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Chez Clarabel
20 août 2009

Cinq jours par mois dans la peau d'un garçon ~ Lauren McLaughlin

Pocket jeunesse, 2009 - 320 pages - 13,50€
Traduit de l'anglais (USA) par Sidonie Mezaize
Titre vo : Cycler

cinq_jours_par_moisLe titre et la couverture vous inspirent une certaine répulsion, du genre, pouah un livre pour jeunes adultes très cucul la praline, non merci ! Vous vous trompez !!! Ce roman est absolument hallucinant. Dès le départ, la première scène s'ouvre sur une métamorphose qui défie le lecteur, c'est un grand moment d'incompréhension et de stupéfaction mélangées, un peu dégoûtant aussi, je ne vous cache pas. Jill est une lycéenne de 17 ans qui mène une existence tout ce qu'il y a de plus ordinaire.  Elle a pourtant un gros souci, tous les mois, avant chaque cycle menstruel, et ce durant cinq jours, elle devient un garçon ! Aucune explication scientifique ou médicale existe, c'est à prendre ou à laisser.
Vous prenez ? C'est très bien.
Le double de Jill s'appelle Jack. C'est un type charmant, qui n'a pourtant pas le droit de se mêler à la vie de famille et doit rester dans la chambre, à manger et tuer le temps du mieux qu'il peut, car Jack exaspère, on le traite comme une vilaine verrue sur la jolie joue de Jill, et comble de tout, il s'avère un véritable obsédé sexuel, en pleine crise de libido.
A la place de Jill, nous n'en mènerions pas large. Aussi, la jeune fille s'adonne tous les mois à son plan B pour se remettre dans sa peau et chasser les pensées de Jack. Un bon décrassage mental et physique s'impose. Jusqu'à présent, elle gère bien sa barque.
Les choses se compliquent quand elle tombe amoureuse de Tommy, puis lorsque Jack s'amourache de Ramie, la meilleure amie de Jill. Tout va se mélanger, se confondre dans un monstrueux désordre sentimental et sexuel. De pleines, pleines pages de sensualité sont d'ailleurs à noter ! (page 240, notamment, avis aux curieux)

Je ne m'attendais vraiment pas à un roman qui aborde avec autant de franchise et de culot la question de l'identité sexuelle chez les adolescents. C'est une histoire hors du commun, pas du tout le genre de comédie américaine pour teenagers aux dents blanches, non, non. C'est comique, parfois absurde, souvent tiré par les cheveux, et ça frise le grand n'importe quoi à la toute fin du livre.
Malgré tout, j'ai trouvé que c'était une réussite. Ce roman se lit d'une traite, il parvient à séduire de suite, tant il déborde de fraîcheur et d'humour. Les deux personnages partagent le même corps, mais pas les mêmes pensées, si bien qu'elles ont tendance à polluer l'esprit de l'autre contre son gré. Jack, pour ne pas le dénoncer, est d'ailleurs trèèèès porté sur le dessous de la ceinture, je vous laisse juger, tandis que Jill se débat avec ses pulsions, ses envies, ses questions. Cela donne un équilibre intéressant, et matière à des malentendus et  autres situations compromettantes.
Voilà donc un roman qui possède de nombreux atouts pour attirer le lecteur, et qui ose ou tente de proposer quelque chose de nouveau, de façon divertissante.

la suite (re)cycler (titre vo) est déjà disponible en anglais ! 

le blog de l'auteur : http://www.laurenmclaughlin.net/wordpress/

en librairie le 20 août.

