est pleine de charme et de poésie, elle est envoûtante et elle nous captive d'entrée de jeu. C'est un fabuleux roman, saisissant et poignant.

Itawapa, par Xavier-Laurent Petit (Ecole des Loisirs, janvier 2013)
photographie de couverture : Feux de forêts au sud de Santarém, défrichement des terres pour l'agriculture, Brésil, 2006 © Alex Webb/Magnum Photos.

3 octobre 2013

❅❅“C'était l'hiver. Il neigeait. Une petite fille était perdue dans les bois. Et il y avait...un loup.”❅❅

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Orpheline, sans le sou, Sophie Smith vit en pension dans une école privée à Londres. A l'approche des vacances, ses amies et elle sont invitées à se rendre en Russie pour rencontrer la princesse Volkonski. Cette dernière occupe un palais d'hiver, en rase campagne, dans la région de St-Petersburg. L'endroit est féérique, même s'il porte encore les stigmates des vieilles querelles politiques et des tragédies familiales. Sophie est, pour sa part, avide d'aventures merveilleuses. Elle tombe sous le charme de cette princesse au charisme ravageur - si énigmatique, mais envoûtante. D'autres mystères entourent les lieux, dont la forêt qui sert de refuge à une meute de loups. Chaque nuit, leurs hurlements hantent les rêves de Sophie qui se sent de plus en plus perdue, mélangeant la réalité et la fiction. Elle ressasse aussi des souvenirs de son père, qui avait coutume de lui chanter une même berceuse ou aimait lui raconter des légendes lointaines. Comment expliquer ces soudaines réminiscences, sinon qu'elles sont ravivées par le décor qui l'entoure et lui fait tourner la tête ?

Son histoire s'éclairera à l'aube de révélations éclatantes, qui surviendront dans les derniers chapitres. Mais n'imaginez surtout pas que celles-ci vous surprendront plus que de raison, car finalement la trame romanesque est toute simple et évidente. C'est finalement dans la forme et son décor que l'histoire est attachante. On baigne dans un cadre idyllique, au cœur de la Russie, en plein hiver, on vit et partage des activités toutes plus extraordinaires les unes que les autres (pique-nique de minuit sur un lac gelé, balades en vozok, patin à glace au coucher du soleil...). En somme, c'est un joli conte enchanteur qui séduit pour sa simplicité, son élégance et sa tenue. C'est ravissant, et cela m'a beaucoup plu.

Sophie et la Princesse des Loups, par Cathryn Constable (Gallimard jeunesse, août 2013 - traduit par Alice Marchand)

« Sophie tira la couverture jusque sous son menton et s'assit dans son lit pour regarder la lune. Peut-être qu'en se concentrant sur cette lumière blafarde, elle arriverait à comprendre ce qui venait de se passer, pourquoi elle était ici, dans ce palais oublié, perdue au milieu d'un immense pays désert, avec ces gens qui se comportaient d'une façon si étrange. Elle était déconcertée, déracinée, comme un petit bateau partant à la dérive sans espoir de retrouver la côte, livré aux marées, aux vents et aux courants. »

Autres idées de lecture : Nina Volkovitch, de Carole Trébor - Petite feuille nénètse, suivi de Un été sibérissime d'Anne Bouin

30 septembre 2013

“Treize ans aujourd'hui. Enfin ! C'est la fin de l'enfance.”

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Nous sommes dans l'Ouest canadien, poussiéreux et accablé par la canicule, en juillet 1936. Le pays connaît une grave crise économique, les paysans crèvent la faim et Lucy fête ses 13 ans. Elle reçoit un journal qui deviendra non seulement son confident mais avant tout le témoin de ce délicat passage qui existe entre l'enfance et l'adolescence.