 

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18 août 2009

Violette : L'amour basta ! ~ Cécile Roumiguière

Collection : Blue Cerises
Milan, coll. Macadam, 2009 - 57 pages - 4€

violette_lamour_bastaPremière saison, quatrième livre.
Violette, la deuxième fille de la bande des Cerises, est verte de frustration de savoir qu'elle ne sera pas de la partie pour la fête de Satya ni qu'elle passera ses dix jours de vacances avec ses amis très proches puisqu'elle part dans les Corbières chez son grand-oncle Ernesto.
Sensation de partir loin de tout. L'envie est pourtant là, car elle aime beaucoup son tio Ernesto, et ce goût de l'enfance retrouvée, au coeur de ce village perdu, au fin fond du pays.
Cependant, Violette a la trouille. Elle a aperçu un type en noir la pister dans les rues de Paris. Cela aurait un lien avec le fameux secret des Cerises... va-t-on lever le voile ? !
Dans les Corbières, Violette va aussi rencontrer un charmant jeune homme qui campe dans les environs. Il dégage à lui seul le séduisant sex-appeal de Louis Garrel et Anthony Perkins réunis. Le regard, le grain de beauté, la fossette.
La terre tangue, Violette, le bateau secoue. C'est la tempête.
Et dire que la demoiselle avait fait une croix sur l'amour... basta ! C'est rien que des emmerdes, comme elle déclare.
Dernier volet des aventures d'un quatuor fort attachant, avec une personnalité qui se distingue, au fil des livres, et des histoires uniques et propres à chacun. Il règne malgré tout une connivence exemplaire, touchante. Et pas simplement parce qu'ils ont juré sur le sceau du secret. C'est bien plus que ça, et c'est ce qui rend cette série belle et juste.
Cécile Roumiguière boucle la boucle. Et je ne crois pas me tromper en affirmant que c'est elle l'instigatrice de ce projet, réunir quatre auteurs autour d'une même histoire, se raconter sans se la péter ni jamais se répéter. Ecrire donc quatre histoires, avec quatre amis et un seul secret.
Le résultat est une réussite sur toute la ligne, tant sur le plan de la qualité littéraire que sur l'intérêt des histoires, le format, quatre romans courts à des petits prix, et des personnages charismatiques, des histoires qui se croisent et se tissent délicatement, sans oublier le fil rouge autour du secret des Cerises.
Je n'avais pas espéré autant de bonnes surprises dans d'aussi petits livres ! C'est une vraie, belle découverte.

La deuxième saison paraîtra en octobre 2009 !

le blog créé par / pour Violette : http://violetteorlach.blogspot.com/

 

 

  phare

une photo empruntée sur le site de Cécile Roumiguière

avec cette belle phrase :

Les lecteurs sont de grands aventuriers. De phare en phare, de livre en livre, ils découvrent leurs continents intérieurs.

 

18 août 2009

Zik : L'ange des toits ~ Maryvonne Rippert

Collection : Blue Cerises
Milan, coll. Macadam, 2009 - 55 pages - 4€

 

zik_lange_des_toitsPremière saison, troisième livre.
Zik est une ravissante gazelle qui ignore son potentiel glamour. Elle vit seule avec son père sous les toits de Paris, tandis que sa mère a refait sa vie en Ardèche, et elle aime se faufiler par le vasistas pour se réfugier sur les toits. Loin du bruit, loin du monde, loin des flics qui l'humilient dans le métro en lui demandant ses papiers.
Zik, comme ses amis de la bande des Cerises, aborde les vacances de la Toussaint avec un sentiment de blues qui ne va pas s'éteindre. Un soir, petit signe de tendresse réconfortante, elle trouve une fraise Tagada dans une enveloppe, le cadeau d'une main invisible.
Peu de temps après, c'est une silhouette vêtue de noir qui se faufile à ses côtés, lui prête ses écouteurs pour partager un ipod et plonger dans un univers musical explosif.
Zik a trouvé son ange des toits, mais découvrir qui il est vraiment n'est pas une mince affaire. La suite s'annonce mystérieuse, intriguante, pleine de poésie et de musique. C'est très beau.
Le secret des Cerises n'est toujours pas dévoilé, malgré les maigres indices éparpillés. L'écriture, assurée cette fois par Maryvonne Rippert, remplit toutes les lignes du contrat. On lit ce petit roman de 50 pages avec passion et gourmandise, on savoure ces instants d'une amitié unique avec un sens de la préciosité rarement atteint. Bref, j'aime beaucoup. Mais à chaque fois, après la sacro sainte séance à la Cinémathèque, lorsqu'il est temps de quitter les Blue Cerises, j'éprouve la sensation d'une frustration galopante. Quoi, c'est déjà fini ?
Encore un dernier livre, avant la deuxième saison qui paraîtra en octobre !