J'avais déjà lu le roman de Nancy Huston et j'en avais gardé un très bon souvenir. Aussi, je partais confiante dans cette adaptation musicale, l'histoire étant lue par l'auteur elle-même, accompagnée à la guitare par Claude Barthélemy. Hélas, j'ai été un peu déçue... par l'interprétation et par la musique que je trouve trop imposante (en plus des chants, pas toujours justes). J'avais gardé à l'esprit une histoire au pouvoir opaque, dans une atmosphère étouffante, de laquelle surgissait le portrait d'une ado en plein éveil (sexuel, notamment) et qui n'hésitait pas à braver les tabous pour mieux se découvrir.

Or, cette fois la jeune fille m'est apparue imbuvable et allumeuse. L'interprétation de Nancy Huston est certes cohérente avec l'idée de cette demoiselle impertinente et lolita dans l'âme. Toutefois je n'ai pas été convaincue, il ressort de cette lecture musicale un sentiment de malaise qui m'était étranger la première fois. Cela m'embête un peu, tout en restant purement anecdotique, car c'est tout de même un bon roman, sauf que je préfère la première édition (celle de mars 2011).

Nancy Huston raconte et chante Ultraviolet, accompagnée à la guitare par Claude Barthélemy (éd. Thierry Magnier, septembre 2013)

« Comme nous sommes en plein été et très au nord, il paraît qu'il peut être dangereux de s'exposer au soleil. Non pas à cause des coups de soleil (ça, tout le monde connaît !) mais à cause d'un certain type de rayon invisible émis par le soleil, ça s'appelle des rayons ultraviolets. Il paraît que c'est ça qui nous fait bronzer, mais que ça peut aussi nous donner un cancer. C'est là qu'a surgi le malentendu parce que, comme le docteur prenait l'exemple de Phillip et Jackie qui passent leur temps en ce moment au bord de la rivière, maman a cru qu'il les traitait d'ultraviolents et elle a dit au Dr Beauchemin de s'occuper de ses oignons, ajoutant qu'elle n'avait pas besoin de son aide pour éduquer ses enfants, merci beaucoup. »

27 septembre 2013

“ Cela dépasse l'imagination. Et c'est d'une beauté sans nom, et cela sent si bon. ”

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Comment vous expliquer ce roman ? Je me casse la tête à son sujet, parce que je ne sais pas par quel bout le prendre. Et pourtant, c'est un fichu bon roman, qui vous embarque dans un imaginaire riche et instructif. Il ne se contente pas de nous raconter une histoire dont le suspense grossit au fil des chapitres, il nous confronte à des idées plurielles qu'il faut prendre avec recul, analyser, adopter ou rejeter. De toute façon, je crois bien qu'à la fin du livre tous les solutions ne sont pas apportées non plus !

Nous sommes à Kéraël, sur une île encerclée par du sable, eh oui, l'eau est rare et bénie (d'où la mobilisation générale dès que les brouillards s'abattent sur leurs contrées pour installer des pièges à eau). Lunerr est un enfant rêveur et curieux. Il vit seul avec sa maman, depuis la disparition inexpliquée du père des années auparavant. Leur mode de vie en a été ébranlée, car désormais ils ont emménagé dans un quartier modeste de la ville.

Le jour de son anniversaire, Lunerr est perdu dans ses pensées lorsqu'il prononce à voix haute le mot « Ailleurs ». C'est un blasphème, aussitôt le garçon est fouetté, exclu de l'école et banni du temple. Même sa mère est frappée de déshonneur et perd son emploi. C'est alors qu'entre en scène Ken Werzh, un vieux type, très puissant. Il vit à l'écart de la ville, dans une maison immense. On raconte tout et son contraire à son sujet, Lunerr flippe à mort mais n'a plus trop le choix et doit accepter son étrange proposition.

L'histoire se déroule essentiellement sur un rythme nonchalant, puis subitement elle s'emballe, devient folle, ça fuse dans tous les coins, pour terminer sens dessus dessous. C'est stupéfiant. Si l'effet recherché était de nous secouer les puces, c'est particulièrement réussi ! Le jeune héros est également accompagné d'un Pitwak, une sorte de créature indéfinissable, fort attachant car il ne fait que des bêtises et n'est pas avare de propos pertinents, sous sa carapace de laidron ! Forcément, j'ai été séduite et je lirai avec grand plaisir les deux autres tomes qui suivront (à venir, en janvier 2014 : Lunerr Morgan).

Lunerr, par Frédéric Faragorn (Ecole des Loisirs, septembre 2012 - illustration de couverture : Gabriel Gay)

27 septembre 2013

Rêver et faire rêver. ♥

« - Bonjour, mon fils, dit-il.
J'ai vu tout son amour dans son regard. Il y avait aussi, derrière, la lumière d'un bonheur lointain, et l'ombre d'une très grande douleur. Ce salut, je savais qu'il n'était pas adressé seulement à moi. Moi, j'avais tant de choses à lui dire alors, tant de choses... Mais, la gorge soudain serrée, les larmes aux yeux, je ne pouvais pas parler. Ça valait mieux. Les mots étaient de toute façon trop pauvres, trop petits pour dire ma pensée. »

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✽✽✽✽✽✽

C'est l'histoire d'une fillette de douze ans, Paohétama, qui vit seule avec son grand-père.
Celui-ci se fait vieux et sent son corps usé par les années de pêche. Il est temps pour lui de passer le flambeau.
Il demande alors aux sages du village l'autorisation de transformer sa petite-fille en garçon.
Autorisation accordée.
La fillette doit se raser la tête, porter un pagne, abandonner la compagnie des filles et se joindre aux jeux des garçons.
Sitôt que son corps manifestera les premiers signes de sa féminité, il lui faudra aussitôt rentrer dans le rang.
Ou bien, boire une potion pour lui ôter définitivement ce genre de souci.

Pour Paohétama, l'idée de devenir un garçon représente l'aboutissement de ses rêves les plus fous.

« Pêcher ! Entrer dans ce monde mystérieux et infini de la mer ! Tirer d'elle cette vie aux formes si variées, aux couleurs délicates. (...) Pêcher, chasser la tortue, reine lente de l'eau ! (...)
Plonger ! Devenir poisson dans l'eau calme de la baie ! Cueillir dans ses fonds le corail, les limaces de mer, les cônes, les porcelaines, et surtout ces coquillages noirs dont on tire le nacre, grande richesse de Notre Terre.
Naviguer ! Apprendre l'art économe de plonger la pagaie, la science des vents et des courants, celle de deviner le temps d'après le passage d'un nuage ou la couleur de l'horizon, celle enfin de lire la route ou l'heure dans la course du soleil et les figures des étoiles. »

Voilà une histoire fabuleuse, aux doux accents poétiques et enivrants.
Une belle promesse d'évasion, dans un décor magnifique, à la découverte d'une nouvelle culture et d'un folklore dépaysant.
En somme, c'est une bouffée d'air frais !
On s'attache aussi au parcours de la jeune Paohétama, on vit ses joies, ses doutes, ses peines, on partage ses sensations, souvent exaltées (et exaltantes), on vit d'air pur et d'eau fraîche ! Tout, absolument tout, est décrit dans le but de distraire et faire rêver.
Mais c'est aussi un texte engagé, autour de la féminité et la place de la femme au sein de la société. Et c'est un homme à la plume ! Avec quelle facilité déconcertante il nous touche et nous transporte. Car c'est un roman généreux, beau, charmant. Un texte où la sensualité est à fleur de peau, où les sens sont mis en éveil.
Cette lecture vous séduira à maintes reprises, qu'importe votre attente, votre désir. C'est tour à tour une invitation au voyage, au rêve, une ode à la nature et à la liberté. C'est aussi l'histoire d'une tendre complicité entre un grand-père et sa petite-fille, et de façon plus cocasse, avec un cochon (super craquant !).
En somme, c'est un joli conte initiatique, qui se déguste comme on savourerait un verre de cocktail, sous un parasol, sur une plage en été !

Au Ventre du Monde, par Gilles Barraqué (Ecole des Loisirs, novembre 2012 - ill. de couverture : Hélène Millot)

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