Quelques pépites : Parfois on ne veut pas savoir, parfois, il n'y a pas de mots. Juste l'amitié.

Et cet extrait, que j'aime beaucoup, et qui me rappelle que moi aussi j'avais ma bande-son durant ma grossesse... (pour information, il s'agissait de all that you can't leave behind de u2, c'est tout, fin de la parenthèse) 

« Maman m'a pris des mains la cassette, comme un objet infiniment précieux. Elle avait ce sourire des mères qui vont faire une confidence.
- Tu sais, cocotte, quand je t'attendais, ce disque des Doors, je l'ai écouté tout au long de ma grossesse. Je me disais qu'il fallait associer un enfant à une musique, que plus tard, cela pouvait lui servir de consolation, en cas de chagrin...
Une gestation au son de la musique des Doors ! Y a pire. »

Maryvonne Rippert est également l'auteur de L'amour en cage (un autre très beau roman à lire !).

A découvrir, comme pour les autres livres, le blog créé exprès pour / par Zik : http://zik-hoareau.blogspot.com/

 

 

15 août 2009

Némésis, tome 1 : Le Dernier message ~ Catherine MacPhail

Pocket jeunesse, 2009 - 376 pages - 13,50€
Traduit de l'anglais (Ecosse) par Aude Carlier

nemesis_le_dernier_messageL'histoire est d'entrée de jeu pleine de mystère et de rebondissements. Un adolescent se réveille dans un immeuble plongé dans la pénombre. Il se trouve dans l'ascenceur avec un agonisant à ses côtés : cet homme, avant de pousser son dernier soupir, murmure quelques mots. Empêche. Gars torse. Chamade. Qu'est-ce que cela signifie ? Le garçon n'a aucune idée de qui il est, de pourquoi il se trouve à cet endroit ni qui vient de tuer ce pauvre gars. Il est dans de sales draps et, manque de bol, une fille le croise avec son tshirt tâché de sang et hurle à la mort. Ni une ni deux, il s'enfuit. La police est à ses trousses, de même un individu qui se fait appeler le Loup veut lui faire la peau. Pourquoi ?
Ram, puisque c'est ainsi qu'il se fait passer, est totalement amnésique. Son aventure ressemble à un cauchemar éveillé, impossible d'en sortir. Il échappe de peu à un incendie, une noyade et trouve refuge in extremis dans un collège. C'est alors qu'il va renouer contact avec Gaby McGurk, la fille qui se trouvait dans les couloirs de Wellpark Court en pleine nuit et qui a donné son signalement à la police. Il doit la convaincre de son innocence pour qu'à son tour elle se confie à un inspecteur, du genre Lewis Ferguson, un bleu chez les flics de New York, déterminé à prouver sa valeur.
Grâce à des chapitres courts, sans temps mort, l'histoire est vécue à un rythme trépidant. Happé par cette chasse à l'homme qui vire à la traque infernale, le lecteur est attentif aux moindres détails, imagine conspirations et énigmes à tous les coins de rue, d'autant plus que le récit opère un balayage sur tous les acteurs et offre une vue d'ensemble très appréciable. A la fin, toutes les questions n'ont pas trouvé leurs réponses, autant l'avouer sans briser le moindre suspense, mais on obtient une piste intéressante sur l'identité de Ram, et celle de l'Homme en Noir, qui surgit de nulle part. Il reste de nombreuses inconnues, nécessaires pour alimenter les 3 autres ouvrages de la série Némésis (tous déjà disponibles en anglais) et je suis impatiente d'avancer dans cette histoire.
A découvrir, dès 13 - 14 ans.   

Le tome 2 Némésis : l'Heure de la Bête paraîtra début octobre 2009.

 

13 août 2009

Satya : L'attentat ~ Jean-Michel Payet

Collection : Blue Cerises
Milan, coll. Macadam, 2009 - 62 pages - 4€

satya_lattentatPremière saison, deuxième livre. (finalement, l'ordre n'a aucune importance !)
Satya, orphelin depuis la mort accidentelle de ses parents, est élevé par ses deux mamies propriétaires de la libraire, La Malle de l'ange. Un vaste empire dédié à la jeunesse, s'enroulant sur trois niveaux autour d'un escalier bringuebalant.
Tuant le temps à dessiner au Jardin des Plantes, le garçon fait une étrange rencontre - une demoiselle au charme mutin, aux longs cheveux rouges, les yeux verts, le regard malicieux. Elle glisse un billet d'invitation, signé ED, qui ressemble davantage à un rébus poétique.
Le jeu de pistes commence. Celle qu'on surnomme la boîte de couleurs, ou la belle insaisissable, tend un piège amoureux et Sakya mord à l'hameçon avant de lâcher prise car la demoiselle n'est vraiment pas facile à harponner.
Mystérieuse, agile comme une anguille, le sourire canaille et la voix de canard, l'inconnue se dérobe et donne des rendez-vous mystérieux auxquels Sakya ne résiste pas. Même si le bonhomme est un peu usé en bout de course.
Un touche-touche poétique s'annonce, qui accusera en plus de la séduction, des baisses de régime, des interrogations et du vague à l'âme. A l'image des autres Cerises, les membres du groupe, Sakya a le coeur en vrille. Pas forcément le courage de se confier. Pas le temps de trouver un créneau pour de tels épanchements non plus. On a déjà suivi un Amos en pleine déroute sentimentale et familiale, on devine que Zik et Violette s'inscrivent, à leur tour, aux abonnés absents. 
Une chose est sûre :  tout est fait pour donner envie de savoir la suite. A l'instar de Sigrid Baffert, Jean-Michel Payet accomplit ici un enthousiasmant tour de force. Son style s'inscrit dans l'esprit des Blue Cerises, que le  lecteur n'a plus de mal à cerner, et c'est franchement une bonne tranche de plaisir... littéraire.
Le prix mini - seulement 4€ - est à noter comme une première et irrésistible tentation !

A découvrir, comme pour les autres livres, le blog créé exprès pour / par Satya :
http://satya-tempsdescerises.blogspot.com/

 

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12 août 2009

On n'arrête pas les comètes ~ Sigrid Baffert

Seuil, coll. Karactère(s), 2009 - 106 pages - 8€

on_narrete_pas_les_cometesL'histoire s'ouvre sur la rencontre entre Emilien le facteur et Clémence la costumière pour le théâtre. Sans aucun rapport, arrive Aubin, lycéen qui vient de décrocher son bac. Il rentre chez lui pour apprendre la triste nouvelle du suicide de sa mère, dans sa maison d'enfance. Drame. Larmes. Funérailles. C'est le ballet des heures sombres, pour la première fois Aubin est pris d'un hoquet qui ne le quittera plus et reviendra tous les jours, à heure fixe.
Malgré le souhait de ses proches de vendre la maison, estampillé lieu maudit, Aubin s'oppose. Il a besoin de temps, besoin de revenir aux sources, pour pleurer et sombrer dans le berceau de sa mère.
On retrouve alors Emilien, avec une certaine Hanna. Cette femme fuit aussi son propre passé et refuse de suivre la voie qui s'ouvre à elle. Elle bifurque. C'est à ses côtés qu'Emilien est victime d'une attaque, alors qu'il lisait le journal.
L'histoire peut maintenant tracer sa route, au lecteur d'être entraîné vers ces destinées qui se croisent, s'effleurent, s'éloignent, se lient et se délient. Au coeur du conflit, le suicide d'un parent. A Aubin, la douleur et la déchirure. Le deuil qui commence. La distance à prendre. A Emilien et Hanna, le poids du passé. Le choix d'assumer leurs actes manqués. Ensemble, ils parviendront à accepter et apprendre à vivre l'absence.
Malgré son titre, on comprend que le roman ne traite pas d'astronomie. Son sujet : la famille. On a beau avoir les bras cassés et des regrets qui débordent des poches, on n'est pas pour autant inapte à se reconstruire. Se bricoler des ailes, colmater les brèches, panser ses bleus à l'âme. Ensemble, c'est tout.
Voilà encore une histoire qui nous le prouve.

à partir de 13 ou 14 ans.

une précédente version de ce texte a été publiée sous le même titre en 2004 chez syros.

 

7 août 2009

Amos : Cibles mouvantes ~ Sigrid Baffert

Collection : Blue Cerises
Milan, coll. Macadam, 2009 - 60 pages - 4€

cibles_mouvantesPremière saison, premier livre.
Amos, 17 ans, vit seul avec sa soeur jumelle et leur père. Lorsque ce dernier leur annonce sa prochaine mutation pour le Québec, c'est une très mauvaise nouvelle. Amos n'a pas envie de tout quitter, il a sa bande d'inséparables - Satya, Zik et Violette - qui forment les Cerises, tous liés par un secret scellé l'année de leur quatorze ans. Inutile de creuser, nous n'en serons pas davantage dans ce livre.
Mais que c'est bon, que c'est agréable à lire. C'est très court, seulement 60 pages, cela raconte le désarroi d'un garçon qui en aime un autre, qui cherche à l'aborder, qui tente aussi de ne pas penser à sa mère absente, depuis trop longtemps, et qui voudrait que cessent ces harcèlements téléphoniques d'un anonyme, qui a du temps à perdre, matin et soir, c'est le même rituel.
Ambiance laxiste et détendue à la maison, le décor se plante, les personnages avancent sur la pointe des pieds, on devine des personnalités et déjà on s'attache.
Clap de fin, l'envie de lire le prochain (L'attentat) se noue très fort.
L'autre particularité de ce 'feuilleton'  est de trouver pour chaque tome la signature d'un auteur différent. Ici, c'est Sigrid Baffert qui s'y colle, et même qui explose la barraque. Car j'ai vraiment beaucoup apprécié son style et son écriture.
Je m'en vais lire un autre roman, On n'arrête pas les comètes, pour m'en prendre encore plein les mirettes.

Quelques liens :

Il faut que je glisse l'extrait qui parle d'une librairie... un antre de livres, qui fait drôlement envie !

* -- * -- *

Et une découverte en amenant une autre, voici Séverin et l'album (sortie fin septembre 2009) Cheesecake, pour reprendre la description du site de l'artiste : L'album « Cheesecake » est une gourmandise pop aux consonances multiples qui offre des mélodies sucrées, légères, punchy et inventives. ^.^

severin_cheesecake

à écouter, pour s'en convaincre !

 

 

6 août 2009

Quand mon frère reviendra ~ Isabelle Collombat

Rouergue, coll. doAdo, 2009 - 250 pages - 11,50€

quand_mon_frere_reviendra

C'est l'histoire d'une attente, d'un vide et d'une absence de six mois. Le 17 novembre, en pleine nuit, Philippe quitte la maison. Dès le début du roman, on apprend que le garçon a été retrouvé par les gendarmes. Toute la famille attend alors son retour, fébrilement. Mais tandis que sa mère est visiblement soulagée et impatiente, Lia, la jeune soeur de quatorze ans, verse quelques larmes de frustration et de rage. Car elle en veut terriblement à son frère, elle veut comprendre la raison de son départ, son égoïsme, son manque de sensibilité, son indifférence envers ses proches, longtemps plongés dans l'angoisse de l'ignorance. Par sa faute.

L'histoire raconte donc les trois étapes de cette fugue, au moment où est annoncé le retour prochain de Philippe, puis ce qu'il s'est passé six mois auparavant, et enfin l'arrivée de l'adolescent, totalement métamorphosé, abrupt dans ses explications, maladroit et inconscient du mal qu'il fait. "Je n'avais pas envie de revenir", murmure-t-il pour simple information. Evidemment, l'indignation de Lia éclate au grand jour. Elle n'en veut pas de ce frère qui n'est plus le sien. Qu'il aille au diable avec ses théories sur leur monde formaté, rivé à la consommation et au capitalisme. Elle s'en moque, elle veut simplement renouer avec le frère disparu.

C'est une histoire tendre et violente à la fois, une histoire qui ne parle pas seulement d'une fugue mais de son effet dévastateur sur l'entourage. On sent une famille désunie et brisée à jamais, malgré la surface lisse, irréprochable, le cadre de vie confortable, la liberté au coeur même de l'éducation et du couple. Jamais de laisse, jamais de contraintes. Le système a failli, aujourd'hui tous peinent à se regarder dans le blanc des yeux pour accepter la vérité, et non plus à accuser l'autre d'une faute qui n'appartient à personne.

L'histoire développe aussi une finesse d'esprit très appréciable, cerne toute la perplexité du malaise adolescent et pousse ainsi les personnages à déraper puis à se remettre doucement, mais péniblement, sur les rails. L'histoire est racontée du point de vue de Lia, qui porte un oeil blasé sur les siens, en plus d'un goût amer dans la bouche. C'est un très bon roman, sensible et pudique, âpre et farouche. J'ai beaucoup aimé ce livre, dont le style et la justesse ont su personnellement me toucher. 

le blog de l'auteur : http://isacollombat.canalblog.com/

 

 

 

31 juillet 2009

Triskellion ~ Will Peterson

Milan jeunesse, 2009 - 379 pages - 13€
Traduit de l'anglais par Jacqueline Odin

triskellionTandis que leurs parents règlent leur divorce, les jumeaux Rachel et Adam se rendent en Angleterre chez leur grand-mère maternelle. A Triskellion, l'atmosphère du village pèse. Il fait très chaud, pas un chien ne court les rues, les boutiques sont désertes. Le peu entr'aperçu donne des frissons, et en guise de bienvenue Adam se frotte à deux types du cru qui lui éclate le nez. Frère et soeur filent à toute allure sur leur bicyclette et se réfugient chez leur Bonne-maman Root. Le confort chez elle est rudimentaire, pas de réseau pour les portables, des pannes d'électricité dès qu'il pleut et une ligne téléphonique qui ne dépasse pas le coin de la rue.

Rachel et Adam n'ont pas fini de se questionner sur cette étrange localité, qui semble isolée du reste du monde et dont tous les bâtiments sont frappés du sceau de la triskèle, un symbole celtique avec des cercles. Un jour, en se perdant dans les bois, ils découvrent des hommes déguisés en train de constituer un tribunal improvisé, les deux accusés sont les sales types qui ont cassé la figure d'Adam. Attachés à un arbre, les garçons sont cagoulés et flagellés sévèrement. Les jumeaux sont intimement persuadés d'assister à une scène qu'ils ne devraient pas voir, ils sursautent au moment où les hommes des bois sortent d'une camionnette une tronçonneuse.

Il ne s'agit pas d'un livre d'épouvante, rassurez-vous, c'est simplement un roman fascinant, qui cultive la tension et l'angoisse dans un but mystérieux. Triskellion nous offre une véritable atmosphère, sombre et louche, au coeur d'un village où le temps semble s'être arrêté. La population a des secrets, même la grand-mère Root n'est pas extraordinairement hospitalière, elle est très pointilleuse sur l'appréciation à avoir concernant le commodore, Gerald Wing, le tenant du manoir, qui serait un homme bon et indispensable à Triskellion. Rachel et Adam ont pourtant failli être écrasés par son Land Rover alors qu'ils faisaient du vélo. Ce n'est pourtant pas la première fois qu'ils essuient les brusques virements d'humeur des habitants, entre agacement excessif et empressement soudain d'être aimable. C'est franchement déconcertant.

En s'introduisant chez le commodore, poussés par un instinct basique idiot, les jumeaux et Gabriel - un curieux bohémien taciturne, nouvellement arrivé au village - dérobent un document ancien, très précieux. Aidés des confidences de l'apiculteur, Jacob Honeyman - et ce n'est pas une blague ! -, les adolescents vont s'improviser archéologues, contacter une équipe de télévision et mettre le village en émoi en déterrant ce qu'ils n'auraient jamais dû.

Atmosphère étrange et fascinante, personnalités troubles et inquiétantes, un vrai climat de tension et d'angoisse s'installe au fil des pages. Ce roman n'est que le premier tome d'une trilogie, il est foncièrement captivant. D'un rythme très lent, qui prend le temps d'installer les choses et de créer le suspense, ce livre happe littéralement le lecteur et mêle un peu trop facilement les genres, dans la dernière moitié, mais sans générer la moindre frustration. Vivement la suite. 

le site : http://www.triskellion.fr/ (avec bande-annonce sur youtube)

Will Peterson est le pseudonyme de deux auteurs : Mark Billingham et Peter Coks.

 

30 juillet 2009

Elyon, tome 3 : La Dixième Cité ~ Patrick Carman

Bayard jeunesse, 2008 - 230 pages - 11,90€
Traduit de l'anglais (USA) par Danièle Laruelle

elyon_3J'ai lu les deux premiers volumes d'Elyon, à quelques mois d'intervalle, en 2007 (ici et ici). J'avais aussitôt été embarquée dans cet univers particulier, sombre, mystérieux créé par Patrick Carman : une jeune héroïne de douze ans se voit confier la mission de causer la perte de créatures immondes et redoutables, qui s'entourent des ogres pour assouvir leurs ambitions. Alexa a toujours compté sur l'aide et le soutien de ses amis, dont Yipes, un petit bonhomme haut comme trois pommes, ou des animaux avec qui elle peut communiquer grâce à la pierre de Jocaste... Pas besoin de refaire le film, il faut lire cette passionnante trilogie pour se rendre compte de sa qualité.
J'ai un peu traîné avant de lire le troisième tome, La Dixième Cité, et je le paie en retour. Dans les premières pages, je me suis sentie complètement paumée, coupable d'avoir oublié les personnages et le but de la mission. Alexa et ses compagnons naviguent à bord du Warwick Beacon sur l'océan de Solitude, réputé sauvage et intrépide. Jamais personne n'a su dompter ces eaux imprévisibles. Mais Alexa n'a pas le choix, son ami Yipes a été kidnappé par Grindall, et Elyon compte sur elle pour affronter Abaddon qui cherche à ruiner le calme de la région.
Au cours de cette aventure, les dangers affluent sur les eaux, dans les airs, sur et sous la terre. Le menace est partout. Alexa, pourtant, excellera à briller dans chacune des épreuves rencontrées, ne manquant jamais de courage ni de témérité. Elle viendra à bout de son épopée avec la confession d'un terrible secret sur ses origines, et la dernière page se tourne.
Toutefois, d'autres aventures nous attendent puisqu'un 4ème volume vient de paraître, qui entame une autre palpitante saga à suivre !

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